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jeudi 11 juin 2009

Curriculum vitæ


Le 5 février 1991, s’est éteint Patrick Cheval, poète anonyme du vingtième siècle, buveur très illustre, valeureux pêcheur et impeccable aventurier de la « bonne vieille cause ». Rappelons qu’en mai 68, au sein du Comité pour le Maintien Des Occupations, la responsabilité des tâches d’autodéfense et de ravitaillement lui furent confiées à l’unanimité — personne ne pouvant douter qu’il était le meilleur voleur de la bande… Voici son curriculum vitæ.

Je suis né en 1947, au mois de février, le neuf je crois. Après quelques longues et laborieuses années, je fus reçu à l’examen de fin d’études secondaires. Physiquement et moralement éprouvé, je dus m’inscrire dans une faculté afin de me rétablir par un repos mérité. Malheureusement, en cette fin d’hiver 1967, le campus de Nanterre n’était guère propice au repos. Nous nous aperçûmes vite que nous étions au centre d’une vaste expérimentation sociale à l’échelle de plusieurs milliers d’individus afin de tester leur résistance à de nouveaux (et modernes) stimuli. Pour aider à la réussite de cette intéressante expérience, un petit groupe de chercheurs auquel je m’associai prit la décision de répondre à cette espèce de questionnaire avec la plus grande sincérité et même de l’étendre à des aspects de la vie quotidienne qui n’avaient nullement été programmés au départ. Nos recherches poussées eurent quelques résultats imprévus ; la chute, puis la mise à la retraite d’un général connu pour son grand nez n’était pas le moins comique. A la fin de cette année, l’université n’existant virtuellement plus, je dus poursuivre mes études ailleurs. Dans le même temps, je subsistai épisodiquement par quelques-uns de ces emplois sans espoir ni dignité — mais ne dit-on pas qu’il n’y a pas de sottes gens, seulement de sots métiers ? Plus jeune, pour financer des vacances au casino de Palavas, j’avais travaillé comme balayeur-jardinier dans les entrepôts de l’armée américaine à La Pallice. Aussi, c’est tout naturellement que je trouvai un emploi de jardinier-balayeur au camping municipal de Boyardville (île d’Oléron). Peu après mon arrivée à Paris, le musée d’Art Moderne m’offrait un poste de gardien pendant la durée de la biennale. Mes souvenirs étant exacts, j’ai successivement été exploité comme standardiste au Salon de l’agriculture, enquêteur chez l’APTR, peintre en bâtiment, disc-jockey au casino de Saint-Trojan, régisseur à la campagne, peintre en bâtiment, gardien de nuit, patron d’hôtel, chômeur, formateur. Actuellement, je me consacre presque exclusivement à la pêche des grands poissons prédateurs tels que marlin bleu rayé, requin maquo, sailfish, palomine, thon obèse, albacore, tantogue, carangue crevelle, tassergal, acoupa royal, coryphène, élégatis, sériole australe, amberjack, calmar géant, etc. Je ne crois d’ailleurs pas que mon « profil » corresponde à l’emploi que vous proposez.
Sincèrement.
« En se séparant d'un voyageur », Mordicus n°4,
printemps 1991, p. 11

Dans cette intéressante veine, on peut prendre plaisir à lire les Lettres de non-motivation de Jérôme Prévieux (éd. Zones, 2009), à propos de quoi Article XI s’est naguère fendu d’un article, ainsi que l’excellent Les Aventuriers du RMI, de Jérôme Akinora (L’insomniaque éditeur, 2004) et les Mémoires d'un paresseux, d'Arthur (éd. de l'Alei, Dijon, 1988). Quelques citations enfin, sur cette page.

Un monde sans argent

Merci au Tampographe Sardon pour cet emprunt à son insu

I Qu’est-ce que le communisme ?

Le communisme est la négation du capitalisme. Un mouvement produit par le développement et la réussite même du mode de production capitaliste, qui finira par l’abattre et accouchera d’un nouveau type de société. Là où se trouve un monde basé sur le salariat et la marchandise, doit advenir un monde où l’activité humaine ne sera plus jamais du travail salarié et où les produits de cette activité ne seront plus objets de commerce. Notre époque est celle de cette métamorphose. Elle réunit les éléments de la crise du capitalisme et tous les matériaux nécessaires à la résolution de cette crise. Décrire les principes du communisme, examiner comment ils permettent d’assurer la vie future de l’humanité et montrer qu’ils sont déjà à l’œuvre sous nos yeux, voilà ce que nous allons essayer de faire.

Science-fiction ?
Nous voulons illustrer ce que sera le monde de demain, la société communiste dont nous rêvons. Il ne s’agit absolument pas de rivaliser avec la science-fiction ou le journalisme en écrivant un reportage sur la vie des gens et des bêtes dans le futur. Nous ne disposons d’aucune machine à remonter le temps.
Malgré l’intérêt de la question, nous ne pouvons prévoir qui l’emportera dans la guerre qui les oppose, le pantalon ou la robe, le bouillon de légumes ou la soupe aux nids d’hirondelles. À la limite, nous ne pouvons même garantir que l’humanité aura bien un avenir. Qui nous assure que nous ne serons pas balayés par une guerre atomique ou un cataclysme cosmique ?
Ceci dit, prévoir reste souhaitable et possible. Nous entendons décrire la société communiste sur la base de ses règles générales de fonctionnement, en insistant sur ses différences avec la société présente. Il faut montrer que demain pourra être autre chose qu’un aujourd’hui amélioré ou reconditionné.
Afin de ne pas être trop insipide, nous entrerons parfois dans le détail, nous fournirons des exemples. Il ne faudra pas les prendre trop au sérieux. Chacun peut en imaginer d’autres. On peut récuser les nôtres.
L’avenir n’est pas un terrain neutre. Le capital tend à occuper et à se soumettre tout espace social. Il ne peut, comme l’imaginent des auteurs de science-fiction, organiser le commerce de ses marchandises et de ses salariés entre passé et futur. Il prend sa revanche dans le domaine de la publicité et de l’idéologie. L’on nous invite à vivre le présent à l’heure du futur, à acheter dès maintenant la montre ou la voiture de demain. Les conceptions successives, concurrentes et parfois « anticapitalistes » d’un avenir capitaliste embrouillent notre présent.
Débattre de l’organisation communiste de la société, c’est, malgré les risques d’erreur, commencer à soulever la chape de plomb qui pèse sur nos vies.
La vieille question des réactionnaires : « Mais que proposez-vous donc en remplacement ? » doit d’abord être réfutée. Nous ne sommes pas des marchands d’idées. Nous n’avons pas à lancer une société de rechange sur le marché comme on lance une nouvelle savonnette. Le communisme n’est objet ni de commerce, ni de politique. Il en est la critique radicale. Ce n’est pas un programme offert, même démocratiquement, au choix des électeurs ou des consommateurs. C’est l’espoir, pour les masses prolétarisées, de ne plus être réduites à l’état d’électeur ou de consommateur. Celui qui se place en situation de spectateur, qui veut pouvoir juger sans avoir à s’engager, s’exclut du débat.
S’il est possible de parler de la société révolutionnaire, c’est parce qu’elle est en gestation dans la société présente.
Certains trouveront nos thèses bien folles et bien naïves. Nous n’espérons pas convaincre tout le monde. Si c’était possible, ce serait inquiétant ! De toute façon, il y en a qui préféreraient se crever les yeux plutôt que de reconnaître la vérité de nos positions.
La révolution prolétarienne sera la victoire de la naïveté sur une science servile et desséchée. Que ceux qui demandent des démonstrations prennent garde. Elles risquent de se faire non pas dans le calme des laboratoires mais violemment et sur leur ventre.
Avant de dire ce qu’est le communisme, il convient d’abord de dégager le terrain. Il faut dénoncer les mensonges à son propos et dire ce que le communisme n’est pas. Car si le communisme est une réalité fort simple, si liée à l’expérience quotidienne qu’elle en devient presque palpable, les plus énormes contre-vérités n’ont pas manqué de se développer à son propos. Ce n’est un paradoxe que pour celui qui ignore que dans la « société du spectacle » c’est justement la signification de ce qui est quotidien et familier qui doit être refoulé.

Les amis de 4 millions de jeunes travailleurs,
Un monde sans argent : le communisme (1975-1976)
On peut lire la suite ici, et sur cette page une critique de ce texte paru sous la forme de trois brochures au milieu des années 70, sous la houlette de Dominique Blanc.

mercredi 10 juin 2009

Embraser l'aube d'été

D'autres affiches et appels sur cette page

Des comités de soutien aux inculpés de Tarnac, à ceux qui luttent


On se bat aujourd’hui, comme hier, comme avant-hier, comme toujours, des hommes et des femmes se battent, pour leurs droits, pour garder leur emploi, pour travailler moins ou moins durement, pour des salaires moins rachitiques ; partout on se bat pour la liberté, pour son hôpital ou contre la prison, pour trois sous, pour des médicaments, pour l’honneur, pour les allocations, on se bat pour ses amis, sa sœur, son père, son frère ou sa mère, pour sauver la recherche, pour l’idée qu’on se fait de l’éducation ou de la psychiatrie ; pour plus d’avantages, pour moins de soucis, on se bat pour sa survie, on se bat parce qu’on ne veut pas crever ou parce que l’on crève de rage, ou bien encore parce que le mépris des gouvernants et des patrons, des juges et des contrôleurs sociaux, des cabinets d’études, des experts, des connards patentés et de ceux qui vous expliquent qu’il faut patienter encore, encaisser un petit peu plus, sous peine de payer de sa peau – parce que le mépris qu’on nous oppose est si évident et si insolent, on se bat aussi sans savoir bien pourquoi mais parce que ça vous tombe dessus ; partout, toujours, on se bat. Les raisons ne sont pas à discuter, la force qui les habite se charge de leur donner raison. Mais à coup sûr on se bat aujourd’hui avec plus de sérieux qu’hier, avec plus de sérieux qu’il y a dix ans, on se bat avec plus de sérieux qu’on ne l’avait fait depuis longtemps. On n’est moins prêts à se faire virer, massacrer ou affamer sans conséquence. Quand une délocalisation comme il y en a tant entraine la destruction d’une préfecture (Continental), quand les employés d’ErDF et de GrDF rappellent par les faits qu’être employé dans les secteurs de l’énergie c’est aussi être en mesure d’éteindre la machine, quand on sort le canon pour garder son hôpital (Carhaix), voilà qui est sérieux, voilà qui a le mérite de rappeler que l’histoire est une puissance dont les hommes peuvent à chaque instant se ressaisir, au grand dam de ceux qui en sont, temporairement, les vainqueurs.

A ce sérieux du peuple, et comme en miroir, répond le mépris des gouvernants et des gestionnaires, leur mépris sans limite, et ceci est leur forme de sérieux propre, c’est le sérieux des gouvernants. A ce sérieux du peuple, à ce sérieux qui est plein d’histoire, qui est plein de l’histoire du peuple, à ce sérieux qui est le retour de l’histoire, les gouvernants opposent leurs airs de bouffons grimaçants, leurs airs de courges satisfaites à Saint-Tropez, la nouvelle petite Marie-Antoinette présente son caniche à la presse, on organise comme de rien des sommets sur l’immigration, à Vichy bien sûr. Mais cela n’est pas tout. Il faut au sérieux vacillant de nos petits maîtres une quille, comme en ont les bateaux, une quille pour ne pas basculer trop fort, à la première vague. Et cette quille, c’est la peur. Au fait tout simple, au fait très élémentaire, et de toujours, que des hommes et des femmes se battent, on invente des noms de croquemitaine. C’est ainsi qu’on produit sur la scène médiatique les « casseurs », les « bandes » et les « terroristes », les « jeunes des cités » ou les « clandestins », comme on présentait jadis les « sorcières » au public avant de les brûler. Par un usage savant et crapuleux des nomenclatures, le journal de 20h et les discours des ministres ont rebaptisé, pour les lui rendre étrangères et odieuses, des techniques de lutte qui ont toujours appartenu au peuple, et notamment au mouvement ouvrier : il est devenu banal d’appeler une simple grève une « prise d’otages », on a même essayé récemment de qualifier un sabotage sans danger « d’attentat terrroriste ». Contre les sorcières, c’est bien connu, tout est permis. La prison bien sûr, avec ou sans procès, les contrôles judiciaires exorbitants, qui fixent les lieux d’habitation et les trajets autorisés, interdisent à l’ami de voir l’ami, au frère de voir la sœur ; et, quand « l’ennemi intérieur » est suffisamment avéré, par sa mauvaise naissance par exemple, les vexations infinies, les attaques de la police, à l’occasion le massacre. Tout ceci, les dénonciations publiques, les fabriques d’épouvantails, les dispositions pénales et militaires, visent d’abord à défaire les liens, les liens non-neutres, qu’il y a entre les êtres, les liens politiques. Les liens ne cessent pas quand on le leur demande, ils ne connaissent pas de Grenelle, l’amitié est la chair du politique — ou bien le politique est une insanité. Evidemment, nous avons besoin de bien plus qu’une manifestation, il nous faut des liens plus durables et plus joyeux, à la mesure du sérieux de la situation. Mais cette manifestation-là pourrait être une première rencontre, c’est notre invitation. Faites comme chez vous.

MANIFESTATION LE 21 JUIN à 15 h
PARIS - RER LES HALLES - Fontaine des innocents

vendredi 5 juin 2009

Wilhelm Reich en action

[Cliquer sur l'image pour lire les phylactères]
Le titre et la matière — tirée de l'album de Morris et Goscinny, La guérison des Dalton (1975) — de ce billet nous ont été aimablement transmis par notre (fort peu) honorable correspondant aux éditions Sao Maï, Laurent Zaïche.

GWFW, factotum

Le Comité invisible (désormais bien visible) vient de publier un nouvel opus, Ingénierie sociale et mondialisation, 33 pages serrées que l'on peut télécharger sur cette page.

jeudi 4 juin 2009

« Suite à un incident… »

Cliquer sur l'image pour lire le message, comme aurait pu dire MacLuhan

MAM a la pépie, Guillaume Pepy s'efforce de dés-altérer les voyageurs par la promesse d'un prompt châtiment pour qui tente ainsi de réfréner l'éradication de la société spectaculaire marchande.
Les propos tenus par Julien dans Le Monde daté du 26 mai continuent de faire des émules, même parmi les accros à eMule.

« De l'utilité de Ferrat », bée-t-on




Bon anniversaire, camarade !

mercredi 3 juin 2009

Ô, con ! bien de Marin…


La lecture du livre de Marcel Gay, Le coup de Tarnac, nous a rappelé entre autres ce qui suit. Lors d'une conférence de presse orchestrée le vendredi 14 novembre 2008, avant la fin de la garde à vue de 96 h des vingt personnes enlevées le mardi précédent, Jean-Claude Marin, ce bouffon laqué qui officie pour l'heure comme procureur de la République près le TGI de Paris, martelait ceci, afin que ce soit bien clair pour le juge d'instruction Fragnoli qui allait officier le lendemain (désolé, la vidéo n'est apparemment plus disponible chez FR3) :

« Il y a une sorte de noyau dur composé de cinq personnes qui va se voir demain reprocher par le parquet, pour l'un d'entre eux, le fait d’être le dirigeant d’une structure à vocation terroriste. Je vous rappelle que ce crime est puni de vingt ans de réclusion criminelle. Ce noyau dur avait conçu la création d'une structure qu'ils appelaient la "cellule invisible" et qui avait pour objet la lutte armée. […] Vous savez que les perquisitions ont amené à la découverte d'un certain nombre d'éléments comme des pinces coupe-boulons, comme des manuels relatifs à l'action violente, comme des guides sur le réseau. Ce n'est pas une preuve mais c'est un élément de contexte supplémentaire. […] Il n'est pas exclu que ce groupe ait envisagé des actions violentes , et notamment contre des personnes. »

Et deux mois plus tard, sur RTL, le 23 janvier 2009 il disait cela :
« … Il est effectivement scandaleux que des investigations qui sont menées pour vérifier un certain nombre d'éléments qui sont fournis à la Justice, soient ainsi jetés en pâture sans prendre la distance nécessaire et notamment sans respecter un principe fondamental de notre Justice qui est la présomption d'innocence. »
Mais il est vrai que c'était cette fois à propos d'un autre Julien, beaucoup plus occupé comme lui-même à lécher toutes les pompes du genre Emmanuelli.

Julien et Yldune vont être obligés de convoler pour pouvoir se rencontrer avec certaine quiétude, alors même que Fragnoli, ne sachant plus quoi éructer (au cours de plus de six mois, il n'a entendu Julien que cinq fois, tandis qu'il rentrait douillettement dormir tous les soirs chez lui), a rejeté la requête de Terrel & C° en déclaration d'incompétence.

Un écrivain conséquent (« paranoïaque », diraient d’autres) se soucie de la traduction de son œuvre

La plus grande difficulté consiste en ceci : ce livre contient, certes, bon nombre d’informations qu’il faut exactement traduire. Mais il n’est pas essentiellement affaire d’information. Pour l’essentiel, son information réside dans la manière même dont elle est dite.

Chaque fois, et c’est très fréquent, qu’un mot, ou qu’une phrase, a deux sens possibles, il faudra reconnaître et maintenir les deux ; car la phrase doit être comprise comme entièrement véridique aux deux sens. Cela signifie également, pour l’ensemble du discours : la totalité des sens possibles est sa seule vérité. […]

Il n’est en tout cas pas possible de conclure actuellement sur ce que pourra être le sens total et définitif de cet ouvrage : ceci reste justement en suspens, puisqu’il ne s’agit que du tome premier. La fin de ce livre se trouve projetée hors de lui.

Ce glissement continuel du sens, qui est plus ou moins manifeste dans chacune de ses phrases, est également présent dans le mouvement général du livre entier. C’est ainsi que la question du langage est traitée à travers la stratégie (chapitre I) ; les passions de l’amour à travers la criminalité (chapitre II) ; le passage du temps à travers l’alcoolisme (chapitre III) ; l’attirance des lieux à travers leur destruction (chapitre IV) ; l’attachement à la subversion à travers le contre-coup policier qu’elle entraîne continuellement (chapitre V) ; le vieillissement à travers le monde de la guerre (chapitre VI) ; la décadence à travers le développement économique (chapitre VII).

On peut citer particulièrement en exemple une phrase page 1668 : « Entre la rue du Four et la rue de Buci, où notre jeunesse s’est si complètement perdue, en buvant quelques verres, on pouvait sentir avec certitude que nous ne ferions jamais rien de mieux. » Que signifie exactement cette phrase ? Elle signifie tout ce qu’il est possible d’y mettre. Au mépris de la bonne règle classique, cette apposition : « en buvant quelques verres », doit pouvoir être rattachée, et là comme un euphémisme, à la phrase précédente ; mais elle doit aussi être rattachée à la phrase qui la suit, et alors elle fait figure d’observation exacte et instantanée. Mais en outre le sujet représenté par le « on » peut être également compris comme étant un observateur extérieur (et dans ce cas pleinement désapprobateur), et comme étant le jugement subjectif de cette jeunesse (et dans ce cas exprimant une satisfaction philosophiquement ou cyniquement lucide). Tout est vrai, il ne faut rien en retrancher.

Guy Debord, « Sur les difficultés de la traduction de Panégyrique » (novembre 1989), in Œuvres, Gallimard,
coll. « Quarto », 2006, pp. 1686-1687.

Elle était une voix

Une voix, qui ne dit rien d’intéressant.
Qui ne profère que de tièdes banalités,
De tellement piètres anecdotes.
Et pourtant…
Sitôt qu’on l’entend, on n’a qu’une envie :
L’entendre sans cesse.
Chacun parle avec sa bouche, avec sa gorge.
Une pure voix,
Envoûtante,
En vous tente
Qui sait quoi.
Une voix inédite,
Qui crée une attente inconnue.
C'était ici, hier soir, cette femme qui anime un atelier d'écriture.
On peut l'écouter .

Au fait, ils s’en sont pas vantés depuis le 11 novembre, à France-Cul, d’avoir jadis, dans cette même émission, fait la pub de Tiqqun
Tiens, en consultant leurs archives, on tombe sur une page assez étonnante

mardi 2 juin 2009

De l'utilité des montres et de la musique contre la théorie de l'harmonie universelle et la téléologie

Quand quelqu’un a fait avec exactitude une montre, pour qu’elle sonne et indique les heures, si cet ouvrage s’accorde bien avec le dessein de l’Artisan, on dit alors qu’il est bon et s’il n’y est point conforme, on dit alors qu’il est mauvais ; sans avoir égard à ce que, même dans ce cas, il pourrait aussi être bon, si le dessein de l’artisan avait été de faire la montre ainsi détraquée et ne sonnant pas à l’heure.
Spinoza, Court Traité, Chapitre VI (tr. Ch. Appuhn)

En ce qui concerne le bien et le mal, ils ne désignent […] rien de positif dans les choses, j'entends considérées en soi, et ils ne sont rien d'autre que des manières de penser, ou notions, que nous formons de ce que nous comparons les choses entre elles. Car une seule et même chose peut être en même temps bonne et mauvaise, et également indifférente. Par ex., la Musique est bonne pour le Mélancolique, mauvaise pour l’Affligé ; et, pour le Sourd, ni bonne ni mauvaise.

Spinoza, Éthique, préface à la Quatrième Partie, tr. B. Pautrat
(Seuil, coll. « Points-essais » n°380, pp. 339 et 341)

De l'utilité des fers à béton (2)



Encore un train qui aurait mieux fait de s'arrêter.

Les deux mâchoires du même piège à cons


« L'Histoire nous a produits, et ça prouve que la civilisation court à sa perte d'une façon ou d'une autre ! »
Une des plus belles répliques de l'histoire du cinéma,
légèrement différente du texte du roman
(p. 111 dans la collection « Carré Noir »).

lundi 1 juin 2009

De l'utilité des fers à béton

C'est tout de même bien pratique, parfois, de pouvoir s'arrêter…

Interlude musical


Certains sont libres de rentrer chez eux, d'autres sont assignés à résidence loin des leurs, d'autres sont au trou, et le reste n'a pas de foyer..
(Merci à Filegoude de m'avoir incité à retrouver ce morceau que je n'avais pas entendu depuis trente ans)