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lundi 30 décembre 2019

Saoule à y honnir (et vocables)


Sue Lyon, 10 juil. 1946 - 26 déc. 2019

« She was Lo, plain Lo, in the morning, standing four feet ten in one sock. She was Lola in slacks. She was Dolly at school. She was Dolores on the dotted line. But in my arms she was always Lolita. »
Et dans mes rêves, ce sera toujours Sue Lyon.

Elle avait donné un interviouve après la sortie du film de Kubrick, bien avant que l'équipe de Cinéma-cinémas ne la retrouve en 1987 (voir ce billet de juillet dernier) :



(Et à la réflexion, concernant ledit billet, la nouvelle traduction de Maurice Couturier ne démérite pas tant par rapport à celle d'Eric Kahane : moins élégante, elle est tout de même plus exacte. Par exemple, dans l'incipit cité ci-dessus, il est clair que Lo ne se tient pas sur un seul pied : elle a enfilé une seule chaussette et mesure un mètre quarante-huit sans talons.)

jeudi 19 décembre 2019

C'est pas pour faire genre, mais on se questionne…


À la réflexion, pourquoi tout ce bouzin ?
Pourquoi les femmes, pourquoi les hommes, pourquoi le genre humain — voire la genre humaine ?

Et pourquoi zigouiller la planète, alors qu'il a longtemps semblé qu'elle pût demeurer chouette ?


Patrick Juvet : Où sont les femmes ?



Michel Polnareff : Je suis un homme



Brigitte Fontaine : Genre humain

L'humanité se fend de moins en moins d'humanité.

mercredi 18 décembre 2019

Voyages en solitaires
(Onan est là ?)


Trois versions d'un des premiers tubes de Gérard Manset (après Animal, on est mal en 1968) à des décennies d'intervalle :

Manset lui-même en 1975, puis en 2008 Bashung (pour qui Manset avait écrit sur l'ultime album  d'Alain Comme un Lego et Je tuerai la pianiste), et enfin, l'an dernier, René Joly – celui-là-même dont le tube Chimène, déliramment cornélien, fut écrit par le même Manset en 1969, voici cinquante ans.

« Je suis jeune, il est vrai ; mais aux âmes bien nées,
La valeur n'attend point le nombre des années »








Mais n'oublions pas que Manset a sorti l'an dernier un album ahurissant, ce qui lui valut d'être invité par Marie Richeux pour une émission au cours de laquelle ses propos ne le furent pas moins – tant cet ingénu espère encore pouvoir désirer gentiment :



Album dont j'extrais cette chanson pour le moins provocatrice :



Même si, perso, je préfère celle-ci, vraiment moins complotiste…


Manset : On nous ment

Lâche
(et la proue happe, ourle : hombre, partez sur les routes !)



Yael Naim : Coward

Encore une beauté surgie de la boucle musicale que diffuse France Culture depuis le début de la grève de Radio France ce 25 novembre (trois semaines, déjà !)

mardi 17 décembre 2019

Damien, ça aise






Dix ans, déjà, bien après que Cantat trisse…

Yonnet était-y honnête, ou juste un jacques ?


France Culture a rediffusé l'an dernier d'intéressants entretiens de 1963 avec Jacques Yonnet, un chroniqueur bougrement intéressant du milieu du siècle dernier, cabotineur en diable, auteur du splendide Rue des Maléfices (initialement publié chez Denoël sous le titre Enchantements sur Paris en 1954) et dont L'Échappée a réédité récemment une sélection des chroniques qu'il publiait dans L'Auvergnat de Paris : Troquets de Paris.

On se reportera aux billets que lui a consacrés l'ami Jules sur le blogue Dans l'herbe tendre (où un judicieux anonyme a mentionné ces entretiens dont j'ignorais jusqu'alors l'existence), ainsi qu'aux souvenirs de l'hurluberlu Marino Zermac.




lundi 16 décembre 2019

« … ou alors, c'est que je ne comprends rien à l'amour ! »




C'était voici quarante-et-un ans, ça fait pas si longtemps, Jean-Pierre Léaud était toujours jeune et Dorothée balançait alors son corps à la télé pour les enfants, bien avant Le lundi au soleil et sa tristement notoire p. 106.

Truffaut était encore vivant, la vie était truffée de plein de plantes potentielles, la terre grasseyait, nous étions salement affamés.

Mais bon, mieux vaut se réjouir de tant de souvenirs que de pleurer sur l'avenir !
(Ou bien serait-ce l'inverse ? Je finis par m'embrouiller…)

(Et qui donc est le perruqué peinturluré sur le tableau derrière Dorothée ?)

samedi 14 décembre 2019

Plutôt l'aura – ce halo – que le haro !
(Allô ?)






Ils étaient quatre chez Guy Béart, dix au bonheur des dames, mais Laura demeura seule à balancer son corps.

vendredi 13 décembre 2019

Initials B. B.





Neuf ans près le flop de L'Halluciné, le jeune Scorsese a réussi à convaincre Roger Corman qu'il était possible de faire mieux en revenant à l'esprit de Mitraillette Kelly.

Même sous-titré en espingouin, même si le film n'a que très peu de rapports avec le bouquin de Ben Reitman, Boxcar Bertha, c'est de la balle (et merci à M'sieu Pop pour l'avoir dégotté sur la Toile) !




L'ouvrage de Ben Reitman a d'abord été traduit par les soins de nos amis de L'insomniaque, puis réédité en 10/18 (contre une prébende de 5000 F. d'alors, merci Jean-Claude Zylberstein !) et ensuite chez Nautilus.
Une nouvelle réédition est prévue chez Nada l'année prochaine.





mercredi 11 décembre 2019

Jadis, c'est naguère ?


Jusqu'à voici pas si longtemps, « un vieux film », pour moi, c'était un film d'avant-guerre, et même plutôt d'avant le temps du parlant : un Eisenstein, un Griffith, un Sjöstrom, par exemple.
Un slapstick, genre Mack Sennett.

Mais « un vieux film », maintenant, ce n'est plus ça, non, plus du tout.

Matrix, ça date de vingt ans, c'est un vieux film.

Les aventuriers de l'arche perdue, c'est de la préhistoire.

Citizen Kane, c'est quasi le big bang.

Ma gaminette de quatorze ans s'est trouvée très étonnée avant-hier quand elle a appris que l'invention du cinématographe datait de 1895, que les débuts du parlant remontent à 1927, que le premier film en couleurs (enfin, en Technicolor, procédé ultra-lourd avec les trois pellicules synchrones) date de 1932 : Des arbres et des fleurs, avant Blanche-Neige et les sept nains en 1937 et Autant en emporte le vent en 1939…
(On pourra jeter un coup d'œil ici, pour un rapide aperçu de ces prouesses techniques).

Du coup (de mou, mon colon !), j'ai peut-être encore le rein beau (de l'air !) mais moi aussi j'ai mal vers l'aine.
Et je me sens mal armé.


Des arbres et des fleurs(1932)


Keystone Comedies (Mack Sennett)


Tony Zhou : Buster Keaton, The Art of the Gag


Boby Lapointe : Monsieur l'agent

mardi 10 décembre 2019

Des livres et nous
(de l'économie)



Voici un mois, début novembre, la productrice de France Culture dont aucun écrivain n'aurait osé imaginer le nom si époustouflamment romanesque — Tiphaine de Rocquigny — nous a régalé d'une série en quatre épisodes sur l'économie de la littérature.

C'est tout simplement passionnant, et bigrement instructif.







lundi 9 décembre 2019

Pense-bête pour distrait
(dix-treize ans maximum)


Oui, malgré toutes les vaporisations internettes dont il a été victime, ce blogue me sert entre autres de pense-bête, un nœud à mon  pauvre kleenex.

Et comme je kiffe grave cette anecdote que l'ami Thierry Horguelin a relevée dans l'étude qu'Olivier Smolders a consacrée à Paul Nougé, je me permets de la rebalancer sans fard ici-même.
Plus tard, des liens très particuliers vont lier Paul Nougé avec un autre médecin dont on prétendait qu’il avait inspiré à Hergé le personnage du professeur Tournesol : le docteur Breuer.
Il semble même que cette filiation célèbre ait quelque peu déteint sur les souvenirs qu’on rapporte à son sujet puisqu’on le présente souvent comme un homme attachant, arrivant au laboratoire avec des souliers de couleurs différentes et commettant de mémorables impairs.
[Témoignage de Charles Sluys :]
« Nougé m’a raconté que Breuer avait assisté jusqu’à la mort un de ses amis, se chargeant ensuite de toutes les démarches administratives, soutenant la jeune veuve dans le malheur. Puis, peu de temps après l’enterrement, il rencontre la jeune femme et, oubliant tout, lui demande des nouvelles de son mari. Elle le regarde d’un air tellement effaré que, pris d’un certain vertige, il ajoute :
“Alors…, toujours mort ?” »

Olivier Smolders, Paul Nougé. Écriture et caractère.
À l’école de la ruse.

Labor, « Archives du futur », 1995.


Sauf que.

Sauf que quand on consulte la notice Ouiquipédia du professeur Tournesol, ce Dr Breuer n'est même pas mentionné : il n'est question que d'Auguste Piccard, de Tryphon Bekaert et de John Philip Holland, dont il est vrai qu'un cliché présente aussi une ressemblance assez frappante avec le génial étourdi sourd éternellement coiffé d'un melon et inséparable de son parapluie :


 
À l'ouest… toujours à l'ouest !

(Pour ma part, tout bien réfléchi concernant l'origine de Tournesol, j'avalise l'hypothèse Breuer !)


Boby Lapointe : Leçon de guitare sommaire

vendredi 6 décembre 2019

Moreau… vache !



France Culture a rediffusé dans la nuit de mercredi à jeudi, entre deux trous de grève, une émission du 14 mai 1955 avec Jeanne Moreau (27 ans et toutes ses dents à l'époque).

Où l'on s'aperçoit avec un certain effarement qu'avant de croiser Bassiak/Rezvani elle chantait décidément comme une casserole !

jeudi 5 décembre 2019

Caisse que la lutte de classes ?





Alors aujourd'hui on est le 5 du mois, c'est le jour où tombe le RSA (492 € et des miettes), chouette, je file m'acheter des andouillettes commasses au Monoprix du coin (et puis des tripes en promo, tiens ! faut avouer que je suis pas vraiment végétarien).

J'arrive à la caisse derrière des vieux (enfin, plus vieux que moi, c'est dire !) qui n'ont pas compris qu'on casque avant de ranger sa boustifaille, que ça peut accélérer la fluidité des transactions.

Non, eux, ils rangent méthodiquement en vérifiant bien tout qu'ils ne se sont pas fait arnaquer, et puis l'aïeule introduit enfin son rectangle de plastique dans la machine qui te suce ton compte tandis que son époux s'endort les bras croisés sur le caddie, mais elle demande de surcroît au jeune caissier fatigué si elle a pas du rab' sur sa carte de fidélité (à son mari ?), désolé, non Madame, ça vous fait 178 € et des miettes là encore.

Contraint de patienter derrière ces vioques vétilleux, je commençais à bouillir en examinant les autres files d'attente : c'était un comble, j'étais sur la plus courte (bingo !) mais c'était la plus lente (vérole !).

Encore heureux que le caissier n'ait pas dû appeler le SAMU pour ranimer le vieux qui se moribondait de plus en plus avachi sur le caddie !

Mais bon, tout esprit de charité mis à part, on va tous vieillir jusqu'à leur point et finir par crever peut-être même avant eux, alors je demeurais stoïque, la main crispée sur mon sac d'andouillettes et de tripes (j'avais pris une canette de Goudale, aussi, faut bien l'avouer).

Sauf que quand ces Bidochon se cassent enfin, après avoir vérifié jusqu'au moindre centime, le jeune caissier se trouve pris d'un coup de mou et appelle sa cheffe pour lui réclamer une pause.

Là, ni une ni deux, je me souviens que non seulement on est le 5 du mois mais pas n'importe lequel, fouchtra !
On est le 5 décembre 2019, foutredieu ! et j'enjoins illico à ce godelureau de faire carrément la grève plutôt qu'une simple pause.

Il me fixe les yeux ronds et balbutie, confus : « Mais ça je peux pas : le directeur, c'est mon père ! »

Ça m'a rappelé un film, mais je sais plus lequel.

Bref, j'ai fini par payer 10,41 € (et les miettes) avec ma carte sans contact et puis j'ai vidé les lieux, encore plus vieux.


mercredi 4 décembre 2019

Balance ton corps !



Bon Entendeur vs Isabelle Pierre : Le temps est bon (2017)


Isabelle Pierre : Le temps est bon (du film de Gilles Carle, Les mâles, 1971)

Merci à la grève de Radio-France, qui m'a donné l'occasion d'entendre cet ambigu joyau dans la boucle musicale que déroule France Culture depuis une semaine.

Et mort aux traîtres ! (qu'on ne peut certes guère plus se permettre de qualifier de « jaunes »)

Mais pour faire bonne mesure, dans la veine (bleutée du poignet) de Jules et Jim :


Ann Sorel : L'amour à plusieurs (1972)

Aujourd’hui, dans le milieu activiste, la problématique de « l’identité sexuelle » occupe une place de plus en plus importante. L’intitulé du mouvement LGBT se voit ainsi constamment rallongé pour que chacun ait sa case bien à lui. Pour commencer, à Lesbienne Gay Bisexuel Trans, on a rajouté Queer, puis le signe plus pour Intersexuels et pansexuels. Aux États-Unis, cela paraît se démultiplier à l’infini : le T pour trans se dédouble en Transgender et Transexual, le I pour Intersex est suivi d’un A pour Asexual, puis d’un deuxième A pour Allies (alliés hétéros de la cause) et enfin un P pour Pansexual, quand on ne rajoute pas en prime un O pour Other, au cas où.

Dans le milieu « militant », à l’identité de genre et d’orientation vient à présent s’ajouter l’identité de « race », les trois prenant le pas sur l’identité de classe.

Être un homme cisgenre, c’est-à-dire un hétérosexuel dont l’identité de genre correspond au sexe de naissance, vous classe tout en bas de l’échelle et, même si vous êtes maçon, vous serez considéré comme moins estimable que n’importe quelle femme, fût-elle cadre chez Google, ou que le patron de votre boîte s’il est noir ou porte un nom arabe ; s’il est homo en plus, vous pouvez vous cacher sous la table.
J’en resterai là parce que la probabilité qu’un patron ou une patronne soit trans est encore infinitésimale, mais j’espère bien que cela ne saurait durer.

Heureusement que tout cela se passe dans un microcosme largement sous influence universitaire parce que sinon, ce serait à pleurer.

Quant au « communautarisme » gay, pour aussi peu révolutionnaire qu’il puisse être en lui-même, on ne peut néanmoins oublier qu’il s’est construit en réaction tant à la répression qu’aux conséquences de l’épidémie du sida, et ce n’est pas la fréquence des agressions homophobes et des meurtres de transgenres un peu partout dans le monde qui va conduire à le remettre en cause, c’est le moins qu’on puisse dire.

Les luttes de défense sont donc plus que jamais nécessaires mais les luttes pour les droits ne devraient, selon moi, représenter qu’une étape, ou plutôt une partie de la lutte contre toutes les oppressions.


Lola Miesseroff, Fille à pédés, Libertalia, 2019, pp. 137-138

Le cœur fou robinsonne à travers les romances




Dis, c'est tant ?
Tant de temps tentant ?

On n’est pas sérieux, quand on a dix-sept ans.
– Un beau soir, foin des bocks et de la limonade,
Des cafés tapageurs aux lustres éclatants !
– On va sous les tilleuls verts de la promenade.

Les tilleuls sentent bon dans les bons soirs de juin !
L’air est parfois si doux, qu’on ferme la paupière ;
Le vent chargé de bruits – la ville n’est pas loin –
A des parfums de vigne et des parfums de bière…

– Voilà qu’on aperçoit un tout petit chiffon
D’azur sombre, encadré d’une petite branche,
Piqué d’une mauvaise étoile, qui se fond
Avec de doux frissons, petite et toute blanche…

Nuit de juin ! Dix-sept ans ! – On se laisse griser.
La sève est du champagne et vous monte à la tête…
On divague ; on se sent aux lèvres un baiser
Qui palpite là, comme une petite bête…

Le cœur fou robinsonne à travers les romans,
– Lorsque, dans la clarté d’un pâle réverbère,
Passe une demoiselle aux petits airs charmants,
Sous l’ombre du faux col effrayant de son père…

Et, comme elle vous trouve immensément naïf,
Tout en faisant trotter ses petites bottines,
Elle se tourne, alerte et d’un mouvement vif…
– Sur vos lèvres alors meurent les cavatines…

Vous êtes amoureux. Loué jusqu’au mois d’août.
Vous êtes amoureux. – Vos sonnets La font rire.
Tous vos amis s’en vont, vous êtes mauvais goût.
– Puis l’adorée, un soir, a daigné vous écrire !…

– Ce soir-là…, – vous rentrez aux cafés éclatants,
Vous demandez des bocks ou de la limonade…
– On n’est pas sérieux, quand on a dix-sept ans
Et qu’on a des tilleuls verts sur la promenade.


« La sève est du champagne et vous monte à la tête » est un alexandrin si splendide qu'il m'a fait divaguer à jamais sur les rives de ces dix-sept ans, frappé que je fus par lui et la beauté assise sur mes genoux à moi.

Mais foin de bucolie, on n'oubliera pas que 1974 fut l'année où Franco creva enfin, peu avant Mao, celle aussi où la télé nous annonça en direct la mort du président Pompidou un soir de diffusion de L'homme de Kiev aux Dossiers de l'écran, celle enfin après quoi tout le monde préféra baisser les bras plutôt que brandir le poing comme pourtant si souvent peu auparavant.
La GP avait été dissoute un an avant, le MLF se forcifiait, ça commençait à partir en tout sens.

Mais surtout, SURTOUT — qui s'en souvient ? —, il n'y avait que quatre (QUATRE !) stations de radio à l'époque, que l'on ne pouvait écouter que sur les grandes ondes : France Inter, RTL, Europe 1 et Radio Monte-Carlo.
(Bon, en vrai, il y avait aussi la BBC, et puis sur la FM FIP, France-Musique et France-Culture, mais ça, fallait vraiment vouloir.)

Avant 1981 (date de l'essaimage des radios "libres"), ces quatre stations imposèrent à loisir leur variétoche de merde.
D'où la consécration omnipotente d'un Michel Sardou, d'un Patrick Juvet, d'une Nicole Croisille.

Sylvie Vartan, Nicoletta, Sheila, Frédéric François.
Laurent Rossi !
Et tant d'autres nullités, tandis qu'en vain on aurait espéré y entendre Brassens, Ferré, Barbara, Anne Sylvestre, Ricet Barrier, Jean-Roger Caussimon, Boby Lapointe et qui sais-je ?

Mais le régal des chacals de ces quatre stations monopolistiques, ce fut le dieu qu'elles ont forgé, et dont chacune a fait ses choux gras de sa brutale disparition électronaniste dans une baignoire (un peu à la Marat, en somme, toutes choses égales par ailleurs), savoir un mignon plein d'énergie qui s'est de lui-même livré en pâture : Clo-Clo, qui voulait lui aussi rester adolescent toute une éternité et qui s'y employait énergiquement et férocement.


dimanche 1 décembre 2019

Mais grimpe, hareng !



Orelsan : Mes grands-parents


Colette Magny : J'ai suivi beaucoup de chemins

Le hareng saur

Il était un grand mur blanc — nu, nu, nu,
Contre le mur une échelle — haute, haute, haute,
Et, par terre, un hareng saur — sec, sec, sec.

Il vient, tenant dans ses mains — sales, sales, sales,
Un marteau lourd, un grand clou — pointu, pointu, pointu,
Un peloton de ficelle — gros, gros, gros.

Alors il monte à l'échelle — haute, haute, haute,
Et plante le clou pointu — toc, toc, toc,
Tout en haut du grand mur blanc — nu, nu, nu.

Il laisse aller le marteau — qui tombe, qui tombe, qui tombe,
Attache au clou la ficelle — longue, longue, longue,
Et, au bout, le hareng saur — sec, sec, sec.

Il redescend de l'échelle — haute, haute, haute,
L'emporte avec le marteau — lourd, lourd, lourd,
Et puis, il s'en va ailleurs — loin, loin, loin.

Et, depuis, le hareng saur — sec, sec, sec,
Au bout de cette ficelle — longue, longue, longue,
Très lentement se balance — toujours, toujours, toujours.

J'ai composé cette histoire — simple, simple, simple,
Pour mettre en fureur les gens — graves, graves, graves,
Et amuser les enfants — petits, petits, petits.

Charles Cros