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samedi 11 juin 2011

Des livres et nous (4)


Sur le point de paraître aux dynamiteuses éditions Sao Maï :
Henriette et le Bonhomme-bobine,
de l'ineffable et insaisissable Laurent Diox

Ces terrains, ces zones de friches étaient comme les pores ouverts de la ville. C’était là qu’on entendait les nerfs, le cœur, la respiration, les sanglots, la haine de la ville remodelée, qui n’était plus qu’un corps gangrené, aux cicatrices recouvertes de béton. Un béton en allées rectilignes qui disaient où aller et comment, qu’éviter, un parcours balisé de bouées de sauvetage et de gentils îlotiers à vélo. Il en connaissait quelques-uns : cité Champagne, rue des Haies, rue des Maraîchers, rue de Buzenval, rue Pixérécourt. Il y en avait aussi à Belleville, Ménilmuche, Montreuil, Bagnolet, dans le XIIIème. Il enfila son blouson, mit la brochure dans sa poche, sortit et commença à dériver. Alors qu’il réfléchissait à la zone sur laquelle il pourrait aller, il arriva porte de Montreuil, longea le centre commercial de la Grande Porte. Et là, il tomba dessus, les palissades étaient bleues, elles cachaient l’un de ces déserts peuplés de trois pelleteuses semblant se prendre pour des palmiers. Il en fit le tour, vit un clodo endormi dans un coin de porte, à côté d’un petit bar en train de fermer. Le terrain faisait presque tout le pâté de maisons, rue Lavoisier, on y voyait les escaliers nus des anciens immeubles. Ils étaient là comme d’obsolètes prothèses sur un cadavre en décomposition. Il finit son tour et entra au Rousseau, un rade où il avait ses habitudes. Un havre de paix où l’on pouvait s’arrêter quelques instants, de longs instants même. Assis derrière les vitres à ce carrefour, rue Victor-Hugo, rue de Paris, à voir passer l’humanité bouillonnante du Bas-Montreuil. La queue à la boulangerie, les accrochages d’automobilistes, les interventions de flics. « J’étais à l’hôpital de jour et maintenant ça va mieux… », « Tiens, voilà Gene Vincent… » tout y passait. On s’y retrouvait pour manger, pour le café, le soir. Bo Diddley et le concert deSuicide,le démocratisme radical et Malaquais ; les livres qu’il faudrait lire et les albums qu’il fallait écouter. Les petits malheurs qu’il fallait dire à quelqu’un, les petites joies aussi ; comprendre calmement que de vieux différends n’avaient plus lieu d’être.


En librairie à compter du  20 juin, mais déjà à Paris à la librairie Entropie (198 Bd Voltaire, Paris XIe)

3 commentaires:

  1. Il faudrait que les différends fussent toujours vieux.

    ArD

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  2. Pour les amateurs, à 17 h sur la radio Le Mouv', aujourd'hui, un entretien avec le biographe et spécialiste de Céline Henri Godard.

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  3. Mon dieu que les livres sont ennuyeux, et quelle perte de temps !

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