On a beaucoup épilogué — précisément depuis les surréalistes — sur la disparition de certains rapports idylliques comme l'amitié, l'amour, l'hospitalité. Qu'on ne s'y trompe pas : la nostalgie de vertus plus humaines dans le passé ne fait qu'obéir à la nécessité future d'aviver la notion de sacrifice, par trop contestée. Désormais il ne peut plus y avoir ni d'amitié, ni d'amour, ni d'hospitalité, ni de solidarité où il y a abnégation. Sous peine de renforcer la séduction de l'inhumain. Brecht l'exprime à la perfection dans l'anecdote suivante : comme exemple de la bonne manière de rendre service à des amis, M. K., pour le plus grand plaisir de ceux qui l'écoutaient racontait l'histoire suivante. Trois jeunes gens arrivèrent chez un vieil Arabe et lui dirent : « Notre père est mort. Il nous a laissé dix-sept chameaux et dans son testament il ordonne que l'aîné en ait la moitié, le cadet un tiers et le plus jeune un neuvième. Nous n'arrivons pas à nous mettre d'accord sur le partage. A toi de prendre la décision. » L'Arabe réfléchit et dit : « Je constate que, pour pouvoir partager, il vous manque un chameau. J'ai le mien, je n'ai que celui-là, mais il est à votre disposition. Prenez-le, faites le partage et ne me ramenez que ce qui restera. » Ils le remercièrent pour ce service d'ami, emmenèrent le chameau et partagèrent les dix-huit bêtes : l'aîné en reçut la moitié, ce qui fit neuf, le cadet un tiers, ce qui fit six, et le plus jeune un neuvième, ce qui fit deux. A leur étonnement lorsqu'il eurent écarté leurs chameaux il en restait un. Ils le rendirent à leur vieil ami, en renouvelant leurs remerciements. M. K. disait que cette manière de rendre un service d'ami était bonne, parce qu'elle ne demandait de sacrifice à personne. L'exemple vaut d'être étendu à l'ensemble de la vie quotidienne avec la force d'un principe indiscutable.
Il ne s'agit pas de choisir l'art du sacrifice contre le sacrifice de l'art, mais bien la fin du sacrifice comme art. La promotion d'un savoir-vivre, d'une construction de situations vécues est partout présente, partout dénaturée par les falsifications de l'humain.
Il ne s'agit pas de choisir l'art du sacrifice contre le sacrifice de l'art, mais bien la fin du sacrifice comme art. La promotion d'un savoir-vivre, d'une construction de situations vécues est partout présente, partout dénaturée par les falsifications de l'humain.
Raoul Vaneigem, Traité de savoir-vivre à l'usage des jeunes générations (1967)
"Toute la famille de George se trouve dans une ferme, on dénombre alors 30 têtes et 104 pieds. Combien y a-t-il donc de vaches et de personnes ?"
RépondreSupprimerJe sors
L'encyclopédie en dix volumes de George est rangée dans l'ordre sur une planche de bibliothèque. Chaque volume est épais de 4,5 cm pour les feuilles et de deux fois 0,25 cm pour la couverture. Un vers né en page 1 du volume 1 se nourrit en traversant perpendiculairement et en ligne droite la collection complète et meurt à la dernière page du dixième volume.
RépondreSupprimerQuelle distance aura-t-il parcourue pendant son existence ?
Parabole : Ne soyez pas indivisible par 2, par 3, par 9. Amen.
RépondreSupprimerVous comprenez bien, thé, que la beauté de la parabole de Brecht "citée" par RV (je ne me souviens plus si elle figure effectivement dans les Histoires de monsieur Keuner, mais je crois que oui) ne tient pas à l'ingéniosité mathématique.
RépondreSupprimerN'oubliez pas que le plus grand nombre premier n'existe pas, puisque nul ne peut le définir.
RépondreSupprimerSinon, l'histoire du vers me paraît beaucoup plus simple que celle des chameaux : simple multiplication, je ne vois pas l'astuce (à condition d'entendre "2 x 0,25 cm" pour la totalité de la couverture de chaque volume)
10 x (4,5 + 0,5) - 0,25 - 0,25 = 49,5 cm.
Y' a un piège : Thé a écrit "un vers" et non "un ver".
RépondreSupprimerElle parle de poésie et pas d'helminthes.
Non
RépondreSupprimerVous n'avez pas réfléchi, comme toujours. Il est né après la 1° couverture puisqu'il est né né à la 1° page et est mort avant la dernière couverture. Donc 40,5
Non, j'ai pas compris. Je trouve que ce sont des enfantillages. C'est de la vulgaire arithmétique
Fil, c'était une faute
RépondreSupprimerG 17:54,
RépondreSupprimerC'est pas parce qu'on peut pas le définir, tout nombre premier a la même définition, c'est parce qu'ils sont infinis
thé 18h12,
RépondreSupprimerAlors détaillez-moi votre calcul, je vous prie. Car c'est précisément parce qu'« il est né après la 1° couverture puisqu'il est né [une seule fois, sinon ça fausse tout] à la 1° page et est mort avant la dernière couverture » que j'ai retiré 2 x 0,25 cm : une fois pour la première et une fois pour la dernière. Je maintiens mon résultat.
Quant au plus grand nombre premier, je voulais dire que personne ne peut l'énoncer, et c'était pour sortir des maths.
Enfin, nul nombre n'est infini : les nombres premiers sont en nombre infini.
Très belle planche, docteur, et merci pour ce terme. Je me suis d'ailleurs moi aussi fait avoir, à cause de la proximité, dans le champ paradigmatique, entre vers et livre.
RépondreSupprimerAh, thé, je comprends comment vous arrivez à 40,5. Mais il faut alors préciser que les volumes sont rangés dans l'ordre croissant de gauche à droite. Dans le cas inverse, on arrive à 49,5.
RépondreSupprimerEt votre explication aurait dû être :
il est né à gauche de la première de couverture du premier volume puisqu'il est né à la 1° page et est mort à droite de la quatrième de couverture du dernier volume.
Enfin, non, pour moi il ne s'agit pas d'enfantillages, mais de savoir envisager un autre point de vue que celui qu'incite à adopter la situation, et tel est aussi le sens de l'extrait du film.
Finalement, vous voulez dire que vous savez pas ranger. Vous, vous les rangez de droite à gauche comme les Arabes ? Pour Ibn Khaldoum, en trois tomes, votre calcul aurait été juste.
RépondreSupprimerPour le reste, je refuse de prendre au sérieux une argutie qui s'appuie sur le fait qu'on ne donne que 17/18° de son héritage. Tout Bretch qui l'aurait dit.
George ?
RépondreSupprimerj'espère que vous êtes bien revenu à votre cathédrale.
C'est marrant, thé, vous orthographiez Brecht avec la même coquille qu'on trouve dans le Traité.
RépondreSupprimerIl est important de ne pas être d'accord...
RépondreSupprimerJ'arrête pas, chez vous, les fautes.
La faute à qui ?
RépondreSupprimerMea culpa
RépondreSupprimerMoi aussi, suis allée au caté
Pour Brecht, vraiment la 1° fois que je l'écrivais ainsi. Docteur ?
RépondreSupprimerVérification faite dans l'édition nrf (p. 118), la coquille n'y est pas : seulement dans la version numérique disponible à plusieurs adresses sur le Net.
RépondreSupprimerUn coloriage ?
RépondreSupprimerquand t'entends nique
RépondreSupprimery'a ta mère qui va avêqueu
N'était votre titre - quoique... -, merci, par ce billet, d'avoir tout remis à l'endroit.
RépondreSupprimerOh, mais je ne fais rien, moi… je regarde les nuages, les merveilleux nuages, c'est tout…
RépondreSupprimer(Marrant, j'étais justement en train de me balader chez vous. Incidemment, merci de m'avoir permis de découvrir Yves Letort et ses Feuilles).
Y a finalement que les orthodoxes qui voient des perspectives inversées.
RépondreSupprimerAh tiens, mais je me réveille: je découvre que notre exomaniaque est revenu dans la blogosphère. Je trinque à cette bonne nouvelle, Weaver, en espérant te voir un de ces quatre.
RépondreSupprimerEnvoie-moi un mail, qu'on se voit en chère et en hausse (et rappelle-moi pour la millième fois l'adresse de la librairie)
faut qu'on vous dise tout, George
RépondreSupprimerdans une semaine, c'est la parution des Nouvelles de Thierry Marignac
et c'est chez vous qu'on a rendez-vous avec l'auteur.
En plus, ça correspond avec mon retour de Suzhou où je présente actuellement l'Anthologie Pollutions.
Le gros sera sûrement revenu de la Réunion, en plus
Alors n'hésitez pas.
Pas de cachoteries, hein George
Pourquoi être seulement le souteneur de thé ?
Soutenez-nous tous !
à bientôt
Bon, je vais tâcher d'installer un ring à peu près aux normes.
RépondreSupprimervous êtes génial
RépondreSupprimerje préviens le commissaire.
comme vous savez, son blog est modéré
RépondreSupprimerattendons
enfin je veux dire
tout le monde aux abris
mais je pense que Thierry Marignac sera d'accord
je lui ai fait prendre un élixir avant.
Moi, je jette léponge
RépondreSupprimerbonne nouvelle, George
RépondreSupprimersi j'ai bien compris
votre présence n'est pas du trou de le sécu obligatoire
Chat d'aiguille en passant
vous feriez mieux de vous envoyer Miss Elle.
N'allez surtout pas en faire une scène, alors que la question est chlore.
Oh, comme j'ai écrit !
RépondreSupprimerA moins que ce ne soit du Parti pris
thé, je vais devoir vous passer un savon.
RépondreSupprimerBira 15:35, au fait,
RépondreSupprimerGeorge c'est à la moutarde ou au vin blanc ?
G
RépondreSupprimerjusqu'à la disparition complète, épuisement du sujet
George !
RépondreSupprimerj'ai mis une devinette chez Thierry Marignac :
qui a dit ?
"un bon divan est souvent ce qu'il y a de plus efficace pour meubler une conversation."
et thé a répondu :
un chant persan
je n'ose étaler ma culture
à vous
après je vous demanderai quelques conseils en amour.
un chat persan
RépondreSupprimerron !
C'est lui qui l'a dit.
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