Libre comme personne, squatteuse de toujours et toujours en galère, c'était un cœur de joie et une fée de générosité.
Dès qu'elle arrivait aux Condos elle illuminait les lieux de sa patate et de sa jovialité.
Les sacs chargés de brassées de bonne bouffe savamment chourée (c'était la plus « économiquement faible » d'entre nous), sitôt débarquée elle investissait la cuisine pour préparer de savoureux repas et enfin réunir autour de la table tous les ceusses qui vivaient là et ne partageaient d'ordinaire rien que leurs ressentiments mutuels.
Après quoi chacun de nous, abondamment repu, rejoignait tranquillou son lit douillet en la laissant se coucher comme un chien sur un bout du canapé de la glaciale salle de réunion pour tenter de roupiller un tantinet.
C'est vrai qu'elle buvait, qu'elle fumait, qu'elle s'enfilait dans son corps malingre toutes les saloperies possibles.
Pour la drague, je sais pas.
Mais pour sûr…
Elle CAUSAIT !
D'où ce surnom de « Kozett » dont on l'avait affublée, Sandrine, dès son plus jeune âge.
Un vrai moulin à paroles, impossible de l'arrêter : « bla-bla-bla, bla-bla-bla, bla-bla-bla, et patin-couffin, patati et patata… », du matin au soir et du soir au matin.
Mais le pire, même quand elle ressassait ses rancunes (elle avait de quoi) ou qu'elle partait en délires ahurissants, c'est que c'était toujours passionnant et captivant : impossible de l'ignorer, de pas faire attention.
Je ne compte pas les nuits qu'on a passées à discuter ensemble jusqu'au petit matin dans la cuisine des Condos, après que tous les autres avaient regagné leur plumard, alors qu'elle avait souvent un rencard hyper-important tôt le lendemain avec son assistante sociale ou la dentiste.
J'ai retrouvé cet enregistrement d'il y a trois ans, je sais plus du tout pourquoi on s'était mis à évoquer Zorro passé deux heures du mat' :
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