Sur Oméga, la loi est suprême. Cachée ou révélée, sacrée ou profane, elle gouverne les actions de tous les citoyens sans exception, du bas au sommet de l’échelle sociale. Sans la loi, il n’y aurait pas de privilèges pour ceux qui font la loi ; celle-ci est donc une nécessité absolue. Sans la loi et son application rigoureuse, Oméga serait un inimaginable chaos où les droits d’un homme cesseraient dès qu’il ne pourrait plus les faire respecter. Cette anarchie serait la fin de toute société — et, surtout, elle serait la fin des anciens de la classe gouvernante, parvenus aux plus hauts honneurs, mais dont l’habileté dans le maniement des armes a depuis longtemps décliné.
La loi est donc indispensable.
Mais Oméga est une société criminelle, composée d’individus ayant enfreint les lois de la Terre. En dernière analyse, c’est une société qui met l’accent sur l’effort individuel, une société dans laquelle celui qui enfreint la loi est vainqueur, une société qui non seulement admet le crime, mais l’admire et le récompense, une société où le non-respect des règles n’est jugé que dans la mesure de son succès ou de son insuccès.
Le résultat paradoxal est une société criminelle avec des lois absolues destinées à être enfreintes.
[…]
Par conséquent, on doit simultanément enfreindre la loi et lui obéir. Ceux qui n’enfreignent jamais la loi ne montent jamais dans l’échelle sociale. Ils sont pour la plupart rapidement tués, car ils n’ont pas suffisamment d’initiative pour survivre. Pour ceux qui […] violent la loi, la situation est quelque peu différente. La loi les punit avec une sévérité absolue, à moins qu’ils ne parviennent à s’en tirer.
[…]
Sur Oméga, le type d’homme le plus élevé est l’individu qui connaît la loi, apprécie sa nécessité, connaît les pénalités qu’il risque en lui désobéissant, et réussit à l’enfreindre ! C’est le criminel idéal, le citoyen idéal !
Robert Sheckley, Oméga [The Status Civilization, 1960],
éditions OPTA, 1968, « Galaxie spécial » 9, n°55 bis, pp. 73-74 (tr. fr. Frank Straschitz)
éditions OPTA, 1968, « Galaxie spécial » 9, n°55 bis, pp. 73-74 (tr. fr. Frank Straschitz)
encore un chantre de la dérégulation.
RépondreSupprimertoilèt.
Curieux mélange d'idéologie spartiate et "wotaniste" : se trouver le garant d'une Loi qu'on sait devoir s'effondrer un jour, sous le poids d'un mensonge fondamental, puisque servant - suprêmement statique - les intérêts d'une puissance "objective" et "neutre" que l'envie, en réalité, c'est-à-dire l'action et le choix - bref le mouvement - titillent.
RépondreSupprimerGeorge ne vous a pas demandé votre avis.
RépondreSupprimerDe toute façon quand on écrit des conneries sur la SNCF et qu'on ne connaît même pas la carte IGN 912, la France en train, on reste à s'baraque.