Des comités de soutien aux inculpés de Tarnac, à ceux qui luttent
On se bat aujourd’hui, comme hier, comme avant-hier, comme toujours, des hommes et des femmes se battent, pour leurs droits, pour garder leur emploi, pour travailler moins ou moins durement, pour des salaires moins rachitiques ; partout on se bat pour la liberté, pour son hôpital ou contre la prison, pour trois sous, pour des médicaments, pour l’honneur, pour les allocations, on se bat pour ses amis, sa sœur, son père, son frère ou sa mère, pour sauver la recherche, pour l’idée qu’on se fait de l’éducation ou de la psychiatrie ; pour plus d’avantages, pour moins de soucis, on se bat pour sa survie, on se bat parce qu’on ne veut pas crever ou parce que l’on crève de rage, ou bien encore parce que le mépris des gouvernants et des patrons, des juges et des contrôleurs sociaux, des cabinets d’études, des experts, des connards patentés et de ceux qui vous expliquent qu’il faut patienter encore, encaisser un petit peu plus, sous peine de payer de sa peau – parce que le mépris qu’on nous oppose est si évident et si insolent, on se bat aussi sans savoir bien pourquoi mais parce que ça vous tombe dessus ; partout, toujours, on se bat. Les raisons ne sont pas à discuter, la force qui les habite se charge de leur donner raison. Mais à coup sûr on se bat aujourd’hui avec plus de sérieux qu’hier, avec plus de sérieux qu’il y a dix ans, on se bat avec plus de sérieux qu’on ne l’avait fait depuis longtemps. On n’est moins prêts à se faire virer, massacrer ou affamer sans conséquence. Quand une délocalisation comme il y en a tant entraine la destruction d’une préfecture (Continental), quand les employés d’ErDF et de GrDF rappellent par les faits qu’être employé dans les secteurs de l’énergie c’est aussi être en mesure d’éteindre la machine, quand on sort le canon pour garder son hôpital (Carhaix), voilà qui est sérieux, voilà qui a le mérite de rappeler que l’histoire est une puissance dont les hommes peuvent à chaque instant se ressaisir, au grand dam de ceux qui en sont, temporairement, les vainqueurs.
A ce sérieux du peuple, et comme en miroir, répond le mépris des gouvernants et des gestionnaires, leur mépris sans limite, et ceci est leur forme de sérieux propre, c’est le sérieux des gouvernants. A ce sérieux du peuple, à ce sérieux qui est plein d’histoire, qui est plein de l’histoire du peuple, à ce sérieux qui est le retour de l’histoire, les gouvernants opposent leurs airs de bouffons grimaçants, leurs airs de courges satisfaites à Saint-Tropez, la nouvelle petite Marie-Antoinette présente son caniche à la presse, on organise comme de rien des sommets sur l’immigration, à Vichy bien sûr. Mais cela n’est pas tout. Il faut au sérieux vacillant de nos petits maîtres une quille, comme en ont les bateaux, une quille pour ne pas basculer trop fort, à la première vague. Et cette quille, c’est la peur. Au fait tout simple, au fait très élémentaire, et de toujours, que des hommes et des femmes se battent, on invente des noms de croquemitaine. C’est ainsi qu’on produit sur la scène médiatique les « casseurs », les « bandes » et les « terroristes », les « jeunes des cités » ou les « clandestins », comme on présentait jadis les « sorcières » au public avant de les brûler. Par un usage savant et crapuleux des nomenclatures, le journal de 20h et les discours des ministres ont rebaptisé, pour les lui rendre étrangères et odieuses, des techniques de lutte qui ont toujours appartenu au peuple, et notamment au mouvement ouvrier : il est devenu banal d’appeler une simple grève une « prise d’otages », on a même essayé récemment de qualifier un sabotage sans danger « d’attentat terrroriste ». Contre les sorcières, c’est bien connu, tout est permis. La prison bien sûr, avec ou sans procès, les contrôles judiciaires exorbitants, qui fixent les lieux d’habitation et les trajets autorisés, interdisent à l’ami de voir l’ami, au frère de voir la sœur ; et, quand « l’ennemi intérieur » est suffisamment avéré, par sa mauvaise naissance par exemple, les vexations infinies, les attaques de la police, à l’occasion le massacre. Tout ceci, les dénonciations publiques, les fabriques d’épouvantails, les dispositions pénales et militaires, visent d’abord à défaire les liens, les liens non-neutres, qu’il y a entre les êtres, les liens politiques. Les liens ne cessent pas quand on le leur demande, ils ne connaissent pas de Grenelle, l’amitié est la chair du politique — ou bien le politique est une insanité. Evidemment, nous avons besoin de bien plus qu’une manifestation, il nous faut des liens plus durables et plus joyeux, à la mesure du sérieux de la situation. Mais cette manifestation-là pourrait être une première rencontre, c’est notre invitation. Faites comme chez vous.
A ce sérieux du peuple, et comme en miroir, répond le mépris des gouvernants et des gestionnaires, leur mépris sans limite, et ceci est leur forme de sérieux propre, c’est le sérieux des gouvernants. A ce sérieux du peuple, à ce sérieux qui est plein d’histoire, qui est plein de l’histoire du peuple, à ce sérieux qui est le retour de l’histoire, les gouvernants opposent leurs airs de bouffons grimaçants, leurs airs de courges satisfaites à Saint-Tropez, la nouvelle petite Marie-Antoinette présente son caniche à la presse, on organise comme de rien des sommets sur l’immigration, à Vichy bien sûr. Mais cela n’est pas tout. Il faut au sérieux vacillant de nos petits maîtres une quille, comme en ont les bateaux, une quille pour ne pas basculer trop fort, à la première vague. Et cette quille, c’est la peur. Au fait tout simple, au fait très élémentaire, et de toujours, que des hommes et des femmes se battent, on invente des noms de croquemitaine. C’est ainsi qu’on produit sur la scène médiatique les « casseurs », les « bandes » et les « terroristes », les « jeunes des cités » ou les « clandestins », comme on présentait jadis les « sorcières » au public avant de les brûler. Par un usage savant et crapuleux des nomenclatures, le journal de 20h et les discours des ministres ont rebaptisé, pour les lui rendre étrangères et odieuses, des techniques de lutte qui ont toujours appartenu au peuple, et notamment au mouvement ouvrier : il est devenu banal d’appeler une simple grève une « prise d’otages », on a même essayé récemment de qualifier un sabotage sans danger « d’attentat terrroriste ». Contre les sorcières, c’est bien connu, tout est permis. La prison bien sûr, avec ou sans procès, les contrôles judiciaires exorbitants, qui fixent les lieux d’habitation et les trajets autorisés, interdisent à l’ami de voir l’ami, au frère de voir la sœur ; et, quand « l’ennemi intérieur » est suffisamment avéré, par sa mauvaise naissance par exemple, les vexations infinies, les attaques de la police, à l’occasion le massacre. Tout ceci, les dénonciations publiques, les fabriques d’épouvantails, les dispositions pénales et militaires, visent d’abord à défaire les liens, les liens non-neutres, qu’il y a entre les êtres, les liens politiques. Les liens ne cessent pas quand on le leur demande, ils ne connaissent pas de Grenelle, l’amitié est la chair du politique — ou bien le politique est une insanité. Evidemment, nous avons besoin de bien plus qu’une manifestation, il nous faut des liens plus durables et plus joyeux, à la mesure du sérieux de la situation. Mais cette manifestation-là pourrait être une première rencontre, c’est notre invitation. Faites comme chez vous.
MANIFESTATION LE 21 JUIN à 15 h
PARIS - RER LES HALLES - Fontaine des innocents
PARIS - RER LES HALLES - Fontaine des innocents
Au réveil, George,
RépondreSupprimerau réveil,
espérons qu'il y aura quelque chose
Si je ne travailles pas ce jour là, j'y serais.
RépondreSupprimerEn attendant, je vais finir de lire "L'insurrection qui vient" et "ingénierie sociale et mondialisation".
On se voit là bas.
"faites comme chez vous"
RépondreSupprimerje me suis arrêtée à la fin paske
c'est pas que je suis constipée
mais
je voudrais pas que ce soit un numéro de géo, genre voyage au Tibet...