
Voici trois ans et demi, j'avais consacré un billet à la chanson Paris-jadis qu'interprètent Jean Rochefort et Jean-Pierre Marielle dans le générique de début du film de Bertrand Tavernier, Des enfants gâtés. Soit dit en passant, je crois que c'est le billet qui a suscité le plus riche échange de commentaires sur ce blogue, grâce à l'érudition inépuisable de certain Anonyme Historique qui a hélas depuis longtemps déserté ces fichus parages — on avait dérivé vers une fructueuse confrontation de divergences relatives à quelques passages du Pont Mirabeau d'Apollinaire…
Bref, j'ai retrouvé le générique qui ouvre le film (merci, Ubi !), et le second degré de la chanson est bel et bien patent — c'est épatant !
Mais depuis, comme le notait déjà Debord deux ans seulement après la sortie de ce film, dans sa Préface à la quatrième édition italienne de « La Société du Spectacle », « la marchandise spectaculaire a été amenée à un étonnant renversement de son type de justification mensongère » : les néo-villes ne sont désormais plus hérissées de fer, de verre et de béton mais présentent le charme jaunement rieur des bourgades d'antan : rues piétonnes, immeubles proprets, parterres fleuris — il ne manque que des êtres réellement humains, mais c'est un détail, n'est-ce pas ? Et c'est ainsi que « le faux peut relever légalement le nom du vrai qui s’est éteint. » (ibid.)
À ce sujet, on lira avec profit le vigoureux opuscule récemment paru aux éditions 13 bis, Guide du XXe (arrondissement) pour le XXIe (siècle).