Avertissement légal

Tous les textes apparaissant sur ce site sont automatiquement générés par notre nouveau logiciel Hétéronomix™ qui vous libère enfin de la pesante nécessité de réfléchir.
Ne perdez plus votre précieux temps de consommateurice à répondre à vos correspondants, les plus exigeants fussent-ils quant à la teneur conceptuelle ou la qualité des propos échangés : Hétéronomix™ se charge de tout ! Syntaxe et orthographe garanties parfaites et évolutives au fil des décrets.
Approuvé par la norme AFNOR ISO 9001.

lundi 24 août 2009

Pari perdu





… Paris Restera, quoi qu'il advienne, La capital' souveraine La seul', l'unique et la reine Par le cœur et par l'esprit… entend-on dans cette chanson de 1977 écrite par Jean-Roger Caussimon, mise en musique par Philippe Sarde et interprétée au générique du film de Tavernier par Jean Rochefort et Jean-Pierre Marielle (qui ne jouent pas dans le film). Il n'aura pas fallu plus de deux décennies pour ruiner complètement cette assertion, qui sonnait déjà plutôt comme une prière à la date de sortie du film, vu l'état de la capitale après les ravages pompidolo-giscardiens. Mais à la réflexion, non, pas une prière : un glas cynique et amer. Les couplets semblent des antiphrases, comme en témoigne ce passage, écrit après la création des voies sur berges : Et la Seine, enfin, leur donne L'attrait de ses quais fleuris…

dimanche 23 août 2009

Ce que les poux vantent (et le rêve fraîchit)



Seul au-dessus de son ventre, l’homme avait oublié tout langage. Quand débarquèrent ses amis, il ne comprit rien aux sons qu’ils proféraient dans la joie des retrouvailles.
Eux crurent qu’il se payait leur tête et se mirent à l’invectiver, puis le frappèrent.
Il mourut au début de l’hiver, maladroitement recroquevillé parce que les coups l’avaient atteint — comme la tarte — à l’intestin.

Il marchait seul dans la nuit au hasard des routes désertes. Des plaines environnantes, il ne pouvait pas dire ce qui y germait, et ce malgré la lune plate et très blanche. Il marchait lentement, nez au vent, sans se demander quoi faire de ses mains, oubliant la ville brûlant maintenant loin derrière des brasiers qu’il avait allumés, où la révolte battait son plein.
Il était amoureux de tout ce qu’il voyait, la brise l’aimait elle aussi bien que naturellement elle le glaçât. Il revêtit un petit masque qu’il serrait depuis longtemps dans son poing, ressemblant ainsi furieusement à Casanova, puis le jeta au bout de quelques kilomètres.
Sans avoir dormi depuis des semaines entières, il se sentait pourtant reposé, prêt à tout.
Il avançait au hasard, mais le pas sûr et la bouche légèrement serrée sur un baiser attrapé au coin d’une barricade.
1992 (?)

samedi 22 août 2009

Une récente paraphrase…

… de la première partie du film In girum imus nocte et consumimur igni, en musique, avec un récitant un peu trop emphatique, mais le montage est foutrement bien fichu. On s'amusera à repérer les détournements, d'ailleurs signalés au générique de fin.
C'est en trois parties. On peut télécharger le film sur
cette page, et lire le texte sur celle-ci.



vendredi 21 août 2009

George paie recta

En reconnaissance à l'Anonyme, une image sur laquelle on peut cliquer pour aboutir à un site qu'il connaît sans doute, et un film qu'il connaît par cœur (mieux vaut Stark que jamais).

jeudi 20 août 2009

« Révolution : solution de tous les rêves »

Après cinquante années de civilisation, d'ongles faits et de cheveux coupés, le peuple s'était réveillé. Ce n'avait pas été une révolution mais une insurrection, une révolte, quelque chose de dégoûtant et bien fait pour choquer. Il avait escaladé les digues de la raison, du bon sens, de la décence, il avait oublié le but même de ce qu'il faisait, il n'avait bientôt plus songé qu'à tuer ou à piller ou à chanter. Il avait tout oublié des instructions qu'on lui avait données et il avait tout cassé.
Le signal fut donné à midi, d'un coup de pistolet qui tua l'homme en qui tout le monde croyait. Une heure après, les tramways étaient renversés et toute la ville brûlait. Les policiers tiraient sur les maisons des beaux quartiers et les casernes s'écroulaient. Les insurgés dans les rues tourbillonnaient, les bras chargés de presse-purée, de chaussures, de tabac et de caisses de whisky écossais.
Dans un bas quartier, un petit homme courait. Vingt autres l'entouraient, il les menait à une boutique barricadée de coiffeur-barbier. Il criait :
« Foutons-y le feu, la saloperie, faut qu'ça flambe, foutons-y le feu ! »
La porte était enfoncée, les cuvettes remplies d'essence et tout flambait. Le petit homme se réchauffait et criait :
« Ça faisait trente ans, rendez-vous compte, trente ans que j'étais barbier ! »

Alain Gheerbrant, L'expédition Orénoque-Amazone
[Gallimard, 1952],
Avant-propos,
Le Livre de Poche n°339-340, 1962, p. 7


La définition qui sert de titre à ce billet est de Michel Leiris.

lundi 17 août 2009

« I gotta get out of here ! »

Complètement déjanté, ce Charlemagne Palestine ! Mais au fond, le sommes-nous moins que lui, à tourner sans fin dans cette île virtuelle ?

mercredi 12 août 2009

Communisme à baldaquin

Grâce à Jacques Antel, qui dans Le contrepet quotidien (Ramsay-Pauvert, 1990) dévoila le sens caché du titre choisi par Jean Servier, nous savons que le monde de la vraie vie sera nécessairement peuplé de femmes légères nonchalamment allongées, de lorettes alanguies sous la couette : un horizon d'horizontales, hors de toute vénalité. Tu viens, chéri ? c'est gratuit…
Comme le disait Jérôme Leroy sur Causeur, le 10 août 2009 à 20h 20, « le communisme à venir sera balnéaire, sexy et poétique. »

dimanche 2 août 2009

Œnologues, hé !


« C'est à l'ami qu'on offre son vin »
(bon, on a quatre jours d'avance sur le 6 août, mais à cette date on sera absent)

samedi 1 août 2009

Réduire des hommes raisonnables à l’état de bêtes brutes

J’ai vu maintes fois avec étonnement des hommes fiers de professer la religion chrétienne, c’est-à-dire l’amour, la joie, la paix, la continence et la bonne foi envers tous, se combattre avec une incroyable ardeur malveillante et se donner des marques de la haine la plus âpre, si bien qu’à ces sentiments plus qu’aux précédents leur foi se faisait connaître. Voilà longtemps déjà, les choses en sont venues au point qu’il est presque impossible de savoir ce qu’est un homme : Chrétien, Turc, Juif ou Idolâtre, sinon à sa tenue extérieure et à son vêtement, ou à ce qu’il fréquente telle ou telle Église ou enfin à ce qu’il est attaché à telle ou telle opinion et jure sur la parole de tel ou tel maître. Pour le reste leur vie à tous est la même.

Cherchant donc la cause de ce mal, je n’ai pas hésité à reconnaître que l’origine en était que les charges d’administrateur d’une Église tenues pour des dignités, les fonctions de ministre du culte devenues des prébendes, la religion a consisté pour le vulgaire à rendre aux pasteurs les plus grands honneurs. Dès que cet abus a commencé dans l’Église en effet, un appétit sans mesure d’exercer les fonctions sacerdotales a pénétré dans le cœur des plus méchants, l’amour de propager la foi en Dieu a fait place à une ambition et à une avidité sordides, le Temple même a dégénéré en un théâtre où l’on entendit non des Docteurs, mais des Orateurs d’Église dont aucun n’avait le désir d’instruire le peuple, mais celui de le ravir d’admiration, de reprendre publiquement les dissidents, de n’enseigner que des choses nouvelles, inaccoutumées, propres à frapper le vulgaire d’étonnement. De là en vérité ont dû naître de grandes luttes, de l’envie et une haine que les années écoulées furent impuissantes à apaiser.

Il n’y a donc pas à s’étonner si rien n’est demeuré de la Religion même, sauf le culte extérieur, plus semblable à une adulation qu’à une adoration de Dieu par le vulgaire, et si la foi ne consiste plus qu’en crédulité et préjugés. Et quels préjugés ? Des préjugés qui réduisent des hommes raisonnables à l’état de bêtes brutes, puisqu’ils empêchent tout libre usage du jugement, toute distinction du vrai et du faux, et semblent inventés tout exprès pour éteindre toute la lumière de l’entendement. La piété, grand Dieu ! et la religion consistent en absurdes mystères, et c’est à leur complet mépris de la raison, à leur dédain, à leur aversion de l’entendement dont ils disent la nature corrompue, que, par la pire injustice, on reconnaît les détenteurs de la lumière divine. Certes, s’ils possédaient seulement une étincelle de la lumière divine, ils ne seraient pas si orgueilleux dans leur déraison, mais apprendraient à honorer Dieu de plus sage façon et, comme aujourd’hui par la haine, l’emporteraient sur les autres par l’amour ; ils ne poursuivraient pas d’une si âpre hostilité ceux qui ne partagent pas leurs opinions, mais plutôt auraient pitié d’eux — si du moins c’est pour le salut d’autrui et non pour leur propre fortune qu’ils ont peur. En outre, s’ils avaient quelque lumière divine, cela se connaîtrait à leur doctrine. J’avoue que leur admiration des mystères de l’Écriture est sans bornes, mais je ne vois pas qu’ils aient jamais exposé aucune doctrine en dehors des spéculations aristotéliciennes et platoniciennes ; et, pour ne point paraître des païens, ils y ont accommodé l’Écriture. Il ne leur a pas suffi de déraisonner avec les Grecs, ils ont voulu faire déraisonner les Prophètes avec eux.
Spinoza, Traité théologico-politique, Préface (tr. Charles Appuhn)