Extrait de Cuisine et dépendances (Philippe Muyl, 1993)
« Est-ce que je peux te poser une question ? »
À bien y réfléchir, la requête s'auto-annule puisque cette phrase est déjà une question : la seule réponse logique est donc : « Tu viens de le faire ».
La formulation du demandeur devrait être quelque chose du genre :
« Est-ce que je peux te poser imminemment une deuxième question ? »
J'ignore s'il existe un nom de figure de style pour caractériser cette sorte de suicide linguistique : ça me fait penser à une forme de double-contrainte, comme ces panneaux autoroutiers sur lesquels est inscrit « Ne tenez pas compte de ce panneau », et puis aux théories de la communication de Paul Watzlawick et à la sémantique générale d'Alfred Korzybski (enfin, pour ce que j'en sais…), mais j'ai l'impression de tourner autour du pot sans atteindre la cible.
Quelqu'un pourrait-il répondre à cette question ?
Magritte, La trahison des images
Vous pouvez répéter la question ?
RépondreSupprimerCher monsieuye, loin de moi l'idée de vouloir torturer quiconque à la manière inquisitoriale, mais voici :
RépondreSupprimerserait-il outrecuidant de vous poser une question ?
Une question dont la formulation même nous fait vaciller entre l'être et le néant ?
Ni barbarisme, ni solécisme, sa formulation s'apparente vaguement à celle de la réplique : "Je m'excuse" — qui signifie à autrui qu'on s'exonère soi-même de sa faute, plutôt que de lui présenter (ou prier d'accepter) ses excuses.
À l'instar de Gargantua, je pète et répète : peut-on seulement poser la question (plutôt qu'un colombin) : "Puis-je vous poser une question ?"
Oui, je vous en prie : Posez donc votre question.
RépondreSupprimerPas question : impossible.
RépondreSupprimer(et puis qu'est-ce, Thion, sinon un vulgaire négationniste ?)
Permettez-moi d'insister : « point d'interrogation », non point « point d'exclamation » [ ! —> ? ]
RépondreSupprimerPoint d'interroga— ni d'exclama— : à mon sens on frise en mode pataquès [tion].
RépondreSupprimerSinon : ça ne manquait pas de sel, mais comment la bourrer (la pipe ?), n'est-ce pas ?
RépondreSupprimerPermettez-moi d'invoquer le 5ème amendement de la Constitution. Je ne répondrai qu'en présence de mon avocat (Billy).
RépondreSupprimerSi vous êtes en selle, libre à vous de vous poivrer, mais pour ce qui est de labourer, mieux vaut la terre — comme le mi-mamellait ce bon Sully (prude homme s'il en fut).
Oui, labourages et barbotages sont les deux mamelles de la Fr. (merci pour le rappel), mais comment revenir fissa et judicieusement à la question qui initialement et légitimement nous occupait ? Tu sais bien, cette question sur la question...
RépondreSupprimerBah, il me semble qu'il suffit de la poser et on verra bien.
RépondreSupprimerTu as complètement raison, comment n'y avais-je point pensé au paravent, ça a l'air simple : disons donc que je la dépose là, bien en face, il suffirait de la fixer, elle ne peut plus nous échapper..., sous ses airs en apparence un peu sévères, cette question-là était donc (en réalité) docile ?
RépondreSupprimerOui, et même — note ! — saule docile à Rémy (fado pour tes portugaises enchantées).
RépondreSupprimerJe viens de pondre un nouveau billet pour tenter de sortir de cet anneau de Mœbius qui nous Escher.
Mais pour la pipe ? Comment l'allumer ?
RépondreSupprimerMà ! Gritte donc une allumette !
RépondreSupprimer(sinon, faut chercher un sot briquet)
Mais ça ne servira à rien puisqu'elle est aussi vide que le question qui nous occupe.
(Soit dit en passant, Magritte n'a fait que pomper un vieux Manet sans son).