Ses purs angles, très haut, dédiant leurs sinus
Au tableau rempli de figures démentielles,
Tel mathématicien s'imagine un minus,
Qui ne transite plus que d'arcs en tangentielles.
Dans sa classe aux murs nus, punaisé, un phtynus,
Inutile dessin, ligne a-référentielle
(Car le Maître, inhalant du shit à pleins sinus,
Est atteint, sur le tard, de crise existentielle.)
Dans la nuit la fenêtre abrite un pan de ciel,
Des astres, répétant, le carré matriciel.
Et dire qu'il en est, interpellés, qui n'eussent
Cité nul autre en fait de génie indiciel ;
Au tableau rempli de figures démentielles,
Tel mathématicien s'imagine un minus,
Qui ne transite plus que d'arcs en tangentielles.
Dans sa classe aux murs nus, punaisé, un phtynus,
Inutile dessin, ligne a-référentielle
(Car le Maître, inhalant du shit à pleins sinus,
Est atteint, sur le tard, de crise existentielle.)
Dans la nuit la fenêtre abrite un pan de ciel,
Des astres, répétant, le carré matriciel.
Et dire qu'il en est, interpellés, qui n'eussent
Cité nul autre en fait de génie indiciel ;
Et qui le verraient là, vaticinant, qui suce
Un stick, mal salivé au pli interstitiel !
Frédéric Guidon, 2013
Rappelons tout de même le sonnet princeps de Mallarmé :
Ses purs ongles très haut dédiant leur onyx,
L’Angoisse, ce minuit, soutient, lampadophore,
Maint rêve vespéral brûlé par le Phénix
Que ne recueille pas de cinéraire amphore
Sur les crédences, au salon vide : nul ptyx,
Aboli bibelot d’inanité sonore,
(Car le Maître est allé puiser des pleurs au Styx
Avec ce seul objet dont le Néant s’honore.)
L’Angoisse, ce minuit, soutient, lampadophore,
Maint rêve vespéral brûlé par le Phénix
Que ne recueille pas de cinéraire amphore
Sur les crédences, au salon vide : nul ptyx,
Aboli bibelot d’inanité sonore,
(Car le Maître est allé puiser des pleurs au Styx
Avec ce seul objet dont le Néant s’honore.)
Mais proche la croisée au nord vacante, un or
Agonise selon peut-être le décor
Des licornes ruant du feu contre une nixe,
Elle, défunte nue en le miroir, encor
Que, dans l’oubli fermé par le cadre, se fixe
De scintillations sitôt le septuor.
À noter que le "ptyx" mallarméen n'avait point de sens défini, ce qui, d'après le vers suivant, ne posait ("aboli bibelot d'inanité sonore") aucun problème à son intégration au poème. Un ptyx serait, cependant, après examen minutieux, une sorte de coquillage, ou un pli, un creux, semblant donc, pour le précieux exégète Jean-Luc Steinmetz, parfaitement " correspondre au sonnet lui-même qui le contient."
RépondreSupprimerMallarmé écrivait le 3 mai 1868 à son ami Lefébure : " Je n'ai que trois rimes en ix, concertez-vous pour m'envoyer le sens réel du mot ptyx, ou m'assurer qu'il n'existe dans aucune langue, ce que je préférais (sic) de beaucoup afin de me donner le charme de le créer par la magie de la rime."
Le hasard (jamais aboli, naturellement, par quoi que ce soit) ne fit donc point mal les choses. Pas, George ?
Bien vrai, cher Moine : ce "ptyx" fut donc un coup de dés de Mallarmé (et il est amusant de constater que cela se passait en mai 68…)
RépondreSupprimerEt "phtynus", vous connaissez ?
Merci en tout cas pour ces précieuses précisions !
Les phtynus sont rigoureusement semblables aux phty habillés, à ceci près qu'ils vont dans la tenue d'Adam.
RépondreSupprimerBienvenue chez les Phtys, cher Moine !
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