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samedi 31 janvier 2009

J'ai chéri ça : LA PIRE DE NULLE FAILLE (cri d'outre-tombe)




ATTENTION, CE QUI SUIT EST FORTEMENT DÉCONSEILLÉ AUX BIENHEUREUX QUI N'ONT PAS ENCORE LU LA FILLE DE NULLE PART, DE FREDRIC BROWN :
ON Y DÉVOILE LA POIGNANTE CHUTE DU ROMAN.
On pouvait lire, sur un site récemment défunt, en date du 19 juin 2007, la reproduction d'une excellente critique de ce chef-d'œuvre, que Jérôme Leroy venait de publier dans Shangaï Express (bon, le lien ne fonctionnant plus du tout, on ira voir ici) et qui s'achève ainsi :
« Au bout du compte, Weaver trouve. Enfin, c'est ce que voudrait nous faire croire Fredric Brown. Comme pour tous les grands romans, il y a deux écoles de lecteurs qui s'affrontent sur la fin de La fille de Nulle part. Ceux qui pensent que Weaver a trouvé et ceux qui pensent qu'il s'est trompé. La vieille querelle entre les cartésiens et les rêveurs, les désenchantés et les fous. On se gardera bien de la vider ici : Jenny Ames ne s'en remettrait pas, et nous l'aimons, nous aussi. »
Il se trouve que Jenny Suarez-Ames est une rêveuse, et moi aussi parfois, mais qu'en l'occurrence je rejoins le camp des cartésiens, ou des spinozistes — pas de différence dans ce cas précis —, tandis qu'elle persiste à penser que Jenny Ames et Vi Weaver ne sont pas la même personne. Il se trouve en fait qu'à mon sens (qui est la chose du monde, etc.), elle — et tout aussi bien Leroy — se méprend, comme il sautera aux yeux de quiconque veut bien prendre la peine de lire attentivement le texte; bref, de le lire.
Je me permets de reproduire ci-dessous quelques mots adressés naguère aux défuntes Moissonneuses à ce sujet. Le foliotage renvoie à l'édition 10/18 du roman, collection "Nuits blêmes".
Contrairement à d'autres (par exemple le dernier Van Vogt, celui de La fin du Ā, ou Maurice G. Dantec, etc.), Fredric Brown n'écrit pas à la légère : il pèse ses mots; même s'il lui arrive de commettre des erreurs mineures, comme — concernant le roman qui nous occupe — la confusion de lieux (maison/remise) à la fin du chapitre où George examine le contenu de la valise de Jenny qu'il vient de déterrer : pp. 168-173 de l'éd. 10/18, il est dans la remise, à examiner minutieusement les affaires et surtout la fameuse lettre qui lui révèle que Jenny venait de Barton, et p. 174 on lit :
« Il avait laissé la bouteille de whisky dans la remise. Il éteignit les lumières, ferma de nouveau la maison et retourna dans son repaire boire un verre. »
Et encore, je me demande s'il ne s'agit pas là d'un pataquès de la part du traducteur.
Il est des œuvres qui laissent le champ ouvert à l'interprétation de ceux qui les reçoivent. David Lynch, par exemple. Nietzsche a même théorisé cette manière de s'exprimer. Mais chez F. Brown, rien de tel : tout est carré. Même lorsqu'il n'est pas complètement explicite, comme dans les nouvelles Cauchemar en bleu (à quoi on ne comprend rien si l'on ne lit pas correctement, c'est-à-dire attentivement, la dernière phrase, où seul un mot fait comprendre que le père n'avait nul besoin de savoir nager pour sauver son fils) ou Il n'est pire sourd… qui peut paraître moins directrice mais en fait non puisque dans ce cas (si le coup d'œil à la montre n'est qu'une coïncidence) le texte perdrait tout son sel, et d'ailleurs il en va de même pour La fille de nulle part, bien que tel ne soit pas le point décisif.
Un auteur peut certes se renier, comme Galilée, Boukharine, etc. Mais les textes demeurent et offrent toujours (sauf falsification grossière comme pour Nietszche rafistolé par son beau-frère en prussophile et pro-nazi) leur sens (parfois équivoque, évidemment) au lecteur. A l'inverse, le lecteur peut interpréter à outrance le texte, parfois jusqu'à en inverser complètement le sens évident ou du moins le plus probable : Faurisson, Daeninckx (qui nous emmerde jusque dans l'orthographe de son nom) ont agi ainsi, bien que concernant le dernier la mauvaise foi me paraisse indubitable; mais quand on voit ce que les Kabbalistes, par exemple, ont pu faire dire à la Torah (bien que cette pratique de lecture ne manque pas d'intérêt, mais précisément il ne s'agit plus de lecture mais de reconstruction), on comprend jusqu'où peut aller le délire interprétatif.
Je me souviens d'un vieux professeur qui, à propos d'un texte dont l'auteur, craignant de n'être pas suffisamment compris, s'exprimait à trois niveaux différents de compréhension possible, disait ceci : un texte ne dit rien par lui-même. Si on n'ouvre pas le livre en question, on ne connaîtra rien du propos de l'auteur. Si on le lit sans rien y comprendre, non plus. Mais si on s'efforce de le comprendre, on peut essayer de le saisir entièrement. Bon, retour à Jenny.
On sait, depuis Genette au moins, que le vrai lecteur apprend à distinguer entre auteur, narrateur et personnage. Alors, quel est le statut du narrateur dans The Far Cry ?
Le roman est écrit à la troisième personne, mais Brown l'emploie de deux façons distinctes, entrelacées :
— tantôt c'est l'auteur omniscient qui cause, d'ailleurs la plupart du temps, comme au tout début, le jeudi 18 mai (ce qui situe l'action en 1950) : « Un certain George Weaver venait de louer une chambre… »
— tantôt le texte exprime directement la pensée du personnage : dans les dialogues et les formes indirectes, bien sûr, mais aussi dans certains passages en italiques (pp. 57-59, 89-90, 170, 190-191, 212), entre parenthèses (p. 184, 186) et ailleurs, mais sans jamais d'ambiguïté possible, comme p. 90 (« Le fait que personne ne l'ait connue… ») ou p. 194 (« Ça correspondait ; il fallait que ce soit cela. »), et surtout juste avant la fin, p. 221 (« Vi avait une tache de naissance sur la hanche gauche […] et y trouver du travail. ») : ces déductions sont le fait de George, et si le texte s'arrêtait là il prêterait effectivement le flanc à l'interprétation.
Or, dans l'incipit du texte comme dans sa fin, nous sommes dans le premier registre : la parole est à l'auteur. Et Brown écrit bien « Jenny recula devant le couteau », non pas « Vi recula devant le couteau », auquel cas, l'incertitude demeurerait.
CQFD : Vi fut jadis, un jour durant (le 17 mai 1942, cf. p.53), Jenny Ames et auparavant Jenny Albright.
Tentera-t-on de me rétorquer que le fameux passage qui clôt le livre n'est pas écrit par l'auteur, mais par le personnage, ainsi qu'on peut le croire à la lecture de la page 108 ? Tatata. D'abord, on ne pourrait pas lire « et cet homme était fou, il devait être fou » si la scène finale était décrite du point de vue de George. Mais surtout, ce n'est pas George qui a écrit cela p. 108 :
« les mots ne voulaient pas venir. L'image, oui, mais pas les mots ».
Les mots, une fois de plus, sont explicitement le fait de l'auteur : c'est lui qui décrit l'image que George a en tête.
En fait, ce passage qui apparaît à trois reprises dans le livre, exprime chaque fois un point de vue différent.
Au tout début, c'est celui de Jenny Ames (dont c'est le nom seulement ce jour-là). Page 108 (et remarquons-le, c'est exactement le mitan du livre : il faut prendre au sérieux un auteur de la trempe de Brown), c'est le point de vue de George : c'est lui qui imagine la scène, même s'il ne parvient pas à l'écrire. Enfin, p. [222], c'est le point de vue de l'auteur omniscient (qui nomme Jenny comme il sied puisque tel est son vrai prénom) et non plus celui de Jenny, qui a déjà vécu au même endroit une scène similaire (mais face à un individu physiquement diminué) : elle ne décrirait pas George comme "cet homme", puisqu'ils sont mariés depuis huit ans.
Bref, Jenny, Vi : aucune contradiction.
Et moi non plus.

On ne gombrowicze pas qu'une fois !

Première mondiale : une pièce de Witold Gombrowicz, Yvonne, princesse de Bourgogne, est transformée en opéra. Voici quelques années déjà, Jorge Lavelli, au théâtre de la Colline, avait fortement souligné la dimension musicale d'Opérette, et en 1984 on avait pu assister, à Chaillot, à excellente une mise en scène du Mariage comportant également une orchestration musicale (composée par Daniel Martin, ce me semble), mais là, c'est carrément un véritable opéra, présenté dans ce Palais Garnier que fréquenta Gombro dans sa jeunesse. Le livret de Luc Bondy et Marie-Louise Bischofberger concentre fidèlement le texte original (heureusement que le spectacle est surtitré, car on a souvent du mal à comprendre ce qui est chanté), que la mise en musique du compositeur Philippe Boesmans sert sans afféteries. Décors, costumes, mise en scène, acteurs, tout est impeccable, avec une mention spéciale pour Dörte Lyssewski, qui interprète la mollichonne. Si on s'étrangle à ce spectacle, ce n'est pas avec des arêtes de perche, mais de plaisir, tout bonnement.
Rappelons l'argument de la pièce, rédigé par Gombrowicz lui-même :
Acte I
Le prince Philippe se fiance avec la peu attirante Yvonne parce que l’apparence calamiteuse de la demoiselle est un affront à sa dignité. Comme il se veut, en outre, un esprit libre, il refuse de céder au dégoût naturel que lui inspire cette désagréable personne. Le roi Ignace et la reine Marguerite consentent à cette union, par crainte du scandale dont les menace Philippe.
Acte II
Il se trouve qu’Yvonne tombe amoureuse du prince. Surpris par cet amour, celui-ci se sent tenu d’y réagir en tant qu’être humain et en tant qu’homme. Il espère pouvoir arriver lui aussi à l’aimer.
Acte III
La présence d’Yvonne à la cour crée d’étranges troubles. Les fiançailles du prince sont une cause de moqueries et de ragots. Le mutisme d’Yvonne, sa sauvagerie, sa passivité mettent la famille royale dans une situation difficile. Les défauts naturels d’Yvonne provoquent de dangereuses associations d’idées, car chacun y trouve en quelque sorte le reflet de ses propres imperfections et de celles des autres. Une épidémie de rire malsain balaie la cour. Le roi se rappelle ses anciens péchés. La reine, qui écrit en secret comme une possédée, ne peut plus s’en cacher et doit reconnaître qu’elle est effarée par ses poèmes, dont elle découvre qu’ils ressemblent à Yvonne. Des soupçons absurdes se font jour. La bêtise et la déraison se donnent libre cours. Chacun le ressent, même le prince, mais celui-ci ne sait que faire. Lui-même se sent absurde vis-à-vis d’Yvonne. Comment pourrait-il encore se défendre ? Il songe à contre-attaquer efficacement : il enlace publiquement une dame de la cour et se fiance avec elle, après avoir rompu avec Yvonne. Mais il ne peut y avoir de véritable rupture, car il sait qu’Yvonne pensera toujours à lui et se représentera à sa manière le bonheur du jeune couple. Yvonne le tient en son pouvoir. Il décide de la tuer.
Acte IV
Le roi, le valet de chambre, la reine, le prince tentent chacun pour soi d’assassiner Yvonne. Mais la tuer directement est au-dessus de leurs forces : l’acte paraît trop stupide, trop absurde, il n’est justifié par aucune raison formelle et les conventions s’y opposent. Bestialité, sauvagerie, sottise et déraison se propagent de façon incontrôlable. Sur le conseil du valet de chambre, ils décident d’organiser la mort d’Yvonne tout en préservant l’apparence de la majesté, de l’élégance, de la supériorité. L’entreprise réussit. La famille royale retrouve sa sérénité perdue.
Les représentations ont lieu jusqu'au 8 février.

vendredi 30 janvier 2009

Rappel

La manifestation partira à 15h de la place Edmond Rostand (RER Luxembourg), et non de Saint-Michel. Enfin, c'est quand même sur le boulevard.

On ne virera pas de bord

(Désolé pour la compression anamorphique)

« Deinde quid idea vera clarius et certius dari potest quod norma sit veritatis ? Sane sicut lux seipsam et tenebras manifestat, sic veritas norma sui et falsi est. »
« D’autre part, que peut-il y avoir de plus clair et de plus certain que l’idée vraie, qui soit norme de vérité ? Certes, comme la lumière se fait connaître elle-même et fait connaître les ténèbres, la vérité est norme d’elle-même et du faux. »
Spinoza, Éthique, II, prop. 43, sc.

« … eben so ist das Falsche nicht mehr als Falsches ein Moment der Wahrheit. »
« C’est ainsi que ce n’est plus en tant que faux que le faux est un moment du vrai. »
Hegel, Préface de la Phénoménologie de l’Esprit, Troisième Partie, section « En quel sens la phénoménologie de l’esprit est négative, ou inclut le faux ».

« Sous chaque résultat et sous chaque projet d’un présent malheureux et ridicule, on voit s’inscrire le Mané, Thécel, Pharès qui annonce la chute immanquable de toutes les cités d’illusion. Les jours de cette société sont comptés ; ses raisons et ses mérites ont été pesés, et trouvés légers ; ses habitants se sont divisés en deux partis, dont l’un veut qu’elle périsse. »
Guy Debord, Préface à la quatrième édition italienne de « La société du spectacle ».

« Par ailleurs, quelle que soit l’époque, rien d’important ne s’est communiqué en ménageant un public, fût-il composé des contemporains de Périclès. Et, dans le miroir glacé de l’écran, les spectateurs ne voient présentement rien qui évoque les citoyens respectables d’une démocratie. »
G. D., In girum imus nocte et consumimur igni.

Comme le tampax…

Cela fait une semaine que Les Moissonneuses ont été fauchées.
Cela fait surtout QUATRE-VINGT JOURS que Julien croupit en taule sous régime DPS.
Cela fait presque 76 ans que Torma a été englouti par les glaciers du Spitzberg.
Et il y a bien longtemps que la technique de la distillation a été mise au point.
« Là, sombre et s'engloutit, dans des flots de désastres,
L'hydre Univers tordant son corps écaillé d'astres. »

jeudi 29 janvier 2009

Havanie primesautière


Tamponn Destartinn, Désiré Gogueneau, Kokott Dunouga, Avlapure Bonpoto, Omar-Ben-Tomate, Cornanche Desfumerons, Josette de Rechange, Marcel Schlingdéjnou, Louis et Georges Sarniffledanlanderneau, Théophile Tonlarf, le comte Jean Naimar-Destrain-Nidio, Onulf le marin, le président des pommes de terre, Grodada et tous ses amis ont le plaisir de vous annoncer la parution aux éditions Dargaud de la biographie de leur regretté créateur, Charlie Schlingo, narrée par Jean Teulé et Florence Cestac, qui en assure également la mise en images.
Enfer et damnature, il est temps de se déguiser en cheval !

Sous les pavés, la grève

On aurait aimé présenter la chanson Grève (P. Grosz — C. Chevallier) qu'interprétait Francesca Solleville en 1977, mais bon, Ferré fait l'affaire aussi.

mercredi 28 janvier 2009

Divertissement pascalien

PROPAGANDE (2'57) de FRANCOIS GRANDJACQUES

LE SYSTEME POUTINE ET L'EUROPE (1'01) (sauvage)

JEUDI (6'52) de CHARLY DUPUIS, BENJAMIN CHOISNARD, PLACID, PIERRE GOUËSSET

THE JOB (3'16) de JONATHAN BROWNING (USA)

ACCRO (2'59) DE MARIE OPRON, LEONARD COHEN, DAVID MARTIN

PECHEURS D'ENERGIE (3'02) collectif http://pecheursdenergie.wordpress.com/

L'ÎLE AUX FLEURS de JORGE FURTADO (BRESIL)

BIG BROTHER BLUES (0'59") de CHARLY DUPUIS, BENJAMIN CHOISNARD et REMI MAZET

ULTIME HYPER TOTALE GAUCHE (3'14) de LA PARISIENNE LIBEREE

LES RAISONS DE LA COLERE (1'48) de CHARLY DUPUIS, BENJAMIN CHOISNARD

L'ETAT DE GRACE (4'23) de CHARLY DUPUIS, BENJAMIN CHOISNARD MUSIQUE: AKIM EL SIKAMEYA

MONSIEUR LE PRESIDENT (2'41) de YVES JEULAND, voix de MATHIEU AMALRIC

CREATIVE COMMONS (6'37)

CARTE DE VOEUX EN CARTON (2'30) de ANTHONY GANDAIS

CARESSES DE HOULE (chanson spontex)

Le communisme surviendra / Quand personn’ ne s’y attendra
Chantons dès lors quelques octaves / Sur ce mond’ de maîtr’ sans esclaves
Ah ! ah oui vraiment, le communisme est épatant !

L’aliénation disparaîtra / Avec la destruction de l’État
Et chacun, de soi, pourra jouir / Dans ses ouvrages s’épanouir
Ah ! ah oui vraiment, le communisme est excitant !

Plus personn’ ne travaillera / Mais tout le mond’ s’activera
Rien n’aura plus d’utilité / Seul’ régnera la gratuité
Ah ! ah oui vraiment, le communisme c’est tentant !

Vomissant avoir et paraître / On se dilatera dans l’être
Oui nous serons ces joyeux drilles / Ceux qui produisent et qui gaspillent
Ah ! ah oui vraiment, le communisme est emballant !

La subversion continuera / Dans la fête elle s’exprimera
Et dans la valse des conflits / On s’aimera à la folie
Ah ! ah oui vraiment, le communisme c’est bandant !

Ni ennui ni propriété / Libres jusqu’à l’ébriété
Quand les beaux jours seront venus / On dériv’ra nus dans les rues
Ah ! ah oui vraiment, le communisme est enivrant !

Finie la famille étouffante / Les enfants f’ront ce qui leur chante
Les parents s’échang’ront leurs drôles / Qui se départiront des rôles
Ah ! ah oui vraiment, le communisme est fécondant !

Les passions enfin déchaînées / Se frotteront sans aliéner
Nos corps sont à ceux qui nous aiment / Qui ne seront jamais les mêmes
Ah ! ah oui vraiment, le communisme est excellent !

A tout instant on pourra s’dire / En concrétisant nos désirs
« Je veux fair’ ça encore une fois / Et encor’ d’innombrables fois »
Ah ! ah oui vraiment, le communisme est stupéfiant !

Il n’y aura plus d’habitudes / Nous vivrons dans l’incertitude
Le mond’ redeviendra énigme / On dans’ra au bord des abîmes
Ah ! ah oui vraiment, le communisme est turbulent !

Pour construir’ ce mond’ réjouissant / Faut tout foutre à feu et à sang
Mais faudrait qu’ça s’fasse assez vite / Pasqu’on en a marre des limites
Ah ! ah quel panard, le communisme c’est bonnard !

Le poussah moribond secoue la laine


On a retrouvé ce manuscrit gribouillé, manifestement interpolé, amputé de sa fin et comportant des passages illisibles. Nous nous sommes efforcés d'en éclaircir les passages les plus obscurs par des notes en italiques placées entre crochets.


L'ŒUF POND, MI-RABOT

Saoule (ponds !), on mira beaucoup le lacet (nœud).
Haine aux âmes, mourre*
(faute : il —
kill ! — ment !). Sous Vienne,
L’âge où (hâve, nette)… où jouera âpre (elle happait nœuds),
Vit. Et ne […] l'âne ouï sot ! Ne le re-
Laie ! Ai-je ours en vos jeux de (meurs !)
Laids ? Aime Inde en les min(raies)ces thons fats. Ça f… ! Ah, ce
Temps, dis ! Qu’eux saoulent P. ! Onde, nobre [? impossible de corriger cette coquille, dans l’ignorance où nous sommes de l’intention de l’auteur : s’agit-il de noble, ou de sobre ?] appât, ce
Dais est terne. Elle regare, longs, deux cils à ce
Vit (et nœud). L’âne, oui, s’aune [se mesure à l’aune]. Leur
Lait joue, R. sans von [en effet, le Prussien R. était roturier] : jeu de mœurs.
L’âme — ours en Wacom — me sait toc ou rente,
La moue r’ssent. Bah ! Qu’aux (meuh !) lavis elle hante
Écots. Homme, laisse Père en Séville aux lentes.

Reliqua desiderantur

* «La mourre jeu du nombre illusoire des doigts» (Apoll.), nous apprend le Petit Robert.

mardi 27 janvier 2009

Des lacrymos à la Crim'

On a lu ceci sur soutien11novembre.org :
« Samedi 24 janvier avait lieu une série de rassemblements et de manifestations partout en France, dans le cadre des 10 jours contre l’antiterrorisme, et de la semaine internationale de solidarité avec Isa (inculpée sous régime antiterroriste).
Une manifestation avait lieu à Paris-Barbès, à 15h. Mais alors qu’un cortège de quelque deux cents personnes était en train de se former, les gardes mobiles l’ont immédiatement attaqué et encerclé l’ensemble des manifestants. Près de 120 personnes ont été interpellées, subissant un contrôle d’identité de plus de 4h dans divers commissariat de la ville. 14 personnes ont été choisies de manière arbitraire pour rester en garde à vue. Sept d’entre elles sont ressorties avec une convocation devant le tribunal le 6 mai (pour ne pas s’être dispersées après les sommations — qui n’ont jamais eu lieu), huit autres passaient le lendemain en comparution immédiate. Finalement ce sont sept autres personnes qui [ayant refusé la comparution immédiate] passeront en procès, cette fois le 2 mars, et une autre qui est mise en examen.
Outre le fait de soutenir les 15 personnes qui passeront en jugement, les comités de soutien doivent se montrer vigilants face à de telles provocations policières. Notamment à l’occasion de la grande manifestation de samedi prochain. »

Charade hermaphrodite

MON PREMIER EST LA PREMIÈRE,
MON DERNIER EST LA DERNIÈRE,
MON TOUT EST LA TOTALITÉ.

samedi 24 janvier 2009

L'émoi sonne…

atomic_bomb_castle_bravo(us test)1954 Pictures, Images and Photos

… mais tout sonne à son heure.
Dire qu'il suffit d'une pression du doigt sur une touche retour…
ENTER, AND END.
Allez, on n'y reviendra plus.

vendredi 23 janvier 2009

Mystère et boum de blogue !

Depuis ce matin, lorsqu'on essaye de se connecter au blogue Les Moissonneuses, dont on faisait naguère ici-même l'éloge, voici ce qui s'affiche :

Le blog a été supprimé

Nous sommes désolés, le blog à l’adresse lesmoissonneuses.blogspot.com a été supprimé. Cette adresse n’est pas disponible pour de nouveaux blogs.

Plus de deux ans de messages partis en fumée, avec tous leurs commentaires.
On se sent bien seul, d'un coup (de guillotine peu guillerette).

Condoléances désarçonnées à nos amis Suarez-Ames et Smith-Garcia, qui suscitèrent tant de réflexions, de rabrouements, d'insultes, de susceptibilités, de calembours, de colères et de joie, quelques traits de génie, et tant d'autres chocs analogiques ou argentiques (y a-t-il seulement un terme générique bien de chez nous, pour «non-numérique» ?).
JML, Pop9, Albertine, Marignac, Antoine Chainas, TGB rue-affre, Serge Q., birahima2, on sait où vous trouver (zut! je n'ai pas l'adresse du blogue d'Ariane, et j'en oublie d'autres), mais sur quels chemins de fortune, où vous lira-t-on désormais, Nicolas, thé, fantôme de…, Franklin D., Beasse, Dr Justice, Bouquommuniste incorrigible, Anonyme en pagaille et j'en passe ?
Juste après la disparition de Westlake, ça tombe encore pis. Où est ce pis, auquel nous ne boirons plus du petit lait ? Ici.

Adios, Schéhérazade !

Le rouge et le noir

Cet extrait d'un autre film d'Autant-Lara dans lequel il s'est provisoirement échappé montre Julien aux prises avec le n°2, qui recourt aux sirènes létales du capitalisme pour tenter de le dévoyer de son choix de vivre, agir et penser à sa guise — une existence dont la frugalité est inversement proportionnelle à celle de la pensée.
« Julien sort, elle aussi » : ainsi aurait pu commencer l'article d'Isabelle Mandraud paru samedi dernier dans Le Monde si la réalité n'avait été autre. Mais non, ce fut « L'une sort, l'autre pas », Agnès Varda plutôt qu'Henri Beyle… Sortie dont on est désoppressé d'apprendre à l'instant qu'elle est définitive.
Julien…
Tu avais surgi comme une fleur d'eau fraîche en 1998 dans les amphis de Jussieu, impeccable et vierge dans ce ramassis de chômeurs qui s'entêtaient crânement à ne rien revendiquer tout au long de ce mouvement de notre jeunesse à jamais éperdue.
Ton écharpe n'était certes pas un étendard auquel tous se sont ralliés, puisque l'ampleur de ton discours (de ta voix aussi, c'était indispensable en ces lieux pourtant moins vastes que nos espoirs) suscita bientôt la scission, en cette fin d'hiver, en ce début de printemps plus jeunes : certains partirent fonder Tiqqun, d'autres ensemencèrent un terrain vague pour le transformer en potager (que la municipalité rasa juste avant la récolte), d'autres encore — apprentis bouchers pour le régal de nos entrailles — élevaient deux cochons qui parfois prirent l'air sur le périf', semant la pagaille et provoquant force embouteillages, tandis qu'une dernière partie de l'Assemblée avait choisi de rassembler le matériel de ce qui deviendra Le lundi au soleil
Les désaccords ne dissolvent pas l'amitié. Celle-ci perdure, par-delà les errements — que chacun serait bien malin d'attribuer à autrui…
J'eus liens avec ceux-là, tu en nouas avec d'autres, et certains se rejoignirent, car le temps parfois fait à l'affaire. Liens coupés, renoués, défaits de nouveau dans le ballet des aubes naissantes ou étranglées…
Saluts rouges et noirs.

En toute liberté

LIBRE !
Enfin vraiment libre : disparu, le poids terrifiant de l'épée de Damoclès ! Soudain les étoiles scintillent de plus belle… Maintenant, Julien, et qu'ça saute !
Ile, dunes, vie ensoleillée…

jeudi 22 janvier 2009

mercredi 21 janvier 2009

Bienvenue dans le monde réel !

Hé oui, les capitalistes sont parmi nous ! Et dire que dans Invasion Los Angeles (They Live, John Carpenter, 1988), il suffit d'enfiler une paire de lunettes de soleil pour échapper à l'aliénation…

mardi 20 janvier 2009

Des livres et nous (3)

Jean-Yves Lacroix a la facétie de se présenter uniquement comme ancien vice-champion du monde, catégorie junior, de Scrabble. Mais c’est d’abord un homme qui aime les livres, les femmes, le vin. Socialement, c’est un fameux bouquiniste, dont les mains ont palpé bien des merveilles : l’édition originale des Champs magnétiques dédicacée par Breton et Soupault à Raymond Roussel, la collection complète de Maintenant signée de la main de Cravan, le tapuscrit annoté de la Préface à la quatrième réédition italienne…, et tant d’autres.
C’est désormais tout aussi bien un écrivain, qui a su ciseler soigneusement les phrases de ce Cure-dent paru à l’automne 2008 aux éditions Allia, phrases aussi nettes et parfaites que l’objet qui donne son titre à ce bref récit imbibé d’Omar Khayyam. En voici quelques unes, sur lesquelles on sent planer parfois les ombres furtives de Stendhal, Nietzsche ou Debord :

« A bien peser les choses, il paraît extrêmement judicieux d’habiter un palais. La sécurité du corps y est garantie, et, à défaut de la paix de l’âme, la possibilité du sommeil. Surtout, le voisinage de la beauté a quelque chose de pratique que la pudeur n’avoue jamais. Il agit sur les êtres doués de quelque sensibilité, comme un puissant régulateur de l’humeur, comme une promesse de douceur indéfiniment renouvelée. Tout ce qui chaque jour nous assujettit — cette raison quotidienne qui nous tient lieu de boulet — s’en trouve instantanément pondéré, comme un granit en une pierre poreuse.» (pp. 24-25).
« Orphelin de père, orphelin de Dieu, enfant du chaos, Omar Khayyam s’est comporté en homme sans exemple que celui qu’il forgeait. Sans autre devoir que d’inventer, jour après jour, une existence et les conditions de sa souveraineté. » (p. 31)
À la page 47, Lacroix s’amuse à attribuer à Khayyam une phrase de Debord (Panégyrique, p. 43) qu’il s’offre le luxe d’améliorer par le déplacement d’un adverbe : « J'ai d'abord aimé, comme tout le monde, l'effet de la légère ivresse, puis bientôt j'ai aimé ce qui est au-delà de la très violente ivresse, quand on a franchi ce stade : une paix magnifique et terrible, le vrai goût du passage du temps. »
Mais peu auparavant, il restituait à Khayyam le quatrain que Debord cite dans In girum imus nocte et consumimur igni, douze minutes avant la fin du film :
« Jeunes, nous avons quelque temps fréquenté un maître,
Quelque temps nous fûmes heureux de nos progrès,
Vois le fond de tout cela : que nous arriva-t-il ?
Nous étions venus comme de l’eau, nous sommes partis comme le vent. »
« Avicenne […] tenait le vin pour une activité de l’esprit à part entière. Il certifiait que le véritable intérêt de cette boisson ne se résumait pas à ses vertus stimulantes, euphorisantes, désinhibantes et anxiolytiques. Il disait goûter par dessus tout l’ivresse épaisse, large et distincte que seule procure la prise massive de boisson sur de longues périodes de plusieurs jours, de plusieurs semaines, de plusieurs mois. Il avouait aimer cet état sensationnel de calme triomphant, de terreur placide, d’engourdissement du présent dans l’évidence du temps irréversible, certaine touffeur du monde dans la faculté de l’oubli. […] Il martelait qu’il fallait boire dès le matin. Quiconque a un peu connu les hommes admettra aisément qu’il y a des siècles de discipline dans une telle injonction. » (pp. 50-51).
« Omar Khayyam évoque tant de raisons de s’arsouiller, pare le vin de tant de qualités, qu’il faut y voir la manière d’un zélateur et d’un athlète qui s’encourage ou se rappelle au devoir, et non celle d’un homme qui se justifie. » (p. 55). S’ensuit un nouvel emprunt à Debord : « Jamais plus nous ne boirons si jeunes. » (Panégyrique, p. 38).

Dommage que la couverture soit si moche, malgré les finesses habituelles des graphistes de la maison.

Néologisme

TARNAQUER [taRnake] v. intr.1› — 2008 ; de Tarnac, village corrézien Mettre en commun (des biens, des savoirs, des pratiques…), dans l'ignorance parfaitement décidée de la sphère des rapports marchands et des formes de domination. Malgré les divergences exprimées par les pas si lointains théoriciens de la revue Meeting, ceux qui tarnaquent pratiquent une forme de communisation.PAR EXT. S'efforcer d'étendre la pratique de la gratuité par le commerce (au sens ancien) avec ses voisins. «C'est en tarnaquant qu'on devient humain» (prov. tupi-guarani). «Ils tarnaquèrent tant et si bien que les idées mêmes d'argent, de soumission, d'exploitation et de pouvoir s'évanouirent définitivement» (Chron. du XXIe s.).
SYN. Goutaillousser (peu usité). CONTR. Arnaquer, réussir, faire commerce de, perdre sa vie à la gagner, tapir dans l'ombre, terroriser.

samedi 17 janvier 2009

Que reste-t-il de nos amours ?

Peut-être pas grand-chose, sauf une page au beau milieu de l'excellente trilogie Krachevski de Serge Quadruppani (Rue de la Cloche, Métailié, coll. "Troubles", 1992, p. 148). Fidèle description de l'ambiance des réunions d'alors, avant d'aller coller dans le métro les fameux phylactères, avec leurs « becquets orientables » :
« Puis un barbu au sourire méphistophélique monta sur la table pour lire un éloge du docteur Petiot en alexandrins et une espèce de clergyman qui faisait office de président décréta une pause. »
Je me souviens y avoir repris la plume de Joachim du [Re]bellay, quand je ne signais pas Tom Pinoku :
Et de ce titre beau comme une prison qui brûle, à une époque où l'on ne lisait pourtant déjà plus Dubo-Dubon-Dubonnet dans les tunnels reliant les stations du métro.





Et d'un couscous géant pour lequel la semoule avait été servie moulée dans le creux d'un féminin mannequin de vitrine.
Belle aventure, pourtant bien moins exaltante que celles qu'elle appelait…

Entité "roriste"*

* de R. O. R. : "Régulateur Obsessionnel Réfrigérant"
On lit sous la plume de Christophe Cornichon, dans Le Figaro, jeudi 15 janvier 2009 :
Deux personnes, dont une jeune avocate, ont été placées en garde à vue à la section antiterroriste (SAT) de la brigade criminelle dans le cadre d'une tentative d'incendie de voitures à Paris. L'avocate âgée de 30 ans inscrite au barreau de Paris a été interpellée dans la nuit de mardi à mercredi dernier, en compagnie de son ami Kevin, par une brigade anticriminalité dans le XIXe arrondissement de Paris.
Surpris à 3 heures rue Pradier, le couple est soupçonné d'avoir tenté de mettre le feu à deux voitures aux abords de l'ex-commissariat Combat, en enflammant du papier coincé dans les jantes. Les présumés incendiaires n'étaient a priori pas en état d'ivresse.
Leur audition dans le cadre d'une enquête de flagrant délit pour «dégradation par incendie en relation avec une entreprise terroriste et association de malfaiteurs en vue de préparer des actes de terrorisme» pourrait durer 96 heures. Leur supposée sympathie avec la mouvance autonome et les personnes poursuivies pour les sabotages commis le 7 novembre contre les caténaires de la SNCF semble avoir justifié leur transfert au 36, quai des Orfèvres.
De source proche de l'enquête, l'avocate parisienne a été aperçue lors d'une manifestation en novembre 2003 devant la maison d'arrêt de la Santé lors du deuxième Forum social européen tenu en France. Plus récemment, elle aurait participé à une réunion le 6 décembre dernier à Montreuil (Seine-Saint-Denis) pour brocarder les interpellations de Tarnac. Son ami Kevin, présenté de source policière comme «gravitant dans la mouvance d'ultragauche», serait connu pour « avoir manifesté activement son soutien à Julien Coupat »…
Et le lendemain, dans Le Monde :
Une avocate et un homme sont toujours en garde à vue pour association de malfaiteurs à visée terroriste. Le couple interpellé mercredi 14 janvier à 4 heures du matin, en état d'ébriété, tentait de mettre le feu à deux voitures garées dans le XIXe arrondissement, à Paris. Placés en garde à vue sous le régime du droit commun, ils ont été identifiés par la police et les renseignements généraux comme gravitant « dans le milieu de l'ultra-gauche ». Leur garde à vue a alors basculé sous le régime antiterroriste et peut durer jusqu'à 96 heures. Le numéro de l'avocate que son employeur considère comme « sérieuse et pas du tout spécialisée dans les affaires de l'ultra-gauche » figurait dans les carnets des interpellés de Tarnac.
[Quelques heures plus tard :] le couple a été libéré sans charge retenue à son encontre, a-t-on appris vendredi 16 janvier de source judiciaire.
Bon, on ne saura finalement pas s'ils s'étaient chargés sans retenue ou non : pour cette avocate et ce Kevin, le tort de l'ébriété n'aura en tout cas pas été qualifié de terroriste. Mais s'ils ont été ainsi élargis, c'est que même cette ridicule histoire de papiers enflammés était du pipeau.
En revanche, ce qu'on saura dorénavant, c'est que tenter d'incendier un véhicule est un acte de terrorisme, passible de 10 de prison.
Déjà, le 2 mai 2007, la découverte par la police d'un dispositif incendiaire sous une sienne dépanneuse a conduit quelques mois plus tard trois personnes à être incarcérées sous l'inculpation d'« association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste ». L'une d'entre elles croupit toujours en détention préventive, depuis presque un an et pour encore au moins six mois (voir pénultième billet).
Encore ne s'agit-il là que de tentatives d'incendie de voitures. Pour les véhicules effectivement détruits par le feu (incendies dont un récent document interne de la direction centrale de la sécurité publique nous apprend que la principale motivation est l'oisiveté), le parquet envisage la qualification de « crime contre l'humanité ». Vu la quantité de bagnoles parties en fumées ne serait-ce que la nuit du Nouvel An, ça fait du boulot en perspective pour les magistrats de l'antiterrorisme…

"Bi-bliomanie"

Pathologie consistant à apprécier immodérément deux Blier, Bernard et Bertrand, lorsqu'ils collaborent au même film.

vendredi 16 janvier 2009

D'autres rendez-vous pour ceux qui refusent de se rendre

Yildune va être libérée aujourd'hui d'après la décision de la cour d'appel de Paris.
CEPENDANT :
La chambre de l’instruction en formation collégiale (un président et deux assesseurs) se réunira vendredi prochain, 23 janvier, pour statuer au fond sur l’appel du parquet contre l’ordonnance de remise en liberté du juge Fragnoli. Elle pourra alors confirmer la remise en liberté décidée par le magistrat instructeur ou donner raison au parquet en se prononçant pour son retour en détention.
Rendez-vous ce vendredi 23 janvier à 14h devant l'escalier A du tribunal de grande instance de Paris (M° Cité) : en haut du grand escalier donnant sur la cour visible depuis le boulevard, passer les portes vitrées, puis à gauche, puis à droite.
On a aussi reçu ceci :
« Anti-terrorisme: Isa maintenue en détention – RDV à la prison de Versailles dimanche

[RAPPEL: Isa est incarcérée depuis le mois de janvier 2008 car son ADN correspondrait à l'un de ceux retrouvés sur des bouteilles d'essence placées sous une voiture de flics devant le commissariat central du 18ème arrondissement de Paris pendant les élections présidentielles de 2007.
Isa, comme Juan et Damien en prison pour les mêmes accusations, est sous mandat de dépôt criminel dans le cadre d'une instruction anti-terroriste.
Elle est aujourd'hui à la maison d'arrêt de Versailles et après bientôt une année de détention préventive (et 4 taules différentes !), elle est passée ce jeudi 15 janvier devant un juge des libertés et de la détention (JLD) qui devait décider de la maintenir (ou pas) en prison pour une durée de 6 mois (renouvelable).]

Cet après-midi [jeudi 15 janvier], le rassemblement a réuni une centaine de personnes venues exiger la remise en liberté d'Isa. Les gendarmes bloquant l'accès au 2ème étage de l'escalier F où se trouve la galerie des juges des libertés et de la détention (JLD), nous sommes restés à l'entrée de l'escalier F. Nous avons crié « Libérez Isa ! » quelques minutes, puis nous sommes partis en manifestation à l'intérieur du tribunal puis dans la rue. À ce moment, et un peu avant, des autocollants ont été collés dans les couloirs du « palais » sur lesquels on pouvait lire : « Samir en prison à Villepinte assassiné le 6 janvier par les matons », « Liberté pour Isa, Juan, Damien et les autres ! Vive le sabotage ! Vive la révolte ! » et le tract « La dépanneuse du 18ème » appelant à une manifestation de solidarité avec les révoltés incarcérés le samedi 24 janvier à 15h au métro Barbès (voir http://nantes.indymedia.org/article/15783) qui a aussi été diffé. Une fois dehors, la banderole « Liberté pour Isa, Juan, Damien et tous les prisonniers » a été déployée et nous avons avancé, les CRS à nos trousses, vers la place du Châtelet. C'est la qu'ils nous ont rattrapés et nous ont forcés à nous disperser… momentanément puisque quelques minutes plus tard nous revoilà devant le siège de l'Administration Pénitentiaire, rue du Renard, à coté du métro Hôtel de ville. Là, la banderole a été redéployée, et pendant que certains taggaient sur l'entrée du bâtiment « Samir assassiné le 6 janvier par les matons de la prison de Villepinte », d'autres criaient « Matons assassins ! ».

Le juge des libertés a décidé de suivre la demande des juges d'instruction anti-terroristes et a renouvelé le mandat de dépôt d'Isa pour une durée de 6 mois. Un appel de cette décision est en cours et Isa repassera devant la chambre de l'instruction… À suivre…

D'ici là…
Dans le cadre de la semaine de solidarité sans frontière avec Isa et tous les prisonniers (voir http://nantes.indymedia.org/article/15878), nous appelons à une manifestation à la maison d'arrêt des femmes de Versailles (78) où est actuellement incarcérée Isa, le dimanche 18 janvier à 16h .
La prison est au 28 av. de Paris. Pour s'y rendre : RER C Château de Versailles ou Versailles-Chantiers, ou l'autoroute A13.
Amenez de quoi faire du bruit !

La brochure Mauvaises Intentions n°2 est disponible au téléchargement: http://infokiosques.net/mauvaises_intentions »

69, c'est bien, 96 aussi (parfois)…

Le programme complet des manifestations parisiennes de solidarité avec les inculpés de l'anti-terrorisme est disponible sur le site http://96heures.canalblog.com/
N. B. : Quatre-vingt-seize heures, c'est la durée étendue de la garde à vue dans les locaux de l'anti-terrorisme.

jeudi 15 janvier 2009

Restitution, rédemption

Les deux numéros de la désormais notoire revue Tiqqun sont épuisés, mais leur lecture n'a rien d'épuisant, bien au contraire. Certains ayant des difficultés à les trouver sur le ouaibe, voici les liens des deux pages où l'on peut les télécharger au format pdf (hum, désolé pour ce charabia) :
La belle vraie théorie démolit tout :
labels, œuvrettes et or, idées molles itou.
Et à propos de téléchargement, le n°3 d'Échos de la Taïga, le bulletin d'informations du comité de soutien aux inculpés de l'anti-terrorisme, est disponible sur leur site.

On n'est pas sérieux quand on a 17 ans


Ce vieil ado de George sévissait dans les colonnes de Mordicus voici 17 ans, notamment dans ce n°4 d'avril-mai 1991 avec cet encadré sur l'étymologie d'un mot qui nous est spécialement pénible.

Et qu'est-ce qu'il aperçoit en septembre 2008, au détour d'un pilier du belvédère de Belleville ? Cette affichette à demi déchirée, qui en reproduit fidèlement les termes, sous un titre bien mieux venu.
« Même les philosophes qui déplorent la vanité des hommes inscrivent leur nom au fronton de leur œuvre », dit en substance Spinoza quelque part dans sa correspondance, lui qui avait expressément demandé à ses légataires de publier son œuvre posthume à titre anonyme, et que ceux-ci ont trahi en la signant "B. d. S."…
« La sève est du champagne et vous monte à la tête »

Il n'y a plus d'abonné au N°6

Le prisonnier a définitivement raccroché.
« L'acteur Patrick McGoohan, rendu célèbre par les séries télévisées "Destination Danger" mais surtout "Le Prisonnier" dans les années 1950 et 1960, est mort mardi 13 janvier 2009 à l'âge de 80 ans » (Les journaux).
Dire que j'avais trouvé l'intégrale de la série en 16 mm dans les combles du Grand Rex, un sac de toile oublié de tous, et que je n'ai pas eu souci de l'embarquer !
Allez, on se le repasse une dernière fois.

mercredi 14 janvier 2009

Ces arrêts baths, ils scient !

Il est rare de sourire en de telles circonstances, en pareille compagnie. Pourtant, sur cette photo datant du 19 mars 2007, lendemain de son arrestation au Brésil, on devine l'esquisse d'un pâle sourire sur le visage épuisé de Battisti. Sans doute n'en connaîtra-t-on jamais la raison. Mais gageons que c'est aujourd'hui un large sourire qui illumine ses traits, en attendant l'éclat de rire tonitruant qui saluera sa libération.

mardi 13 janvier 2009

Certains livres sont des armes

Books are weapons
Quand la guerre sociale est imminente, on se fournit en munitions. On met tous ses fers au feu, et pas que les fers à béton. On laisse pas tomber. On fait flèche de tout bois, on boit pas que de l'eau.
Nous n'avons pas peur.
Nous lirons jusqu'à la mort.
Nous harcèlerons librairies, bouquinistes et bibliothèques pour fourbir nos armes. On s'aventurera même sur le Ouaibe (ouais, ben quoi ?), pour les plus assis des rimbaldiens d'entre nous. Les bouquinistes, surtout : les seuls chez qui l'on pouvait trouver ne serait-ce que l'Esquisse d'une morale sans obligation ni sanction de Jean-Marie Guyau (1854-1888) jusqu'à ce que ces putains d'éditions Allia aient eu la récente idée de ressusciter ce texte indispensable, désentravé, auquel qui pourrait entraver que pouic ?
Certaines armes nous délivrent, certains livres nous désarment.

Les jeunes savent, les vieux peuvent

En farfouillant un peu, on finit par retrouver les choses… C'était en avril 2008, et jusque durant l'été, sur les murs de certaines de nos riantes cités. Cette affiche peut être téléchargée sur cette page du site Non Fides, où l'on pourra également en lire le texte.

La beauté n'a pas d'âge

samedi 10 janvier 2009

Bonnes nouvelles !

On lit dans Le Parisien/Aujourd'hui en France du 9 janvier 2009 l'article suivant :

Pour Alain Antczack, le Père Noël portait les habits du magistrat. Hier, ce chauffard détenu depuis mai 2007 a été remis en liberté alors que le tribunal correctionnel de Guéret (Creuse) venait de le condamner à huit ans de prison pour « homicide involontaire ». Motif : la présidente a omis de mentionner son maintien en détention.
« C’est une boulette car on ne condamne pas quelqu’un à huit ans d’emprisonnement pour le laisser libre ensuite », a aussitôt commenté Me Emilie Bonnin-Bérard, l’avocate du prévenu, qui a par ailleurs fait appel de la condamnation. « C’est une erreur impossible à corriger, il n’y a rien à faire », réagit avec consternation et fatalisme M e Philippe Lefaure, conseil de la famille du gendarme tué involontairement par le chauffard, le 25 mai 2007, à Pontarion dans la Creuse.

Ce jour-là, Alain Antczack quitte Paris en voiture pour aller voir son fils en Corrèze. En Haute-Vienne, il se sert 52 de carburant et repart sans régler. « Je n’avais pas les moyens de payer, j’ai pris la fuite », a-t-il expliqué à son procès, les 11 et 12 décembre derniers.
L’adjudant-chef Michel Joachim, 44 ans, marié et père de deux fils, le prend en chasse avec sa moto. Détournés d’une mission, deux autres motards convergent aussi vers Pontarion. La course-poursuite s’achève tragiquement : le deux-roues de l’adjudant-chef percute celui d’un de ses collègues arrivant en face.
Poursuivi à cause de son comportement et de ses manœuvres dangereuses pendant sa fuite, Alain Antczack a toujours démenti avoir voulu tuer qui que ce soit. Hier, le tribunal correctionnel, qui avait mis son jugement en délibéré, l’a reconnu coupable d’homicide involontaire, lui infligeant huit ans de prison, conformément aux réquisitions du procureur. Une peine assortie de l’annulation du permis de conduire avec interdiction de le repasser pendant cinq ans et d’une interdiction de séjour dans la Creuse pendant la même durée. Considérant la condamnation trop sévère, le prévenu et son avocate ont dès hier envisagé de faire appel. A ce second procès, Alain Antczack comparaîtra libre.
« C’est là tout le problème, estime Me Philippe Lefaure. Viendra-t-il à cette audience ? Nous n’avons aucune garantie. » En attendant, les proches du gendarme décédé, promu major à titre posthume, se demandent comment une erreur aussi profitable au chauffard a pu survenir. « Quand on prononce une peine et qu’on souhaite que le condamné reste en prison, il faut obligatoirement mentionner le maintien en détention, d’abord à l’audience, puis sur le dossier, précise un magistrat. Un tel oubli n’est pas une erreur matérielle. Il n’y a donc aucune rectification possible. »

Des livres et nous (2)


Avant la République des Conseils de Bavière, le précédent soubresaut insurrectionnel qui a chahuté la vieille Europe a eu lieu en France, durant un mois splendide puis sanglant à flots de 1871. Saluons ici la réédition copieusement préfacée et judicieusement annotée du Tableau de Paris sous la Commune de Villiers de l'Isle-Adam — texte quasiment inconnu jusqu'alors — par les toutes jeunettes éditions Sao Maï, à qui l'on doit déjà Petites Insécurités, excellent recueil de nouvelles (noires) du mystérieux Alassane Fingerweig, charmeur, généreux, quasi-herculéen et auteur au Serpent à plumes (coll. "Serpent noir", 2002) du glaçant et pénétrant La boucherie est une science exacte.
« Paris a survécu. Le soleil brille sur la Révolte. L'indomptable Liberté s'est relevée, chancelante mais appuyée sur tous ses drapeaux rouges. »

Grande sœur dure à son heure

Je me dois de tirer un chapeau, voire une casquette, au blogue des Moissonneuses, qui outre le fait — bien à leur insu — de m'avoir incité à sortir de ma boutique tapie dans l'ombre, m'ont contraint à m'initier aux arcanes mortifères de Blogger. Leur nom rend hommage au deuxième roman de Dashiell Hammett, The Red Harvest. Le polar, c'est noir, le communisme; c'est rouge; en associant les deux, on obtient bizarrement les couleurs de l'anarchisme — pas vraiment leur tasse de thé, d'ailleurs. Remerciement particulier à l'un des scrupuleux commentateurs de certain billet naguère publié là-bas, détonateur à son insu de mon extraction. Et remerciements dérivés à Julien, sans lequel rien de tout ceci ne serait arrivé, à son insu le plus complet, bien évidemment. N'est-ce pas, Jenny ?

Des livres et nous (1)


L'insomniaque publie enfin, le 15 janvier, la traduction de l'excellente biographie consacrée en 1977 par Rolf Recknagel à B. Traven, alias Ret Marut, révolutionnaire spartakiste devenu par la suite — à la faveur d'un anonymat intraitable qui le protégea de funestes coups de piolet — l'un des plus célèbres romanciers au monde. C'est l'inénarrable et minutieuse Adèle Zwicker qui s'est chargée de cette traduction (enrichie par l'astucieux ajout de précisions, à l'attention du public français, relatives aux conseils ouvriers dans l'Allemagne de 1920), après avoir déjà publié chez L'insomniaque et du même Marut Le genre de choses qui arrivent en France ainsi que Dans l'État le plus libre du monde (réédité par Actes Sud/Babel en 1998).
Voici le prière d'insérer de cette biographie :

Elle est l’aboutissement des longs travaux de Rolf Recknagel qui prouva dès les années soixante que le mystérieux B. Traven (1882 ?-1969) — vagabond et conteur établi au Mexique dans les années 1920, qui prétendait à l’anonymat complet — n’était autre que l’agitateur allemand Ret Marut. Ce pamphlétaire brava la censure militaire pendant le premier conflit mondial et joua un rôle actif dans l’éphémère République des Conseils de Bavière en 1919. Jusqu’à sa mort en 2006, Recknagel ne cessa d’affiner le portrait de ce grand défenseur des pauvres et chantre de la subjectivité — immensément populaire en Allemagne et au Mexique, et dont les œuvres ont été traduites dans des dizaines de langues (dont une douzaine de titres en français). On verra à la lecture de cette biographie à la fois rigoureuse et passionnée qu’on peut dire de Traven, à l’instar d’un Lord Byron ou d’un Jack London, que sa vie aventureuse fut encore plus romanesque que ses écrits.

La seule étude sérieuse sur Traven parue jusqu'à présent en français était la chouette bande dessinée de Golo, B. Traven. Portrait d'un anonyme célèbre (Futuropolis, 2007).
En ce qui concerne le mouvement des conseils en Allemagne en 1918-1920, on pourra lire avec profit l'ouvrage de Jean-Paul Musigny (un intime de Mlle Zwicker, apparemment),
La Révolution mise à mort par ses célébrateurs, même (Nautilus, 2001).


jeudi 8 janvier 2009

L'Ex vous présente ses meilleures veuves pour 2009

Mrs. Gregory McDonald
Mrs. James Crumley

Madame Frédéric Fajardie

Mrs. Janwillem van de Wetering
Mrs. Tony Hillerman

Mrs. George Chesbro

Abigail Westlake

mercredi 7 janvier 2009

À la fin, je suis là…

Pour commencer, remémorons-nous l'une des dernières séquences du monde d'avant, pas la moins ridicule…