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jeudi 7 août 2014

« Pas tout à fait une perte mince »
(Veinstein, again and again and again…)





Encore une pénétrante analyse de l'ami Viederland, récupérée cette fois sur le forum Regards sur France Culture.

Ce billet répond à quelques uns avec plus ou moins de précision et propose une nouvelle synthèse de l'affaire Alain Veinstein, dont certains pensent qu'il n'aurait même pas été évincé… Par manque de temps, je laisse les fautes de style, orthographe et grammaire — même si je m'en mordrai les doigts un peu plus tard. Merci, et bon courage.

Je trouve globalement dégradant qu'il y ait besoin d'explications de textes, d'analyse critique à l'endroit d'une proposition d'un tel niveau, qui plus est étalée sur trente ans — je parle de feue l'émission Du Jour au Lendemain. Vu la puissance de la liste des invités, personnellement je ne m'y risquerais même pas. Après, libre à chacun de faire la fine bouche quand on leur sert, à travers une forme respectueuse et si dégagée, à ce point anti-spectaculaire qu'elle en devient précieuse et même vitale, des Bernard Noël, Georges Didi-Huberman, Antonio Lobo Antunes, Peter Handke, Michel Butor, Pierre Guyotat, Hubert Lucot, Jacques Derrida, Clément Rosset, Jacques Rancière, Jean Pierre Faye, Jean-Louis Schefer, Pascal Quignard, Hélène Cixous, J.-B. Pontalis, Pierre Bergounioux, François Julien, Jean Clair, Alain Fleischer, Jean Yves Jouannais, François Cheng, Michel Deguy, Charles Juliet, Valère Novarina, Philippe Beck, André du Bouchet, Yves Bonnefoy, Jean-Christophe Bailly, Arnaud Claass, Hubert Damisch, François Bon etc. — la liste est juste ahurissante et d'autant plus parce que nous étions assurés de ces rendez-vous chaque jour que dieu fait. Qu'est-ce que vous voulez analyser à partir de là ? Le plus ou moins de pertinence dans telle et telle remarque d'Alain Veinstein ? Oh, faut se détendre… Encore une fois, la pertinence de l'intervieweur est à juger sur l'ensemble. Or sur l'ensemble, Alain Veinstein et son art de l'entretien ont-ils réellement besoin d'être défendus, y a-t-il encore quelque chose à prouver ? J'en doute. Simple question : peut-on seulement rêver mieux ?

Si quelqu'un me dit : je n'aime pas Cecil Taylor, ou je n'aime pas The Hafler Trio, ou je n'aime pas James Ferraro, je me dis : bon…  Mais si quelqu'un me dit : je n'aime pas Jean-Sébastien Bach parce que c'est "mathématique", je n'aime pas Dostoïevski parce que c'est embrouillé ou je n'aime pas Marcel Proust parce que les phrases sont trop longues, je me dis qu'il me faudra bientôt allumer ma cigarette avec des silex et de la paille sèche. En tous cas, cette maladie ne se traite pas avec des explications de textes — encore que…

Quelle importance si de temps en temps, au lieu de l'excellence habituelle, je dois "supporter" les confessions d'une romancière sentimentale qui nous raconte qu'elle a "toujours écrit" et ce depuis "l'âge de 10 ans" et que l'écriture lui est "vitale" ou de tel autre voyageur prof de lettres à Trifouillis-Les-Oies qui dépeint son amour du "voyage" et sa métaphysique des randonnées en montagne ? Réponse : rien. Inutile de vérifier que la perfection n'est pas de ce monde, on le savait déjà. Si Veinstein radote un peu en déclarant coup sur coup qu'il ne sait pas à quel genre appartient tel ouvrage car celui-ci croise tous les genres — au point que cette distinction si généreusement distribuée (et probablement avec justesse) semble être devenue la règle, ça fait quoi ? Ça gêne qui ? Il y a faute grave ? C'est curieux mais si j'étais tout petit, il ne me viendrait pas à l'idée d'aller tirer la barbe d'un géant. A moins qu'on ne veuille ici rejouer David et Goliath — version fête de fin d'année, entre les gâteaux au yaourt et les sodas à l'orange.

L'occasion de clamer à nouveau que pour certains, Veinstein est un saint auquel personne n'a le droit de toucher ? Ce n'est pas tout à fait ça. Ce qui m’intéresse c'est ce qu'il fait, ce qu'il propose. Il pourrait dévorer ses enfants que ça ne changerait rien à l'affaire. Qu'il y ait eu plus ou moins de pathos dans sa dernière, qu'il aurait pu être plus ceci ou plus cela, ou un peu moins, ou un peu plus à gauche, un peu plus à droite, un peu plus vers le haut, mais du côté opposé à celui dont essaie de parler, je m'en contrefiche. Je comprend très bien ce qu'il dit, c'est déjà pas mal(1). Je ne suis pas du genre à donner des indications : plus fort, plus doucement, pas comme ça, continue. Non. Triple non ! Je trouve juste ça dégueulasse et mesquin, et trop facile. Non qu'il faille aimer ce qui est difficile et pénible, mais c'est là précisément une question de goût, de posture, d'inclination générale. C'est une question d’envergure et de finesse — le muscle et l'esprit, si vous voulez. Aussi, pour chercher des noises à une carrière comme celle-ci, il faudrait en avoir au moins autant (on préférerait un peu plus), à moins de sombrer d'une façon ou d'une autre, dans le "bruit" et l'agitation — fléaux à l'encontre desquels cette émission était justement un rempart, doublé d'une proposition exemplaire : quelque chose qui protège et qui sauve, qui ouvre. Et fantastiquement — pour rappeler tout de même la dimension imaginaire à la source de cette affaire, et je parle bien de source, pas les égouts où ça finit(2). Puisqu'il arrive souvent que, dès lors que nous nous concentrons sur quelque chose, nous oublions cette chose même, jusqu'à la trahir.

Bien sûr, moi aussi je suis curieux, je me demande par exemple comment diable pouvait-il s'entendre avec la productrice de Hors-Champs ? Non que Hors-Champs soit tout à fait déplaisant — avec un choix d'invités un peu plus large, pour le meilleur et pour le pire — mais il serait intéressant de superposer ces deux formes d'entretiens afin de mettre en lumière toutes les erreurs qu'Alain Veinstein n'a jamais commises. Sauf que, par respect pour l'un et l'autre, je ne peux me résoudre à critiquer l'une pour glorifier l'autre. C'est navrant car je ne connais pas d'autre émission France Culture assez proche de la forme Veinstein pour expérimenter la technique du calque. Mais ce n'est pas très grave. D'autant plus que c'est finalement une mauvaise idée que de s'engager dans une bataille d'émissions, car Du Jour au Lendemain est beaucoup plus qu'une "émission" de radio, et cela pour des questions de forme. Une forme pure, presque invisible. Très curieusement, à n'avoir rien voulu inventer, Alain Veinstein a inventé quelque chose : un art de la présence, l'art d'embrasser la nuit, l'art de ne toucher à rien, l'art d'un positionnement idéal, à tous les niveaux : sa voix, ses interventions en demi-teinte, sa capacité, sa disponibilité au silence et une programmation musicale de haute qualité. Il faudrait là développer chacun de ces points, mais je risque de tomber à mon tour dans l'analyse au scalpel, à rallonges surtout. Il y aurait plein de choses à dire, par exemple, sur le rôle du silence, qu'on trouvait là modulé de diverses façons. Sur le soin apporté aux "chutes" dans les entretiens. Sur l'ironie diaphane, le caractère flottant, ou abstrait, des questions posées, etc. Pour le dire autrement — car je le répète, je ne suis pas disposé pour la spéléo — Alain Veinstein aura réussi à marier un tour oriental, au sens de l'épure, d'une position existentielle pétrie de sagesse — aux contenus les plus occidentaux : pâleur cadavérique, conscience plongée dans l'acide, génie narcissique. Il a su trouver une sorte d'équilibre, de symétrie prodigieuse, qui, à se rappeler tout ce que cette seule forme aura su héberger, à mon avis renvoie tout commentaire un peu tatillon, un peu périphérique, dans le registre animal(3). Non que ces commentaires soient nuls mais c'est une question d’échelle : ce qui est mis à l'examen se trouve juste vingt étages plus haut. Donc au delà des émissions de "sens", il y a comme un problème, une incompatibilité dans les proportions.

J'ai donné cette liste énorme tout à l'heure, qui plus est très incomplète, mais dans le projet de la mettre en regard et lui opposer une autre liste, toujours issue du travail d'Alain Veinstein, avec tous les "petits" auteurs je veux dire moins connus ou moins reconnus, dont un très grand nombre m'ont prodigieusement étonné et nourri ou en tous cas fait plaisir. Il faudrait à ce stade une santé littéraire que je n'ai pas pour dépeindre en quelques traits la teneur d'une telle engeance. Ceux qui ont pratiqué cette émission durant des années savent à quel type d'auteurs je me réfère. Les autres, ceux pour qui Du Jour au Lendemain est juste une émission de radio n'ont sans doute pas besoin de le savoir, étant dotés d'un intérêt très relatif aux projets de tels auteurs(4). C'est là un autre tour force, d'avoir su à ce point remuer la terre comme un bulldozer, porter sur le devant de la scène un nombre aussi grand de travailleurs obscurs. D'ailleurs, on ne cesse de citer Veinstein par-ci, Veinstein par là, alors que ce sont principalement tous ces auteurs dont nous sommes désormais privés, ce sont eux qui sont mis à la porte pour un "place aux jeunes" et "les bonnes choses ont une fin" et "tu peux me prêter dix euros je te les rends le mois prochain" et autres bêtises sorties des cerveaux les plus abrutis — je devrais dire "décadents". Puisque ce décret me semble aussi bête, aussi méchant que celui de fermer les écoles, juguler les forces à l’œuvre pour l'éducation, en serrant les cordons de la bourse. Je le redis donc clairement : avec son sens de l’accueil, de l'effacement, ce n'est même pas Alain Veinstein qu'on a décidé de bâillonner, ces sont des centaines et des centaines d'auteurs, écrivains, essayistes, chercheurs, poètes, artistes, critiques.

Le 14 juillet au soir, toujours au travail dans une chaleur de plomb, je lève le nez de mes schémas à cause des déflagrations dans le ciel de la ville. Je cours chercher l'enregistreur en me prenant les pieds dans les câbles avec le dessein de réaliser sur le tas une capture audio des explosions les plus belles. La bonnette étant réalisée à partir d'un nounours découpé au cuter, la prise n'est pas gagnée. Sauf que : la tête dans la lucarne, je m'aperçois et je me re-souviens qu'une bande de sinistres andouilles ont eu la super idée de transformer les traditionnels feux d'artifice en son-et-lumière — traduction : démagogie à tous les étages, goût immonde, musique insultée au troisième degré, magie gâchée, bêtise, argent perdu (service public) comme si les billets avaient été enfoncés dans une crotte. Sans penser pour autant que toute l'époque se roule dans la boue avec un rire gras ou des mines paranoïaques, qui n'augurent rien de bon, j'ai juste remarqué que ces petites blessures quotidiennes, il me faudrait désormais les affronter sans la perspective et l'assurance des trente-cinq minutes de poésie nationale. Ce qui n'est pas tout à fait une perte mince. Sans compter la prise de son, dont on aura deviné qu'elle est inexploitable, elle n'a même pas eu lieu (à cause du rap)…

Dans le même registre, on fait plus de cent kilomètres hier après-midi pour aller flasher une EEPROM au fin fond de la campagne — l'occasion de vérifier à nouveau, une fois de plus et malgré nous, que la FM est une poubelle… Ce sont deux choses différentes, que le savoir et être forcé de le vérifier. Et pourquoi cet état de choses, alors que des centaines de projets pertinents sont impossibles en France ? L'équation est la suivante : la daube plaît et rassure, le public est crétin : continuons de l'abrutir et de le flatter. J'ai fait de gros chantiers de bâtiment et j'ai pu le vérifier : plus c'est con, plus ça plaît. De toutes façons, on peut le vérifier n'importe où : dans les boutiques de vêtements, dans le car-inter régional, au supermarché, à la banque. Or, à qui devons-nous les bases de ce monde enchanté ? Probablement à une petite poignée de décideurs, avec des postes à "responsabilité" — qui ne connaissent bien entendu rien à l'art — et dont la "responsabilité" est en fait, à mes yeux, une série de décisions juste bonnes se se taper la tête contre les murs, une série d'actions plus malpropres que celles dont les effets mènent nombre de personnes en prison. En clair : pire que des voyous, et très largement. Dans un tel contexte, dégager Veinstein, c'est juste écœurant, c'est la honte, c'est scier la branche sur laquelle nous sommes assis. Puisse autant de honte, autant de graisse autour du cerveau, étouffer leurs auteurs, hanter leurs nuits mesquines et dépeuplées. Il y a quelque chose de pourri, au Royaume de la Radio.

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1. A propos de cet imaginaire à l’œuvre dans les forces créatrices, il faut rappeler la diversité des disciplines traitées par les ouvrages librement commentés : de la psychanalyse à la poésie, du théâtre à l'analyse sociale, du roman à la critique d'art, de la photographie aux ouvrages historiques, aux thèses d'université, de tout poil, devenues des livres. Et là, subterfuge de la production ou génie d'Alain Veinstein, on demeurait toujours dans une belle illusion, un agréable sentiment d'omniscience de la part de l'intervieweur. Vrai ou faux ? importance zéro.

2. On va dire qu'il est facile ou peu de choses de placer un bel exergue, n'empêche que la citation de Plutarque, issue de L'art d’écouter est si belle et surtout, une fois de plus, si nécessaire et si bien placée car à contre-courant de tout ce dont le société meurt à petit feu, qu'à elle seule elle justifie et fait fructifier dans le bon sens tout l'argent du "service public" dont il a été fait mention dans les billets précédents (du forum, NDGWFW). Si tant est qu'on ait pris le temps de méditer un peu la résonance de cet exergue.

3. Certains ont même jugé bon de dépasser le commentaire critique pour un questionnement digne d'un interrogatoire : Veinstein aurait menti en décrivant sa dérive nocturne autour des studios, mais que ferait-il à ces heures quand ses émissions sont depuis longtemps enregistrées la journée ?! Déjà, on savoure la puissance de l'angle de vue, dont cette question est le précipité. Là c'est plus de la géométrie, c'est carrément de la 3D, avec lampe dans la gueule, menottes au radiateur et coups de bottins. Que faisiez-vous à minuit autour des studios ? La question qui tue, quoi ! Toute le monde tremble, l'honneur d'un homme est en péril. Les gens ferment les volets, on se dépêche de rentrer chez soi, c'est la terreur. Tout le quartier est bouclé : on a une remarque pertinente qui vient de tomber sur un forum. Bien, trêve de rhétorique : en guise de réponse à ce commentaire confondant, je vais vous raconter un petit truc. Je fais de la programmation et de la création radiophonique depuis 1997 et ce jour après jour — c'est-à-dire pratiquement sans aucune pause, mais on s'en fiche. Or, quand les conditions ne sont pas réunies pour se permettre un direct, le "direct" a lieu hors-antenne, en prévision d'une diffusion future, avec les commodités que cela suppose, retouches etc. Aussi, quand le travail est enfin diffusé, non seulement il se révèle à cet instant, mais encore, on se dépêche d'aller l'écouter DEHORS : allongé dans l'herbe, au casque dans un café, en voiture devant le coucher de soleil ou sur la plage, sous les étoiles. En terme de logique pure, la description de ce processus n'invalide en rien la super-question comme sa super-conclusion mais elle vient la troubler par le côté. Cela va sembler tautologique mais le différé se change en "direct" au moment même où il est diffusé. C'est vraiment comme la photo qui apparaît dans le bac du révélateur. Quand vous pleurez sur un morceau des Beatles, vous ne vous ne pensez pas à l'aiguille qui grattouille les sillons (à remettre dans le bon sens). Vous ne vous dites pas non plus : ma platine est en train de me mentir. Au pire vous pouvez penser : ma platine est en train de me raconter une drôle d'histoire. Tout cela pour dire qu'on ne sait pas ce que fabrique Alain Veinstein au moment où ses émissions se voient diffusées pour la première fois. Qu'il soit là à rôder ou pleurnicher au pied de la Maison de la Radio, et pourquoi pas ? Et le champagne dans le taxi, vous y avez pensé ? Alain Veinstein peut bien raconter ce qui lui passe par la tête, sans forcément se payer un contrôle d'identité (on pense à Ferré). Alain Veinstein ne vous a pas piqué votre porte-monnaie, votre sac-à-dos, alors quoi ? Il est où le mensonge ? Vous avez-vu ce qu'il en reste de votre mensonge ? Il serait plus utile pour tout le monde de travailler directement sur l'origine du ressentiment, lequel vient tout salir et tout embrouiller. En d'autres termes, il serait plus utile de vous ouvrir — comme a justement fait quelqu'un à qui je pense. Vous devriez savoir que le symptôme n'est pas la maladie. Et si on a tous le droit de se planter, faut éviter de planter les autres avec, pour des raisons obscures.

4. Je pourrais et je devrais citer quelques auteurs et quelques contenus mais je ne trouve pas le temps d'aller rechercher dans les archives, ayant pourtant plusieurs auteurs précis en tête, dont justement j'ignore totalement les noms, car ce ne sont pas des Pascal Quignard ou autres grandes figures. Hier soir, c'était encore, par exemple, Joël Roussiez. En effet, je profite au compte-gouttes, avec une parcimonie calculée, des derniers podcasts que je n'ai pas encore écoutés. On s'arrange comme on peut dans un monde où le trop fameux "spectacle" gagne chaque jour un peu plus du terrain. Naturellement : pour le bonheur de tous.

6 commentaires:

  1. «Nous étions assurés de ces rendez-vous chaque jour que dieu fait», voilà qui exprime assez le deuil de Viederland l'inconsolé.
    Veinstein est réellement mort, assassiné en direct. Les «centaines d'auteurs, écrivains, essayistes, chercheurs, poètes, artistes, critiques» lui survivront (ou pas), tout comme ses auditeurs. Il n'y a pas qu'au "royaume de la radio" qu'il y a quelque chose de pourri.
    Quant à considérer qu'«on s'arrange comme on peut dans un monde où le trop fameux "spectacle" gagne chaque jour un peu plus du terrain. Naturellement : pour le bonheur de tous», il faut corriger : le spectacle ne gagne pas chaque jour du terrain ; il est l'essence même de cette société, pour le malheur de tous, y compris Veinstein et Viederland.
    A bas le spectacle !

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  2. Cher Fred. Nous travaillons chaque jour, avec des moyens relativement puissants, à invalider les hypocrisies, les vanités du spectacle. Il ferait beau voir que malgré cela nous en soyons les dupes.

    Il faudrait là un long poème disant comment nous lui envoyons des messages vides et des codes propices à une certaine déprogrammation, mais je n'en trouve pas la force. A vrai dire, j'écris avec trop de peine pour céder à la tentation d'écrire sur les blogs - si honorables soient-ils.

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  3. Note, après un café au soleil

    J'ai pas mal hésité mais au retour du "café pédés", remontant la rue Flandres-Dunkerque, j'ai finalement fait une photo, toujours de l'argentique, fin de pellicule sur le F3. Bien qu'il s'agisse d'une redite, au long sortir de mon univers, peut-être une belle redite, car elles ne le sont pas toujours, j'y ai pris bien du plaisir, le plaisir de la lumière et de la composition, comme d'autres ont pu parler du plaisir du texte. Mais ce à quoi j'ai pensé sur le moment, c'est moins le résultat comme image que la beauté du geste, la beauté du corps juché sur une matière impossible et dans une position impossible sauf pour un gymnaste ou pour les arts du cirque et tout ça pour une image d'une pureté formelle, d'un équilibre et d'un classicisme presque insolents. En somme, je voyais l'image très classique, dans sa majesté classique et sa lumière imparable, sa matière toute parée de fluides inattendus, et je me voyais du dehors, je me voyais de haut - surtout avec cette belle chemise, qui ne compte pour rien dans l'histoire ... et je pensais que si jamais un jour je surprenais un corps à ce point travaillé par un but formel, avec les racines cachées qu'une telle position suppose, je me jetterais à ses pieds.

    Note sur la note : je l'ai décrit comme classique mais la photo est même d'une banalité fort dangereuse. L'occasion de préciser que pour un grand artiste (et ce n'est justement jamais le cas pour tous les autres) non seulement il n'y a pas de "mauvais sujets" mais celui-ci ne craint pas plus d'embrasser les "clichés" que de s'aventurer dans les audaces formelles les plus impénétrables ou les plus compliquées - l'abstraction l'emportant presque toujours sur la figuration, le style sur le propos, le climat sur l'endroit. Il sait aussi qu'il aura de toutes façons le bénéfice de la paix comme celui des grands espaces, puisque l'une et l'autre directions resteront pour un bon moment lettre scellée aux yeux d'une époque sourde à toute œuvre qui ne la flatte d'une façon ou d'une autre, ne serait-ce qu'en la critiquant de plein fouet ou lui faisant diversion avec un pas de côté - et un seul.

    Note sur la note de note : ma compagne ayant ses mots à elle, c'est elle qui a lancé, alors que nous hésitions sur la direction à prendre - allez, on va au "café pédés" - éludant le déterminant. Aimant aussi les bizarreries je l'ai reproduit tel-quel, dans une note qui est d'ailleurs un fragment de lettre.

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  4. De l'utilité d'Internet comme régulateur social : "A vrai dire, j'écris avec trop de peine pour céder à la tentation d'écrire sur les blogs - si honorables soient-ils."
    Eh oui, et pour autant on écrit (et plutôt long que court) sur des blogs.
    Que ne faut-il faire pour se sentir exister dans la société du spectacle !

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  5. Diable, le "on" que vous tentez de cerner n'écrit pas sur les blogs. Je ne suis sorti de ma tanière qu'en réaction à l'affaire Veinstein. Si vous laissez le "spectacle " vous hanter, vous lui faîtes trop d'honneur.

    Certes, c'est un concept obsédant, mais les données du problème ont peut être un peu changé depuis les années 70 ? Je ne sais pas. Je pense justement à autre chose ...

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  6. Vous lui donnez trop de pouvoir, ce que je voulais dire.

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