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Désolé pour le souffle : faut vraiment que je remette la main sur un micro convenable, avec bonnet…
Et le dernier film de Jean-François Stévenin, c'est bien entendu Mischka, et non Mika !
Une pure merveille, ça aussi, tout comme les deux premiers : Passe-montagne et ce chef d'œuvre qu'est Double messieurs — avec le même Yves Afonso qui jouera plus tard dans Les Arcandiers.
Mon premier est un vêtement généralement tricoté de la matière qui constitue justement ma deuxième. Et mon tout évoque irrésistiblement un célèbre poète français à qui il arriva de tirer un coup.
Mon premier est une rivière et un département français. Mon deuxième est un fleuve et un ancien département français. Mon tout est un grand écrivain français, mais pas français. (Indice : il en avait marre.)
Mon premier n'est pas gai. Mon deuxième ne flotte pas au vent. Mon troisième n'est pas le tout du dû. Et mon tout n'est pas le pire des écrivains français ni des verbicrucistes.
Mon premier est à une femme. Mon deuxième est un chanteur de pop. Mon troisième répond derechef au psychanalyste déjà évoqué dans la troisième charade (pour ceux qui suivent). Mon quatrième martèle le sol mieux que des pataugasses. Et mon tout est un médiocre auteur dethrillers.
Mon premier est le patronyme d'un grand écrivain français, ami d'un nazi notoire, à la femme duquel d'aucuns demandèrent parfois de l'arrêter lorsqu'il charriait vraiment trop à leur goût. Mon deuxième complète utilement le titre d'un film avec le génial Marty Feldman où l'on apprend que papa en (mais pas "dréou", non)… Mon tout est un jeu littéraire fort envahissant.
Mon unique est ce qu'on dit aux copains soiffards pour les inciter à nous accompagner chez cette copine dont le prénom forme à peu près mon tout, qui est une sœur attentionnée, célèbre dans l'histoire de la littérature mondiale. (Un indice : cette œuvre monumentale fut traduite à trois reprises en français, chaque fois à un siècle d'écart)
Mon premier dit le constat désappointé d'un embonpoint inattendu. Quand on a ma deuxième, faut fourrer. Mon troisième est un coup latéral ou fait la une. Et mon tout est naturellement un un grand écrivain français.
Mon premier est un pain. Mon deuxième se dit d'une boxeuse qui met des pains. Et mon tout est un penseur français fichtrement plus intéressant que ce crétin à propos duquel on n'a qu'une envie : mettre des pains — savoir, Bernard-Henri Lévy.
Mon premier est un pays. Mon deuxième est un département de ce pays. Mon troisième fut sans doute l'une des dernières questions que se posèrent les membres de la Division Charlemagne à propos de l'avènement du Reich de mille ans, juste avant de se faire heureusement dézinguer et que quelques années après déboule mon tout, qui est une romancière française pas si inintéressante malgré les apparences et ses minauderies.
Mon premier n'est pas haut, et fait pitié à voir. Mon deuxième est encore plus bas, en-dessous de la ligne de flottaison. Mon troisième est ce que hurle le mousse maghrébin pour inciter son collègue d'infortune à pêcher mon deuxième. Mon tout n'est pas un grand écrivain français mais un bellâtre qui parade dans les médias et qui nous casse les burnes depuis quarante ans.
Mon premier est une sorte. Mon deuxième est une sorte de vase. Mon troisième est une sorte de drame. Mon tout est un écrivain français qui a traité de la peur.
Mon premier est un ensemble d'outils utiles au bourreau. Mon deuxième fut la compagne de Georges Bataille. Mon troisième est le prénom d'un garçonnet qui excita Freud. Et mon tout est le nom de l'auteur d'un beau roman anglaiscoquin qui connut trois versions.
Mon premier est une chaîne montagneuse d'Amérique Latine. Mon deuxième s'occupe lors d'un spectacle de l'organisation des lumières ou du son. Cardinalement parlant, mon troisième est en réalité le numéro du précédent. OU ALORS, PLUS CONCISÉMENT : Mon unique est une chaîne montagneuse d'Amérique Latine que des immigrés maghrébins ne s'aviseraient pas de qualifier de "molle". Mon tout marque allègrement un célèbre écrivain français qui ne compta pas pour rien dans l'essor de la NRF.
Deux voisins agriculteurs, l'un rend visite à l'autre à l'heure de l'apéro. Déambulant dans le potager, il s'arrête devant le compost et formule la question mâtinée de soupçon qui forme mon premier. Puis, continuant son inspection et s'apercevant que toutes les tomates ont chu, il en demande la raison, et c'est la réponse de l'autre qui donne mon deuxième. Mon tout est un grand écrivain français qui a dû donner bien du fil à retordre aux facteurs de l'époque.
Dans mon premier, on se sent bien, détendu et relax. Dans mon deuxième, au contraire, pas du tout, puisqu'il s'agit d'une vaste trouée remplie de roches brûlantes sur le flanc d'un volcan en éruption. Et mon troisième est la question inquiète, voire désespérée, que l'on adresse de fort loin à l'ami qui — le malheureux ! — s'est égaré dans mon deuxième. Mon tout est un roman français coquin, qui par la suite fut surabondamment développé à au moins deux reprises par un marquis qu'un Anglais qualifierait de triste.
Mon premier est le domaine auquel on rattache immédiatement la statue de Ramsès II lorsqu'on a la chance de la voir dans la ville où elle exposée — qui incidemment est mon deuxième. Mon troisième est l'adjectif qui nous vient à l'esprit à sa vue. Mon tout est une jeune canaille d'écrivain français, décédé trop tôt pour notre plus grand bonheur.
Mon unique est l'exclamation d'un partouzard féru de tauromachie et ravi de voir que tout s'enquille correctement. Mon tout est un malicieux écrivain anglais féru de merveilles.
Mon premier est un délicieux saucisson pimenté que l'on déguste en regrettant aussitôt amèrement que ça manque d'eau pour apaiser la soif qu'il provoque.
Mon deuxième est la tentative d'explication que fournit le psychanalyste à une dame au sujet du comportement de son mari mythomane.
Mon troisième est l'interjection par laquelle répond la dame en question, mi-dépitée, mi-écœurée.
Et mon tout est le nom d'un célèbre écrivain français du XIXe siècle, d'abord naturaliste puis qui tourna grave mystique…
Mon deuxième est l'interjection exaspérée de la femme du trio à son amant lorsqu'elle aperçoit le mignon de celui-ci plongé sous les draps dans un bouquin de la NRF, délaissant ses vigoureux hommages.
Reprenant à notre compte l'amusante initiative proposée en juillet par notre estimé confrère le Tenancier, voici la première d'une série de charades à haute teneur littéraire qu'elle nous a inspirée (euh… zut ! j'espère que je ne commets pas de faute d'accord du participe — et j'en profite pour conjurer les amateurs de s'abstenir d'aller zyeuter les solutions dans les commentaires dudit billet chez le Tenancier) :
Mon premier désigne péjorativement une femme saphique.
Mon deuxième est une interjection employée pour faire dégager l'importun.
Mon troisième fait généralement condamner l'inculpé.
Quand mon cinquième coule à la manière de mon quatrième, les buveurs ne tardent pas à tituber.
Mon tout est un célèbre romancier français, selon l'un de ces buveurs.
Ah pardon, cette première charade en appelle une autre, indissociable dans son énoncé :
Mon premier est le constat auquel ne peuvent manquer de se résoudre les buveurs de la précédente charade, une fois les tonneaux vidés jusqu'à la dernière goutte.
Mon deuxième est la proposition qu'émet alors l'un d'entre eux, encore un peu lucide, qui suggère d'aller continuer de s'arsouiller dans une opération publique d'aménagement de l'espace urbain.
Blandine Masson, coordinatrice des fictions sur France Culture, a eu la bonne idée de rediffuser hier soir, dans le cadre d'Un été de lectures, une lecture musicale de Brigitte Fontaine accompagnée par Areski Belkacem et Yan Péchin, enregistrée en public dans le cadre des Correspondances de Manosque au Théâtre Jean-le-Bleu le 22 septembre 2010.
Défaillances de la mémoire en sauce blanche qui part en sirop coulant la nuit : le gars des Cévennes qui avait confié ses moutons aux Bretons durant son temps d'encabanement, c'est évidemment René Riesel, après les fauchages d'OGM effectués par la Confédération Paysanne à l'époque où il ne s'en était pas encore dégagé.
Et l'ami Stéphane, dont la bouquinerie brillait comme un rubis (pas clinquante pour un sou, je parle de la qualité et de l'attrait) mais qui coulait pourtant inexorablement, déjà, a heureusement changé de métier depuis…
Ce billet répond à quelques uns avec plus ou moins de précision et propose une nouvelle synthèse de l'affaire Alain Veinstein, dont certains pensent qu'il n'aurait même pas été évincé… Par manque de temps, je laisse les fautes de style, orthographe et grammaire — même si je m'en mordrai les doigts un peu plus tard. Merci, et bon courage.
Je trouve globalement dégradant qu'il y ait besoin d'explications de textes, d'analyse critique à l'endroit d'une proposition d'un tel niveau, qui plus est étalée sur trente ans — je parle de feue l'émission Du Jour au Lendemain. Vu la puissance de la liste des invités, personnellement je ne m'y risquerais même pas. Après, libre à chacun de faire la fine bouche quand on leur sert, à travers une forme respectueuse et si dégagée, à ce point anti-spectaculaire qu'elle en devient précieuse et même vitale, des Bernard Noël, Georges Didi-Huberman, Antonio Lobo Antunes, Peter Handke, Michel Butor, Pierre Guyotat, Hubert Lucot, Jacques Derrida, Clément Rosset, Jacques Rancière, Jean Pierre Faye, Jean-Louis Schefer, Pascal Quignard, Hélène Cixous, J.-B. Pontalis, Pierre Bergounioux, François Julien, Jean Clair, Alain Fleischer, Jean Yves Jouannais, François Cheng, Michel Deguy, Charles Juliet, Valère Novarina, Philippe Beck, André du Bouchet, Yves Bonnefoy, Jean-Christophe Bailly, Arnaud Claass, Hubert Damisch, François Bon etc. — la liste est juste ahurissante et d'autant plus parce que nous étions assurés de ces rendez-vous chaque jour que dieu fait. Qu'est-ce que vous voulez analyser à partir de là ? Le plus ou moins de pertinence dans telle et telle remarque d'Alain Veinstein ? Oh, faut se détendre… Encore une fois, la pertinence de l'intervieweur est à juger sur l'ensemble. Or sur l'ensemble, Alain Veinstein et son art de l'entretien ont-ils réellement besoin d'être défendus, y a-t-il encore quelque chose à prouver ? J'en doute. Simple question : peut-on seulement rêver mieux ?
Si quelqu'un me dit : je n'aime pas Cecil Taylor, ou je n'aime pas The Hafler Trio, ou je n'aime pas James Ferraro, je me dis : bon… Mais si quelqu'un me dit : je n'aime pas Jean-Sébastien Bach parce que c'est "mathématique", je n'aime pas Dostoïevski parce que c'est embrouillé ou je n'aime pas Marcel Proust parce que les phrases sont trop longues, je me dis qu'il me faudra bientôt allumer ma cigarette avec des silex et de la paille sèche. En tous cas, cette maladie ne se traite pas avec des explications de textes — encore que…
Quelle importance si de temps en temps, au lieu de l'excellence habituelle, je dois "supporter" les confessions d'une romancière sentimentale qui nous raconte qu'elle a "toujours écrit" et ce depuis "l'âge de 10 ans" et que l'écriture lui est "vitale" ou de tel autre voyageur prof de lettres à Trifouillis-Les-Oies qui dépeint son amour du "voyage" et sa métaphysique des randonnées en montagne ? Réponse : rien. Inutile de vérifier que la perfection n'est pas de ce monde, on le savait déjà. Si Veinstein radote un peu en déclarant coup sur coup qu'il ne sait pas à quel genre appartient tel ouvrage car celui-ci croise tous les genres — au point que cette distinction si généreusement distribuée (et probablement avec justesse) semble être devenue la règle, ça fait quoi ? Ça gêne qui ? Il y a faute grave ? C'est curieux mais si j'étais tout petit, il ne me viendrait pas à l'idée d'aller tirer la barbe d'un géant. A moins qu'on ne veuille ici rejouer David et Goliath — version fête de fin d'année, entre les gâteaux au yaourt et les sodas à l'orange.
L'occasion de clamer à nouveau que pour certains, Veinstein est un saint auquel personne n'a le droit de toucher ? Ce n'est pas tout à fait ça. Ce qui m’intéresse c'est ce qu'il fait, ce qu'il propose. Il pourrait dévorer ses enfants que ça ne changerait rien à l'affaire. Qu'il y ait eu plus ou moins de pathos dans sa dernière, qu'il aurait pu être plus ceci ou plus cela, ou un peu moins, ou un peu plus à gauche, un peu plus à droite, un peu plus vers le haut, mais du côté opposé à celui dont essaie de parler, je m'en contrefiche. Je comprend très bien ce qu'il dit, c'est déjà pas mal(1). Je ne suis pas du genre à donner des indications : plus fort, plus doucement, pas comme ça, continue. Non. Triple non ! Je trouve juste ça dégueulasse et mesquin, et trop facile. Non qu'il faille aimer ce qui est difficile et pénible, mais c'est là précisément une question de goût, de posture, d'inclination générale. C'est une question d’envergure et de finesse — le muscle et l'esprit, si vous voulez. Aussi, pour chercher des noises à une carrière comme celle-ci, il faudrait en avoir au moins autant (on préférerait un peu plus), à moins de sombrer d'une façon ou d'une autre, dans le "bruit" et l'agitation — fléaux à l'encontre desquels cette émission était justement un rempart, doublé d'une proposition exemplaire : quelque chose qui protège et qui sauve, qui ouvre. Et fantastiquement — pour rappeler tout de même la dimension imaginaire à la source de cette affaire, et je parle bien de source, pas les égouts où ça finit(2). Puisqu'il arrive souvent que, dès lors que nous nous concentrons sur quelque chose, nous oublions cette chose même, jusqu'à la trahir.
Bien sûr, moi aussi je suis curieux, je me demande par exemple comment diable pouvait-il s'entendre avec la productrice de Hors-Champs ? Non que Hors-Champs soit tout à fait déplaisant — avec un choix d'invités un peu plus large, pour le meilleur et pour le pire — mais il serait intéressant de superposer ces deux formes d'entretiens afin de mettre en lumière toutes les erreurs qu'Alain Veinstein n'a jamais commises. Sauf que, par respect pour l'un et l'autre, je ne peux me résoudre à critiquer l'une pour glorifier l'autre. C'est navrant car je ne connais pas d'autre émission France Culture assez proche de la forme Veinstein pour expérimenter la technique du calque. Mais ce n'est pas très grave. D'autant plus que c'est finalement une mauvaise idée que de s'engager dans une bataille d'émissions, car Du Jour au Lendemain est beaucoup plus qu'une "émission" de radio, et cela pour des questions de forme. Une forme pure, presque invisible. Très curieusement, à n'avoir rien voulu inventer, Alain Veinstein a inventé quelque chose : un art de la présence, l'art d'embrasser la nuit, l'art de ne toucher à rien, l'art d'un positionnement idéal, à tous les niveaux : sa voix, ses interventions en demi-teinte, sa capacité, sa disponibilité au silence et une programmation musicale de haute qualité. Il faudrait là développer chacun de ces points, mais je risque de tomber à mon tour dans l'analyse au scalpel, à rallonges surtout. Il y aurait plein de choses à dire, par exemple, sur le rôle du silence, qu'on trouvait là modulé de diverses façons. Sur le soin apporté aux "chutes" dans les entretiens. Sur l'ironie diaphane, le caractère flottant, ou abstrait, des questions posées, etc. Pour le dire autrement — car je le répète, je ne suis pas disposé pour la spéléo — Alain Veinstein aura réussi à marier un tour oriental, au sens de l'épure, d'une position existentielle pétrie de sagesse — aux contenus les plus occidentaux : pâleur cadavérique, conscience plongée dans l'acide, génie narcissique. Il a su trouver une sorte d'équilibre, de symétrie prodigieuse, qui, à se rappeler tout ce que cette seule forme aura su héberger, à mon avis renvoie tout commentaire un peu tatillon, un peu périphérique, dans le registre animal(3). Non que ces commentaires soient nuls mais c'est une question d’échelle : ce qui est mis à l'examen se trouve juste vingt étages plus haut. Donc au delà des émissions de "sens", il y a comme un problème, une incompatibilité dans les proportions.
J'ai donné cette liste énorme tout à l'heure, qui plus est très incomplète, mais dans le projet de la mettre en regard et lui opposer une autre liste, toujours issue du travail d'Alain Veinstein, avec tous les "petits" auteurs je veux dire moins connus ou moins reconnus, dont un très grand nombre m'ont prodigieusement étonné et nourri ou en tous cas fait plaisir. Il faudrait à ce stade une santé littéraire que je n'ai pas pour dépeindre en quelques traits la teneur d'une telle engeance. Ceux qui ont pratiqué cette émission durant des années savent à quel type d'auteurs je me réfère. Les autres, ceux pour qui Du Jour au Lendemain est juste une émission de radio n'ont sans doute pas besoin de le savoir, étant dotés d'un intérêt très relatif aux projets de tels auteurs(4). C'est là un autre tour force, d'avoir su à ce point remuer la terre comme un bulldozer, porter sur le devant de la scène un nombre aussi grand de travailleurs obscurs. D'ailleurs, on ne cesse de citer Veinstein par-ci, Veinstein par là, alors que ce sont principalement tous ces auteurs dont nous sommes désormais privés, ce sont eux qui sont mis à la porte pour un "place aux jeunes" et "les bonnes choses ont une fin" et "tu peux me prêter dix euros je te les rends le mois prochain" et autres bêtises sorties des cerveaux les plus abrutis — je devrais dire "décadents". Puisque ce décret me semble aussi bête, aussi méchant que celui de fermer les écoles, juguler les forces à l’œuvre pour l'éducation, en serrant les cordons de la bourse. Je le redis donc clairement : avec son sens de l’accueil, de l'effacement, ce n'est même pas Alain Veinstein qu'on a décidé de bâillonner, ces sont des centaines et des centaines d'auteurs, écrivains, essayistes, chercheurs, poètes, artistes, critiques.
Le 14 juillet au soir, toujours au travail dans une chaleur de plomb, je lève le nez de mes schémas à cause des déflagrations dans le ciel de la ville. Je cours chercher l'enregistreur en me prenant les pieds dans les câbles avec le dessein de réaliser sur le tas une capture audio des explosions les plus belles. La bonnette étant réalisée à partir d'un nounours découpé au cuter, la prise n'est pas gagnée. Sauf que : la tête dans la lucarne, je m'aperçois et je me re-souviens qu'une bande de sinistres andouilles ont eu la super idée de transformer les traditionnels feux d'artifice en son-et-lumière — traduction : démagogie à tous les étages, goût immonde, musique insultée au troisième degré, magie gâchée, bêtise, argent perdu (service public) comme si les billets avaient été enfoncés dans une crotte. Sans penser pour autant que toute l'époque se roule dans la boue avec un rire gras ou des mines paranoïaques, qui n'augurent rien de bon, j'ai juste remarqué que ces petites blessures quotidiennes, il me faudrait désormais les affronter sans la perspective et l'assurance des trente-cinq minutes de poésie nationale. Ce qui n'est pas tout à fait une perte mince. Sans compter la prise de son, dont on aura deviné qu'elle est inexploitable, elle n'a même pas eu lieu (à cause du rap)…
Dans le même registre, on fait plus de cent kilomètres hier après-midi pour aller flasher une EEPROM au fin fond de la campagne — l'occasion de vérifier à nouveau, une fois de plus et malgré nous, que la FM est une poubelle… Ce sont deux choses différentes, que le savoir et être forcé de le vérifier. Et pourquoi cet état de choses, alors que des centaines de projets pertinents sont impossibles en France ? L'équation est la suivante : la daube plaît et rassure, le public est crétin : continuons de l'abrutir et de le flatter. J'ai fait de gros chantiers de bâtiment et j'ai pu le vérifier : plus c'est con, plus ça plaît. De toutes façons, on peut le vérifier n'importe où : dans les boutiques de vêtements, dans le car-inter régional, au supermarché, à la banque. Or, à qui devons-nous les bases de ce monde enchanté ? Probablement à une petite poignée de décideurs, avec des postes à "responsabilité" — qui ne connaissent bien entendu rien à l'art — et dont la "responsabilité" est en fait, à mes yeux, une série de décisions juste bonnes se se taper la tête contre les murs, une série d'actions plus malpropres que celles dont les effets mènent nombre de personnes en prison. En clair : pire que des voyous, et très largement. Dans un tel contexte, dégager Veinstein, c'est juste écœurant, c'est la honte, c'est scier la branche sur laquelle nous sommes assis. Puisse autant de honte, autant de graisse autour du cerveau, étouffer leurs auteurs, hanter leurs nuits mesquines et dépeuplées. Il y a quelque chose de pourri, au Royaume de la Radio.
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1. A propos de cet imaginaire à l’œuvre dans les forces créatrices, il faut rappeler la diversité des disciplines traitées par les ouvrages librement commentés : de la psychanalyse à la poésie, du théâtre à l'analyse sociale, du roman à la critique d'art, de la photographie aux ouvrages historiques, aux thèses d'université, de tout poil, devenues des livres. Et là, subterfuge de la production ou génie d'Alain Veinstein, on demeurait toujours dans une belle illusion, un agréable sentiment d'omniscience de la part de l'intervieweur. Vrai ou faux ? importance zéro.
2. On va dire qu'il est facile ou peu de choses de placer un bel exergue, n'empêche que la citation de Plutarque, issue de L'art d’écouter est si belle et surtout, une fois de plus, si nécessaire et si bien placée car à contre-courant de tout ce dont le société meurt à petit feu, qu'à elle seule elle justifie et fait fructifier dans le bon sens tout l'argent du "service public" dont il a été fait mention dans les billets précédents (du forum, NDGWFW). Si tant est qu'on ait pris le temps de méditer un peu la résonance de cet exergue.
3. Certains ont même jugé bon de dépasser le commentaire critique pour un questionnement digne d'un interrogatoire : Veinstein aurait menti en décrivant sa dérive nocturne autour des studios, mais que ferait-il à ces heures quand ses émissions sont depuis longtemps enregistrées la journée ?! Déjà, on savoure la puissance de l'angle de vue, dont cette question est le précipité. Là c'est plus de la géométrie, c'est carrément de la 3D, avec lampe dans la gueule, menottes au radiateur et coups de bottins. Que faisiez-vous à minuit autour des studios ? La question qui tue, quoi ! Toute le monde tremble, l'honneur d'un homme est en péril. Les gens ferment les volets, on se dépêche de rentrer chez soi, c'est la terreur. Tout le quartier est bouclé : on a une remarque pertinente qui vient de tomber sur un forum. Bien, trêve de rhétorique : en guise de réponse à ce commentaire confondant, je vais vous raconter un petit truc. Je fais de la programmation et de la création radiophonique depuis 1997 et ce jour après jour — c'est-à-dire pratiquement sans aucune pause, mais on s'en fiche. Or, quand les conditions ne sont pas réunies pour se permettre un direct, le "direct" a lieu hors-antenne, en prévision d'une diffusion future, avec les commodités que cela suppose, retouches etc. Aussi, quand le travail est enfin diffusé, non seulement il se révèle à cet instant, mais encore, on se dépêche d'aller l'écouter DEHORS : allongé dans l'herbe, au casque dans un café, en voiture devant le coucher de soleil ou sur la plage, sous les étoiles. En terme de logique pure, la description de ce processus n'invalide en rien la super-question comme sa super-conclusion mais elle vient la troubler par le côté. Cela va sembler tautologique mais le différé se change en "direct" au moment même où il est diffusé. C'est vraiment comme la photo qui apparaît dans le bac du révélateur. Quand vous pleurez sur un morceau des Beatles, vous ne vous ne pensez pas à l'aiguille qui grattouille les sillons (à remettre dans le bon sens). Vous ne vous dites pas non plus : ma platine est en train de me mentir. Au pire vous pouvez penser : ma platine est en train de me raconter une drôle d'histoire. Tout cela pour dire qu'on ne sait pas ce que fabrique Alain Veinstein au moment où ses émissions se voient diffusées pour la première fois. Qu'il soit là à rôder ou pleurnicher au pied de la Maison de la Radio, et pourquoi pas ? Et le champagne dans le taxi, vous y avez pensé ? Alain Veinstein peut bien raconter ce qui lui passe par la tête, sans forcément se payer un contrôle d'identité (on pense à Ferré). Alain Veinstein ne vous a pas piqué votre porte-monnaie, votre sac-à-dos, alors quoi ? Il est où le mensonge ? Vous avez-vu ce qu'il en reste de votre mensonge ? Il serait plus utile pour tout le monde de travailler directement sur l'origine du ressentiment, lequel vient tout salir et tout embrouiller. En d'autres termes, il serait plus utile de vous ouvrir — comme a justement fait quelqu'un à qui je pense. Vous devriez savoir que le symptôme n'est pas la maladie. Et si on a tous le droit de se planter, faut éviter de planter les autres avec, pour des raisons obscures.
4. Je pourrais et je devrais citer quelques auteurs et quelques contenus mais je ne trouve pas le temps d'aller rechercher dans les archives, ayant pourtant plusieurs auteurs précis en tête, dont justement j'ignore totalement les noms, car ce ne sont pas des Pascal Quignard ou autres grandes figures. Hier soir, c'était encore, par exemple, Joël Roussiez. En effet, je profite au compte-gouttes, avec une parcimonie calculée, des derniers podcasts que je n'ai pas encore écoutés. On s'arrange comme on peut dans un monde où le trop fameux "spectacle" gagne chaque jour un peu plus du terrain. Naturellement : pour le bonheur de tous.