« Ma troisième maxime était de tâcher toujours plutôt à me vaincre
que la fortune, et à changer mes désirs plutôt que l’ordre du monde ;
et plus généralement, de m’accoutumer à croire qu’il n’y a rien qui soit
entièrement en notre pouvoir que nos pensées, en sorte qu’après que
nous avons fait notre mieux, touchant les choses qui nous sont
extérieures, tout ce qui manque de nous réussir est, au regard de nous,
absolument impossible. Et ceci seul me semblait être suffisant pour
m’empêcher de rien désirer à l’avenir que je n’acquisse, et ainsi pour
me rendre content. Car notre volonté ne se portant naturellement à
désirer que les choses que notre entendement lui représente en quelque
façon comme possibles, il est certain que, si nous considérons tous les
biens qui sont hors de nous comme également éloignés de notre pouvoir,
nous n’aurons pas plus de regret de manquer de ceux qui semblent être
dus à notre naissance, lorsque nous en serons privés sans notre faute,
que nous avons de ne posséder pas les royaumes de la Chine ou du
Mexique ; et que faisant, comme on dit, de nécessité vertu, nous ne
désirerons pas davantage d’être sains, étant malades, ou d’être libres,
étant en prison, que nous faisons maintenant d’avoir des corps d’une
matière aussi peu corruptible que les diamants, ou des ailes pour voler
comme les oiseaux. »
« Telle est donc la fin à laquelle je tends : acquérir cette nature supérieure et faire de mon mieux pour que beaucoup l’acquièrent avec moi ; car c’est encore une partie de ma félicité de travailler à ce que beaucoup connaissent clairement ce qui est clair pour moi, de façon que leur entendement et leur désir s’accordent pleinement avec mon propre entendement et mon propre désir. Pour parvenir à cette fin il est nécessaire d’avoir de la Nature une connaissance telle qu’elle suffise à l’acquisition de cette nature supérieure ; en second lieu, de former une société telle qu’il est à désirer pour que le plus d’hommes possible arrivent au but aussi facilement et sûrement qu’il se pourra. »
René Descartes, Discours de la méthode, IIIe partie
« Telle est donc la fin à laquelle je tends : acquérir cette nature supérieure et faire de mon mieux pour que beaucoup l’acquièrent avec moi ; car c’est encore une partie de ma félicité de travailler à ce que beaucoup connaissent clairement ce qui est clair pour moi, de façon que leur entendement et leur désir s’accordent pleinement avec mon propre entendement et mon propre désir. Pour parvenir à cette fin il est nécessaire d’avoir de la Nature une connaissance telle qu’elle suffise à l’acquisition de cette nature supérieure ; en second lieu, de former une société telle qu’il est à désirer pour que le plus d’hommes possible arrivent au but aussi facilement et sûrement qu’il se pourra. »
Spinoza, Traité de la réforme de l'entendement, § 14 (trad. Ch. Appuhn)
« RÉVOLUTION : solution de tous les rêves »
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