Après Daniel Joubert en 1996, Arthur en 2014 et Jimmy Gladiator en 2019, voici qu'un quatrième Mordicant rejoint les rives de l'Achéron : Claude Guillon a cassé sa pipe jeudi dernier, à 70 piges.
D'aucuns le charriaient pour son dandysme ou l'accusaient d'être rentier, et puis il a fini par manger sévère parce qu'il s'était enhardi, en plein Mitou, à prodiguer un baise-main à une jeune gisquette qui a peu goûté la chose et lui reprochait son grand âge, mais franchement c'était un type charmant, élégant, généreux et droit dans ses bottines.
Le Moine Bleu dit bien mieux tout ça ici.
Claude sera inhumé demain jeudi 26 janvier à 15h30 au cimetière de Trivaux à Meudon :
10, avenue de Trivaux, bus 289 et 389.
Oh ! Triste de voir tous les héros de ma jeunesse disparaître ! Et qu’on a beau être les plus joyeux trublions qui soient, on finit tous refroidis, et ce jour-là se rapproche pour nous aussi. Personnellement j’en conclus l’opportunité d’une certaine humilité et d’un certain détachement, tout en restant fidèle à ses rêves en en essayant de donner un coup de main à la révolution qui vient, en faisant si possible ce qu’on aime faire en en essayant de progresser.
RépondreSupprimerEn plus de ses bouquins (que je suis loin d'avoir tous lus) et de son blog, j'aimais beaucoup consulter son deuxième blog, sur la révolution française, période qui me passionne et me bouscule toujours.
Si je ne l'ai pas connu personnellement comme Jimmy, son nom crée toujours de la nostalgie en moi, car à mon arrivée en Ile-de-France de ma petite ville de province à 18 ans, en me lançant avec l'ambition de tout en savoir et de tout en vivre à l'assaut de l'Anarchie (à nous deux Commune de Paris !) et de toutes ses déclinaisons, j'ai découvert que Claude était un compagnon, ce même Claude que j'avais entendu défrayer la chronique avec son Suicide alors que j'étais collégien, et que je ne connaissais (mais j'étais déjà attiré fortement) que quelques images d'archives d'insurgés de mai 68 au poing levé dont ma mère me disait que c'étaient les anarchistes, le nom de Pierre-Joseph Proudhon, et que j'allais lire au lycée le texte de Bakounine opposé à Marx dans mon Magnard de philo et un Que sais-je sur l'anarchisme, tandis qu'un co-disciple au cheveux très courts (moi je les avais très longs) et Doc Martens racontait parfois à d'autres qu'il revenait de Paris, qu'il avait vu les Béru et participé à une manif remuante, et qu'une maîtresse de mon père avait ramené à celui-ci un auto-collant de défense de Radio libertaire. Le tout en écoutant parfois le vieux 33 tours de mon père de Léo Ferré Amour et Anarchie, celui avec pleins de clous rouillés sur la pochette, Brassens et les chansons anarchisantes des débuts de Renaud. Claude Guilllon a donc participé sans le savoir à mon jardin d'enfant (d'ado) d'Anarchie. Pour ça, entre autres, merci à lui !
Merci à toi, Wrob, pour ces bribes de souvenirs.
RépondreSupprimerJe rentre à l'instant de l'enterrement, sous un ciel gris et pluvieux idoine, à la fin duquel quelques compagnon(ne)s avons chanté La semaine sanglante avant d'aller noyer notre chagrin dans un bar où traînaient jadis Claude et ses copines d'alors.