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mardi 12 octobre 2010

DYNAMITE !


C'était un gorille typique, la cinquantaine. Avec au compteur plus de 30 ans, déjà, de militantisme syndical. Un ami des frères McNamara, mouillé à ce titre dans l'explosion du Los Angeles Times de 1910 (et franchement fier de l'avoir été !). En ce temps-là, Tveitmoe, de San Francisco, l'avait désigné comme un de ses lieutenants. Il était donc présent dans la chambre de l'hôtel Victoria à New York, ce 2 décembre 1911, au moment de l'interview de Gompers par le New York Times.
Il vouait un grand mépris aux prolos de base — « ces gros cons », ainsi qu'il les nommait avec tendresse — et n'avait de respect que pour les combattants.
Il me présenta à son homme de main, un ancien boxeur poids lourd, membre d'aucun syndicat mais qui gagnait confortablement sa vie au service des travailleurs organisés.
C'est-à-dire qu'il touchait 50 dollars pour mettre son poing dans la face d'un briseur de grève, ou du contremaître qu'on lui désignait.
Quand je lui demandai de m'en dire un peu plus, au sujet de ce travail, il se borna à cette réponse :
« Oh ! Ma foi, comme boulot, c'est pas le Pérou ! Je prends mes 50 dollars et je vais chercher le mec qui les intéresse. Je vais au-devant de lui et je lui dis comme ça : Mon poteau, rien de personnel ! et puis je lui mets une grosse droite dans sa bouche, voilà. C'est pas grand-chose… »
Il semble, généralement, qu'un coup suffisait.
Le réceptionnaire avait son compte pour un moment.
À son réveil, souvent dans un lit d'hôpital, il prenait d'ordinaire la sage résolution de ne plus tenter de déplaire à aucun syndicat.

En octobre 1979, dans Charlie mensuel n°  129, Jean-Patrick Manchette écrivait ceci :

Le polar est l'histoire de la criminalité et du gangstérisme, c'est-à-dire l’histoire de la violence obligée des pauvres après la victoire du Capital. Vous croyez que j'exagère ? Lisez donc Dynamite, the story of class violence in America de Louis Adamic (Viking press, 1936 — il faudrait vraiment que quelqu'un traduise ce texte passionnant). On y voit lumineusement comment le syndicalisme américain s'est transformé en syndicalisme criminel quand la possibilité de la révolution a disparu et quand, par conséquent, la question n'a plus été que celle des fameuses « parts du gâteau ». On y voit comment des militants ouvriers radicaux ont pu devenir racketters et bootleggers puisqu'il n'y avait plus d'autre moyen de jouir.

Un peu plus de trente ans après que Manchette eut énoncé ce vœu, voici qu'il se réalise enfin, près de quatre-vingts ans après l'édition originale de l'ouvrage : les éditions Sao Maï publient ce mois-ci  DYNAMITE ! un siècle de violence de classe en Amérique, par Louis Adamic (480 pages,  15 €).

Présentation de l'éditeur :

Louis Adamic, immigré yougoslave ayant pris part, au début du vingtième siècle, à tous les combats de classe du prolétariat nord-américain, raconte de l'intérieur les stratégies de violence du patronat, et de riposte des ouvriers, syndiqués ou non, qui lui firent face à différentes époques. Des Molly Maguires irlandais à la fondation de l'IWW, du martyre des anarchistes de Chicago au règne des gangsters de l'AFL, Dynamite ! raconte comment, à la répression capitaliste impitoyable de toutes les tentatives d'améliorer — un tant soit peu — une condition de misère, le prolétariat finit par opposer une brutalité conséquente, à la fois spontanée et consciente, cristallisant parfois en terrorisme, et aboutissant notamment à la naissance du crime organisé (le « syndicat du crime ») aux États-Unis.
Sorti aux USA pour la première fois en 1931, jamais publié intégralement en France, ce classique des classiques de l'Histoire sociale américaine, encensé en son temps par Manchette — après bien d'autres — fait ici l'objet d'une traduction inédite, agrémentée d'un abondant corpus de notes et d'indications biographiques et chronologiques de première utilité.

15 commentaires:

  1. C'est bien noté. Je commence dès présent à racketter mon entourage pour réunir quinze euros.

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  2. Ça fait longtemps que Manchette me sert de guide dans mes lectures...

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  3. Si George Weaver l'indique....via Manchette...yapuka !
    Merci l'guide !

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  4. moi, je lis pas dans le marc de café.

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  5. La réflexion sur le guide précieux que fut et reste Manchette est très pertinente ; de Joseph Hansen à Ross Thomas en passant par Donald Westlake ou Robert Littell, il n'y rien à jeter.

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  6. Ça c'est bien vrai, M'sieu Pop. C'est pour ça que la lecture de ses Chroniques permet de garnir rapidement sa bibliothèque si on manque d'idées de lecture… Ce livre devrait d'ailleurs être inscrit au programme de toutes les classes de troisième.
    Dans l'cochon, tout est bon, dans Manchette, tout est impec' !

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  7. Manchette ne s'est jamais trompé! Je suis impatient de lire cette fameuse traduction tant attendue.

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  8. suggestion ridicule, George
    réfléchissez un instant.
    les élèves de troisième ont déjà un niveau 4 ème.

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  9. Bonjour,

    Où peut-on acheter ou commander ce fameux ouvrage? J'ai demandé à quelques librairies de mon quartier qui me répondent qu'il est sorti en septembre et d'autres qu'il n'est pas encore sorti, les libraires sont eux-mêmes confus en regardant leurs ordis...Mais aucun l'a dans leurs rayons!

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  10. Normal : il ne commencera à être distribué qu'à partir de la semaine prochaine (par Court-Circuit). Si vous êtes parisien, vous pourrez le trouver dès samedi à la librairie Entropie (198 Bd Voltaire, XIe), dépositaire des éditions Sao Maï.

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  11. "Dès samedi"...


    Et merci au vendredi soir pour la belle fête, vraiment, bikoz, samedi, on manifeste :-)...

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  12. Mais tout le plaisir était pour moi, cher Ubi !

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  13. Bonjour,

    Je suis en train de publier une annonce à ce sujet sur le Indymedia-Québec (cmaq.net)

    Étant à Québec, il se peut qu'il me manque des informations pour savoir où comment quoi. M'enfin, pour commander de l'éditeur, j'ai trouvé ce lien:
    http://courtcircuit-diffusion.com/Dynamite

    S'il y a des sources (ex: digital) ou des distributeurs dans les Amériques, faites-nous signe (info [arobas] cmaq.net)

    Merci

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  14. Est-ce que le bouquin peut se trouver au Québec?

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  15. Je l'ignore, Sam : adressez-vous directement à leur diffuseur, Court-circuit.

    Bizarre : un autre Québécois, iMic (Michaël Lessard), avait laissé ici une demande identique le 25 novembre, mais elle a sauté alors que normalement je suis seul à même de pouvoir faire disparaître complètement un commentaire…

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