Voici bientôt quarante-cinq ans que Pierre Clastres s'est mortellement gamellé en bagnole, à 43 ans, sur « une route solitaire de campagne, alors qu'il cherchait un raccourci que jamais il ne trouvera », comme le clamait le générique d'une célèbre série télé de l'époque.
Ce fin penseur praticien foudroyé en pleine réflexion n'a pas peu compté pour nous autres, malgré la maigreur de ses publications.
Adonques France Cul rediffusait le 1er juin dernier un ACR du 18 février 1975 : Qu'est-ce que c'est que ces chefs sans pouvoir ?
Clastres s'y avère aussi malaisé à l'oral qu'il fut rétif à se faire photographier, à laisser des traces perso : ça devait le turlupiner de jacter aux micros du pouvoir, de devoir causer comme un chef (on ne l'imagine guère créer un compte FB ou une chaîne Ioutioube d'influenceur…)
Mais cela rend ce trésor tout aussi précieux aux oreilles qu'à la comprenette.
Merci pour le Clastres, George. Pas si mal à l'aise que ça l'oral. Précautionneux plutôt, avec un reste de timidité peut-être, mais très clair.
RépondreSupprimerJe m'étais un peu endormi la nuit de sa dernière diffusion. J'étais en train d'oublier de vouloir le réécouter. Je n'avais alors pas retenu ces grands moments d'oralité : les "jés'huîtres" lu par la petite fille au début, le "Poutina" d'Artaud final.
Et surtout cette spéculation historique dite "ethno-fiction", à 1 h 20 minutes et suivantes, selon laquelle, sans les Blancs, au XVIe siècle les prophètes auraient rassemblé les communautés, comme pour fonder un empire Tupiguarani, en vue d'une terre sans Mal, à la quête d'un paradis où les flèches sans arc ramèneraient les proies et où le manioc pousserait tout seul... Clastres date, plus tard dans l'émission, les premières arrivées d'esclaves Noirs de 1520, mais pas si profondément en Amazonie.