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jeudi 25 novembre 2010

« À la saveur délicate de l'ananas, joindre le plaisir glacé du mal des ardents »



Les éditions Allia ont complètement reconstruit leur site et proposent désormais de télécharger sur cette page, au format PDF, différents documents d'archives relatifs à l'Internationale Lettriste et à la fondation de l'IS.
Par exemple cette métagraphie de Debord, Fragiles tissus, réalisée en hommage à Jacqueline Harispe en mars 1954 :



J'en profite pour signaler (merci à Alexis) deux publications récentes relatives au même sujet, sans compter le volume zéro de la Correspondance de Debord chez Fayard : les Enregistrements magnétiques (1952-1961) patiemment retrouvés et restaurés par l'infatigable Gérard Berréby des éditions Allia, mais dont la veuve abusive a préféré confier le patronage à Jean-Louis Rançon chez Gallimard (ce volume s'ouvre sur un texte splendide intitulé Les environs de Fresnes) ; et puis ce Visages de l'avant-garde, publié chez Jean-Paul Rocher par les soins du même Rançon, dont l'éditeur nous dit que « chronologiquement, il prend place après le numéro 2 de la revue Internationale lettriste (février 1953) et aurait dû être ensuite enregistré à trois voix, rythmé par des poèmes et chœurs lettristes. »



vendredi 19 novembre 2010

Un lieu de rêves
(Où GWFW s'aligne sur l'obscénité anamnéso-narcissique ordinaire du blogueur lambda)



C''était vers la fin des années 1980, mon entrée dans le salariat (un sale aria, en effet) : j'avais calculé, très concrètement, que pour survivre dans le Paris de ces années-là, point n'était besoin de plus de 3000 F. mensuels (soit 457 € d'aujourd'hui) :
— 1000 F. pour une piaule (une chambre de bonne de 12 m²);
— 1000 F. pour bouffer (sans même chaparder);
— et 1000 F. d'argent de poche, pour bouquins, cinés et cafés et divers.
Bref, ça suffisait, à l'époque, si on ne buvait pas trop. Alors qu'aujourd'hui, qui peut se payer quoi, avec pareille misère ? Cinq ou six grammes de coke, tout au plus !

Je bossais donc dans ce tout petit cinéma périphérique du Quartier Latin (pour quand même pas mal plus que ça, alors ça baignait question pépètes) mais j'habitais très loin, les séances ne s'achevaient jamais avant 0h30, et un jour, juste avant les grandes vacances scolaires, une copine transitive (une amie d'amie), appelons-la Flo, qui se faisait exploiter depuis un an dans la rue d'à côté à babissiter quatre heures par jour pour rien d'autre que la jouissance d'une chambre de bonne riquiqui, me file les clés de sa piaule puisqu'elle partait pour deux mois.
Hourrah, bonheur, tout devient simple, Rimbaud ressurgit comme toujours.
Et là, j'ai découvert les lucarnes, leur facilité d'accès : tout n'était pas alors cadenassé (pas encore de digicodes non plus), il suffisait d'oser pousser un peu les vitres, les fenêtres, les portes. Durant tout cet été très chaud, j'ai dormi bien des nuits sur j'ignore quels toits, tout est différent vu de là-haut, c'est comme une machine à voyager dans le temps : la ville se magnifie tant, plonge dans le mystère, gouffres et rochers troués de rares lumières. Au réveil, il était toujours midi, même à six heures du matin, quand la rosée urbaine vous picote et qu'il faut s'ébrouer.
Et puis septembre est revenu, et cette Flo aussi, voilà qu'il fallait rendre les clés (pas de place pour deux) de ce micro-paradis sis juste à côté de ma machine à faire rêver, retraverser la ville midi et soir….
Hé ! non, en fait ! Flo n'était pas la seule à bosser pour rien pour ces bourgeois… Ils exploitaient une autre fille, pour des tâches ménagères peut-être, qui occupait la chambre en face de la sienne, dont elle lui avait filé les clés avant de partir elle aussi en vacances — avant de ne jamais revenir.
Du coup, je suis resté là-bas, dans la chambre d'en face, d'abord un peu ému de m'immiscer dans l'illégalité aussi facilement que dans ce lit bien chaud, et puis y prenant goût, et puis on s'habitue si vite, jusqu'à saluer régulièrement l'ignorante proprio dans l'escalier...
Et puis voilà qu'un jour celle-ci déboule à sept heures du matin avec je ne sais plus qui en hurlant dans la chambre : « Mais vous n'avez pas honte ? qui êtes-vous et que faites-vous ici, etc. », alors il ne reste plus qu'à s'habiller et vite partir, son livre sous le bras, en mettant toute sa morgue à lui rétorquer qu'il n'y avait même pas de lavabo, juste un robinet dans les chiottes à la turque sur le palier.
C'est à partir de là que je me suis mis à dormir dans le cinéma, au balcon, emmitouflé dans un sac de couchage.

Et un matin, j'ai été réveillé en sursaut, à poil dans mon duvet, par trente gamins ébahis et rigolards : je n'avais pas été prévenu de cette projection scolaire.

lundi 8 novembre 2010

Ce mec est furieusement dingue et c'est pour ça qu'on l'aime


Comme antidote au MLF, à la même époque : JFI
Chez le sûr Natsu (poeterock), naturellement !

Où les manifestations de la révolte sont passées à la moulinette de la psychiatrie


En fin de compte, il semblerait qu'il n'y ait pas eu censure, la semaine dernière, au sujet du report de la diffusion de Révoltes FM dans l'Atelier de création radiophonique sur France Culture : les producteurs Frank Smith et Philippe Langlois estimaient que la pièce n'était pas suffisamment achevée en l'état, voilà tout.
La version finale — qui dure une heure, soit le double de la précédente — a été diffusée hier soir, et à l'écouter on se dit qu'ils ont eu raison : elle est mieux construite, mieux charpentée, plus riche.
Et elle comporte un passage supplémentaire pour le moins équivoque : l'entretien avec Jean-François Chermann, le neurologue qui intervenait dimanche dernier à l'espace Khiasma, qui semble considérer avec le plus grand sérieux que la révolte est surtout une pathologie d'ordre psychiatrique. J'ai beau être crédule, je me suis quand même mis à soupçonner une mystification, alors j'ai vérifié… Mais oui, ce spécialiste existe vraiment, ainsi — apparemment — que le laboratoire d’investigation des comportements à risque qu'il dirige. Et puis j'ai poussé un peu les recherches, et je suis tombé sur cette page puis sur celle-ci

vendredi 5 novembre 2010

France, terre d'écueils

Je suis tombé sur cet excellent texte de Léon de Mattis, daté du 27 octobre :

Ce qui est en jeu, ce ne sont plus seulement les retraites.

Ce qui est en jeu, c'est ce que tout le monde comprend : que nous sommes dans un monde où il faut travailler plus et plus longtemps, et en échange se contenter de vivre avec ce qu'on nous donne. Et ce qu’on nous donne, et combien on nous en donne, détermine aussi la manière dont nous sommes supposés vivre.

Nous travaillons et en échange nous recevons une part de la richesse commune sous forme de salaire et de revenus, et aussi, depuis quelques dizaines d’années, sous la forme de prestations sociales, éducatives, de santé, et de retraite.

Les dépenses sociales, que ce soit pour l’éducation, la santé, ou les retraites baissent toutes globalement, et cela signifie que globalement nous valons moins cher. Et si nous valons moins cher, c’est parce que dans le système capitaliste la valeur de notre travail ne dépend ni de la qualité, ni de l’utilité de celui-ci, mais seulement de sa capacité à créer de la valeur nouvelle.

Quand la création de cette valeur se déplace massivement vers les pays émergents, notre travail vaut moins, et notre vie vaut moins aussi.

Mais cela n’est pas vrai pour tout le monde. Ceux qui, détenant ou gérant les capitaux, ont un accès aux produits de ceux-ci continuent à recevoir la part majeure de la richesse crée puisque justement l’investissement dans les pays où la main d’œuvre est moins chère a pour objet de maintenir les profits capitalistes. Contrairement à ce qu’on voudrait nous faire croire, il n’y a rien d’obligatoire à ce que le choses se passent ainsi. Il faut bien produire pour vivre, nous dit-on. Oui, mais est-il vraiment nécessaire de produire ceci pour vivre ainsi ?

Car ce que nous produisons en travaillant, ce ne sont pas que des richesses. Ce que nous produisons en travaillant, ce sont avant tout les conditions de notre propre domination. S’il faut produire et accumuler toujours plus, c’est parce que cette machine complexe profite à certains. Les riches ne sont pas seulement plus riches, ils sont aussi plus puissants que les autres. Tels les seigneurs d’autrefois, les capitalistes d’aujourd’hui exercent sur la société leur pouvoir collectif. Aux privilèges de la naissance, on en un substitué un autre, plus mathématique : le privilège du compte en banque.

La force de ce système, c’est de laisser croire que cette domination n’en est pas une ; qu’elle n’est qu’une forme nécessaire de toute organisation sociale ; que nul être humain d’aujourd’hui ne saurait vivre autrement.

La faiblesse de ce système, c’est qu’il repose sur une production et une dépense toujours plus étendue de cette valeur nouvelle qui fait tourner le capital. Mais les arbres ne montent pas jusqu’au ciel, dit le proverbe boursier, et vient toujours un moment où quelque chose lui manque. Alors c’est la crise. Alors il faut retirer aux gens ce qu’on leur a donné, les faire travailler plus, les payer moins, tout ça pour que ceux qui dominent puissent continuer à dominer.

Pour que cette domination cesse, ce n’est pas d’une réforme dont nous avons besoin, pas plus que du retrait d’une réforme. Peu importe la redistribution des richesses, car le problème ne vient pas de ce que dans le capitalisme les richesses une fois produites sont réparties inégalement, mais bien de ce qu’elles ne peuvent être produites autrement que de manière inégalitaire. Ce dont nous avons besoin, c’est que les grèves et les blocages se poursuivent: car c’est dans le mouvement de la contestation que la critique de tout ce qui existe peut se transformer en proposition pour qu’il existe quelque chose d’autre.

Il faut bloquer la production capitaliste et partager ce qui est déjà produit, puis partager la manière dont on pourra continuer à faire vivre ce partage.

Le même jour, mais dans un autre genre, le Parti Imaginaire a livré son avis sur les réjouissances actuelles :



Et pour parfaire notre intelligence du monde, on va s'abonner à Article XI, dont la version papier sort en kiosques le 13 novembre.

mardi 2 novembre 2010

Nos amies les miettes

Au milieu des années 90, l'émission hebdomadaire d'AC! sur Fréquence Paris Plurielle, Modes d'emploi, était animée une fois par mois par CARGO (le Collectif d'Agitation pour un Revenu Garanti Optimal). Voici quelques rémanences en vrac de leurs joyeuses interventions sonores de l'époque :

lundi 1 novembre 2010

Atelier de création radiophonique :
la face X


L'Atelier de création radiophonique de France Culture devait diffuser hier soir une "pièce radiotopique" de Bruno Guiganti, REVOLTE FM. Mais au final, les pontes de la station l'ont jugée trop ironique et ont préféré, en lieu et place, diffuser ceci.
Ce n'est pas que la pièce de Bruno Guiganti casse plus de briques que la dialectique (c'est comme si on était au milieu d'une manif, sans le plaisir des rencontres possibles ni des émois libérateurs — juste avec ces saloperies de mégaphones qui vous défoncent les tympans), mais comme j'ai réussi à la récupérer grâce aux soins diligents et attentionnés de la liste ANPR, la voici :



Sinon, on a reçu ceci (cliquer sur l'image pour lire le texte) :