Aucune importance, puisqu'il n'avait plus rien publié depuis des décennies… mais bon, ça fiche un coup : dans la bibliothèque familiale minutieusement inspectée au sortir de l'enfance, les deux seuls livres importants furent Les onze mille verges (qui se présentait par la tranche) et L'attrape-cœurs. C'est ainsi qu'à l'âge de onze ans je me suis fait adopter par la famille Glass.
Avertissement légal
Ne perdez plus votre précieux temps de consommateurice à répondre à vos correspondants, les plus exigeants fussent-ils quant à la teneur conceptuelle ou la qualité des propos échangés : Hétéronomix™ se charge de tout ! Syntaxe et orthographe garanties parfaites et évolutives au fil des décrets.
Approuvé par la norme AFNOR ISO 9001.
samedi 30 janvier 2010
Et s'il n'en restait qu'un…
Aucune importance, puisqu'il n'avait plus rien publié depuis des décennies… mais bon, ça fiche un coup : dans la bibliothèque familiale minutieusement inspectée au sortir de l'enfance, les deux seuls livres importants furent Les onze mille verges (qui se présentait par la tranche) et L'attrape-cœurs. C'est ainsi qu'à l'âge de onze ans je me suis fait adopter par la famille Glass.
samedi 23 janvier 2010
Thème du traître et du héros
On crut un temps qu'il avait été vaporisé par sa fondatrice, puis on sut qu'il n'en était rien : c'est le colonel qui avait commis le seppuku.
Pour mémoire, voici, pas trop au hasard, le billet qui y fut publié le mardi 9 septembre 2008 à 11h 55, avec ses commentaires.
mardi, septembre 09, 2008
DSM-IV: monomaniaque obsessionnelle
Les yeux remplis d'une terreur soudaine, Jenny recula devant le couteau, sa main cherchant à tâtons derrière elle le bouton de la porte de la cuisine. Elle était trop effrayée pour hurler; d'ailleurs, il n'y avait personne pour l'entendre. Personne, à part l'homme qui venait vers elle avec le couteau — et cet homme était fou, il devait être fou. Sa main agrippa le bouton, le tourna. La porte s'ouvrit sur les ténèbres et Jenny s'élança dans la nuit. La Mort se jeta à sa poursuite.22 APPROBATIONS INCONDITIONNELLES:
GWFW a dit…vendredi 22 janvier 2010
Je ne demande qu'à m'instruire
Faisant fi de toute modestie, il me plaît de diffuser ici ce compliment que m'adressait hier soir un ami de bon conseil :
lundi 18 janvier 2010
Peintres en bâtiment…
— Vous avez un chantier dans le coin ? demanda l'un d'eux.
— Je refais un plafond à l'Opéra, répondit mon père, attaquant son œuf dur mayonnaise.
(Auteur-compositeur-interprète et romancier, David McNeil est le fils de Marc Chagall).
vendredi 15 janvier 2010
Enjambements
Apollinaire
En a aussi des sévères
Et des pas mûres dans ses vers
Dans ses vers
Onze mille vers
Je me sens à bout de nerfs
Agitée comme un shaker
Dans mon rocking-chair.
Serge Gainsbourg, Rocking-chair, 1974 (deuxième couplet)
mardi 12 janvier 2010
lundi 11 janvier 2010
Une ontologie de la puissance*
À la sinistre question de Leibniz, « Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ? », Spinoza aurait rétorqué par anticipation :
« Pourquoi tout le réalisable ne se produit-il pas ? »
Telle est du moins l'une des questions qui se posent à la lecture de la proposition XVI de la première Partie de l'Éthique :
De la nécessité de la nature divine doivent suivre une infinité de choses d'une infinité de manières (c'est-à-dire tout ce qui peut tomber sous un intellect infini).
jeudi 7 janvier 2010
Le 3ème genre de connaissance n'a que faire de la fausse modestie
mercredi 6 janvier 2010
Kant (on n'a que l'âme, ou rien)
— « Agis uniquement d’après la maxime qui fait que tu puisses vouloir en même temps qu’elle devienne une loi universelle. » (Variante : « Agis comme si la maxime de ton action devait être érigée par ta volonté en loi universelle de la nature »).
— « Agis de telle sorte que tu traites l’humanité aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre toujours en même temps comme une fin, et jamais simplement comme un moyen »
— [Agis de telle sorte] « que la volonté puisse se considérer elle-même comme légiférant universellement en même temps par sa maxime. » (Variante : [Agis comme si tu étais] « toujours par tes maximes un membre législateur dans le règne des fins »).
Et Kant de préciser un peu plus loin : « Les trois manières que nous avons indiquées de représenter le principe de la moralité ne sont au fond qu’autant de formules d’une seule et même loi, formules dont chacune contient en elle, par elle-même, les deux autres. Il y a cependant entre elles une différence, qui, à vrai dire, est plutôt subjectivement qu’objectivement pratique, et dont le but est de rapprocher (selon une certaine analogie) une idée de la raison de l’intuition et par là du sentiment. »
* Maintenant, on ne peut résister au plaisir de citer intégralement le beau texte lucide de ce catho de Péguy qui suit sa formule notoire :
Agis, dit Fouillée, comme si tu étais législateur en même temps que sujet dans la république des volontés libres et raisonnables. C'était une fois un fonctionnaire qui a eu du génie, du plus grand. Mais il était fonctionnaire, une fois fonctionnaire ; il était célibataire, deux fois fonctionnaire ; il était professeur, trois fois fonctionnaire ; il était professeur de philosophie, quatre fois fonctionnaire ; il était fonctionnaire prussien, cinq et septante fois fonctionnaire. Il n'a pu avoir qu'un (très grand) génie de fonctionnaire. (Et de célibataire). Hélas législateur en même temps que sujet. Hélas la république des volontés libres et raisonnables. — Agis de telle sorte, continue Fouillée, agis de telle sorte que la raison de ton action puisse être érigée en une loi universelle. Agis de telle sorte que l'action de Fouillée puisse être érigée en une loi universelle. Et même l'action de Kant. Alors, pour commencer, il n'y aurait plus d'enfants. Ça ferait un beau commencement. Tout devient si simple, dès qu'il n'y a plus d'enfants. Sich zur allgemeinen Gesetzgebung schicken. Hélas combien de nos actions pourront être érigées en une loi universelle. Et combien de raison de nos actions. Zur allgemeinen Gesetzgebung. Et cela ne nous est-il pas tellement égal. Cela ne nous est-il pas tellement étranger. N'avons-nous point d'autres inquiétudes, d'infiniment autres profondeurs. D'infiniment autres soucis. D'infiniment autres détresses. Combien de nos actions ne pourraient point être érigées, geschickt, en loi universelle, pour qui cet envoi ne présente même aucun sens ; et ce sont celles à qui nous tenons le plus, les seules à qui nous tenions sans doute ; actions de tremblement, actions de fièvre et de frémissement, nullement kantiennes, actions d'une mortelle inquiétude ; nos seules bonnes actions peut-être ; nullement planes, nullement quiètes, nullement calmes, nullement horizontales ; nullement législatives ; nullement tranquilles, sûres de soi ; nullement dans la sécurité ; nullement sans remords, nullement sans regrets ; des actions sans cesse combattues, sans cesse intérieurement rongées, nos seules bonnes actions, les moins mauvaises enfin, les seules qui compteront peut-être pour notre salut. Nos pauvres bonnes actions. Les seules, et ce sera si petit, que nous pourrons présenter dans le creux de la main. Also kann ein vernünftiges Wesen sich seine subjectiv-praktischen Principien, d. i. Maximen, entweder gar nicht zugleich als allgemeine Gesetze denken, oder es muss annehmen, dass die blosse Form derselben, nach der jene sich zur allgemeinen Gesetzgebung schicken, sie für sich allein zum praktischen Gesetze mache. Elle est loin, l’allgemeine Gesetzgzbung.
Le renversement de perspective, 5
mardi 5 janvier 2010
Prévoir en primitif, agir en stratège
— Mais s’y apprêtent, affirma Witwer avec conviction.
— Justement, non, par bonheur… puisque nous les arrêtons avant qu’ils puissent commettre un quelconque acte de violence. Donc, l’acte criminel proprement dit ne relève strictement que de la métaphysique. C’est nous qui proclamons ces gens coupables. Eux se prétendent éternellement innocents. Et en un sens, ils sont innocents. »
Quittant l’ascenseur, ils empruntèrent à nouveau un couloir éclairé par une lumière jaune.
« Notre société ne connaît plus le crime grave, poursuivit Anderton, mais nous avons tout de même un camp de détention peuplé de criminels potentiels. »
Gallimard, folio SF n°109, 2002, pp. 17-18.
Chacun ses goûts, mais moi je préfère « emplis » (trad. 1. Puisque cette terreur est soudaine, il n’y a pas d’itération), « d'ailleurs, il n'y avait personne » (trad. 2), « Sa main agrippa le bouton » (trad. 2), la suppression du « en courant » de la trad. 1, pléonastique à propos du verbe « s’élancer », et l’absence de majuscule à « la mort » (trad. 1).
Pas d'avis tranché, donc : faut voir la suite du Rivages, que je n'ai pas. C'est-y G. de Chergé himself qui s'est corrigé ?
Je suis entièrement d'acc avec vous. Peut-être la capitale à "mort" est-elle le fait d'un préparateur, d'un correcteur, voire de l'éditeur. Pour l'instant, je préfère quand même la 2, surtout pour la suppression du "en courant" en effet pléonastique. Et c'est bien G. de C. qui s'en est chargé himself (comme Gratias l'a fait pour Le Crépuscule des stars), et de m'envoyer le livre (à La Découverte). Excellent homme avec qui je prévois un déjeuner-débat brownien; j'en suis émue comme une petite fille (de nulle part).
C'est vrai, on ne songe pas souvent à recenser tous les ouvrages d'un même traducteur (sauf s'il s'appelle Philippe Garnier ou Manchette, évidemment), mais le fait que GdC (NB : ne pas confondre avec NdB) a traduit une belle tripotée de Brown dans les 80's (chez NéO et Clancier-Guénaud) aurait dû mettre la puce à l'oreille des rêveurs lunatiques : c'était pas forcément du pur alimentaire. Comment savoir qui il a traduit d'autre, quand on n'a pas la chance de l'avoir à sa table ? Bon appétit.
C'est à table déjà que j'ai appris que le traducteur de J'étais Dora Suarez n'a jamais pu relire son travail. Trop dur, trop violent, trop intime, finalement. Il faut lire tous les Robin Cook traduits par Gratias, d'ailleurs, et passer outre, chez Folio, les affreuses traductions d'un certain Piat (de mémoire, qui n'a rien à voir avec Jean mais est aussi agaçant).
Jean-Bernard Piat (non, non, ce n'est pas Pouy, même pas fumé, et je ne crois pas qu'il habite rue Piat). Dites, c'est chouette, de pouvoir passer tant de temps à déguster des mets; pourtant l'embonpoint (pour vous) ne semble pas menacer…
Figurez-vous que si Gratias n'a jamais pu relire son travail, Cook, lui, a bien failli ne pas pouvoir achever JEDS, exactement pour les mêmes raisons.
Jean-Bernard Piat, ce sinistre nul qui a massacré le superbe Comment vivent les morts (à rapprocher du non moins superbe Ainsi vivent les morts, de Will Self, écrivain que les Moissonneuses apprécient beaucoup), un "universitaire", il paraît, capable de parler de "gin chaud" et d'une "jolie église pourrie" (oui, "pretty"...), ne mérite aucune indulgence. Qu'il aille traduire l'autre Robin Cook, si c'est le nom qui le botte.
Emplissez-moi ce verre afin que je m'afraîchisse.
Chacun ses goûts en effet mais le préfixe "r(e)" de "remplir" ne marque pas l'itération mais l'intensité. Idem dans "rentrer" (dans un arbre), "redoubler" (une classe), "rafraîchir", etc.
Cher Pr Lexomaniaque, veuillez vérifier votre Petit Robert (p. 1877 dans mon éd. 1993) : "re" exprime (par ordre décroissant de pertinence) :
- le fait de ramener en arrière
- le retour à un état antérieur
- la répétition (itération)
- le renforcement, l'achèvement (intensité).
Bien à vous.
Mon cher fils gwfw, ce que dit le Robert ne contredit en rien ce que je vous disais même si le sens du renforcement est le moins fréquent. En l'occurrence, en ce qui concerne "remplir", "r(e)" indique le renforcement ( c'est-à-dire l'intensité)ou peut être considéré éventuellement comme une forme plus moderne du verbe (v. plus bas).
Un indice? Citez-moi une seule phrase dans la vie quotidienne ou dans la littérature où "remplir" pourrait signifier: "emplir une deuxième fois". Disons plutôt qu'emplir, étant une forme vieillie de remplir appartient à un registre plus soutenu que remplir et voilà tout.
Ah! enfin des débats de fond sur ce blogue.
P.S.
1) On ne donne pas les références d'un dictionnaire par page mais par lemme (entrée). pour faire son malin, on écrit: s.v. = sub voce). (Si on veut être pédant et "discutaillon" , soyons-le tout à fait.)
2) Je vous donne une version un peu plus récente du Robert sur le sujet: "re": " Élément, du latin re (var. ré, r- devant voyelle) indiquant un mouvement en arrière, qui exprime : le fait de ramener en arrière (rabattre, recourber), le retour à un état antérieur (refermer, rhabiller), la répétition (redire, réaffirmer), le renforcement, l'achèvement (réunir, ramasser) ou un sens équivalent de la forme simple vieillie (raccourcir) ou réservée à d'autres emplois (raffermir, rameuter)." et vous renvoie également à Grevisse.
2) Pour une fois que les échanges ne se terminent pas par des insultes du genre "va te faire enc..., petite b..." et j'en passe, j'en profite.
Bien à vous.
Cher aïeul,
Sans vouloir trop m'étendre sur ce point capital dont dépend la crédibilité des Moissonneuses (si les traducteurs se prenaient autant la tête, on aurait plus vite fait, nous lecteurs, d'apprendre les langues étrangères),
1) Je sais pertinemment qu'on ne donne pas les références d'un dictionnaire par page mais par lemme. Je n'ai précisé qu'afin que vous puissiez comparer avec votre édition, qui se trouve être identique, et comprendre que je résumais.
2) Je vous renvoie pour ma part à Littré, notamment au passage que j'engraisse :
EMPLIR, REMPLIR. Rigoureusement, remplir signifie emplir de nouveau ; mais la particule réduplicative re perd souvent son sens ; et ici elle s'est modifiée ; de sorte que remplir exprime l'action d'ajouter ce qui manque pour que la chose soit tout à fait pleine : remplir un tonneau. C'est là la nuance essentielle et de laquelle découlent les emplois de ces deux verbes. On dira un bois rempli de voleurs, plutôt que empli, parce que en effet des voleurs n'emplissent pas le bois, mais le remplissent à fur et mesure qu'ils y arrivent ou y séjournent. On dira que les grands mots emplissent la bouche, plutôt que remplissent, parce qu'on veut exprimer non pas la venue successive des mots dans la bouche, mais l'effet simultané, la plénitude qu'ils produisent. D'un autre côté, quand on dit : sa gloire emplit ou remplit l'univers, il est difficile de saisir une nuance réelle.
Enfin, sachez que si cela n'avait tenu qu'à moi, j'aurais traduit :
"les yeux pleins d'une terreur soudaine".
Enfin, pas si sûr…
2) [sic] Va te faire traduire chez les Grecs !
Bien à vous.
La fin de votre analyse est intéressante et me semble juste mais ne concerne pas la question de l'itération, point de départ de notre échange. J'attends encore un emploi de remplir avec sens itératif. Bon, enfin, on ne va pas passer le réveillon là-dessus. Come disait probablement mon arrière grand-père, je vous passe la casse, passez-moi le séné.
De notre échange contradictoire ne dépend pas la crédibilité de ce blogue, certes, mais consultez les commentaires et vous verrez que bien peu d'échanges (à part ceux qui consistent en de pénibles séances de fayotage)se terminent sans insultes. En cela le nôtre est une rareté. C'est déjà ça.
"comme"
Chers lexicomanes courtois, vous faites décidément honneur à la névrose évoquée dans le titre.
Zut, je ne saisis pas le sens de "je vous passe la casse, passez-moi le séné".
Bon, nous convenons donc de demeurer courtoisement sur une divergence mineure. Je promets de vous communiquer un emploi itératif du verbe "remplir" dès que j'aurai le temps de m'appesantir sur la question (il reste quand même pas mal de commentaires à faire sur d'autres sujets).
Accessoirement, je me demande si le fait que l'ouvrage "DSM" commence par les lettres "D,S" (désses aiment…) ne devrait pas faire verser certains dans la parano la plus complète.
Enfin, quoique fort novice sur ce blogue, je profite de votre insistance sur les vitupérateurs qui déblatèrent (merci de vérifier le sens de ce verbe, si vous êtes à même de jouer à Anastasie) pour faire cette déclaration, pléonasme appelé au spam :
Les Moissonneuses sectionnent un champ exigeant : merci de s'y montrer élégant (vis-à-vis des amis) et scientifique dans la violence visant les ennemis. Quant à l'avènement du communisme (tendance reliqua desiderantur, pour ma part), j'attends, moi, son heure.
Bien à vous.
Pour casse et séné v. petit Robert s.v. "séné".
Page 2071, en effet. Merci de votre obligeance, et pour mon instruction. Quel paradis, ce blogue ! Blogue à part, je vous signale que si effectivement je me drogue, mon transit se porte bien, merci (itératif).
Précision : je croyais qu'il s'agissait d'argot de typographes.
En y réfléchissant, la délicatesse de la décision à prendre concernant cette traduction (dont j’ignore d’ailleurs le texte original) vient du fait que l’expression « les yeux [r]emplis d’une terreur soudaine » associe du concret et du figuré. On peut dire, indifféremment : « les yeux emplis (ou remplis) de larmes », car là on est entièrement dans le registre du concret. Mais la terreur relève de l’affectif, donc plutôt du figuré, registre pour lequel on emploie d’ordinaire « remplir » (du moins, selon les dictionnaires du XIXe). Et pourtant je persiste à préférer la forme « emplis », peut-être par analogie ou assonance avec des expressions telles que « la voix pleine de tristesse », « le visage empreint de douleur »…
Bref, en dehors de la subjectivité de chacun, je ne vois pas en fin de compte ce qui permettrait de trancher assurément, même si je suis tombé sur ce passage dans le Dictionnaire synonymique de la langue française de Jean-Charles Laveaux (1826), p. 23 :
« Remplir signifie aussi emplir de nouveau. Si immédiatement après que le vin d'une bouteille est bu, on y met de nouveau vin, on n’emplit pas la bouteille, on la remplit. La répétition immédiate de l'action exige ce terme. Mais si on se servait de la même bouteille dans une autre occasion plus éloignée, on dirait qu'on l'emplit. »
L’article le plus complet que j’ai trouvé est disponible à la page ci-dessous :
http://books.google.fr/books?id=f2wOAAAAQAAJ&pg=PA79&dq=%22emplir,+remplir%22&lr=
L'article est très intéressant en ce qui concerne l'histoire du mot (l’ouvrage auquel vous faites référence est de 1785 et l'article lui-même se réfère à Vaugelas, première moitié du 17e): il y a bien eu un moment où "emplir" et "remplir" coexistaient et se distinguaient par le sens. A mon avis, les deux mots, qui coexistent encore aujourd'hui ne se distinguent plus que par le registre. "Emplir" est, selon le contexte, poétique, châtié, soutenu, recherché, vieilli et/ou affecté, comme on voudra et "remplir" de registre courant mais les deux verbes ne se distinguent plus par le sens. Je suis donc de l’avis de mon vieil ami Le Petit Robert (2007, nouvelle édition) qui dit à propos d’ « emplir » : « vieilli ou littéraire ».
P.S. Vous avez (re)marqué: pas une seule grossièreté en 19 messages: c'est un coup à se faire exclure.
Permettez-moi juste, avant de briser là, d’attirer votre attention sur la fin de l’article de l’abbé Roubaud :
« “Après tout, continue Vaugelas, j'ai appris que l'on ne saurait faillir à dire toujours remplir, de quoi que l'on parle, où l'on croira que le mot d’emplir soit bon, au lieu que l'on peut souvent manquer en mettant emplir pour remplir”.
L’Académie observe que remplir se prend le plus souvent dans la simple signification d’emplir. Eh, tant pis ? En suivant le conseil de Vaugelas, on ne fait qu'éluder les difficultés, et l'on néglige de s'instruire. En autorisant l'usage remarqué par l’Académie, on dénature les mots, ils ne se distinguent plus, et le plus commun parvient enfin à faire négliger et même oublier l'autre, quoique souvent le plus propre. C'est ainsi que répandre a chassé de la prose ordinaire épandre, et de même de beaucoup d'autres verbes composés dont à peine trouvons-nous les verbes simples dans les vieux Vocabulaires.»
Eh bien, une fois n’est pas coutume, je me range du côté des croassements de la calotte contre l’Académie et Vaugelas (dont les Remarques… remontent à 1647), et l’avis de l’abbé me semble tout aussi pertinent aujourd’hui qu’en 1785. Avez-vous d’ailleurs remarqué que les exemples fournis par les dictionnaires (sur ces termes-là, du moins) perdurent à l’identique, de Vaugelas à Littré ? Je suis tout à fait prêt à passer pour un immonde réac’, mais il me semble qu’Orwell n’avait pas tort (et le temps passant, de moins en moins).
Je ne vois pas pourquoi vous auriez le dernier mot AHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHA
Cher ami, vous n'avez que faire dans notre salon : retournez-donc aux cuisines où je vous ai cantonné dans mon Cornet à dés en 1923, je vous prie.