C'était plein à craquer, des maçons, des peintres en salopettes prenaient le pousse-café au comptoir où nous attendions que se libère une table. Le menu était affiché à la craie sur un des miroirs, ce jour-là c'était une blanquette de veau. Papa portait une veste en velours et un béret serré comme celui d'Auguste avec bien évidemment une chemise à carreaux. On ne dépareillait pas du tout dans le restaurant où, très vite, on avait trouvé à s'asseoir. Les deux ouvriers à la table à côté ont regardé les mains de Papa, tachées de couleurs diverses, ces mains dont il disait souvent qu'elles étaient imprégnées jusqu'à l'os. Il avait alors plus de soixante-dix ans, mais avec son allure énergique et l'impression de puissance qui émanait de lui, il pouvait très bien passer pour un peintre en bâtiment.
— Vous avez un chantier dans le coin ? demanda l'un d'eux.
— Je refais un plafond à l'Opéra, répondit mon père, attaquant son œuf dur mayonnaise.
— Vous avez un chantier dans le coin ? demanda l'un d'eux.
— Je refais un plafond à l'Opéra, répondit mon père, attaquant son œuf dur mayonnaise.
David McNeil, Quelques pas dans les pas d'un ange, Gallimard, 2003.
(Auteur-compositeur-interprète et romancier, David McNeil est le fils de Marc Chagall).
(Auteur-compositeur-interprète et romancier, David McNeil est le fils de Marc Chagall).
Un ange
RépondreSupprimerMieux, en effet.
RépondreSupprimerVous en êtes un parfois, à votre grand dam, savez-vous ?
Merci.
Damnation !
RépondreSupprimerJe savions pas qu'ils étaient père et fils, ces deux-là. Je savions juste que je me suis jamais remis de la première écoute d'"Hollywood", y a longtemps ("tout Gershwin sur des verres à moutarde").
RépondreSupprimerYou made my day, m'sieur George.
Un ange zailé ;-) Joli billet, merci.
RépondreSupprimerArD
encore mieux
RépondreSupprimerSi vous n'y voyez pas d'inconvénient majeur, je reviendrai souvent par ici, Mr George.
RépondreSupprimerMais voyons, Corinne ! aucun inconvénient, ni majeur, ni mineur.
RépondreSupprimerInstallez-vous et prenez vos aises : ce n'est pas la place qui manque, vu la maigreur du tourisme dans ces contrées, malgré nos installations de luxe entièrement gratuites et l'amabilité de nos autochtones…
Si je puis me permettre, j'invite Corinne à explorer aussi les archives du blogue: qu'on les parcoure méthodiquement (il y a quelques mois, j'ai relu dans l'ordre la totalité des notes postées par notre cher George, et les commentaires afférents) ou bien que l'on picore dans leur sommaire, elles forment à présent un véritable magasin d'éducation et de récréation (comme dirait feu Monsieur Hetzel).
RépondreSupprimerEtais à 20 000 lieues de m'en douter
RépondreSupprimerMerci, cher Anonyme : vous m'emplissez de confusion.
RépondreSupprimerJe rappelle que c'est vous qui nous avez transmis ces morceaux de David McNeil, dont j'ignorais tout jusqu'alors.
thé, c'est ainsi qu'on saoule les mères.
RépondreSupprimerMerci George, et l'Anonyme. Education récréative...je ferai de vous mon quatre heures donc.
RépondreSupprimerAttention aux cinq ascètes, néanmoins.
RépondreSupprimerque Maître Yang Cheng Fu appelle les cinq voleurs
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