Je me promenais dans l’allée bordée d’eucalyptus, quand tout à coup surgit de derrière un arbre une vache.
Je m’arrêtai et nous nous regardâmes dans le blanc des yeux.
Sa vachéité surprit à ce point mon humanité — il y eut une telle tension dans l’instant où nos regards se croisèrent — que je me sentis confus en tant qu’homme, en tant que membre de l’espèce humaine. Sentiment étrange, que j’éprouvais sans doute pour la première fois : la honte de l’homme face à l’animal. Je lui avais permis de me voir, de me regarder, ce qui nous rendait égaux, et du coup j’étais devenu moi-même un animal, mais un animal étrange, je dirais illicite. Je me mis en route, reprenant ma promenade interrompue, mais je me sentais mal à l’aise… au milieu de cette nature qui m’assiégeait de toutes parts, qui avait l’air… de m’épier.
Je m’arrêtai et nous nous regardâmes dans le blanc des yeux.
Sa vachéité surprit à ce point mon humanité — il y eut une telle tension dans l’instant où nos regards se croisèrent — que je me sentis confus en tant qu’homme, en tant que membre de l’espèce humaine. Sentiment étrange, que j’éprouvais sans doute pour la première fois : la honte de l’homme face à l’animal. Je lui avais permis de me voir, de me regarder, ce qui nous rendait égaux, et du coup j’étais devenu moi-même un animal, mais un animal étrange, je dirais illicite. Je me mis en route, reprenant ma promenade interrompue, mais je me sentais mal à l’aise… au milieu de cette nature qui m’assiégeait de toutes parts, qui avait l’air… de m’épier.
Witold Gobrowicz, Journal, tome I (1953-1958), Gallimard, « folio » n°2767, 1995, pp. 516-517. Traduit par Christophe Jezewski et Dominique Autrand
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Et maintenant, l'enregistrement de l'opéra dont on avait causé voici deux ans : Yvonne, princesse de Bourgogne, comédie tragique en quatre actes et en musique de Philippe Boesmans d’après la pièce homonyme de Witold Gombrowicz, créée fin janvier 2009 à l'Opéra de Paris (Palais Garnier). Livret de Luc Bondy et Marie-Louise Bischofberger.
Yvonne : Dörte Lyssewski
Le Roi Ignace : Paul Gay
La Reine Marguerite : Mireille Delunsch
Le Prince Philippe : Yann Beuron
Le Chambellan : Victor von Halem
Isabelle : Hannah Esther Minutillo
Cyrille : Jason Bridges
Cyprien : Jean-Luc Ballestra
Innocent : Guillaume Antoine
Valentin : Marc Cossu Leonian
Orchestre : Klangforum Wien
Ensemble Les Jeunes Solistes
Direction : Rachid Safir
Direction musicale : Sylvain Cambreling
Merci, la liste ANPR !
La vache... George, je suis ému... La vache est mon idéal de bonheur terrestre et ma meilleure amie.
RépondreSupprimerDu fond du coeur depuis l'Orée: Merci.
Passez quand vous voulez, le thé vous sera servi à volonté.
Je vous comprends, mon cher : on n'est pas des bœufs !
RépondreSupprimerSinon, je suis allergique au thé (pas à thé, quoique athée). Je préfère les boissons fortes des marins, mais du vin ira très bien. Merci pour l'invitation — que je vous prodigue de même, il va sans dire.
ben alors gros, z'avez pas vu que l'article de TM, les épigones de Manchette était dans le cache !!!
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