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Approuvé par la norme AFNOR ISO 9001.
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jeudi 18 mars 2010
mardi 16 mars 2010
La vie, mode d'emploi
L'emblème du Parti Communiste est peut-être un vulgaire coupe-carottes, mais la vie dans un monde réellement communiste s'inspirera à coup sûr des judicieux conseils prodigués par feu le Pr Choron.
Un site entièrement consacré au génial inventeur d'Hara-Kiri et à ses multiples facettes : ici.
Monomanies :
Choron forever,
communisme et bricomage,
jeux de con
mercredi 10 mars 2010
Nada
— J'ai besoin de gagner ma vie, moi !
— Quelle erreur !
Monomanies :
Fabio Testi,
Jean-Patrick Manchette,
Lou Castel,
Maurice Garrel,
Michel Duchaussoy
mardi 9 mars 2010
Omnipotence et temps à perdre
J'étais allongé au soleil, adroitement dissimulé par la petite chaîne de montagnes que forme, au bout de la plage, le sable accumulé par le vent. Ce sont des montagnes de sable, des dunes pleines de cols, de pentes et de vallées, un labyrinthe en courbe, friable, couvert de broussailles par endroits, vibrant sous la poussée continue du vent. Je m'abritais derrière une jeune femme assez imposante, aux proportions harmonieuses, majestueuses. Mais à dix centimètres de mon nez, le vent cinglait sans répit ce sahara brûlé par le soleil. Des scarabées — je ne saurais préciser leur nombre exact — se traînaient laborieusement dans ce désert vers des buts inconnus. L'un d'eux, juste à portée de ma main, gisait sur le dos. C'était le vent qui l'avait renversé. Le soleil lui brûlait le ventre, ce qui était sûrement exceptionnellement pénible pour ce ventre habitué à rester dans l'ombre. Le scarabée agitait ses petites pattes ; il ne lui restait évidemment plus que cette agitation monotone et désespérée — plusieurs heures avaient passé, peut-être, et il perdait de ses forces, il agonisait déjà.
Moi, le colosse, inaccessible par mon gigantisme, je n'existais pas pour lui — j'observais cette agitation et… tendant la main, je le délivrai de son supplice. Il se mit à avancer, rendu en une seconde à la vie. À peine était-ce fait que je vis un peu plus loin un scarabée identique, dans la même position, agitant ses petites pattes. Je n'avais pas envie de bouger… mais pourquoi sauver l'un et pas l'autre… ? Pourquoi celui-là tandis que celui-ci… ? L'un serait heureux grâce à toi et l'autre devrait souffrir ? Je pris une brindille, tendis la main, le sauvai. À peine était-ce fait que je vis un peu plus loin un scarabée identique dans la même position, agitant ses petites pattes. Le soleil lui grillait le ventre. Devais-je transformer ma sieste en tournée d'ambulance pour scarabées agonisants ? Je m'étais déjà trop habitué à ses scarabées, à leur agitation curieusement impuissante… Vous comprendrez sans doute qu'une fois entrepris leur sauvetage, je n'avais plus le droit de l'interrompre à aucun moment. Ç'aurait été trop terrible : m'arrêter devant ce troisième scarabée, au seuil de sa mort… Impossible, impensable. Si seulement il avait existé une frontière, quelque chose qui m'aurait autorisé à m'arrêter… Mais justement il n'y avait que ces dix centimètres de plus dans le sable, toujours ce même sable, mais « un petit peu plus loin », un tout petit peu. Et il agitait ses pattes de la même façon ! Alors, regardant autour de moi je vis, « un peu plus loin » encore, quatre autres scarabées s'agiter, grillant au soleil. Il n'y avait pas à hésiter : moi le géant, je me levai et je les sauvai, tous. Ils s'en allèrent. À ce moment-là, mes yeux découvrirent la pente voisine, étincelante, torride, sablonneuse, et là, cinq ou six points agités de convulsions : des scarabées. Je courus à leur secours. Je les sauvai. Je m'étais déjà tellement confondu avec leur souffrance, je l'avais tellement bien pénétrée qu'en apercevant non loin de nouveaux scarabées dans les plaines, sur les cols, et dans les ravins — une poussée de petites taches torturées — je me mis à m'agiter comme un fou sur le sable pour secourir, secourir, secourir encore. Mais je le savais, cela ne pouvait pas s'éterniser. Il n'y avait pas que cette plage : toute la côte, à perte de vue, fourmillait de scarabées. Le moment allait venir où je me dirais : « ça suffit » et il y aurait un premier petit scarabée à n'être pas secouru. « C'est celui-ci », et je le sauvai, incapable de me contraindre à cet arbitrage terrible et presque abject. Car pourquoi celui-ci ? Pourquoi lui justement ? Et soudain le mécanisme s'enraya, facilement je coupai court à ma compassion, je m'arrêtai. « Eh bien, rentrons », pensai-je indifférent. Et le scarabée, celui devant lequel j'avais cessé d'intervenir, resta là à agiter ses petites pattes.
Moi, le colosse, inaccessible par mon gigantisme, je n'existais pas pour lui — j'observais cette agitation et… tendant la main, je le délivrai de son supplice. Il se mit à avancer, rendu en une seconde à la vie. À peine était-ce fait que je vis un peu plus loin un scarabée identique, dans la même position, agitant ses petites pattes. Je n'avais pas envie de bouger… mais pourquoi sauver l'un et pas l'autre… ? Pourquoi celui-là tandis que celui-ci… ? L'un serait heureux grâce à toi et l'autre devrait souffrir ? Je pris une brindille, tendis la main, le sauvai. À peine était-ce fait que je vis un peu plus loin un scarabée identique dans la même position, agitant ses petites pattes. Le soleil lui grillait le ventre. Devais-je transformer ma sieste en tournée d'ambulance pour scarabées agonisants ? Je m'étais déjà trop habitué à ses scarabées, à leur agitation curieusement impuissante… Vous comprendrez sans doute qu'une fois entrepris leur sauvetage, je n'avais plus le droit de l'interrompre à aucun moment. Ç'aurait été trop terrible : m'arrêter devant ce troisième scarabée, au seuil de sa mort… Impossible, impensable. Si seulement il avait existé une frontière, quelque chose qui m'aurait autorisé à m'arrêter… Mais justement il n'y avait que ces dix centimètres de plus dans le sable, toujours ce même sable, mais « un petit peu plus loin », un tout petit peu. Et il agitait ses pattes de la même façon ! Alors, regardant autour de moi je vis, « un peu plus loin » encore, quatre autres scarabées s'agiter, grillant au soleil. Il n'y avait pas à hésiter : moi le géant, je me levai et je les sauvai, tous. Ils s'en allèrent. À ce moment-là, mes yeux découvrirent la pente voisine, étincelante, torride, sablonneuse, et là, cinq ou six points agités de convulsions : des scarabées. Je courus à leur secours. Je les sauvai. Je m'étais déjà tellement confondu avec leur souffrance, je l'avais tellement bien pénétrée qu'en apercevant non loin de nouveaux scarabées dans les plaines, sur les cols, et dans les ravins — une poussée de petites taches torturées — je me mis à m'agiter comme un fou sur le sable pour secourir, secourir, secourir encore. Mais je le savais, cela ne pouvait pas s'éterniser. Il n'y avait pas que cette plage : toute la côte, à perte de vue, fourmillait de scarabées. Le moment allait venir où je me dirais : « ça suffit » et il y aurait un premier petit scarabée à n'être pas secouru. « C'est celui-ci », et je le sauvai, incapable de me contraindre à cet arbitrage terrible et presque abject. Car pourquoi celui-ci ? Pourquoi lui justement ? Et soudain le mécanisme s'enraya, facilement je coupai court à ma compassion, je m'arrêtai. « Eh bien, rentrons », pensai-je indifférent. Et le scarabée, celui devant lequel j'avais cessé d'intervenir, resta là à agiter ses petites pattes.
Witold Gombrowicz, Journal, tome 1 (1953-1958), Paris, Gallimard, coll. « folio», 1995, pp. 540-543
Monomanies :
amours de toujours,
Gombrowicz,
Gone with the wind,
temps à perdre
samedi 6 mars 2010
Le faux est une maman du vrai
Opération Lune, un film de William Karel diffusé sur Arte en 2002.
C'est au début de la troisième partie que ça se met à déjanter complètement…
Ne surtout pas manquer le générique de fin (et n'oubliez pas de pointer aux Hassidiques !).
Le réalisateur s'en est un peu expliqué dans un facétieux Surpris par la nuit intitulé Les menteurs, diffusé sur France Culture le 21 septembre 2005 :
Bonus :
lundi 1 mars 2010
Et quand il eut franchi le pont, les fantômes vinrent à sa rencontre…
Situation très inédite, on peut désormais se retrouver tourneboulé dans un univers proche de ceux, disons, qu’imagina jadis Philip K. Dick.
La confusion complète du réel et de l’imaginaire, cela doit avoir un nom en psychiatrie — n’est-ce pas, Filegoude ?
Enfin, là, il s’agit plutôt d’une fusion galopante, concentrée en ma personne « réelle », de deux formes différentes de réalité, au point que le vieil incipit du Manifeste du surréalisme acquiert un sens tout nouveau, inaperçu dans ma naïveté, très menaçant :
« Tant va la croyance à la vie, à ce que la vie à de plus précaire, la vie réelle s’entend, qu’à la fin cette croyance se perd. »
Voilà que je me prends à confondre différents niveaux de réalité, à rêver dans mon sommeil — naguère tranquille comme un roulis doux — d’ectoplasmes numériques qui n’ont de consistance que dans ce blogue-ci et dans quelques autres, à attribuer plus d’importance à des chapeaux et des manteaux (du genre Monde d’avant, Pop9, ArD, Otto Neaumme, Mr P-M, Filegoude ou l’Anonyme historique…) qu’aux individus réels que je côtoie en chair et en os.
Voilà que je me mets à discuter avec mes proches de propos tenus par des interlocuteurs purement virtuels qui en acquièrent une sorte d'étrange consistance.
Voilà que me réveillent et me rendent insomniaque, car il urge soudain de redresser la barre, les reproches que je m’adresse à moi-même quant à l’inanité ou la faiblesse de telle ou telle répartie dans le fil des commentaires.
Voilà que telle « fréquentation virtuelle » déclenche des hostilités réelles que je ne puis m’efforcer de dissiper qu’au prix d’épuisants efforts tous azimuts à toute berzingue, voilà que le faux prend le pas sur le vrai au point d’obombrer ces notions elles-mêmes, voilà que ma mémoire propre m’importe moins que les données stockées dans (ou accessibles par) mon ordinateur, voilà que je prête moins d’attention aux amis qui ont la gentillesse de passer me saluer qu’aux messages que je rédige à l’intention d’inconnus, voilà que je suis saisi d’ahurissantes pulsions de connexions sur la Toile, voilà que je deviens fou !
La confusion complète du réel et de l’imaginaire, cela doit avoir un nom en psychiatrie — n’est-ce pas, Filegoude ?
Enfin, là, il s’agit plutôt d’une fusion galopante, concentrée en ma personne « réelle », de deux formes différentes de réalité, au point que le vieil incipit du Manifeste du surréalisme acquiert un sens tout nouveau, inaperçu dans ma naïveté, très menaçant :
« Tant va la croyance à la vie, à ce que la vie à de plus précaire, la vie réelle s’entend, qu’à la fin cette croyance se perd. »
Voilà que je me prends à confondre différents niveaux de réalité, à rêver dans mon sommeil — naguère tranquille comme un roulis doux — d’ectoplasmes numériques qui n’ont de consistance que dans ce blogue-ci et dans quelques autres, à attribuer plus d’importance à des chapeaux et des manteaux (du genre Monde d’avant, Pop9, ArD, Otto Neaumme, Mr P-M, Filegoude ou l’Anonyme historique…) qu’aux individus réels que je côtoie en chair et en os.
Voilà que je me mets à discuter avec mes proches de propos tenus par des interlocuteurs purement virtuels qui en acquièrent une sorte d'étrange consistance.
Voilà que me réveillent et me rendent insomniaque, car il urge soudain de redresser la barre, les reproches que je m’adresse à moi-même quant à l’inanité ou la faiblesse de telle ou telle répartie dans le fil des commentaires.
Voilà que telle « fréquentation virtuelle » déclenche des hostilités réelles que je ne puis m’efforcer de dissiper qu’au prix d’épuisants efforts tous azimuts à toute berzingue, voilà que le faux prend le pas sur le vrai au point d’obombrer ces notions elles-mêmes, voilà que ma mémoire propre m’importe moins que les données stockées dans (ou accessibles par) mon ordinateur, voilà que je prête moins d’attention aux amis qui ont la gentillesse de passer me saluer qu’aux messages que je rédige à l’intention d’inconnus, voilà que je suis saisi d’ahurissantes pulsions de connexions sur la Toile, voilà que je deviens fou !
« Les confidences des fous, je passerais ma vie à les provoquer. Ce sont des gens d'une honnêteté scrupuleuse, et dont l'innocence n'a d'égale que la mienne. »
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