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samedi 5 juillet 2014

Quand culture rime avec censure



On a appris avec pas mal de dépit voici une dizaine de jours, par un entrefilet dans Télérama, que l'un des derniers piliers historiques de France Culture, un de ceux qui avaient contribué à forger l'esprit des années d'or de la chaîne (1975-1999), Alain Veinstein, était limogé sans ménagement : l'émission Du jour au lendemain  qu'il avait enfantée voici presque trente ans, en septembre 1985, ne sera pas reconduite à la rentrée 2014.
Pourquoi ?
La direction avait d'abord avancé des raisons d'âge — Veinstein approche les 72 ans, l'âge de la momification, non ? et sans doute sur le point de sucrer les fraises — mais en fait, non (sans doute s'est-on rappelé que Juppé compte se présenter en 2017 ?), question de budget : contraction l'an prochain.
Bon sang mais c'est bien sûr ! d'autant que deux micros dans un studio avec un technicien aux manettes, c'est sans doute l'émission la plus coûteuse de cette chaîne qui ne regarde pas à la dépense lorsqu'il s'agit d'envoyer des journalistes à l'autre bout du monde pour des émissions spéciales !

Coup de pute sur le gâteau : Veinstein, apprenant cette poignarderie à la Iago, modifie la programmation de l'émission de la nuit du 4 au 5 juillet — qui sera donc la dernière — pour proposer un ultime opus, seul pour la deuxième fois en 29 ans (la première, c'était ici, magnifique hapax).

Mais il a commis l'erreur d'annoncer la chose dans un billet de présentation de l'émission, ceux de la haute ont fait dans leur froc et nous ont balancé en lieu et place une banale rediffusion rassurante, sans bien évidemment rien annoncer aux auditeurs plus attentifs qu'attentistes — « Rien à branler de ces connards d'oreilleux ! », doit-on se dire dans les sphères de la Maison Ronde…
Allez boum ! Censure directe, à sec avec du sable !

Bon, pfff…, encore une histoire lamentable qui témoigne de la beauté fulgurante de notre époque ; rien à ajouter en fait à ce qu'a déjà bien mieux dit l'ami Fañch sur son excellent blogue (et l'on peut aussi se rapporter à ce fil de discussion).

Mais fouchtra ! il va sacrément me manquer, ce passage du jour au lendemain, et ces « Mmmh » qui suggéraient tout !

Note du mardi 8 juillet : Je suis tellement fumasse que du coup j'ai rédigé une pétition (moi qui ne vote jamais !) :

Signer la pétition : Contre la suppression de Du jour au lendemain, le limogeage d'Alain Veinstein, et les dérives de...

Note du mercredi 9 juillet — La station a fini par se décider à mettre en ligne l'émission censurée, avec une note censément explicative :




« La direction de France Culture a considéré que le dernier enregistrement d’Alain Veinstein ne correspondait pas au cahier des charges de cette émission et au contrat qui nous engage de part et d’autre: il n’appartient en effet pas à un producteur d’une chaîne de consacrer l’intégralité de son programme à sa propre situation personnelle. », tentent-ils de se dédouaner : ah bon ?
Alors pourquoi ont-ils laissé passer sans sourciller l'émission du 17 septembre 2005 ci-dessus rappelée en lien ?
Et puis, soit dit entre nous, cahier des charges, ça fait juste qu'à chier des rages

Note du jeudi 10 juillet : Ultime (?) revirement dans ce ballet minable, la station a finalement retiré de la page du site sa ridicule présentation (fautive de surcroît puisqu'ils s'inquiétaient faussement de créer « des précédents »…), et bien sûr, impossible d'écrire un commentaire là-bas.
Heureusement que l'ami Fañch a eu hier la présence d'esprit de le recopier sur son billet de clôture de cette triste affaire :

« Les auditeurs de Du jour au lendemain du vendredi 4 juillet 2014 ont entendu la rediffusion d’un entretien d’Alain Veinstein avec Pierre Lemaître.

La direction de France Culture a considéré que le dernier enregistrement d’Alain Veinstein ne correspondait pas au cahier des charges de cette émission et au contrat qui nous engage de part et d’autre: il n’appartient en effet pas à un producteur d’une chaîne de consacrer l’intégralité de son programme à sa propre situation personnelle.

Considérant qu’il s’agissait là d’un plaidoyer qui n’avait pas sa place sur l’antenne, au risque de créer des précédents injustifiables dans le cadre du service public, nous ne l’avons pas diffusé.

Mais en raison du lien particulier et amical qui nous lie à Alain Veinstein et à son travail radiophonique sur France Culture, et ne voulant pas priver les fidèles de Du jour au lendemain du témoignage de son producteur, nous rendons librement accessible à tous l’enregistrement original. La direction de France Culture »

——————

En complément, l'article d'Amaury da Cunha paru dans Le Monde daté 6-7 juillet 2014 :

C'était un rendez-vous nocturne, incontournable pour les amateurs de littérature, de radio, de silences et de confidences. A minuit, sur France Culture, du lundi au vendredi, depuis 1985, Alain Veinstein incarnait la voix intime de l'intervieweur dans son émission « Du jour au lendemain ». Petite musique de jazz en préambule, lecture d'un extrait de l'auteur invité, l'échange pouvait commencer. Vendredi 4 juillet, cette aventure s'est achevée.
Avec une voix suave et mélancolique, Alain Veinstein, homme de radio, mais aussi poète, prenait son temps. Pas question de précipiter ou de provoquer artificiellement les choses. Dans son studio feutré de la Maison de Radio France, il a reçu 6 800 écrivains, des plus notables (Marguerite Duras, Pascal Quignard…) aux plus confidentiels. Parce qu'il inspirait la confiance et l'amitié, il a réussi à convaincre les plus secrets d'entre eux – comme Louis-René des Forêts – à s'entretenir avec lui.
Car, dans ce face-à-face, il ne se posait jamais en critique dépositaire d'une quelconque autorité littéraire. Il restait à l'écoute, à distance ; sans jamais vouloir prendre le dessus sur l'échange. «A la radio, l'exigence se partage entre l'autre et soi. On n'imagine pas le trapéziste sans le porteur », écrivait-il récemment sur Twitter.
Quant à sa technique d'intervieweur, elle reposait sur des questions qui plaçaient toujours l'écriture sur le fil de la vie, mais aussi sur des silences, comme des « amorces de réponses », selon les mots de son ami Yves Bonnefoy.
Fin juin, la direction de France Culture a décidé de mettre fin à l'émission pour des raisons de restrictions budgétaires. « Ce fut un coup brutal, mais je m'y attendais, explique Alain Veinstein. L'an dernier, on m'avait déjà souligné mon âge. Encore un an, monsieur le bourreau, avais-je demandé ! »
Pour sa dernière émission, à 71 ans, Alain Veinstein avait choisi d'être seul, face à lui-même. Comme s'il reprenait la parole après l'avoir donnée aux autres pendant toutes ces années. Vendredi, à minuit, dans une émission préenregistrée, on aurait dû entendre les derniers moments de « Du jour au lendemain », rebaptisé pour la circonstance en «  Du jour sans lendemain ».
Pendant les trente-cinq minutes de cet enregistrement, Alain Veinstein se lançait dans un étrange et émouvant monologue : fustigeant la violence du monde de la radio, tout en rendant hommage à ces grands moments de conversations enregistrées.

« Censure rare à la radio »
C'est un homme brisé qui s'est exprimé, soudain privé de ce rendez-vous de minuit qu'il avait fini par identifier à sa propre vie. Mais, une heure avant la diffusion de cette émission, Alain Veinstein a reçu un mail d'Olivier Poivre d'Arvor, le directeur de France Culture, lui expliquant qu'elle n'aurait finalement pas lieu : « Nous avons écouté l'émission de ce soir, et nous avons décidé de ne pas la diffuser. (…) Outre qu'elle ne correspond en rien à l'objet de ton émission, elle ne te rend pas hommage. Trente-cinq minutes de récits subjectifs, et de discussions internes ne regardent en rien l'auditeur. »
Pour Alain Veinstein, stupéfait, cette décision est un choc supplémentaire : « Une telle censure est rarissime à la radio, confie-t-il. Je n'ai rien fait de mal, je n'ai fait que tirer un trait sur vingt-neuf années d'émissions. »

Et un extrait de la dépêche AFP du 5 juillet :

France Culture a fait valoir que la radio « s'était entendue avec Alain Veinstein sur l'arrêt de son émission depuis plus d'un an » et que « ce dernier avait accepté le principe d'un nouveau rendez-vous annuel de 40 émissions pour la grille d'été » de 2015. « Nous en étions à convenir des modalités de cette nouvelle collaboration quand Alain Veinstein a choisi de rompre le contrat et de transformer la dernière émission de Du jour au lendemain — censée accueillir un écrivain — en un monologue de 35 minutes sur sa propre situation professionnelle », ajoute la station. « Une radio de service public n'est ni une antenne privée, ni le lieu de plaidoyer pro-domo, et ce pas plus pour Alain Veinstein que pour aucun d'entre nous (...). Assurer le renouvellement des générations à l'antenne, c'est aussi conforter l'avenir de France Culture », poursuit-elle.

Note du 19 juillet : Amos M. Reichman a publié hier une belle tribune sur le site du Nouvel Obs : « France Culture, tu  fais mal à mes nuits »

38 commentaires:

  1. Vous eussiez du citer, à cette occasion, le mot ignoble que lui adressa in fine l'infâme Poivre d'Arvor, son maître...

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  2. Ça arrive, ça arrive, cher Moine, mais je suis pas mal en bisbille avec Blogueur en ce moment (il m'a déjà fallu batailler 24 h pour poster le présent billet…)
    Cela dit, je ne doute pas que malgré son âge et vos ressources musculaires Veinstein vous en collerait une direct s'il vous entendait nommer le minable Poivrinet son "maître"…

    Au fait, j'espérais bien vous croiser aux Condos, la semaine dernière : vous manquez à tous vos devoirs, mon cher…

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  3. Ce n'est pas manquer de respect aux prolétaires, par exemple, que de leur reconnaître des maîtres patronaux, dont ils rêveraient - pour certains d'entre eux - de se débarrasser...

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  4. ♪♬ ♪ Je vous dirai, le Moine Bleu, les mots qu'on dit avec les yeux ♫♩♬ :
    Voilà qui est fait, et ça n'a pas été sans mal.
    Qu'est-ce qu'ils sont sympas, ces indépendants de l'AFP !

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  5. Brouf ! Désolé : chevauchement de commentaires.

    J'opine évidemment à vos derniers propos, cher Moine, mais concédez que s'agissant de Veinstein (qui n'a rien d'un prolétaire) le terme "maître" évoque plutôt "maître à penser", ce qui paraît à tout le moins ridicule…

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  6. Très bien, mais il manque la fin du film : où se trouve donc le mot infâme ?

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  7. Et Veinstein qui, en 2005, pensait, prévoyait que l'émission s'arrêterait faute de combattant. France Culture aura eu raison de son combat. Argh !

    ArD

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  8. C'est vrai, ArD, mais en même temps il nous donnait rendez-vous en… 2025 !

    Viederland, le mot infâme c'est le mèle que Poivrinet a envoyé à Veinstein une heure avant l'heure prévue de diffusion de l'émission et dont l'article du Monde donne des extraits.

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  9. Bon, les vieux tromblons de la radio ont du mal à prendre leur retraite (Mermet, Veinstein…) – ils espéraient sans doute mourir à l'antenne ou être éternels ?
    Malgré leur talent, ils doivent aussi reconnaître qu'ils ne sont que des employés qui peuvent être licenciés sans ménagements lorsque le patron l'estime bon. C'est un scandale ? Il y en a d'autres plus fumants mais on sait que l'auditeur fidèle est un sentimental qui pleure ces départs comme une part de sa jeunesse disparue…

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  10. Eh bien, derrière cette rhétorique de comptoirs, améliorée pour la circonstance, où est l'idée ?
    A moins que " on s'en fout + c'est pas grave" avec un peu de "c'est normal" et peu de "ils l'on bien mérité" ne constituent les seules idées de ce billet.
    A moins que les idées reçues et la sociologie de midinette ne soient aussi à considérer comme partie intégrante de ce curieux message ?

    Par réserve, par respect (?) et par économie des énergies précieuses, on évitera l'analyse en règle, le démontage pièce par pièce de ce charmant commentaire : il s'agit surtout d'éviter absolument le plaisir malsain qu'on risquerait d'y prendre, glissant fatalement d'un simple échange critique à un combat déloyal et disproportionné.

    Extrait de la source Wiki : En anglais, le tromblon (« blunderbuss ») est devenu une expression pour désigner une habileté au tir imprécise dans n'importe quel domaine, et le mot lui-même désigne également une personne maladroite ou stupide. De même, le nom « blunder » veut dire « gaffe » et le verbe « to blunder » se traduit par « gaffer ».

    Portrait craché d'Alain Veinstein ...

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  11. N’importe quel esprit quelque peu averti sait comme Veinstein qu’un jour il lui faudra passer la main (« Ce fut un coup brutal, mais je m'y attendais, explique Alain Veinstein. L'an dernier, on m'avait déjà souligné mon âge. Encore un an, monsieur le bourreau, avais-je demandé ! ») ; on peut certes chercher à gagner du temps, c'est humain, mais de là à oublier, à refouler cette échéance, c’est assez pathétique…

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  12. "N’importe quel esprit quelque peu averti sait comme Veinstein qu’un jour il lui faudra passer la main " Essayez de dire ça à un poète ... C'est à la base qu'il y a un truc que vous ne semblez pas saisir. De même que vous croyez sans doute m'entendre avancer ça parce que Veinstein fait aussi des livres, alors que pas du tout. Dans le domaine artistique, voire plus large, il existe un phénomène comparable au mur du son : quand vous franchissez un certain stade (disons de qualité) ça fait BAM. Un gros BAM - et là, vous explosez le genre, vous transcendez la catégorie à laquelle vous demeurez pourtant rattaché - du moins aux yeux des esprits épais. Vous confondez Alain Veinstein avec le bruit ambiant, le tout venant des actions humaines, dont la radiophonie fait partie.

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  13. Bon, Veinstein est un poète qui transcende le genre radiophonique, soit.
    Mais alors il n'y a d'autre issue pour Veinstein que de quitter l'antenne à sa mort puisque manifestement "il avait fini par identifier son émission à sa propre vie" (dixit le journaliste du Monde) ?
    On lui souhaite une fin moins évidemment misérable…

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  14. Et moi je trouve misérable de confondre sciemment vocation et déchéance. Surtout que le cas échéant, Alain Veinstein me semble en pleine santé sur le plan de son travail. D'ailleurs, d'où vient cette idée d'aller ramener le temps dans cette affaire ? Et quel temps d'abord ? Celui de la trotteuse ? Ce sont tous vos présupposés qui ne vont pas, qui ne s'expliquent pas. Prochaine fois, commencez par le début.

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  15. 71 ans est un âge incontestable, et Veinstein est mortel, comme vous ou moi.
    Mourir pour le micro, c'est le sort le plus beau, le plus digne d'envie… selon l'auditeur fidèle, sentimental et esthète, évidemment. (Ah, c'est sûr, il faudra qu'il trouve dorénavant autre chose à faire vers minuit…)
    Veinstein a eu une vie avant France-Culture, il en aura une après, qui peut en douter ?

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  16. Ok. Derrière un message décidément peu clair (à supposer qu'il existe) c'est bien le ressentiment qui s'exprime.
    Nuisance pure, déguisée en message. On vous laisse avec Guy Lux et Fort Boyard - dans un monde que vous seul avez décidé de couper en deux.

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  17. Vous croyez qu'Alain Veinstein va être remplacé par Fort Boyard ? amusant mais peu vraisemblable…
    Les cimetières sont remplis d'hommes irremplaçables, c'est bien connu.

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  18. Dommage, José : vous ne semblez pas idiot, loin de là, mais vos commentaires sur ce sujet sont complètement déplacés : ça vous amuse, de tirer sur l'ambulance ?

    Cette émission était à mon sens un joyau quotidien, mais libre à vous de préférer les Grosses Têtes… (ah non, pardon, c'est fini aussi, reste plus que Pécuchet !)

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  19. Nulle raison de désespérer !
    Orphelin des "Mmmh..." de Veinstein, il vous reste, cher George, les "Mouaiiiiis" du Dr de Beaulieu.

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  20. À George
    Pécuchet aussi, c'est fini depuis le "Dictionnaire des idées reçues" du même Flaubert et depuis cette "Exégèse des lieux communs" de Léon Bloy.
    Je ne pointais ici que l'inconscience d'Alain Veinstein qui avait tous les moyens de partir en pleine gloire sous les applaudissements et regrets mérités du public mais qui a préféré sortir par la petite porte (en suivant le même chemin que son épouse Laure Adler ?). Tout le monde n'a pas le talent de sortir de scène avec panache (c'est même devenu un trait de l'époque).
    C'est d'autant plus regrettable qu'Alain Veinstein a actuellement en face de lui des dirigeants suffisamment nuls – mais non, il ne veut rien comprendre ; il tient à ses habitudes ou ne vit plus que pour elles…
    Question subsidiaire : d'où tirez-vous – dans ce que j'ai écrit – mon goût supposé pour ces "Grosses têtes" ?
    C'est toujours la même chose, il faut que ceux qui ne sont pas d'accord avec vous, vous prêtent des goûts que vous n'avez pas : ça les arrange, car ainsi ils croient vous abaisser. Pourtant, cette technique en dit toujours plus sur celui qui l'emploie que sur le contradicteur (qui s'est bien amusé !).

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  21. Je ne commenterai pas la façon de partir de Veinstein. Mais je crois que je suis comme les copains : je n'avais pas envie que ça s'arrête, c'est tout. Et l'âge ne fait rien à l'affaire ni toute autre raison. C'était une émission plaisante et je regrette que les raisons invoquées par les gens qui tiennent cette radio pour le virer soient si minables.

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  22. En réponse à José : en effet, Alain aurait pu se montrer un peu plus combatif, surtout qu'il existe aujourd'hui un tas de moyens pour se faire entendre à peu de frais. Après, on ne peut pas être bon partout. Qu'on déplore cette sortie par la petite porte, d'accord, mais de là à tomber dans le mépris ... Du reste, qui sait si Veinstein n'est pas en train de préparer quelque chose pour faire entendre sa voix, suite à cette affaire de censure ? Je crains cependant que pour assurer sa pérennité à Radio France il préfère ne rien faire.

    Autre chose : pourquoi vouloir toujours exiger de l'autre qu'il soit autre chose que ce qu'il est ? Si je puis reconnaître une série de conséquences fortes à ce travers, ce mouvement originel, celui-ci comporte aussi son versant le plus sombre, où à force de trop vouloir le bien, le mieux - la réalisation de l'homme total - on finit par tout détruire, tout pervertir, sans même s'en rendre compte.

    Enfin, il ne faut pas oublier qu'il nous manque peut-être voire très probablement quelques éléments clefs sur toute cette histoire. Certes, il y a des faits, mais dans un contexte dont on sait finalement assez peu ...

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  23. La direction de France Culture a mis en ligne l'émission censurée, avec un petit mot d’explication !

    Lien ici : http://www.franceculture.fr/emission-du-jour-au-lendemain-du-jour-au-lendemain-4-juillet-2014-2014-07-05

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  24. À l'écoute de cette émission, que dire ? Alain Veinstein confirme tout ce que nous pouvions penser de son refus de comprendre que le temps, lui aussi, passe, et qu'il faut avoir l'intelligence et la finesse de savoir sortir de scène au juste et bon moment, en tout cas avant que des patrons vous l'imposent après vous en avoir averti.
    Le pire étant quand Veinstein identifie son sort au destin du livre, de la littérature dans cette société…
    Bien sûr, Veinstein est un excellent intervieweur – il le prouve encore dans cette émission mais quelle incapacité pathétique à envisager sa propre fin : il se croyait donc éternel – sans honte ?

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  25. Comme l'écrivait Viederland avant-hier, José, « c'est à la base qu'il y a un truc que vous ne semblez pas saisir. »

    Vous n'entendez même pas quand Veistein déclare lui-même que ce rendez-vous de minuit comptait en effet tant pour lui qu'il avait fini par l'identifier à sa vie, ni l'auto-ironie dont il fait vaillamment preuve lorsqu'il évoque "la bonne dose de pathos qu'appelle pareil adieu".

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  26. Si, si j'entends bien, même quand Alain Veinstein identifie la fin définitive de son émission (après 29 ans) à la mort, à sa mort… cela s'appelle de l'aliénation, comme on pourrait le dire de n'importe quel travailleur qui n'imagine même plus comment il pourra vivre après son licenciement (et celui-ci a encore une bien juste excuse à son angoisse car lui n'a à espérer aucune retombée de fric comme peut l’attendre ce producteur à France Culture après une telle carrière).
    La suppression de cette émission est révoltante ? Eh bien, que les auditeurs de France Culture se révoltent ! mais alors autrement que par une pétition aussi dérisoire qu'un vote.
    La question n'est donc pas entièrement dans la fin de l'émission de Veinstein (dans des conditions contestables certes et pourtant inéluctable à terme) mais surtout dans l'émotion qu'elle suscite chez l'auditeur fidèle par la rupture que cette fin soudaine provoque dans ses habitudes. Le voilà fumasse : son confort auditif, intellectuel, émotionnel est brutalement rompu – plus de rendez-vous autour de minuit sur France Cul… va falloir trouver autre chose… saloperie !

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    Purtroppo, penso che il sentimento è condiviso da molti José perché il vecchio si rifiuta di andare in pensione? Per scoprire un sacco di altre reazioni, più odiosi, in particolare su un forum notizie di Orange, ho pensato che non deve guardare lontano per spiegare questi punti di vista. E 'stato criticato per Veinstein è la sua stessa salute obnoxiously accoppiato con qualcosa che penso è parte di uno stato artista, uno status che è così sciolto, e con materiale superbo, un semplice produzione radiofonica, e non ha nulla a che fare con l'esercizio di una professione nella società hanno un posto assegnato, con una funzione chiara. Tuttavia, il risentimento dell'artista è abbastanza chiaro, è accompagnato da un odore, un clima che non manca mai - quando sappiamo intimamente il funzionamento di tale processo. Tuttavia, qualsiasi uomo che non ha avuto il coraggio di proprio questa missione cercherà di negarlo, la parte superiore di tutta la sua ignoranza e spesso con una certa malizia. Questa è la rabbia egualitaria disegnato contro il mistero elitario - di default elitario. Da questa premessa, le proteste sono primari: Perché non sa quando smettere? Perché non lascia spazio per gli altri? Perché lavorare ancora? E qual era il suo stipendio? E crede radicata? E crede proprietario? E perché non ha commesso? E perché non conosce la moglie influenza a tempo così e così? José va oltre, dicendo che se lui viene licenziato, è un giusto compenso per il suo ritiro. Come se l'artista deve necessariamente essere commesso. Beh, no, a volte non possono o non vogliono. È già abbastanza brutto a proporre e opporsi ad un lavoro per l'anarchia del mondo, non può essere tutto o René Char Benjamin Peret.

    Ma comunque, prima ancora che questi problemi sorgono, la maggior parte degli interessati non vedono gli anni luce che separano l'emissione Alain Veinstein di qualsiasi altra proposta sotto lo stesso supporto. Almeno prevedono abbastanza per produrre sia bile o negare del tutto. Ma è proprio questa distinzione positiva (l'inaudito di una proposta radio) che mi fa scrivere e combattere nel vuoto. Perché noi non sappiamo chi sono, ma se si potesse sapere il mio discorso anche incredibilmente strano se troviamo che alcuni postulata come Antonin Artaud in parte o Loreal ha cominciato a raschiare Bingo di pay TV. Chiaramente, il lavoro Veinstein è così profondamente legato alla letteratura e alla poesia, vale a dire, dall'inizio alla fine e sotto il segno di una perfezione formale raro che mi costringe fuori dal mio buco per le reazioni "a caldo", che io normalmente odio - soprattutto quando si hanno più di sgranocchiare a rispondere sciocchi, per cui la forma è una busta - o un problema di secondo ordine. Mentre, naturalmente, sappiamo altro tempo è - si obbediente ad una dialettica più complessa, che a sua volta attivato, ecc, ecc. Ma perché guadare per un pubblico che mette sullo stesso piano Duteil e Stéphane Mallarmé? - E questa volta probabilmente in grado di godere e l'uno e l'altro.

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    Per quanto riguarda la questione censurato, impariamo soprattutto Alain Veinstein non ha mai avuto l'intenzione di finire i suoi discorsi. Deve spiegare per neonati e spiriti maligni che aveva mille volte la tentazione "a se stesso," per se stessi? Non lo so, ci aspettiamo che è inutile. In ogni caso, l'ipocrisia della dirigenza ha rotto per sempre, il dubbio è sollevato. L'ipocrisia, anche bugia hardcore, accoppiato con un nuovo insulto: nessun motivo valido per sfratto questo programma. Scopriamo anche la rapidità di esecuzione: Crime elettronicamente, il cadavere giù nel panino marmellata. E 'Agatha Christie? E che, dopo 29 anni di servizio, in quanto lo stesso è sorpreso, perché non dargli più tempo per imparare a rimuovere e, soprattutto, si sviluppa in qualche modo lo shock della fine? Nel mio caso io mi sarei insorto con la stessa convinzione, solo che qui, anche l'eleganza è assente - se cambia nulla al caso. Dire una buona boia deve avere gli strumenti giusti, anche se non riduce la frase.

    In ogni caso, dal momento che non aveva intenzione di porre fine alla sua emissione, sarebbe stato bello avere ragioni almeno reali, le motivazioni sviluppate per questa decisione, come sfondo critico, soprattutto contro una proposta del tutto particolare, a mia conoscenza senza pari. Questo è esattamente come se un editore disse a uno scrittore: - ascolto, hai pubblicato una quarantina di libri, è tempo per voi di andare avanti. Non dice - ascolto, penso che ripetere se stessi, o non riesco a supportare le nuove posizioni. No no, sembra proprio nulla, nulla che possiamo capire solo. E 'immaginabile?
    Allo stesso modo, sembra che Brian Eno, David Bowie, Genesis P. Orridge a Robert Fripp, Peter Hammill, Robert Ashley, Scott Walker: - ascoltare i ragazzi, avete fatto abbastanza dischi, è ha fatto un sacco di concerti, è tempo di pensare a riposo, fino ai giovani, c'è più spazio nei computer, nei negozi di dischi come nella coscienza, più voglia di vostra posizione, arrestare tutti avete superato l'età della creazione. Questa cosa, questa pazza idea, ma non esiste nemmeno, è facile da capire, è solo scandaloso, è decisamente decadente. E 'un po': - ehi, se ho disegnato un polmone per vedere cosa fa? Se ho provato a sostituirla con una scatola di scarpe - solo per vedere? E se ho deciso di uccidere uno dei migliori della radio mostra che la Francia abbia mai dato? Non sarebbe il genere di idee Che cosa esattamente cosiddetto "creativo"? Il tipo di idioti che lavorano nel Com e talvolta terminano con "responsabilità di prestigio" - probabilmente conciliano le loro grandi idee di alcune "qualità umane", che un milligrammo avrebbe certamente morire sul campo più piccolo dei poeti.


    Ah, c'è anche il famoso cancello, come se la griglia non era se stessa come una finzione - e un'opportunità. Quindi, francamente, radio, rete, come ad esempio la carta, sarebbe bene pensare un giorno a fare qualcosa. Come se non ci fosse abbastanza spazio o anche un finanziamento - in un paese dove anche i bidoni della spazzatura pieni di ricchezza e denaro sprecato - lavoro sprecato, tempo sprecato, cultura truffato. E non vuole più mettere un centesimo per la notte? Cosa significa? Favorire i grandi gruppi mediatici ed i grandi editori? Perché non chiudere immediatamente le scuole? Perché se l'emissione di Alain Veinstein non è arrivato nelle prime righe di letteratura ingresso e la difesa della letteratura, così sono andato pazzo.

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    Un problema con l'autorità? Proprio no. Perché l'autorità è sul lato del talento, non coloro che vivono con lui della vita e della morte. Questa è la differenza tra il potere e l'autorità. Mi dispiace di tornare, ma io sono confuso dalla dose di stupidità e cattiveria contro il vecchio, quando il diluvio di internet immondizia risuona stranamente con ciò che accade in luoghi alti, in una consorteria apparentemente "adulta ". Che sembra ancora più strana in un paese dove l'arte è diventata non solo di moda, ma quasi un paradigma, un modello di vita dove finalmente vengono a spingere tutta la confusione, gli ipocriti rivalità e desideri irrealizzati, esacerbati azioni. Istintivamente - perché è troppo caldo per pensare - direi che non sappiamo cosa fare con gli insegnanti. Troppo orgoglioso, troppo frustrato, troppo distratto, troppo occupato per renderlo completamente fedeltà non abbastanza, non abbastanza idioti in cancrena per mandarli a nulla, senza scrupoli, senza ipocrisia, in ogni caso - il ricorso affermando, esultiamo, atteggiamento ancora pendente verso uno sforzo di civiltà. Il timer per i pesci, che la dice lunga sulle vanità.

    Piccole e grandi autori, relegati alla parte posteriore della Senna, è esattamente questo. O come ha detto nel suo biglietto di addio Maldonne, un duro colpo per l'identità di una vita, la pellicola ha impressionato la sua scatola di ombra. Ah, la grande mano profumata capace di un tale gesto, anche mantenere la storia, cioè se non siamo stupidi abbastanza per minacciare la storia stessa ...

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  30. Je n'ai pas osé publier cette énorme parole, bruyante. Plus tard, on ne sait plus.

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    Je crois malheureusement que le sentiment de José est partagé par beaucoup : pourquoi le vieil homme refuse-t-il de se mettre à la retraite ? A découvrir pas mal d’autres réactions, pour la plupart haineuses, notamment sur un forum de news appartenant à Orange, j’ai pensé qu’il ne fallait pas chercher bien loin pour expliquer ces points de vue. Ce qu’on reproche à Veinstein, c’est sa santé même, odieusement couplée avec quelque chose qui à mon sens relève d’un statut d’artiste, statut qui se détache donc, avec superbe et en la matière, d’une simple production radiophonique, et n’a plus rien à voir avec le fait d’exercer un métier, d’avoir dans la société une place assignée, avec une fonction claire.

    En revanche, le ressentiment à l’égard de l’artiste est tout à fait clair, s’accompagne d’une odeur, d’un climat qui ne trompe pas – quand on connait intimement les rouages d’un tel processus. Or, tout homme qui n’a pas eu justement le courage d’une telle vocation s’emploiera à la nier, du haut de toute son ignorance et souvent avec une certaine méchanceté. C’est la rage égalitaire dressée contre le mystère élitiste – élitiste par défaut. A partir de ce postulat, les protestations sont primaires : Pourquoi ne sait-il pas s’arrêter ? Pourquoi ne laisse-t-il pas place aux autres ? Pourquoi travailler encore ? Et quel était son salaire ? Et il se croit indélogeable ? Et il se croit propriétaire ? Et pourquoi ne s’est-il pas engagé ? Et pourquoi n’a-t-il pas su infléchir sa femme à tel et tel moment ? Mais José va plus loin, en disant que s’il se fait virer, c’est un juste retour de son désengagement. Comme si l’artiste devait nécessairement être engagé. Eh bien non, il arrive qu’il ne le puisse pas ou ne le veuille pas. C’est déjà bien assez de proposer et d’opposer une œuvre à l’anarchie du monde, on ne peut pas être tous des René Char ou des Benjamin Péret.

    Mais de toutes façons, avant même que ces questions se posent, la majorité des intervenants ne voient pas les années-lumière qui séparent l’émission d’Alain Veinstein de toute autre proposition relevant du même support. Du moins, ils le pressentent juste assez soit pour fabriquer de la bile, soit pour le nier tout à fait. Or, c’est précisément cette distinction positive (l’inouï d’une proposition radiophonique) qui me fait écrire et batailler dans le vide. Car on ne sait pas qui je suis mais si on pouvait le savoir on trouverait mon intervention aussi impossiblement bizarre que si quelque Antonin Artaud postulait comme cadre chez Loréal ou se mettait à gratter des Bingo pour se payer une télé.

    En clair, le travail de Veinstein est si profondément lié à la littérature et à la poésie, c’est-à-dire de bout en bout et sous le signe d’une rare perfection formelle que cela me force à sortir de mon trou, pour des réactions « à chaud » dont j’ai en principe horreur – surtout quand il faut en plus mouliner pour répondre à des nigauds, pour lesquels la forme n’est qu’une enveloppe – ou une question de second ordre. Tandis que, bien entendu, nous autres savons depuis longtemps qu’elle est tout – obéissant elle-même à une dialectique des plus complexes, qui l’invalide à son tour, etc, etc . Mais à quoi bon s’échiner pour un public qui met sur un même plan Yves Duteil et Stéphane Mallarmé ? – et pour le coup probablement incapable de profiter pleinement et de l’un, et de l’autre.

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  32. Your HTLM cannot be accepted, characters 4,096 to 6,010

    Quant à l’émission censurée, on y apprend surtout qu’Alain Veinstein n’a jamais eu l’intention de mettre fin à ses entretiens. Faut-il expliquer pour les bébés et les esprits malveillants qu’il en a eu mille fois la tentation « pour lui-même », de soi à soi ? Je ne sais pas, gageons que c’est inutile. En tous cas, l’hypocrisie de la direction éclate pour de bon, le doute est levé. Hypocrisie, voire mensonge pur et dur, doublé d’un nouvel affront : l’absence de motif valable à l’éviction de ce programme. On découvre aussi la soudaineté de l’exécution : le crime par voie électronique, le cadavre enfoncé dans la tartine de confiture. C’est du Agatha Christie ? Et quoi, après vingt-neuf ans de service, comme il s’en étonne lui-même, pourquoi ne pas lui laisser plus de temps, pour apprendre à se retirer et surtout, répartir tant bien que mal le choc de l’échéance ? En ce qui me concerne je me serais insurgé avec la même conviction, sauf que là, même l’élégance est absente – à supposer qu’elle change quoi que ce soit à l’affaire. Disons qu’un bon bourreau se doit d’avoir de bons outils, même si cela ne réduit pas la peine.

    De toute façon, puisqu'il n’entendait pas mettre un terme à son émission, il eut été bon d’avoir au moins de vraies raisons, des motifs développés justifiant cette décision, par exemple une critique de fond, surtout à l’endroit d’une proposition complètement unique, à ma connaissance sans équivalent. C’est exactement comme si un éditeur disait à un auteur : - écoute, tu as publié une quarantaine de livres, il est temps pour toi de passer à autre chose. Il ne dit pas – écoute, je trouve que tu te répètes, ou encore : je ne peux soutenir tes nouvelles positions. Non non, il dirait justement RIEN, rien que l’on puisse seulement comprendre. Est-ce seulement imaginable ?

    De la même façon, on dirait à Brian Eno, à David Bowie, à Genesis P. Orridge, à Robert Fripp, à Peter Hammill, à Robert Ashley, à Scott Walker : - écoutez les gars, vous avez fait assez de disques, vous avez fait beaucoup de concerts, il est temps de penser à vous reposer, place aux jeunes, il n’y a plus de place dans les ordinateurs, dans les bacs à disques et dans les consciences, plus de désir à votre endroit, stoppez tout, vous avez passé l’âge de la création. Ce truc-là, cette folle idée mais ça n’existe même pas, on le comprend aisément, c’est juste monstrueux, c’est carrément décadent. C’est un peu : - tiens, si je me retirais un poumon pour voir ce que ça fait ? Si j’essayais de le remplacer par une boite à chaussures - juste pour voir ? Et si je décidais de suicider une des meilleures émissions-radio que la France ait jamais proposée ? Ce ne serait pas le genre d’idées qu’ont précisément ce qu’on appelle les « créatifs » ? Le genre de nigauds qui travaillent dans la Com et finissent parfois avec des « responsabilités prestigieuses » - alliant probablement leurs superbes idées à certaines « qualités humaines » dont un milligramme ferait certainement mourir sur le champ le plus modeste des poètes.

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  33. Your HTLM cannot be accepted, characters 6.010 to 10.002

    Ah, il y a aussi la fameuse grille, comme si cette grille n’était pas elle-aussi une fiction – et une chance. Alors franchement, en radio, la grille, comme la charte, il serait bon de penser un jour à en faire quelque chose. Comme si l’on manquait de place ou même de financement – dans un pays dont même les poubelles regorgent de richesses et d’argent gâché – de travail gâché, de temps gâché, de culture flouée. On ne voudrait plus mettre un sou pour la nuit ? Que veut-on au juste ? Favoriser les grands groupes de presse et les grands éditeurs ? Pourquoi ne pas tout de suite fermer les écoles ? Car si l’émission d’Alain Veinstein n’arrivait pas dans les premières lignes en matière d’entrée en littérature et défense de la littérature, alors je suis devenu fou.

    Un problème avec l’autorité ? Justement non. Car l’autorité est du côté du talent, non de ceux qui en vivent avec sur lui droit de vie et de mort. C’est toute la différence entre pouvoir et autorité. Pardon d’y revenir, mais je reste confondu par la dose de bêtise et de méchanceté à l’égard des anciens, quand le flot d’ordures internet vient résonner étrangement avec ce qui se passe en haut lieu, dans un cénacle prétendument « cultivé ». Cela me semble encore plus bizarre dans un pays où l’art est non seulement devenu à la mode, mais presque un paradigme, un modèle de vie où finalement viennent se bousculer toutes les confusions, les rivalités hypocrites et les désirs inassouvis, exacerbés de toutes parts. D’instinct – car il fait bien trop chaud pour penser – je dirais qu’on ne sait plus quoi faire avec les maîtres. Trop orgueilleux, trop frustrés, trop distraits, trop pressés pour y faire complètement allégeance, pas assez gangrenés, pas assez abrutis pour les envoyer au néant sans scrupules, en tous cas sans tartuferie – ce recours attestant, réjouissons-nous, d’une attitude qui penche encore du côté de la civilisation. Le chronomètre pour les poissons, voilà qui en dit long sur les vanités.

    Petits et grand auteurs, relégués au fond de la Seine, c’est exactement cela. Ou comme a dit Adieu Maldonne dans son billet, on arrache d’un coup l’identité d’une vie, la pellicule impressionnée de son boitier d’ombre. Ah, la grosse main parfumée capable d’un tel geste, l’histoire la retiendra aussi, si tant est que nous ne soyons pas assez crétins pour menacer cette histoire elle-même … à grand renfort de mauvaises décisions.

    Voyez la tour Eiffel, pourquoi ne pas la démonter aussi ? N’a-t-elle pas fait son temps ? Était-elle prévue pour durer ? Ah mais voilà, il n’y a pas de porte-clefs « Du Jour au Lendemain » et au Japon on ne se dit pas « la France, le pays des vraies émissions littéraires ».

    Au départ je n’avais rien voulu savoir sur l’auteur de la décision, craignant de ma part un emballement thermique, suivi d’une logorrhée peu amicale, déshonorante pour tous. Aujourd’hui, je découvre avec étonnement que je n’ai pas affaire à un personnage forcément épais mais à quelqu’un qui donne dans les René Daumal, les Kierkegaard et compagnie. Pour le coup, me voici complètement perdu. Que s’est-il réellement passé ? Je suppose que ce n’est pas Mr d’Arvor tout seul qui prend les décisions, si ? N’y a-t-il pas eu quelque chose comme une réunion, un vote, je ne sais pas ? Une pression quelconque ? Car au fond, la seule raison explicable, pour l’instant, c’est l’argent ? Ou quelque chose d’autre m’aurait échappé ?

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  34. Merci pour ce long et pertinent développement auquel j'adhère entièrement, Viederland (mais par quel tour de passe-passe l'avez-vous donc d'abord posté en italien ???)

    Si vous le permettez, je vais en faire un billet à part entière.

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  35. Je ne sais pas, hier soir j'étais écœuré par tous ces mots, le sentiment d'une bataille perdue, trop de bruit, trop d'emphase.
    Sentiment d'être moi-même piégé dans une forme de réaction.
    D'autant qu'il y avait d'autres choses à relever, à interpréter, après écoute de la dernière émission.
    Autant dire : à traduire, mais traduire pour qui ?
    Que dire aux personnes trouvant que Marcel Proust est pénible, que ses phrases sont trop longues ?
    La différence, ici, est que nous ne sommes pas loin de brûler les livres.
    De ce fait, parfois l'emploi d'un langage musclé me fait l'effet d'être une brute à mon tour.

    Pour le reste, utilisez ces paragraphes comme vous l'entendez.

    J'avais aussi répondu à votre mot sur le "bouclage des affinités", chez Fanch, mais comme le mot n'est pas passé, je le posterai ici.
    J'en profitais pour lancer un appel aux archives, toujours sensible aux traces vivantes.
    Et grand amateur de magnétophones.

    Bonne soirée

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  36. Je suis moi aussi grand amateur de magnétophones, et plus de nuits magnétiques qu'à me retrouver surpris par la nuit — bien que cela ne soit pas pour me déplaire, comme il va de soi : z'avez vu l'heure ?

    Concernant la longueur éblouissante des phrases de Proust, voyez ici, je vous prie.

    En attendant votre réponse sur le bouclage des affinités (et question quête d'archives, on est plus d'un sur le gril mais on sait un peu s'y prendre sans trop se brûler les ailes)…

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  37. Merci George WF Weaver, Moine Bleu, Viederland. J'ai pu écouter la dernière. Ce n'est pas l'âge qui fait hiatus, mais d'avoir laissé flâner la parole, de dérouter quitte à se perdre. Il s'agit d'habituer l'auditeur à ne plus trouver ce qu'il ne cherche pas. Le jeune collègue évoqué est explicite : "jamais plus de 7 minutes de parole" au motif de retenir l'auditeur, qui n'est pas lui-même puisque à ce rythme il ne peut être qu'un récipient à bruits. "Il faut une grande force d'arrachement pour sortir des mains de la passion", dit Alain Veinstein dans la dernière. C'est l'exercice de cette force et cette autre force d'attachement que les boss ont interrompus, parce qu'ils ont tout à orienter vers le besoin, ce qui implique de nier la contradiction.

    Commentaire sur les commentaires : José ne sait pas que les horloges solaires ne laissent pas le temps passer pendant les nuits. Tant pis pour lui, il ne se réveillera jamais pluvieux.

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