D'autres traducteurs que Saisset ont proposé leur propre version française du Traité politique : Charles Appuhn au début du XXe (rééd. GF Flammarion), Madeleine Francès en 1954 (sans doute la pire de toutes, chez Gallimard, sous le titre Traité de l'autorité politique), Sylvain Zac en 1968 (Vrin), et plus récemment Pierre-François Moreau (Réplique, 1979) et Charles Ramond (PUF, 2005 ; le texte n'est plus celui que donnait l'édition Gebhardt des années 30, Omero Proietti s'étant chargé d'un nouvel établissement). Verne en aurait également fourni une traduction, me souffle-t-on curieusement (sous toutes réserves, donc).
Voici les traductions Appuhn et Moreau du passage dont il était question ici voici peu (chap. V, § 4) :
Voici les traductions Appuhn et Moreau du passage dont il était question ici voici peu (chap. V, § 4) :
Si dans une Cité les sujets ne prennent pas les armes parce qu'ils sont sous l'empire de la terreur, on doit dire, non que la paix y règne, mais plutôt que la guerre n'y règne pas. […] Une Cité, faut-il dire encore, où la paix est un effet de l’inertie des sujets conduits comme un troupeau, et formés uniquement à la servitude, mérite le nom de solitude plutôt que celui de Cité.
Si les sujets d'un corps politique ne recourent pas aux armes parce que la terreur les paralyse on doit y voir absence de guerre plutôt que paix. […] En outre, un corps politique où la paix dépend de l'inertie des sujets que l'on conduit comme un troupeau uniquement formé à l'esclavage, mérite plus justement le nom de solitude que celui de corps politique.
Ces problèmes de traduction incitent incidemment à se plonger dans ce texte fondateur qu'est Défense et illustration de la langue française (1549) de Joachim du Bellay — une vieille connaissance, dans ces eaux-ci (pas Zola) —, qui écrit notamment, au chapitre VI de son traité :
Mais que dirai-je d'aucuns, vraiment mieux dignes d'être appelés traditeurs que traducteurs ? vu qu'ils trahissent ceux qu'ils entreprennent exposer, les frustrant de leur gloire, et par même moyen séduisent les lecteurs ignorants, leur montrant le blanc pour le noir : qui, pour acquérir le nom de savants traduisent à crédit les langues dont jamais ils n'ont entendu les premiers éléments, comme l'hébraïque et la grecque…
George,
RépondreSupprimerJe ne sais qui était l'anonyme qui était intervenu, mais c'était lui qui donnait la meilleure traduction
Pourquoi y revenir ?
Ce passage -là, je pense qu'il en avait saisi toute la complexité
Désolé, je préfère celle de Moreau, sauf la traduction de civitas par "corps politique" (mais il me semble qu'il s'en explique dans sa préface). Et quand on est aussi nul que moi en latin, on se réfère au maximum de traductions possible pour entendre au mieux le texte original. Et soit dit en passant, je ne décèle aucune complexité dans ce passage, juste quelques difficultés mineures.
RépondreSupprimer