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dimanche 18 septembre 2016

Quand George Weaver chroniquait des Série Noire pour L'Année de la fiction (3)



Automne 1864.
Le colonel Simon Wolfe, 29 ans, est le directeur médical de l'armée unioniste de la Shenandoah, commandée par le général Sheridan, qui poursuit l'armée confédérée.

Deux ans auparavant, Simon a perdu son bras droit lors d'un acte de bravoure qui a permis de remporter la bataille de l'Antietam, ce qui, outre sa probité notoire, lui vaut le respect des gradés bien qu'il soit Sudiste de naissance, juif, et que son père soit ministre de la Guerre du camp ennemi.

En arrivant à Winchester, QG de la nouvelle armée dont il doit organiser le service de santé, il découvre sur le champ de bataille, dans une ferme en flammes, le cadavre d'une femme poignardée, et rattrape au bord d'un ruisseau une jeune veuve en fuite avec son bébé d'un an, Hannes. Cette très belle personne, Rebekka, qui comme la victime est une dunker (secte de baptistes allemands opposés au port des armes), présente des signes d'égarement, sans doute à cause du meurtre auquel elle vient d'assister et dont elle refuse de parler.
Simon, qui compte sur son témoignage pour confondre l'assassin parmi les soldats de l'Union, la prend sous sa protection et l'installe dans ses quartiers à Winchester. Il ignore qu'elle est atteinte depuis l'enfance d'hallucinations paranoïaques, et que ses parents, installés en Pennsylvanie, furent soulagés lorsqu'en 1860 le respecté patriarche Jakob Zelter, de la lointaine Virginie, demanda sa main.

Le soir, au mess, Simon fait la connaissance du jeune général Custer et retrouve le colonel Deering, chef de la police militaire, qui manifeste de l'animosité à l'égard des dunkers après que Simon a fait son rapport à Sheridan.
Celui-ci refuse d'avertir Washington de cette affaire, qui risquerait de faire basculer l'imminente élection présidentielle en faveur du candidat démocrate, partisan d'une paix immédiate même au prix de la sécession.

Custer, qui cherche l'amitié de Simon, est ravi de recevoir de lui un conseil d'ordre conjugal. Parce qu'il porte un sabre, Simon le suspecte, mais ses soupçons se détournent vite sur Deering lorsqu'il apprend que celui-ci se tenait près de la ferme peu avant l'incendie.
Sheridan ayant ordonné à Deering de rejoindre l'avant-poste, Simon décide de le filer mais il se perd et tombe sur un soldat ennemi du corps des Rangers de Mosby (unité d'éclaireurs des Confédérés), Claude Tebault, qui le menace d'un sabre mais lui laisse la vie sauve.

Tous deux se sont déjà croisés, à leur insu, à l'Antietam, où Tebault a été blessé à la tête, ce qui lui cause épisodiquement de douloureux accès hallucinatoires.

Simon repère ensuite une ferme incendiée où il découvre les cadavres frais d'un couple de dunkers, les Hostedler. Il procède à leur autopsie : l'homme a été tué par balles mais la femme présente les mêmes blessures que la première victime, incisées cette fois au sabre.

Simon rejoint Sheridan à Strasburg pour lui faire part de ses soupçons envers Deering — renforcés par ce double meurtre — mais, convoqué, celui-ci fournit un alibi irréfutable et a beau jeu de détourner l'accusation sur Simon lui-même, à qui Sheridan ordonne alors de rejoindre une position très exposée pour l'assaut du lendemain.
Simon y démontre à nouveau sa bravoure en portant les couleurs, puis il tente en vain d'empêcher à Front Royal le lynchage de six rangers par les soldats de Custer - dont les seuls scrupules ont trait à son épouse, et qui déborde de gratitude envers Simon pour ses conseils.
Simon reporte sur lui ses soupçons : de retour à Winchester, il envoie son ordonnance espionner Custer, mais le rapport qu'elle lui fait paraît le blanchir.
Rebekka, qui s'est avérée atteinte de démence chronique, lui raconte que son mari a été exécuté par des Sudistes pour pacifisme, puis se décide enfin à décrire le meurtrier, dont le signalement évoque Sheridan.
En route pour rejoindre ce dernier, Simon reçoit un courrier de Deering, qui accuse également le général et se plaint que celui-ci l'expose inutilement. De fait, au QG, Simon apprend que Deering a été tué non loin de là, et on lui présente un nouveau cadavre de femme dunker assassinée au sabre, découvert par Sheridan lui-même, selon Custer.

L'examen du cadavre de Deering ayant révélé à Simon que celui-ci était déjà mort lors du meurtre de cette femme, il se poste aux abords de la prochaine ferme dunker sur la route de l'armée, guettant Sheridan.
Mais c'est Custer qu'il aperçoit pénétrer seul dans la ferme, juste après quoi il se fait capturer par trois rangers.
Ceux-ci l'emmènent au camp de Mosby, se montrant contre toute attente fort courtois, tout comme leur chef, qui déclare cependant à Simon qu'en réponse au lynchage de Front Royal, il a promis à ses hommes de pendre les six prochains prisonniers.
Or Simon est le premier. Pourtant Mosby le libère, en raison de sa tentative de s'opposer au lynchage, et lui adjoint Tebault comme guide.

Les deux hommes sympathisent et Tebault raconte au médecin qu'il est encore sujet à des crises qui ne lui laissent aucun souvenir.
En regagnant Winchester, Simon croise Sheridan, qui lui dit avoir confié le dernier cadavre à des dunkers fuyant vers le nord, mais Simon apprend peu après qu'il a en fait ordonné de le brûler.

D'ailleurs, Rebekka, qui a aperçu Sheridan, confirme à Simon que c'est lui l'assassin, et le supplie de le tuer. Enfin, Simon réchappe de justesse à un breuvage empoisonné visiblement préparé par Custer, sans doute sur ordre de Sheridan.
À peine remis, il se rend sur le champ de bataille pour abattre ce dernier, mais l'occasion ne s'en présente pas. Apercevant Tebault qui fuit, blessé, il le rejoint pour le soigner, mais celui-ci, délirant, tente de le tuer avec son sabre : Simon comprend alors que c'est lui le meurtrier des dunkers. Il se voit contraint de l'achever, et trouve sur lui une carte indiquant les fermes des victimes.

Sommée par Simon, Rebekka finit par avouer sa liaison avec Tebault, qui est le vrai meurtrier de son mari et le père de Hannes, et qui commettait ses crimes en état d'inconscience : Rebekka lui avait désigné sur cette carte des refuges possibles lors de ses crises, en sachant que la démence le conduirait à tuer ces fermiers dunkers qui étaient tous parents de Jacob Zelter, susceptibles d'en hériter, et cherchaient à faire interner son épouse.
C'est elle qui a commis le premier meurtre, c'est elle encore qui a empoisonné Simon, sans intention de le tuer mais pour accélérer l'exécution de Sheridan, croyant que cela mettrait fin à la guerre et qu'elle pourrait ainsi couler des jours heureux avec Tebault, qu'elle veut maintenant rejoindre, refusant d'admettre sa mort.

Echappant à Simon, elle se précipite vers les lignes sudistes et succombe sous un obus malgré un ultime effort du médecin pour la raisonner. La bataille tourne à l'avantage de l'Union et Simon, écœuré, rejoint les rangs de Mosby pour se constituer prisonnier volontaire, afin soigner les soldats dans les geôles sudistes.

*****

On ne peut mentionner ici que quelques unes des richesses dont l'accumulation fait l'impressionnante force de ce roman lent et envoûtant, qui charrie l'horrible grisaille de la guerre indéfinie, qui sue la mort et la folie, et où l'on s'empêtre comme dans la boue les soldats des deux armées.

La puissance de ce récit foisonnant, qui narre paradoxalement fort peu d'événements, tient d'abord à une construction kaléïdoscopique parfaitement maîtrisée, éclatée dans l'espace, dans le temps, et surtout au gré du point de vue de dizaines de protagonistes (mêlant en outre figures historiques et personnages fictifs), mais toujours organisée autour de l'axe unique et si frêle de la quête de Simon.
Par le biais de son enquête particulière sur ces meurtres qu'il s'évertue à distinguer du massacre général au sein duquel ils sont perpétrés, les horreurs de la guerre apparaissent comme une boucherie psychologique autant que charnelle : les ressorts du combat sont toujours mus en fin de compte par la folie, et qui pis est par une folie intéressée : Sheridan utilise la guerre pour faire liquider des compagnons gênants, Custer pour assouvir sa folle ambition, et Simon lui-même pour se venger de son père et de Sheridan. « Rebekka s'est servie de la guerre pour assouvir ses ressentiments. Mais, pour sa défense, elle était folle. Et le lieutenant Tebault aussi. Mais quelle est notre excuse ? », demande Simon à Sheridan lors de leur ultime entretien (p. 522).

Mais loin d'être lourdement martelée, cette réflexion sur les allers-retours de la morale à la folie est évoquée tout en finesse, par de légères notations parfois imperceptibles, et d'abord par une plongée dans un vertige de faux-semblants : la belle veuve victime s'avère être la meurtrière, mais pourtant innocente — car réellement victime d'une société corsetée jusqu'à l'étouffement, où nulle liberté ne lui est concédée; Sheridan, la gloire de l'armée, est un boucher glacial, Custer un monstre juvénile mais calculateur, et les seuls soldats d'honneur sont précisément ceux que les Bleus considèrent comme des barbares effrénés et qu'ils lynchent frénétiquement : les rangers de Mosby.

Quant à Simon, l'idéaliste, l'incarnation de la moralité dans l'armée de l'Union, son acharnement à confondre le meurtrier semble glisser vers une folie obsessionnelle qui dépasse celle de Rebekka et de Tebault parce que ses motifs sont autrement plus troubles et complexes : sa quête incessante tient à son désir de se racheter symboliquement aux yeux de sa sœur Leah, restée aux côtés des Sudistes et qu'il aime au point de la confondre avec Rebekka.
Ce thème, qui court en filigrane tout au long du livre, en fait un roman initiatique, où Simon finit par accomplir une sorte de seconde rédemption, au terme du long parcours qui lui a fait quitter la maison familiale sudiste.

Le seul défaut, à part sa précision parfois exagérée, que pourrait présenter ce roman (qui n'a rien d'un western, encore moins d'un polar) pour les lecteurs français, peu au fait de l'histoire détaillée de la guerre de Sécession et de la géographie des Etats-Unis est de mal se suffire à lui-même : pour en savourer tout le suc, mieux vaut connaître les circonstances historiques et les figures réelles qu'il met en scène.
Mais qu'est-ce d'autre qu'une incitation à se plonger dans un bon bouquin sur le sujet ?


Kirk Mitchell : Dans la vallée de l'ombre de la mort (Shadow On the Valley), traduit de l'américain par Daniel Lemoine, Gallimard, 1998, coll. « Série Noire » n°2527, 525 p.

4 commentaires:

  1. Merci, George. je sais ce que je vais lire sous peu !

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  2. Plus de 500 pages, tout de même ! Je comprends, le livre maintenant entre mes mains, la longueur de votre résumé. Mais, après tout, il se devait d'être aussi dense que le fut la guerre de Sécession...

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  3. Hé ben, z'avez fait vite !
    La pagination était indiquée à la fin de la chronique, dont la longueur s'explique en effet par l'épaisseur du livre.
    La règle, pour cet exercice, était de fournir un résumé du récit jusqu'à la fin, donc j'espère que vous n'avez pas lu le mien jusqu'au bout…

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  4. Oh, le fait de savoir la fin n'est pas trop important, je pense. Quant à la pagination, oui, j'avoue, je n'ai pas été plus loin que de savoir qu'il était en Série Noire, grâce à la couverture.

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