Cet extrait d'un autre film d'Autant-Lara dans lequel il s'est provisoirement échappé montre Julien aux prises avec le n°2, qui recourt aux sirènes létales du capitalisme pour tenter de le dévoyer de son choix de vivre, agir et penser à sa guise — une existence dont la frugalité est inversement proportionnelle à celle de la pensée.
« Julien sort, elle aussi » : ainsi aurait pu commencer l'article d'Isabelle Mandraud paru samedi dernier dans Le Monde si la réalité n'avait été autre. Mais non, ce fut « L'une sort, l'autre pas », Agnès Varda plutôt qu'Henri Beyle… Sortie dont on est désoppressé d'apprendre à l'instant qu'elle est définitive.
Julien…
Tu avais surgi comme une fleur d'eau fraîche en 1998 dans les amphis de Jussieu, impeccable et vierge dans ce ramassis de chômeurs qui s'entêtaient crânement à ne rien revendiquer tout au long de ce mouvement de notre jeunesse à jamais éperdue.
Ton écharpe n'était certes pas un étendard auquel tous se sont ralliés, puisque l'ampleur de ton discours (de ta voix aussi, c'était indispensable en ces lieux pourtant moins vastes que nos espoirs) suscita bientôt la scission, en cette fin d'hiver, en ce début de printemps plus jeunes : certains partirent fonder Tiqqun, d'autres ensemencèrent un terrain vague pour le transformer en potager (que la municipalité rasa juste avant la récolte), d'autres encore — apprentis bouchers pour le régal de nos entrailles — élevaient deux cochons qui parfois prirent l'air sur le périf', semant la pagaille et provoquant force embouteillages, tandis qu'une dernière partie de l'Assemblée avait choisi de rassembler le matériel de ce qui deviendra Le lundi au soleil…
Les désaccords ne dissolvent pas l'amitié. Celle-ci perdure, par-delà les errements — que chacun serait bien malin d'attribuer à autrui…
J'eus liens avec ceux-là, tu en nouas avec d'autres, et certains se rejoignirent, car le temps parfois fait à l'affaire. Liens coupés, renoués, défaits de nouveau dans le ballet des aubes naissantes ou étranglées…
Saluts rouges et noirs.
« Julien sort, elle aussi » : ainsi aurait pu commencer l'article d'Isabelle Mandraud paru samedi dernier dans Le Monde si la réalité n'avait été autre. Mais non, ce fut « L'une sort, l'autre pas », Agnès Varda plutôt qu'Henri Beyle… Sortie dont on est désoppressé d'apprendre à l'instant qu'elle est définitive.
Julien…
Tu avais surgi comme une fleur d'eau fraîche en 1998 dans les amphis de Jussieu, impeccable et vierge dans ce ramassis de chômeurs qui s'entêtaient crânement à ne rien revendiquer tout au long de ce mouvement de notre jeunesse à jamais éperdue.
Ton écharpe n'était certes pas un étendard auquel tous se sont ralliés, puisque l'ampleur de ton discours (de ta voix aussi, c'était indispensable en ces lieux pourtant moins vastes que nos espoirs) suscita bientôt la scission, en cette fin d'hiver, en ce début de printemps plus jeunes : certains partirent fonder Tiqqun, d'autres ensemencèrent un terrain vague pour le transformer en potager (que la municipalité rasa juste avant la récolte), d'autres encore — apprentis bouchers pour le régal de nos entrailles — élevaient deux cochons qui parfois prirent l'air sur le périf', semant la pagaille et provoquant force embouteillages, tandis qu'une dernière partie de l'Assemblée avait choisi de rassembler le matériel de ce qui deviendra Le lundi au soleil…
Les désaccords ne dissolvent pas l'amitié. Celle-ci perdure, par-delà les errements — que chacun serait bien malin d'attribuer à autrui…
J'eus liens avec ceux-là, tu en nouas avec d'autres, et certains se rejoignirent, car le temps parfois fait à l'affaire. Liens coupés, renoués, défaits de nouveau dans le ballet des aubes naissantes ou étranglées…
Saluts rouges et noirs.
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