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samedi 16 mai 2009

Ubi solitudinem faciunt, pacem appellant


Les gouvernements, et les nombreuses compétences subordonnées qui les secondent, tendent à devenir partout plus modestes. Ils se satisfont déjà de faire passer pour une paisible et routinière expédition des affaires courantes leur gestion, funambulesque et épouvantée, d’un processus qui devient sans cesse plus insolite et qu’ils désespèrent de maîtriser. Et comme eux, l’air du temps apportant tout cela, la marchandise spectaculaire a été amenée à un étonnant renversement de son type de justification mensongère. Elle présentait comme des biens extraordinaires, comme la clé d’une existence supérieure, et peut-être même élitiste, des choses tout à fait normales et quelconques : une automobile, des chaussures, un doctorat en sociologie. Elle est aujourd’hui contrainte de présenter comme normales et familières des choses qui sont effectivement devenues tout à fait extraordinaires. Ceci est-il du pain, du vin, une tomate, un œuf, une maison, une ville ? Certainement pas, puisqu’un enchaînement de transformations internes, à court terme économiquement utile à ceux qui détiennent les moyens de production, en a gardé le nom et une bonne part de l’apparence, mais en en retirant le goût et le contenu. On assure pourtant que les divers biens consommables répondent indiscutablement à ces appellations traditionnelles, et on en donne pour preuve le fait qu’il n’existe plus rien d’autre, et qu’il n’y a donc plus de comparaison possible. Comme on a fait en sorte que très peu de gens sachent où trouver les authentiques là où ils existent encore, le faux peut relever légalement le nom du vrai qui s’est éteint. Et le même principe qui régit la nourriture ou l’habitat du peuple s’étend partout, jusqu’aux livres ou aux dernières apparences de débat démocratique que l’on veut bien lui montrer.

Guy Debord, Préface à la quatrième édition italienne
de « La Société du Spectacle »,
janvier 1979

11 commentaires:

  1. Merci, thé : après avoir vainement cherché hier une photo de "rénovation d'immeuble avec conservation de l'ancienne façade", puis de briques de lait UHT, j'ai précisément pensé à ce tableau-là de Magritte, dont le propos est pourtant autre (différence entre la chose et sa représentation). Mais c'était après m'être déconnecté. Je l'emprunte illico, plutôt que d'aller le reprendre chez Les Moiss'.

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  2. Les Moiss se meurent, les Moiss sont mortes et d'ailleurs ceci EST une pipe.

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  3. Je ne pipe rien : je me suis permis de récupérer le fonds iconographique, voilà tout. Ceci est et n'est pas une pipe.

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  4. Mais, c'est une honte. Je l'avais pas pipé chez Les Moissonneuses. Je suis moi-même une grande pipeuse.

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  5. Vous, non : la reproduction n'était pas exactement semblable (billet au titre éponyme, cet hiver). Mais moi, je m'apprêtais à le faire.
    Si j'ai bien compris, les thés sont pipés ?

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  6. Toutafé ; Mallarmé l'a dit et il parle pas par hasard, sinon, un coup

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  7. Un coup de thé jamais n'abolira le hussard ?

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  8. Je vais jamais sur les toits

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  9. Y a longtemps qu'on a pas eu de Spinoza

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  10. Ça viendra. Mais en parlant de "y a longtemps" : et Nicolas, vous ne l'auriez pas croisé récemment ?

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