Ce gars est censé avoir été une pointure sociologique du XXème siècle, mais de l'entendre déblatérer ainsi, sans nul argumentaire construit, au sein d'une des plus prestigieuses institutions du pays, dans le seul but de vitupérer contre l'URSS encore vivace quatre ans après la mort de Staline, on se demande pourquoi les étudiants ont attendu encore onze ans pour se révolter !
C'est tellement ahurissant de bêtise, tant il s'enferre dans son propre embrouillamini idéologique et dans les développements de sa soi-disant démonstration, qu'on en pisserait de rire (mais mieux vaut se traire).
Que Raymond Aron soit un vieux con réactionnaire, c'est pas nouveau, même si celui-ci avait réédité en 1968 dans sa collection Liberté de l'esprit chez Calmann-Lévy, "Dialogue aux enfers entre Machiavel et Montesquieu", de Maurice Joly. En revanche, parler ici de « l'URSS encore vivace quatre ans après la mort de Staline », c'est à la fois risible et scandaleux ! Et bien sûr, ça fera plaisir aux pitoyables crypto-staliniens comme votre lamentable ami Jérôme Leroy.
RépondreSupprimerJe n'ai pas coutume de répondre aux propos comminatoires ni aux vitupérations, mais là c'est le pompon !
RépondreSupprimerC'est donc "risible et scandaleux" d'affirmer que l'URSS était encore vivace en 1957, alors que la guerre froide faisait rage ? Je n'ai aucune appétence pour le totalitarisme bolchevique, mais je vous rappelle que le rideau de fer ne s'est effondré qu'en 1991, soit près que quarante ans après la mort de Staline !
Ben si, George, il est très construit son argumentaire. Ça pisse pas si loin mais assez clairement — souvent même laborieusement.
RépondreSupprimerMise en place d'une dialectique politique limitative/politique globale au nom du fait que le politique aurait la préséance sur l'économique. C'est la Guerre froide (ou la Paix chaude), la thèse inverse — préséance de l'économique sur le politique — est attribué au marxisme, et même à Marx, lequel pourtant avançait (comme Guizot le ministre qui le vira de France, mais dans une perspective inverse, révolutionnaire et non gestionnaire) la primauté préalable du social sur ces deux instances. C'est ballot pour un sociologue, mais c'est souvent ça la socio, ça fige le social. Et après tout il désignait ses trois équivoques introductives en se référant à Auguste Comte. Mais surtout on sent un passge rapide puisqu'il est brièvement question du social en rapport avec le politique et l'économique au début du premier cours et que ça disparaît, presque à vrai dire, cela réapparaît comme un fantôme secondaire sous les figures de la religion et de la famille.
Mais je crois que l'omission du social est surtout intentionnel, puisque la thèse historique sous-jacente est que l'URSS exerce un primat du politique sur l'économique (l'économie dirigée, l'absence des syndicats, etc.) au nom de l'idéologie promouvant l'analyse historique (et la légitimité historique de sa forme de pouvoir) inverse selon laquelle l'économique primerait le politique. En cela le constat est juste, c'est le mensonge déconcertant.
Ce faisant — ruse, ignorance ou mission de la CIA — il met à ce titre Marx dans le sac de l'ensemble du marxisme qui s'en prétendait l'héritier, ce Marx, je répète, qui expliquait l'économique déterminé par le social avant qu'il ne détermine le politique.
Enfin, Aron commet un étrange oubli, surtout en se réclamant de Tocqueville et en citant Rousseau, celui des révolutions bourgeoises. C'est d'autant plus préjudiciable à son cours qu'il évoque la révolution soviétique pour justifier le primat du politique sur l'économique qui différencierait l'URSS des sociétés occidentales. Et il commet une autre erreur qui pourrait pourtant lui permettre d'amalgamer Marx aux prétentions du marxisme, c'est que la disparition révolutionnaire de l'État n'est pas très évidente chez Marx, dans ses gloses marginales sur le Programme de Gotha, il s'en remet à la science pour un futur indéterminé, cette fameuse dictature (dite) du prolétariat dont Lénine aura fait un mantra centralisateur pour instaurer l'étatisme qu'on sait.
Pour l'heure, à la fin du premier cours, au nom de "tous les philosophes" on en revient aux distinctions classiques (grecques) des formes de pouvoir, "despotique ou libéral" dit-il avec le vocabulaire de Tocqueville. Mais il doit y avoir anguille sous roche puisqu'il avait préalablement formulé "styles d'autorité" en évoquant le même Alexis de...
J'écoute le second épisode et je te dis quoi. Prépare des mots croisés pour nos prochaines journées insomnies diurnes.
Ni ni (peau de chien), ni dogmatisme, ni scepticisme ; ni historisme, ni historicisme, mais les deux ; ni finalisme axiologique (meilleur pour l'émancipation), ni relativisme. George, il s'enferre pas Raymond, il sait ce qu'il fait !
RépondreSupprimerBrillante rhétorique ! délitement de la tripartition classique, qu'il attribue à Aristote, mais qui existait déjà chez Platon, quitte à en passer par une réduction de Spinoza au mécanisme et à l'utilitarisme fausse mais tout de même distinguée de Hobbes, et quoique en ne commettant pas à nouveau l'erreur quant au primat du social du cours précédent. Dans les grandes lignes une lecture assez juste de l'histoire de la pensée politique européenne.
Et quoi à la fin ? Dépassement simultané du machiavélisme de Pareto et du dogmatisme de Marx. On croirait une Critique de la raison politique, comme il y en a eu une de la pure. Mais Kant n'y est pour rien (jamais cité d'ailleurs). Il y aurait quelques dangers à la Mûndigkeit ?
Et cependant un programme clair comme celle d'un pisse-froid : 1) Classification des politiques des sociétés industrielles ; 2) Évaluation des régimes selon leur aptitude respective à résoudre tel problème ; 3) Justifier l'autorité et l'obéissance, leurs limites réciproques.
Mais oui, mais c'est bien sûr ! C'est un logiciel qu'il créait en 1957. L'appareil de mesure qu'utilisent tous les éditorialistes politiques depuis : taxinomie, diagnostique, curseur. Un von Neumann annoncé par la musique Grand Siècle à la Sorbonne.
Il ne lui viendrait jamais à l'idée de détruire le politique, sous toutes ses formes, alors que c'est une nécessité des gentes libres. Mais cette réalité est un idéalisme dans la tête d'un sociologue.
Je comprends maintenant, George, pourquoi tu évoquait 68. Elle (cette réalité) arriva à celle (la tête) de Touraine, effectivement onze ans après, à l'initiative du parterre non invité. Et cela reviendra.
"Crève salope !" Une Mûndigkeit ? Ne serait-ce que ça.
Merci pour cette analyse qui s'approche de ce que je comptais développer plus avant mais les bras m'en tombaient trop (et je t'avoue m'être assoupi à plusieurs reprises lors du deuxième cours, dans la nuit de samedi à dimanche).
RépondreSupprimerOn est globalement d'accord : quand je dis qu'il n'y a pas d'argumentaire, c'est aller un peu vite pour signifier que sa tentative de démonstration laisse pantois tant l'analyse est dominée par l'idéologie libérale, d'où les raccourcis, les approximations, les omissions, les mensonges patents, qui à plus de 60 ans de distance rendent son propos aberrant de bêtise. Mais sans doute qu'en 1957 ça devait paraître se tenir.
Je souhaite évidemment comme toi que cette réalité revienne, même si ça me paraît mal barré pour l'instant (mais tu auras beau jeu de me rappeler l'édito de Viansson-Ponté en janvier 1968 : "La France s'ennuie"…)
Non, George, Viansson-Ponté n'écrit pas en janvier 68 'La France s'ennuie' mais le 15 mars :
RépondreSupprimerhttps://www.lemonde.fr/le-monde-2/article/2008/04/30/quand-la-france-s-ennuie_1036662_1004868.html
Quant au fait que vous soyez scandalisé par la critique de l'URSS en 1957, même par un Raymond Aron, cela ne vous honore pas…
Didier Éribon: "J'exécrai, à l'instant même où je le vis, son sourire patelin, sa voix doucereuse, cette façon d'afficher son caractère posé et rationnel, tout ce qui au fond n'exprimait rien d'autre que son ethos bourgeois de la bienséance.".
RépondreSupprimerArnaud, de Nîmes
Bonjour. J'essaye de vous contacter. Mais comment faire ? une adresse mail ? Postale ? Merci. Bien à vous
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