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jeudi 31 décembre 2015

« Et vits d'amants… »




Y'a comme un goût amer en nous
[…]
Comme une éclaboussure debout
Qui n' change rien
Qui change tout

Pauvre France, qui n'a jamais vraiment compris ce qu'elle chantait depuis Les sucettes à l'anis !

Contrairement à Lio, qui ne dédaignait pas de déguster un Banana Split :

lundi 28 décembre 2015

« Des effets naturels doivent avoir des causes naturelles… »



Une émission du 20 octobre 1962, sélectionnée par Annie Le Brun pour sa Nuit rêvée pile-poil 52 ans plus tard et rediffusée sur France Culture dans la nuit du 23 au 24 décembre dernier :



Très spinoziste, au demeurant, ce Dialogue entre un prêtre et un moribond, et fort peu pascalien…

mercredi 16 décembre 2015

jeudi 26 novembre 2015

Le doute même est rendu impossible



[4] La cause d’où naît la superstition, qui la conserve et l’alimente, est donc la crainte ; que si, outre les raisons qui précèdent, on demande des exemples, je citerai Alexandre : alors seulement qu’aux portes de Suse il conçut des craintes sur sa fortune, il donna dans la superstition et eut recours à des devins (voir Quinte-Curce, liv. V, § 4) ; après sa victoire sur Darius, il cessa de consulter devins et aruspices, jusqu’au jour de grande anxiété où, abandonné des Bactriens, provoqué au combat par les Scythes, immobilisé lui-même par sa blessure, il retomba (ce sont les propres paroles de Quinte-Curce, liv. VII ; § 7) dans la superstition qui sert de jouet à l’esprit humain, et chargea Aristandre, en qui reposait sa crédulité, de savoir par des sacrifices quelle tournure prendraient ses affaires. On pourrait donner ici de très nombreux exemples mettant le fait en pleine évidence : les hommes ne sont dominés par la superstition qu’autant que dure la crainte, le vain culte auquel ils s’astreignent avec un respect religieux ne s’adresse qu’à des fantômes, aux égarements d’imagination d’une âme triste et craintive, les devins enfin n’ont jamais pris plus d’empire sur la foule et ne se sont jamais tant fait redouter des rois que dans les pires situations traversées par l’État ; mais cela étant, à ce que je crois, suffisamment connu de tous, je n’insisterai pas.

[5] De la cause que je viens d’assigner à la superstition, il suit clairement que tous les hommes y sont sujets de nature (et ce n’est pas, quoi qu’en disent d’autres, parce que tous les mortels ont une certaine idée confuse de la divinité). On voit en outre qu’elle doit être extrêmement diverse et inconstante, comme sont diverses et inconstantes les illusions qui flattent l’âme humaine et les folies où elle se laisse entraîner ; qu’enfin l’espoir, la haine, la colère et la fraude peuvent seuls en assurer le maintien, attendu qu’elle ne tire pas son origine de la Raison, mais de la passion seule et de la plus agissante de toutes. Autant par suite les hommes se laissent facilement prendre par tout genre de superstition, autant il est difficile de faire qu’ils persistent dans la même ; bien plus, le vulgaire demeurant toujours également misérable, il ne peut jamais trouver d’apaisement, et cela seul lui plaît qui est nouveau et ne l’a pas encore trompé ; c’est cette inconstance qui a été cause de beaucoup de troubles et de guerres atroces ; car, cela est évident par ce qui précède, et Quinte-Curce en a fait très justement la remarque (liv. IV, chap. X) nul moyen de gouverner la multitude n’est plus efficace que la superstition. Par où il arrive qu’on l’induit aisément, sous couleur de religion, tantôt à adorer les rois comme des dieux, tantôt à les exécrer et à les détester comme un fléau commun du genre humain.

[6] Pour éviter ce mal, on s’est appliqué avec le plus grand soin à entourer la religion, vraie ou fausse, d’un culte et d’un appareil propre à lui donner dans l’opinion plus de poids qu’à tout autre mobile et à en faire pour toutes les âmes l’objet du plus scrupuleux et plus constant respect. Ces mesures n’ont eu nulle part plus d’effet que chez les Turcs où la discussion même passe pour sacrilège et où tant de préjugés pèsent sur le jugement que la droite Raison n’a plus de place dans l’âme et que le doute même est rendu impossible.


Précisons qu'à l'époque où Spinoza écrit ce Traité, le terme « Turcs » désigne par métonymie les tenants de l'empire ottoman.

mardi 24 novembre 2015

Des « Pouah ! » démesurés



Il est peut-être temps de prendre suffisamment de recul pour admirer le génie de la stratégie antiterroriste occidentale, évidemment marquée par sa grande cohérence stratégique et tactique.

1) Combattre les assassinats aveugles et les tirs contre des civils par des assassinats aveugles et des tirs contre des civils ;

2) Combattre les atteintes aux droits démocratiques et aux libertés publiques par des atteintes aux droits démocratiques et aux libertés publiques ;

3) Combattre les tentatives des djihadistes de promouvoir une vision de deux camps opposés et irréconciliables — l'Islam, d'un côté, et l'Occident, de l'autre — en faisant la promotion d'une vision qui présente deux camps opposés et irréconciliables – en l'occurrence l'Islam et l'Occident ;

4) Combattre le discours des djihadistes sur l'islamophobie maladive de l'Occident en nourrissant l'islamophobie maladive en Occident ;

5) Combattre la propagation d'une forme réactionnaire de l'islam politique en faisant affaire et en établissant des alliances politiques avec les États les plus investis dans la propagation de la forme la plus réactionnaire de l'islam politique ;

6) Combattre l'idée que les pouvoirs occidentaux agissent dans leur seul intérêt et de manière néocoloniale lorsqu'ils soutiennent les États les plus autoritaires et les plus corrompus, en soutenant les États les plus autoritaires et les plus corrompus de manière néocoloniale et dans le seul intérêt des pouvoirs occidentaux ;

7) Combattre le fait que Daesh se présente comme un véritable État en guerre contre les pays occidentaux, en déclarant que les pays occidentaux sont en guerre contre l'État islamique ;

8) Combattre la propagande de Daesh qui veut que l’Occident soit le lieu d’une décadence sans âme et vaine, seulement marqué par son attachement aux pratiques hédonistes, en mettant en avant des pratiques hédonistes en tant que caractéristiques déterminantes pour distinguer l’Occident de Daesh ;

9) Combattre le fait que les djihadistes prétendent que les courants islamistes réformistes sont naïfs de croire qu’ils pourront prendre le pouvoir par le biais des élections, en soutenant un coup d’État contre un président islamiste réformiste arrivé au pouvoir par le biais d’élections démocratiques ;

10) Combattre le prétendu antisionisme des islamistes radicaux qui se nourrit de l’argument qui veut que l’Occident maintiendrait deux poids, deux mesures à l’égard d’Israël, qui se voit doté d’argent et d’armes quel que soit le sort des Palestiniens, en maintenant deux poids, deux mesures à l’égard d’Israël, qui se voit doté d’argent et d’armes quel que soit le sort des Palestiniens.

Les choses ainsi posées, comment pourraient-elles mal tourner ?

Sebastian Budgen

samedi 14 novembre 2015

Quand la réalité dépasse l'affliction



D'aucuns croyaient la série terminée.
Hé bien non, ça continue.
Et tout laisse à penser que c'est pas fini…

« Heureusement que c'était pas un concert des Garçons Bouchers ! », me glisse à l'oreille Jacques.
En tout cas, sûr que ce fut du heavy metal.

jeudi 12 novembre 2015

The Far Cry (L'appel de la folle erre)



The Far Cry has that "noir" quality of despair and impending doom that is all the modern rage, combined with a Christiesque plotting skill that is rather less respected today (among Brown's contemporaries, I would compare his plotting deftness to that great psychological suspense writer Margaret Millar).

In his critical biography of Fredric Brown, Martians and Misplaced Clues (1993), Jack Seabrook has written acutely about The Far Cry, though he gives away plot spoilers right and left and I can't do this, here, on a blog.  So I will try to be circumspect!

George Weaver, a Kansas City real estate man — married, rather unhappily, with two kids — is recovering from a nervous breakdown near Taos, New Mexico (there appears to be quite a bit of autobiographical detail in The Far Cry, as well as Brown's usual depiction of nearly non-stop alcohol consumption among his characters, which also may well be autobiographical).

In Taos George comes across an eight-year old local mystery in the "Lonely Hearts" knifing murder of pretty Jenny Ames by an artist named Nelson. He sees a chance of making some money by writing an article about the murder, but he becomes increasingly fascinated with the case for its own sake — or, really, for the sake of Jenny Ames. Meanwhile George's slovenly wife, Vi, comes to join him in New Mexico, and the novel develops two wicked prongs of interest. At this point, it takes an abstemious reader indeed to stop reading.

With its strongly-conveyed setting, high degree of narrative suspense and deft plotting, The Far Cry is a classic among crime novels.  Why it does not get the attention of a number of Jim Thompson or David Goodis titles I don't know (the two latter authors have now both been canonized by the Library of America). Could it be Brown's plotting genius that is held against him? In some literary circles it seems that cleverness can be something of a crime.

Lu .

jeudi 5 novembre 2015

Pour retrouver ses livres, il faut au moins construire des bibliothèques !


Les bibliothèques, faut les faire sur mesure, et avec du bois (dont on tire d'ailleurs, incidemment, le papier dont on fait les livres).
Mais il faut d'abord décider du classement, qui définira d'entrée le format des inter-étagères…

Bref, c'est du boulot (pas le bois de bouleau, vaut mieux du costaud), sans compter qu'après il faut bien lire tout cela si chèrement assemblé !







mercredi 4 novembre 2015

Alice (Jonathan Miller, 1966)














(Merci à Jacques pour cette trouvaille, et désolé, je n'ai pas trouvé de version sous-titrée en français)

lundi 2 novembre 2015

Manipulateurs, du balai !
(Man, y pue la peur…)



C'est cette crevure de Louis Pauwels qui dans un édito du Figaro Magazine avait écrit que les millions de jeunes mobilisés étaient  manipulés par les groupuscules trotskystes et souffraient de « sida mental ».

On s'était pas mal masturbé la cervelle pour trouver un slogan adéquat et on a pondu ça
(j'ignore qui a pris la photo et comment on a fini par la récupérer…)

mardi 6 octobre 2015

Echenoz, est-ce noces ?
Et qu'est-ce que les flots obèrent ?


Comme il faisait une chaleur de 33 degrés, le boulevard Bourdon se trouvait absolument désert.
Plus bas, le canal Saint-Martin, fermé par les deux écluses, étalait en ligne droite son eau couleur d’encre. Il y avait au milieu un bateau plein de bois, et sur la berge deux rangs de barriques.
Au delà du canal, entre les maisons que séparent des chantiers, le grand ciel pur se découpait en plaques d’outremer, et sous la réverbération du soleil, les façades blanches, les toits d’ardoises, les quais de granit éblouissaient. Une rumeur confuse montait au loin dans l’atmosphère tiède ; et tout semblait engourdi par le désœuvrement du dimanche et la tristesse des jours d’été.
Deux hommes parurent.
L’un venait de la Bastille, l’autre du Jardin des Plantes. Le plus grand, vêtu de toile, marchait le chapeau en arrière, le gilet déboutonné et sa cravate à la main. Le plus petit, dont le corps disparaissait dans une redingote marron, baissait la tête sous une casquette à visière pointue.
Quand ils furent arrivés au milieu du boulevard, ils s’assirent, à la même minute, sur le même banc.
Pour s’essuyer le front, ils retirèrent leurs coiffures, que chacun posa près de soi ; et le petit homme aperçut, écrit dans le chapeau de son voisin : Bouvard ; pendant que celui-ci distinguait aisément dans la casquette du particulier en redingote le mot : Pécuchet.


Gustave Flaubert, Bouvard et Pécuchet (1ère éd. 1881), incipit




Deux hommes paraissent au fond du boulevard de Courcelles, en provenance de la rue de Rome.

L’un, de taille un peu plus haute que la moyenne, ne parle pas. Sous un vaste imperméable clair et boutonné jusqu’au cou, il porte un costume noir ainsi qu’un noeud papillon noir, et de petits boutons de manchette montés en quartz-onyx ponctuent ses poignets immaculés. Bref il est très bien habillé mais son visage livide, ses yeux fixés sur rien de spécial dénotent une disposition d’esprit soucieuse. Ses cheveux blancs sont brossés en arrière. Il a peur. Il va mourir violemment dans vingt-deux jours mais, comme il l’ignore, ce n’est pas de cela qu’il a peur.
L’autre qui l’accompagne est d’apparence tout opposée : plus jeune, nettement moins grand, menu, volubile et souriant trop, il est coiffé d’un petit chapeau à carreaux bruns et beiges, vêtu d’un pantalon décoloré par plaques et d’un chandail informe porté à même la peau, chaussé de mocassins marbrés d’humidité.
Il est bien, ton chapeau, finit par observer l’homme très bien habillé alors qu’ils vont atteindre les grilles du parc Monceau. Ce sont les premiers mots qu’il prononce depuis une heure. Vous trouvez, s’inquiète l’autre. Il est pratique en tout cas, c’est un fait, mais esthétiquement je ne sais pas trop qu’en penser. C’est de la récupération, n’est-ce pas, je n’aurais pas acheté ça moi-même. Non, non, dit l’élégant, il est bien. C’est mon beau-fils qui l’a trouvé dans le train, précise l’autre, quelqu’un avait dû l’oublier. Mais il était trop étroit pour lui, voyez-vous, la boîte crânienne de mon beau-fils est extrêmement volumineuse, d’ailleurs il a un énorme QI. Moi, c’est juste à ma taille, ce qui ne m’empêche pas d’être plus bête, je veux dire pas plus bête qu’un autre. Tiens, si on se faisait un petit tour dans le parc.

Jean Echenoz, Au piano, Minuit, 2003, incipit

vendredi 2 octobre 2015

Tant qu'Yonnet a de la rage, han ! y'en aura pour tout le monde…



Très chouette idée de rediffusion dans les Nuits de France Culture, mardi et mercredi derniers, cette série d'entretiens de 1963 avec Jacques Yonnet, le génial auteur de Rue des Maléfices (Enchantements sur Paris, dans sa première édition chez Denoël en 1954 — qui n'est pas sans rapport avec l'Internationale Lettriste, soit dit en passant…) :



mardi 29 septembre 2015

Tant qu'y aura de l'argent, y'en aura jamais assez pour tout le monde !



Ce sera samedi 3 octobre, à La Parole Errante à Montreuil, à partir de 14 h.

Pour le détail du programme, voir sur cette page.

lundi 28 septembre 2015

Kacem Wapalek, fils putatif de Boby Lapointe ?


Une trouvaille de l'ami Prh, qui ne nous les casse guère [lek…] :



Le lascar a sorti un album en avril dernier, que pour ma part je hisse fort haut, Je vous salis ma rue :



Cette merveille de Marie-Jeanne m'a généreusement rajeuni et régénéré mais ne morigène ni ma rage ni ma gêne…

samedi 26 septembre 2015

Fred Deux donne : on fraie donc et on fredonne !



Bon, c'est fini, Fred est désormais mort, mais il résonne encore et encore…

Voici une émission retrouvée par miracle, un entretien avec Roger Grenier et Maurice Nadeau à l'occasion de la publication de La Gana chez Julliard  en 1958.
La plus forte des forces et la plus faible des faiblesses



Et puis, tiens ! je vais rebalancer l'ensemble de la trentaine d'heures fourgué en février 2009, puisqu'on ne peut plus l'entendre sur le billet d'alors, mais pas avant lundi (ça prend du temps, tout ce bazar…)

Note du lundi 28 septembre 2015 :

Ah mais, tonnerre ! je suis décidément complètement à la ramasse !

Le coffret À vif, je l'avais déjà proposé derechef le 1er mai dernier, après avoir constaté le coup de Jarnac de DiveChère, sur ce billet où l'on peut toujours l'écouter.

Et l'intégrale des cassettes inédites, Une vie parlée, je l'avais remise en ligne le 25 juin dernier, ici

jeudi 24 septembre 2015

mercredi 23 septembre 2015

Content, je me suis touché de bonheur…


Tout le monde connaît l'incipit de La Recherche, mais qui se souvient encore de la dernière phrase,  monstrueuse et géante, du Temps retrouvé ?

vendredi 18 septembre 2015

Fred Deux à 47 ans, voici 44 ans



Merci à certain Anonyme occidental discret pour cette exclusivité, la seule apparition télévisée de Fred (à ma connaissance) en dehors du film bien plus tardif de Matthieu Chatellier, Voir ce que devient l'ombre.

— Où l'on constate non sans un certain émoi que Fred Deux, à cet âge — fume-cigarette et col roulé mis à part —, ressemblait furieusement à Choron, non ?

Positif dévoilé, ou le Mystère en pleine Lumière

















Positif n°50-51-52 (mars 1963), pp. 75-88
(cliquer sur les images pour les agrandir)

(merci à Jacques, qui est tombé là-dessus par hasard est a pris la peine de scanner ces belles pages de jadis)

vendredi 11 septembre 2015

À demain, Fred Deux à deux mains…



Fred s'est éteint avant-hier, mercredi 9 septembre 2015, à l'âge de 91 ans.
C'est l'ami Tristan qui nous a appris cette triste nouvelle ce matin.

On a consacré pas mal de billets ici-même à la part sonore de l'œuvre de ce sacré loustic qui avait jusqu'ici survécu à tant de saloperies…

Saloperie de camarde, en tout cas, qui en moins d'un an nous a arraché Schultz, Arthur, Hafed et maintenant Fred !

Grosse pensée pour Cécile, à qui tout le monde peut envoyer un mot de soutien :

Cécile Reims
17 rue Notre-Dame
36400 LA CHÂTRE

mercredi 2 septembre 2015

Même mes draps n'aiment que Dranem !


Tiens, en pensant à M'sieu Pop on est tombé là-dessus :



Et en complément, cette séquence du film Un soir de réveillon de Karl Anton (1933), dans lequel Dranem interprète aussi Les marins :

lundi 31 août 2015

C'est honnête, cette chansonnette !


Une charmante et mutine mise en abyme (mais est-ce bien le terme ?) chantée par Dranem :

mercredi 19 août 2015

Un peu de logique n'a jamais fait de mal à personne

J’ai connu un enfant de huit ans, dont l’infaillibilité au jeu de pair ou impair faisait l’admiration universelle. Ce jeu est simple, on y joue avec des billes. L’un des joueurs tient dans sa main un certain nombre de ses billes, et demande à l’autre : « Pair ou non ? » Si celui-ci devine juste, il gagne une bille ; s’il se trompe, il en perd une. L’enfant dont je parle gagnait toutes les billes de l’école. Naturellement, il avait un mode de divination, lequel consistait dans la simple observation et dans l’appréciation de la finesse de ses adversaires. Supposons que son adversaire soit un parfait nigaud, et, levant sa main fermée, lui demande : « Pair ou impair ? Notre écolier répond : « Impair ! » et il a perdu. Mais, à la seconde épreuve, il gagne, car il se dit en lui-même : « Le niais avait mis pair la première fois, et toute sa ruse ne va qu’à lui faire mettre impair à la seconde ; je dirai donc : « Impair ! » Il dit : « Impair », et il gagne.
Maintenant, avec un adversaire un peu moins simple, il aurait raisonné ainsi : « Ce garçon voit que, dans le premier cas, j’ai dit impair, et, dans le second, il se proposera, — c’est la première idée qui se présentera à lui, — une simple variation de pair à impair comme a fait le premier bêta ; mais une seconde réflexion lui dira que c’est là un changement trop simple, et finalement il se décidera à mettre pair comme la première fois. — Je dirai donc : « Pair ! » Il dit pair, et gagne. Maintenant, ce mode de raisonnement de notre écolier, que ses camarades appellent la chance, — en dernière analyse, qu’est-ce que c’est ?
— C’est simplement, dis-je, une identification de l’intellect de notre raisonneur avec celui de son adversaire.
— C’est cela même, dit Dupin ; et, quand je demandai à ce petit garçon par quel moyen il effectuait cette parfaite identification qui faisait tout son succès, il me fit la réponse suivante :
— Quand je veux savoir jusqu’à quel point quelqu’un est circonspect ou stupide, jusqu’à quel point il est bon ou méchant, ou quelles sont actuellement ses pensées, je compose mon visage d’après le sien, aussi exactement que possible, et j’attends alors pour savoir quelles pensées ou quels sentiments naîtront dans mon esprit ou dans mon cœur, comme pour s’appareiller et correspondre avec ma physionomie.
Cette réponse de l’écolier enfonce de beaucoup toute la profondeur sophistique attribuée à La Rochefoucauld, à La Bruyère, à Machiavel et à Campanella.
— Et l’identification de l’intellect du raisonneur avec celui de son adversaire dépend, si je vous comprends bien, de l’exactitude avec laquelle l’intellect de l’adversaire est apprécié.

Edgar Poe, Histoires extraordinaires, «La lettre volée »

lundi 17 août 2015

Mordechaï tenait mordicus



Une très belle dramatique de l'ex-éditeur Pierre Belfond du 23 octobre 2005 encore rediffusée la nuit dernière sur France Culture, tout en finesse et nuances nageant au sein d'une horreur absolue dont l'exaltation de notre civilisation supermarchande se prétend l'envers — ce qui n'empêche pas que la continuation de cette horreur se perpétue sans cesse, encore et toujours (dans les intérêts de qui, sinon des intéressés défenseurs de ladite « civilisation » ?…) :


« Les otages », de Pierre Belfond (29/08/2005)

jeudi 30 juillet 2015