Est-ce encor sérieux, quand ça fait dix-huit ans ?
LE CORPS GLOUTON
Pour l’amour je n’ai qu’une envie véritable : que mes poumons ÉCLATENT ! qu’ils se gonflent brusquement, énormes, impossibles, et, juste au bon moment, qu’ils explosent — lambeaux collés aux murs denses et pesants, mais moi plus clair, plus vivant, lavé, et le cœur à nu dont les battements lents maintenant vibrent sur le sexe de l’autre.
(Le cœur, le cœur si caché sous tant de vêtements — méchantes soutanes qui pèsent sur sa fragilité, sur lui si frêle).
Et la gorge, la trachée : qu’elle aussi soit mise vif, que l’extase tranche à sec les trop lourdes chairs qui l’enserrent.
Qu’elle apparaisse ! neuve, prête, tendue dans sa fixité de corde à piano.
Et tout s’emmêle en vase fantastique : dans le lit, tuilé, les draps d’abord rabattus sur nos corps en émoi font comme la nouvelle peau, qui contient le double jeu d’organes désormais libres, qui chuintent ou déboulent, surfaces tournoyantes autour d’un épicentre imperturbable. La langue tâtonne les glandes et l’os des genoux et le creux des aisselles, les poplités surtout, et les formes se mélangent et se brouillent et se comblent, voilà d’autres trous, vite remplis par d’habiles combinaisons, et tout est d’un coup beau dans ce grand corps si mouvant, guéri, pétant la santé, encore jamais sondé jusqu’à son tuf miraculeux. Feulements dans l’espace labile.
Alors, tout à trac, ARRACHER LES DRAPS, grande goulée pour ces sacs d’organes nouvellement lavés par leur jeu mutuel, claque d’air frais, merveilleuse boucherie non contondante, oh non, et sur l’étal, des boules d’amour pur, rayonnantes du sang nouveau qui les anime et les redresse, boules qui s’emballent et s’enroulent dans les frissons de la sueur maintenant glissante, brillante, pissante, puissante, propice à toutes les dynamiques… Amour : tout toucher est extase, tout contact, explosion.
Les éclats partent partout, brandons grenat qui giclent hors du feu pétaradant pour mourir aussitôt dans la nuit allumée, derechef vains dès que jaillis du vivant fumeron qui ondoie là, au centre de fameux soleils.
Car pas un seul organe désormais ne reste extrémité : pieds et têtes, mains et coudes, omoplates, orteils, mentons, poignets, genoux, talons, hanches et nez, ronde des phalanges, même les épaules, tout y va, tous les angles, tous les bouts se rassemblent en un seul point, génial agité qui braisoie au rythme des fluides du dedans… «Un cercle dont la circonférence est partout et la circonférence nulle part», désintégrée dans le beurre salé de la joie. Les salives s'avivent et tous les liquides, sueurs, spermes, larmes, toutes les humeurs, de l’anus, de la toche, minuscules inédits roulements chimiques, font GRANDE HUILE où s’aiment à l’aise les parties de ce grand corps glouton, les poissons dévissés hurlant leur joie de la noyade dans ce vaste raz-de-marée magique qui grossit plus qu’un bœuf les limites maintenant niées du corps tonitruant, tout y entre, happé comme par les vulves gonflées — qu’elles bouillissent ! — quand elles exsudent…
C’est là que patatras ! la bonne bête à deux dos déflagre, ailleurs, lentement amenée à résipiscence jusqu’au
recommencement
de tout.
(Le cœur, le cœur si caché sous tant de vêtements — méchantes soutanes qui pèsent sur sa fragilité, sur lui si frêle).
Et la gorge, la trachée : qu’elle aussi soit mise vif, que l’extase tranche à sec les trop lourdes chairs qui l’enserrent.
Qu’elle apparaisse ! neuve, prête, tendue dans sa fixité de corde à piano.
Et tout s’emmêle en vase fantastique : dans le lit, tuilé, les draps d’abord rabattus sur nos corps en émoi font comme la nouvelle peau, qui contient le double jeu d’organes désormais libres, qui chuintent ou déboulent, surfaces tournoyantes autour d’un épicentre imperturbable. La langue tâtonne les glandes et l’os des genoux et le creux des aisselles, les poplités surtout, et les formes se mélangent et se brouillent et se comblent, voilà d’autres trous, vite remplis par d’habiles combinaisons, et tout est d’un coup beau dans ce grand corps si mouvant, guéri, pétant la santé, encore jamais sondé jusqu’à son tuf miraculeux. Feulements dans l’espace labile.
Alors, tout à trac, ARRACHER LES DRAPS, grande goulée pour ces sacs d’organes nouvellement lavés par leur jeu mutuel, claque d’air frais, merveilleuse boucherie non contondante, oh non, et sur l’étal, des boules d’amour pur, rayonnantes du sang nouveau qui les anime et les redresse, boules qui s’emballent et s’enroulent dans les frissons de la sueur maintenant glissante, brillante, pissante, puissante, propice à toutes les dynamiques… Amour : tout toucher est extase, tout contact, explosion.
Les éclats partent partout, brandons grenat qui giclent hors du feu pétaradant pour mourir aussitôt dans la nuit allumée, derechef vains dès que jaillis du vivant fumeron qui ondoie là, au centre de fameux soleils.
Car pas un seul organe désormais ne reste extrémité : pieds et têtes, mains et coudes, omoplates, orteils, mentons, poignets, genoux, talons, hanches et nez, ronde des phalanges, même les épaules, tout y va, tous les angles, tous les bouts se rassemblent en un seul point, génial agité qui braisoie au rythme des fluides du dedans… «Un cercle dont la circonférence est partout et la circonférence nulle part», désintégrée dans le beurre salé de la joie. Les salives s'avivent et tous les liquides, sueurs, spermes, larmes, toutes les humeurs, de l’anus, de la toche, minuscules inédits roulements chimiques, font GRANDE HUILE où s’aiment à l’aise les parties de ce grand corps glouton, les poissons dévissés hurlant leur joie de la noyade dans ce vaste raz-de-marée magique qui grossit plus qu’un bœuf les limites maintenant niées du corps tonitruant, tout y entre, happé comme par les vulves gonflées — qu’elles bouillissent ! — quand elles exsudent…
C’est là que patatras ! la bonne bête à deux dos déflagre, ailleurs, lentement amenée à résipiscence jusqu’au
recommencement
de tout.
Tom Pinoku
Non, ça fait un an de trop
RépondreSupprimerEst-ce que le patronyme vous va comme un gant ?
RépondreSupprimerCe n'est pas vraiment le mot, pas trop… ni moufle, d'ailleurs.
RépondreSupprimerC'est pas mieux
RépondreSupprimerMême Serge n'a plus ses Mordicus. Moi qui adore les journaux, si vous en avez en double, je suis preneur.
RépondreSupprimerMais oui, on en avait d'ailleurs déjà causé. Je vous mettrai ça de côté.
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