Dans le « Livre 1 » de son œuvre-fleuve Le Dossier M. (Flammarion, 2017-2018), Grégoire Bouillier livre une intéressante analyse de la barbarisation généralisée de l'économie politique mondiale à partir de la fin des années 70, dont la série télévisée Dallas figure selon lui l'emblème (pp. 221-238) :
« C’est pendant les années Dallas que les États se sont convertis les uns après les autres au libéralisme économique échevelé, à la financiarisation brutale des marchés, à la mondialisation ensauvagée du capitalisme, à la fétichisation hystérique de l’entreprise, aux actionnaires rimant avec tortionnaires, à la transformation de tout, absolument tout, en marchandises et, pour faire passer la pilule autant que pour doper les ventes, à la communication tous azimuts, à la médiatisation incitant à vivre toujours plus par procuration, à la fusion du politique avec le divertissement, ouvrant ainsi gaiement la voie à un monde toujours plus impitoyable. » (p. 226)
Incidemment, on lit ceci p. 235, qui n'est pas sans nous rappeler une antienne de l'ami Jérôme Leroy :
« Je ne dis pas que c’était mieux avant : ce n’était pas mieux avant. Certainement pas ! Mais c’est pire aujourd’hui et comment est-ce possible si ce n’était pas mieux avant ?
Comment est-ce possible ?
Est-ce parce que nous ne pensons plus avoir d’avenir qui ne soit sombre et effrayant, tandis que notre passé nous apparaît pourri jusqu’à l’os ? »
(Et je recommande chaudement de lire en ligne l'intégrale d'un premier jet de ce passage ici)
Du coup, allez savoir pourquoi, j'ai repensé à cet extrait du film Fight Club de David Fincher (1999), lui-même adapté du roman de Chuck Palahniuk de 1996…
(Advertising has us chasing cars and clothes, working jobs we hate so we can buy shit we don’t need.)
… et par esprit d'escalier à ce passage de Volem rien foutre al païs, de Pierre Carles, sorti huit ans plus tard (et déjà diffusé ici-même) :