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samedi 27 avril 2019

Jean-Pierre ne fera plus le mariolle


Pfiiiou !…

Ce mec-là a déclenché tant de choses dans les têtes adolescentes d'alors (celles des années soixante-dix), lui qui n'a jamais eu les honneurs d'un véritable premier rôle (contrairement à son comparse de toujours que fut Jean Rochefort — en Cavaleur chez Philippe de Broca ou plus tardivement en Don Quichotte avorté chez Terry Gilliam) mais il délivrait une image bien plus intense et folle et inouïe de la liberté — même en beauf ahuri chez Joël Séria et parfois jusqu'au cathédralesque !


Extrait de Calmos (Bertrand Blier, 1976) : scène de la rencontre


Extrait de Calmos (Bertrand Blier, 1976) : scène du repas nocturne


Extrait de L'entourloupe (Gérard Pirès, 1979) : scène de la leçon de vente

Le dictionnaire des idées reçues se souviendra peut-être qu'il fut le Bouvard de Carmet-Pécuchet dans une jugulaire adaptation télévisuelle de Jean-Daniel Verhaeghe en 1989 ?



♫♪♬ Et allez donc envoie la ritournelle… ♪♫♪

Mais il rest'ra chez ma tante
Comme cett' chanson entêtante
La seul' qu’on a ouïe de lui
Et qui ne saurait lui dire « oui » ?

vendredi 26 avril 2019

Le Vaudois n'est pas toujours de bois !
(Avant Gilles et John, Gilles et Julien)



Dans la foulée par anticipation du documentaire d'Yves Jeuland de 2012, une passionnante évocation du Saint-Germain des-Prés d'après-guerre, orchestrée par Jacques Duchateau le 6 juillet 1974 et rediffusée avant-hier dans les Nuits de France Culture :



Une émission de voici quarante-cinq ans qui évoque l'époque de moins de trente ans auparavant…

On y entend notamment Gilles (né Jean Villard), du précurseur duo d'avant-guerre « Gilles et Julien » qui inspira bigrement les Frères Jacques et les Quatre Barbus, par exemple.


Gilles et Julien : Dollar

Gilles était Suisse, du canton de Vaux, d'où le calembour lamentable qui sert de titre au présent billet (y faut c'qui Faust) — et les rappels qui suivent.


Extrait du Faust de Gounod


Téléphone : Le vaudou…

lundi 22 avril 2019

Une mise en abyme langagière vertigineuse
Le faux est un moment du vrai
Traduttore, traditore


Un hommage en flèche de l'impétrant Dreyfus
à celle de Notre-Dame – bien malgré lui

En 2006, Steve Martin reprend magnifiquement le flambeau du défunt Peter Sellers pour incarner l'inspecteur Clouseau dans cette immonde stupiderie qu'est la saga de La panthère rose— aussi débile, s'il est possible, que la série du Gendarme de Saint-Tropez.

Qui saura jamais pourquoi Blake Edwards et Peter Sellers ont concocté vingt ans durant cette lamentable galère qui ne sentait pas franchement la rose (puisque l'argent n'a pas d'odeur), alors que ces deux joyeux compères fulgurèrent par exemple dans l'intervalle un chef-d'œuvre comme The Party (1968) ?
(Et Le jour du vin et des roses, ça vous dit quelque chose ? )

Mais bon, peu importe, youpi, MIRACLE ! le film de 2006 de Shawn Levy est une éberluante succession de gags évidemment très inégaux (on navigue entre le génie propre à Steve Martin et celui des Monty Python ou des frères Zucker) mais help, AIUTO ! certaines séquences obligent à appuyer sur la touche "pause" pour foncer pisser de rire aux toilettes.

Et surtout, il y a cette scène.
Cette scène-là.

Car, comment dire ?
Comment faire semblant d'apprendre à parler une langue soit-disant étrangère qui est en fait sa propre langue maternelle, sa langue la sienne ?
Et comment on fait pour se démerder en sus après ça, pour le doublage en français ?
Comment fait-on, pour anéantir la langue et le langage, quand on ne sait pas taire ce dont on il ne faut que parler (et merci Ludwig Wittgenstein, et merci Grégoire Bouillier, et merci aux dames-burgers) !??

Car dans ce film, c'est un acteur américain (Steve Martin) qui interprète cette caricature de flic français qu'est Jacques Clouseau, avec l'accent caractéristique indispensable, genre béret-baguette :


Bande-annonce du film

Mais quand il attire notre attention sur une question d'accent, vu que cet Amerloque cause en franzözich comme l'inverse de Truffaut avec Hitchcock, y'a de quoi s'interroger un peu, non ?

Genre : pourquoi un Américain qui s'efforce de prendre l'accent des Français qui s'efforcent eux-mêmes de causer angliche, pourquoi donc s'offusquerait-il du mauvais accent d'un soi-disant Russe ?
(D'accord, il s'avérera finalement que ce spécialiste du lobe occipital devait tout autant l'être des herbes chinoises — si tant est qu'elles en fussent.)
La scène est capitale au sein de cette intrigue insignifiante, mais elle ouvre surtout un gouffre qui ne fera que s'accentuer :



Là où l'histoire se complique fichtrement, c'est quand l'acteur américain qui s'est doté d'un accent français caricatural fait mine de prendre des cours d'amerloque parce qu'il doit se rendre à Nouillorque.

Dans la VOSTF, on arrive encore à suivre (heu…, hem !) ce bigarrement :



Mais dans la version doublée en français, ça devient un sacré bazar, et comment donc pourrait-on y retrouver ses petits ?

Un Américain pur jus joue un Français qui est censé s'efforcer d'apprendre les rudiments de l'amerloque, et les malheureux artisans du doublage (qui ne sont pas rétribués à un tarif métaphysique, que je sache) devraient parvenir à traduire exactement ses fausses tentatives en « vrai français » ?

Gaspature de pommedeterration !
(euh… comment on traduirait ça, nom d'un Charlie Schlingo !??)

Je voudrais acheter un en-bourgeois!

samedi 20 avril 2019

Notre-Dame débande




Patrice, de la Goguette des Vénères, vendredi 19 avril 2019 au festival Michto La Noue à Montreuil

lundi 15 avril 2019

Un feu d'artifice en l'honneur de Jimmy Gladiator !




Incroyable !
Jamais Jimmy n'aurait pu imaginer plus bel hommage, ni plus bel hasard objectif…

Qu'elle crève, l'immonde charogne !

Tous les curetons du monde s'inquiètent asteure, faute hélas pour eux de pouvoir s'indigner contre une volonté "terroriste" revendiquée, mais combien de centaines (de milliers, de dizaines de milliers ?) de serfs ont succombé à construire ce magnifique monument dédié à la connerie religieuse et catholique, entre le XIIe et le XIVe siècle ?
Et ces abrutis d'encapuchonnés d'aujourd'hui, ils n'envisagent même pas un instant cette fois que si pareil incendie advient c'est encore et toujours par la volonté de leur Dieu barbichu, celui auquel ils sacrifient par millions leurs ouailles pour leur plus grand profit  et celui de leurs maîtres !

C'est leur foutue crétinerie infantile d'invention pèrenoëlesque ("Dieu le Père")  qui décide toujours, faut pas l'oublier !
Hé oui (allô ?, toc-toc ! allô ?) Dieu a décidé ce lundi 15 avril 2019 de faire cramer un bon coup le temple dédié depuis près d'un millénaire à la mère du crapaud de Nazareth !
Sa propre bru, nondidjou !
Y'aurait de quoi réfléchir, non ?

C'est à croire, dirait Victor Hugo, que c'est justement toutes ces superstitions débilitantes que la cathédrale vomit ce soir en flammes…


Fouchtra ! Rien, jamais rien de ce qui regarde la beauté ne se rapporte à la religion.

Comme l'ont manifesté à leur manière et à leur époque, l'Internationale lettriste avec Michel Mourre et Serge Berna (qui élaborèrent ensemble une des premières "construction de situation" : le scandale de Pâques 1953), et puis bien après Philippe Petit :

Aujourd’hui, jour de Pâques en l’Année sainte,
Ici, dans l’insigne Basilique de Notre-Dame de Paris,
J’accuse l’Église Catholique Universelle du détournement mortel de nos forces vives en faveur d’un ciel vide ;
J’accuse l’Église Catholique d’escroquerie ;
J’accuse l’Église Catholique d’infecter le monde de sa morale mortuaire,
d’être le chancre de l’Occident décomposé.
En vérité je vous le dis : Dieu est mort.
Nous vomissons la fadeur agonisante de vos prières,
car vos prières ont grassement fumé les champs de bataille de notre Europe.
Allez dans le désert tragique et exaltant d’une terre où Dieu est mort
et brassez à nouveau cette terre de vos mains nues,
de vos mains d’orgueil,
de vos mains sans prière.
Aujourd’hui, jour de Pâques en l’Année sainte,
Ici, dans l’insigne Basilique de Notre-Dame de France,
nous clamons la mort du Christ-Dieu pour qu’enfin vive l’Homme.


The Walk, de Robert Zemeckis (2015) : scène de la traversée entre les tours de ND

samedi 13 avril 2019

La dernière bière d'un qui vomissait les urnes ?…


… ou « La camarde, camarade ! », ou bien « Houilles, Houilles, Houilles ! », ou encore « Ce que le glas dit à tort » ?
J'ignore quel calembour aurait eu la préférence de Jimmy Gladiator pour annoncer sa propre disparition — sans doute quelque chose de bien plus fulgurant que ces pauvres tentatives : inventer un titre aussi magnifique que Au libre olibrius, jamais cela ne m'a été donné.

Bref, un troisième Mordicant nous a quitté ce 10 avril 2019, après Daniel Joubert et Arthur, ça fait mal au cœur et ça donne envie de pisser des larmes mais chaque souvenir du zigue est tellement joyeux qu'en réalité penser à lui — même mort — raboule aussitôt vers le haut les commissures des lèvres.


Les funérailles (fun et raï ?) auront lieu mardi 16 avril à Poissy, au cimetière des Grands Champs, à 11 h.
Des hommages commencent à fleurir sur la Toile : ici celui de son ami Abdul Kader El Janabi, un salut de Gérard Lambert

« Jimmy Gladiator est le fils du tabac brun et de la mer à boire. Et de ce terrain vague, depuis qu’il écrit, c’est lui l’arpenteur et l’orpailleur. Je ne vois que lui, en ce moment, à faire ça, orpailler Paris. À savoir que Paris est rousse comme la révolution, noire comme l’orient, mirages à part, mirages compris, qu’elle a, dans l’amour, vingt et une positions sans jamais retourner sa veste, que le rock est né sur les rochers des Buttes Chaumont, que les Tuileries sont un ancien circuit de formule 1. À ne rien rendre à César, à errer aujourd’hui dans les ruines futures de l’Empire. À écrire des poèmes, à chercher l’or du sang. »
Pierre Peuchmaurd (1948-2009)

Une seule anecdote parmi plein de souvenirs, un hasard objectif.

En 1994, lorsqu'il a fallu se résoudre à clore l'aventure du journal Mordicus — force anéantissante de l'économie marchande, baisse du nombre de happy few — la bande de zozos qui avait pris langue et se réunissait allègrement depuis plus de trois ans pour concocter cet engin n'avait pas du tout envie de se dissoudre en sus : on a décidé d'ouvrir un local pour s'y retrouver à loisir, organiser des débats, des projections, des beuveries, une bibliothèque, etc.
Ce fut La bonne descente, au 64 rue Rébéval à Paris, dans le vingtième, qu'on a aménagé vaille que vaille avec du matos de récupe plus ou moins pourri.

D'entrée, Jimmy a proposé d'y présenter un ciné-club régulier de films improbables, avec programme annoncé sur papier, tout ça tout bien.
À l'époque, c'était télé grand écran cathodique et magnétoscope, et c'était pas toujours facile de dégotter la cassette VHS.

Un soir, ce fut un truc vampiro-érotique para-surréaliste de Jean Rollin (un nanar impensable, peut-être Les deux orphelines vampires). Il me semble que Michel Zimbacca était là.
On était une douzaine de curieux, sagement assis sur des chaises face à cette téloche mahousse pendant que Jimmy déballait un petit topo pour expliquer son choix de ce film.
Mais au moment où il s'apprête à s'asseoir en concluant sur la phrase : « Quand j'ai vu ça, j'en suis resté sur les fesses ! », CRAC ! la chaise s'est instantanément effondrée sous lui.
Jimmy les quatre fers en l'air, ouille ! mais le fait de joindre ainsi le geste à la parole était tellement magique que l'instant de stupeur passé, la douleur au coccyx pas encore arrivée, il a aussitôt fusé en fou-rire comme toute l'assistance.

Mordicus n°5, juillet 1991, p. 19

dimanche 7 avril 2019

Coins-coins si denses…






Bon.
Ça arrive, certes.
La preuve.
Mouaiche.
Mais à qui d'autre cela pourrait-il « arriver » ?

L'inverse (ou peut-être plutôt la contraposée, allez savoir) de « l'arrivée », ce n'est pas le départ, c'est plutôt le retour, le retour d'une baffe en plein dans la gueule que tu te prends au moment où tu ne t'y attends pas du tout. 
Une baffe ? Disons plutôt une baffle, dont la tonitruance t'explose directement dans tes oreilles les tiennes (pour paraphraser Grégoire Bouillier, dont je dévore en ce moment Le Dossier M).

Voilà qu'on me propose de picorer cette semaine dans un festival de cinéma qui présente nombre d'excellents films, pour la plupart méconnus (de moi), et voilà-t-y pas qu'en y allant ,

(gaspe ! Jodorowsky's Dune, presque aussi introuvable que le film dément qui n'a jamais été réalisé – manquaient juste 5 M $ sur 15 – malgré toute l'équipe réunie : Mœbius, Christopher Foss, Dan O'Bannon, Dali, Mick Jagger, Orson Welles, etc.),

quand j'y débarque ingénument, innocemment, tous yeux toutes ouïes, je découvre que les deux invités d'honneur à qui ce festival consacrait une rétrospective étaient respectivement,

l'un, mon ex-beau-père,

et l'autre, mon ex-employeur.

Quant à l'illustrateur de l'affiche du festival – à qui rend hommage une exposition dans le musée local –, j'ai habité en face de chez lui douze années durant, je le croisais chaque jour lorsqu'i sortait son chien. Nous avons chacun déménagé depuis (lui plus à l'ouest, moi plus à l'est).

Cela arrive, certes, mais ça peut laisser songeur, comme on dit.
Toujours on nage dans la réalité mais on n'y est pas maître-nageur, tout au mieux maître-songeur.
Et encore, même pas sûr.
Seulement peut-être lorsqu'on peut jouir, au moment du fragile réveil, de la réalité indicible de ses rêves.

Mais là, en ces circonstances (Sire, qu'on se tance !) pas de songe, pas de rêve, juste la réalité brute, des faits, RIEN QUE DES FAITS !
(hem, désolé, encore l'influence de Grégoire Bouillier)
Les trois créateurs auxquels ce festival rend hommage n'ont jamais eu aucun rapport entre eux mais ils sont directement liés à ma propre histoire personnelle, et c'est un fait, C'EST UN FAIT HISTORIQUE, c'est fait exprès ?

D'accord, okay, certes, oui, bien sûr, les coïncidences véritables ont toujours quelque chose de personnel, on pense être le seul à pouvoir les appréhender pleinement, dans toute leur puissance époustouflante, mais quand même, quand on s'aperçoit qu'un foutu festival de cinoche s'adresse DIRECTEMENT À VOUS, vous a pris pour cœur de cible, qu'un putain de festival de cinéma VOUS VISE DIRECTEMENT, vous, George WF Weaver (mais pourquoi, nondidjiou, POURQUOI MOI ?), ça fait bizarre, croyez-moi.

Croyez-moi.

(mais pourquoi ?)

La seule chose à laquelle il n'est pas complètement débile de croire, c'est au hasard.

Alors ainsi ballotté, kant est-ce qu'on peut s'orienter dans la pensée ?

Quand on sent
la pierre de touche de la vérité ?