Tristesse.
J'ai appris hier la mort subite de ma copine Claire Auzias, la pétulante et pétillante diseuse de ce genre de vérités qui ne sortent que de la bouche des enfants, tant elle était toujours rageusement restée si juvénile et juste dans tous ses jugements, dans toutes ses inclinations.
Je l'avais rencontrée après qu'elle s'était mise à la colle avec Arthur, à qui elle aura survécu dix ans.
La dernière fois c'était à l'occasion de la présentation au Lieu-dit du dernier tome des mémoires de Diego Camacho (alias Abel Paz), voici quelques mois : elle pétait la forme, comme d'hab'.
Bref, je ne saurais mieux dire que Michel Sitbon, son éditeur et ami, qui a aussitôt écrit un poème en hommage à cette magicienne de l'insurrection permanente — que je pompe allègrement sur le blogue de Floréal :
claire n’est plus
et je ne l’aurai pas vue
dans son dernier sommeil
sommeil profond
regrets éternels
elle rejoint arthur
depuis longtemps manquant
et du fond de la nuit
les fantômes de la Shoah
les oubliés du Samudaripen
les oubliés de Birkenau
les hommes, les femmes et les enfants
tous s’inclinent en lui disant madame
et du fond de l’Inde
du fond de la folie
jusqu’à la nudité de l’héroïne
du fond de l’asile
comme du fond de la prison
d’Arles comme de Roumanie
et des terrains expulsés de Seine Saint Denis
comme du désert du Néguev
monte un chant
Djelem djelem
claire claire auzias
claire n’est plus
elle a même droit
à un clin d’œil d’albert camus
en descendant de la Croix-Rousse
les canuts, les trimards, les anars
ceux d’hier et d’aujourd’hui
voient fumer la dernière barricade
et la dernière des barricadières
celle dont le cœur battait
pour eux pour nous
pour les vivants et pour les morts
claire est passée
claire
et je ne l’aurai pas vue
dans son dernier sommeil
sommeil profond
regrets éternels
elle rejoint arthur
depuis longtemps manquant
et du fond de la nuit
les fantômes de la Shoah
les oubliés du Samudaripen
les oubliés de Birkenau
les hommes, les femmes et les enfants
tous s’inclinent en lui disant madame
et du fond de l’Inde
du fond de la folie
jusqu’à la nudité de l’héroïne
du fond de l’asile
comme du fond de la prison
d’Arles comme de Roumanie
et des terrains expulsés de Seine Saint Denis
comme du désert du Néguev
monte un chant
Djelem djelem
claire claire auzias
claire n’est plus
elle a même droit
à un clin d’œil d’albert camus
en descendant de la Croix-Rousse
les canuts, les trimards, les anars
ceux d’hier et d’aujourd’hui
voient fumer la dernière barricade
et la dernière des barricadières
celle dont le cœur battait
pour eux pour nous
pour les vivants et pour les morts
claire est passée
claire
Note du 24 août :
Freddy Gomez lui a prodigué un scintillant hommage voici une semaine sur le site À contretemps.
À moi aussi elle manquera, avec sa moue dubitative.
Claire dans le documentaire de Mediapart de 2018 sur Mai 68
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