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vendredi 19 novembre 2010

Un lieu de rêves
(Où GWFW s'aligne sur l'obscénité anamnéso-narcissique ordinaire du blogueur lambda)



C''était vers la fin des années 1980, mon entrée dans le salariat (un sale aria, en effet) : j'avais calculé, très concrètement, que pour survivre dans le Paris de ces années-là, point n'était besoin de plus de 3000 F. mensuels (soit 457 € d'aujourd'hui) :
— 1000 F. pour une piaule (une chambre de bonne de 12 m²);
— 1000 F. pour bouffer (sans même chaparder);
— et 1000 F. d'argent de poche, pour bouquins, cinés et cafés et divers.
Bref, ça suffisait, à l'époque, si on ne buvait pas trop. Alors qu'aujourd'hui, qui peut se payer quoi, avec pareille misère ? Cinq ou six grammes de coke, tout au plus !

Je bossais donc dans ce tout petit cinéma périphérique du Quartier Latin (pour quand même pas mal plus que ça, alors ça baignait question pépètes) mais j'habitais très loin, les séances ne s'achevaient jamais avant 0h30, et un jour, juste avant les grandes vacances scolaires, une copine transitive (une amie d'amie), appelons-la Flo, qui se faisait exploiter depuis un an dans la rue d'à côté à babissiter quatre heures par jour pour rien d'autre que la jouissance d'une chambre de bonne riquiqui, me file les clés de sa piaule puisqu'elle partait pour deux mois.
Hourrah, bonheur, tout devient simple, Rimbaud ressurgit comme toujours.
Et là, j'ai découvert les lucarnes, leur facilité d'accès : tout n'était pas alors cadenassé (pas encore de digicodes non plus), il suffisait d'oser pousser un peu les vitres, les fenêtres, les portes. Durant tout cet été très chaud, j'ai dormi bien des nuits sur j'ignore quels toits, tout est différent vu de là-haut, c'est comme une machine à voyager dans le temps : la ville se magnifie tant, plonge dans le mystère, gouffres et rochers troués de rares lumières. Au réveil, il était toujours midi, même à six heures du matin, quand la rosée urbaine vous picote et qu'il faut s'ébrouer.
Et puis septembre est revenu, et cette Flo aussi, voilà qu'il fallait rendre les clés (pas de place pour deux) de ce micro-paradis sis juste à côté de ma machine à faire rêver, retraverser la ville midi et soir….
Hé ! non, en fait ! Flo n'était pas la seule à bosser pour rien pour ces bourgeois… Ils exploitaient une autre fille, pour des tâches ménagères peut-être, qui occupait la chambre en face de la sienne, dont elle lui avait filé les clés avant de partir elle aussi en vacances — avant de ne jamais revenir.
Du coup, je suis resté là-bas, dans la chambre d'en face, d'abord un peu ému de m'immiscer dans l'illégalité aussi facilement que dans ce lit bien chaud, et puis y prenant goût, et puis on s'habitue si vite, jusqu'à saluer régulièrement l'ignorante proprio dans l'escalier...
Et puis voilà qu'un jour celle-ci déboule à sept heures du matin avec je ne sais plus qui en hurlant dans la chambre : « Mais vous n'avez pas honte ? qui êtes-vous et que faites-vous ici, etc. », alors il ne reste plus qu'à s'habiller et vite partir, son livre sous le bras, en mettant toute sa morgue à lui rétorquer qu'il n'y avait même pas de lavabo, juste un robinet dans les chiottes à la turque sur le palier.
C'est à partir de là que je me suis mis à dormir dans le cinéma, au balcon, emmitouflé dans un sac de couchage.

Et un matin, j'ai été réveillé en sursaut, à poil dans mon duvet, par trente gamins ébahis et rigolards : je n'avais pas été prévenu de cette projection scolaire.

24 commentaires:

  1. Oui, oui, oui... Alors, donc, qui de Jules ou de Jim faisait le ménage, hum ?

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  2. George,
    ici article 11 fait fureur.
    la meilleure question posée à partir d'un seul exemplaire :
    est-ce que le 11 ça a rapport avec l'Aude, le seul département avec un nom de fille ?


    j'ai besoin de vos lumières.

    est-ce que leur distributeur est NMPP ou quoi ?

    et en imaginant que je m'entende avec un buraliste
    qui a les droits officiels pour la presse,
    est-ce que on peut dans cette France qui pue ,
    prendre une pile de journaux pour aller les vendre à la criée,
    de manière à ce que le buraliste ne reste pas
    avec son tas de journaux invendus ?

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  3. Vous aviez déjà fait, jadis, cette jolie remarque sur le département aux yeux de fille, bira.
    Les NMPP n'existent plus, mais de toute façon les gars d'Article 11 n'en voulaient pas (ils s'en sont expliqué sur le site, dans un des articles de la rubrique "Vers le papier ?") : ils ont choisi les Messageries Lyonnaises de Presse.
    Pour leur commander des exemplaires à diffuser à la criée, il suffit d'écrire à la rédaction.

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  4. Entre efficacité et efficience, je m'interroge sur votre relation à la transitivité somme toute dépendante de la binarité.
    Joli billet Sieur George !

    ArD

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  5. dites, quand j'ai cliqué sur votre lien, ma messageire s'est ouverte.

    c'est normal, croyez ça ?
    ça fait un effet coca cola

    m'enfin,
    vu que le buraliste officiel, il est pas aimable pour deux sous, pouvez pas savoir comme ça m'arrange.

    je vais leur écrire et le comble, entre nous, serait qu'ils m'envoient sur les roses, parce qu'alors ici les roses ...

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  6. Merci du compliment, ArD, d'autant que ma pudeur notoire m'a fait un peu hésiter.

    bira, vous n'avez pas assez étudié les balises HTML. Celle-ci s'écrit (entre crochets, naturellement) :
    a href=mailto:"redaction@article11.info"

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  7. Eh bien vous avez tort, George, d'être notoire (!)

    ArD

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  8. C'était donc le Studio des Ursulines ?
    En effet une bien jolie histoire que vous nous avez contée là, le tourbillon de la vie...
    Quant à nous faire croire que vous pourriez vous aligner sur le blogueur lambda, vous pouvez repasser, on sait bien que du blogue vous êtes plutôt l'alpha et... enfin, je vous laisse finir.

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  9. Arrêtez, je vais virer pivoine !
    Sinon, oui : une des dernières salles du début du XXe qui subsistent encore.

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  10. Oui, ce serait regrettable que vous vous arrêtiez en chemin à bêta.On attend que vous mettiez votre pudeur encore à nu.

    Et celle près de la rue St-André des Arts, et celle dans le XVIe, ont-elles fermé ?

    ArD

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  11. Si tu veux être heureux, pendS ton propriétaire.

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  12. Le Saint-André-des-Arts, situé dans la rue du même nom, existe toujours, et s'est agrandi voici quelques années d'une troisième salle : l'ex Studio Gît-le-Cœur, théâtre en 1975 des premières séances de La société du spectacle, que Debord espérait voir tourner à l'émeute. Mais bien d'autre, autour, ont disparu : le Vidéostone, le Midi-Minuit…

    Dans le XVIe, il y avait jadis le Victor Hugo, le Mayfair, Les Trois Haussmann, le Passy, un autre vers la porte de St-Cloud… Il ne reste plus aujourd'hui que le Majestic Passy, ex Royal-Passy.

    Merci, attentif Filegoude : je croyais que la règle d'absence de s à la fin de la deuxième personne du singulier à l'impératif était universelle, mais non, vous avez raison.

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  13. George,
    il est vrai que nous avons été interropus et j'en ai profité pour aller chez le coiffeur,
    mais où avez-vous la tête ?

    Pourriez-vous me dire à combien d'exemplaires, ils ont tiré leur journal ?
    (de manière à ce que je ne pose pas une question débile )

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  14. D'autant qu'ils le précisent dès le début de leur article : 15000 exemplaires.

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  15. C'est exprès que le lien sur le lien ne marche pas ?

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  16. Je préfère les chômeurs aux buzzers, figurez-vous (voir par ex. l'article de SQ : "Le travail contre l'activité humaine", Mordicus n°4, avril-mai 1991, p. 11).

    Florence, je ne comprends pas : chez moi, le lien vers l'article d'A 11 fonctionne bien.

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  17. Non, non, George, je ne parlais pas d'Article 11, mais de Giordano Bruno, le lien sur le lien, quoi. On arrive sur une page d'erreur, qui laisse un peu sur sa faim.

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  18. Ah, d'accord. C'est parce que les éditions Allia ont refondu leur site et changé son adresse, sans redirection depuis l'ancienne.
    Voilà qui est réparé.
    Merci, Florence, de me l'avoir signalé.

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  19. ... C'est ennuyeux, je ne parviens pas à suivre cette conversation qui brode sur un lien. Ennuyeux,oui.

    ArD

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  20. Désolé, ArD : c'est au sujet du texte de G. Bruno cité tout en haut à droite, sous la bannière de ce blogue.

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  21. C'est un peu tardif, ArD, mais en recherchant (sans parvenir à trouver, bon sang de fouchtra !) un échange entre l'Anonyme et moi à propos des Urnes funéraires de Thomas Browne je me suis mis à relire les commentaires de ce billet-ci, entre autres, et je crois comprendre que la salle du XVIème au sujet de quoi vous me questionniez, c'est Le Ranelagh, rue des Vignes, qui durant des années a projeté Les enfants du Paradis.

    La salle existe toujours mais a délaissé toute activité cinématographique : elle n'offre plus que des représentations théâtrales, depuis longtemps.

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