Cloîtrés chacun devant le miroir glacé de leur écran, nombre d'êtres humains ne se rencontrent plus que virtuellement. Sans doute une nouvelle étape dans la croissance de la société du spectacle, et qui appelle de nouveaux commentaires, mais qui saura donc aujourd'hui les écrire ?
Paradoxalement, cette forme inédite de communication favorise — outre la pratique généralisée de la dactylographie — la possibilité de véritables amours platoniques, tandis que Mourplatte semble définitivement rayée de la carte.
Je vous aime
RépondreSupprimerGeorge, vous faites votre birahima ? Mourplatte , connais pas, même en lexicominiaquerie
RépondreSupprimerVous tanguez avec moi ?
RépondreSupprimerCher George,
RépondreSupprimerMon écran n'est pas glacé, du moins pas plus que certains de mes voisins immédiats. Sûr qu'il ne faut pas se laisser aspirer/manger par ce truc-là, mais il me donne accès chaque jour à des choses que je n'aurais jamais eu aucune chance de voir, de lire ou d'entendre sans mon écran. Tout ça pour dire fielleusement, et en passant, que les pourfendeurs d'Internet que j'ai eu à entendre étaient soit dénués de curiosité, soit parfaitement ignorants des possibilités qu'offre le réseau.
Ceci posé, vous avez raison, un platonique différent est apparu, quelque chose d'inédit, puisque la part de l'imagination y est bien plus importante que dans les vieux schémas.
Pour le reste, Mourplatte constitue l'énigme parfaite et je vous baise les pieds pour avoir contribué à la promotion de l'oeuvre du vieil Andy.
Bien à vous !
Merci, thé, d'illustrer si pertinemment ce propos.
RépondreSupprimerCher Pop9, je ne songe nullement à pourfendre Internet, dont j'apprécie la colossale énormité — inimaginable voici seulement une génération — d'informations, de documents et de possibilités de contacts à quoi cet outil donne accès. Je me contente de pointer une forme d'aliénation inédite. Le Net relie, c'est évident, et permet des échanges impossibles jusque là, mais tout aussi bien il approfondit la séparation, puisque les interlocuteurs n'éprouvent souvent même plus le besoin de se rencontrer autrement que par ce moyen. Nouvelle aliénation, le fait de passer des heures à suivre des discussions auxquelles on ne porte en fait pas grand intérêt, mais où l'on a mis son grain de sel et on se trouve pris au jeu. Là, on n'est pas loin du téléspectateur qui zappe inlassablement, sans parvenir à se résoudre à éteindre le poste (et c'est la raison de ce relâchement qu'il serait intéressant d'analyser) pour vaquer à des occupations dont il a pourtant conscience qu'elles seraient plus jouissives.
Cela dit, la seule conséquence de la pratique intensive du Net qui me semble réellement susceptible de nuisance, c'est l'abandon de l'exercice de la mémoire personnelle, le réflexe du recours au Net pour retrouver tel savoir enfoui dans nos souvenirs.
Calembourite aiguë, disiez-vous naguère : à Mourplatte…
Et quelques rencontres, seules, furent comme des signaux venus d'une vie plus intense, qui n'a pas été vraiment trouvée.
RépondreSupprimerJudicieusement choisi, cher Anonyme. Merci pour ce rappel (la phrase que vous citez est énoncée dix secondes après la sixième minute).
RépondreSupprimerUne petite question en rapport avec la fin de votre réponse @pop9, cher George: avez-vous identifié de mémoire la citation, ou bien son air de déjà-vu vous a-t-il incité à interroger la mémoire électronique de gougueule, qui vous a livré la réponse? Je vous demande cela parce que j'ai l'impression que le script de Critique de la séparation fait partie des textes les plus rarement cités, et sans doute les moins bien connus, de Debord, alors que c'est pour moi l'un des plus beaux et des plus profonds.
RépondreSupprimerTouché, Anonyme : j'ai d'abord cru que c'était dans In girum, mais ne me souvenant plus où, j'ai eu recours à Gougueule. Lorsque je dis que cette pratique m'inquiète, c'est naturellement parce qu'elle me touche également. Notre génération, du moins celle née dans les années soixante ou septante, possède encore une mémoire propre, indispensable à l'exercice de la pensée, mais il n'en sera pas peut-être pas toujours ainsi…
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