À la sinistre question de Leibniz, « Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ? », Spinoza aurait rétorqué par anticipation :
« Pourquoi tout le réalisable ne se produit-il pas ? »
Telle est du moins l'une des questions qui se posent à la lecture de la proposition XVI de la première Partie de l'Éthique :
Ex necessitate divinæ naturæ, infinita infinitis modis (hoc est, omnia, quæ sub intellectum infinitum cadere possunt) sequi debent.
De la nécessité de la nature divine doivent suivre une infinité de choses d'une infinité de manières (c'est-à-dire tout ce qui peut tomber sous un intellect infini).
De la nécessité de la nature divine doivent suivre une infinité de choses d'une infinité de manières (c'est-à-dire tout ce qui peut tomber sous un intellect infini).
(tr. B. Pautrat)
* On doit cette expression à Alexandre Matheron.
Des bouts de phrases ne font pas une philosophie.
RépondreSupprimerLa question de Leibniz est plutôt optimiste que sinistre, puisqu'il y a quelque chose, d'après lui. Et il y aura toujours même en divisant à l'infini
La question de Spinoza est d'un autre ordre. L'infini ne semble pas le même
Ne font pas une philosophie, certes non, mais permettent d'en indiquer la teneur.
RépondreSupprimerIci est résumé le cœur de l'opposition entre deux "grands rationalistes", dont l'un est chrétien, l'autre "athée" (au sens chrétien, justement).
En divisant à l'infini, on retombera toujours sur « la volonté de Dieu, cet asile de l'ignorance » (Éthique, I, Appendice).
En divisant à l'infini, on ne tombe sur rien. Rien.
RépondreSupprimerVos propres termes, thé : « il y a quelque chose, d'après lui. Et il y aura toujours même en divisant à l'infini. »
RépondreSupprimerPour le moment, je fais pas encore dans la confusion
RépondreSupprimerCher George, connaissez-vous l'essai de Giorgio Agamben Bartleby ou la création, où le héros de Melville est présenté comme une sorte de personnification de la puissance à l'état pur, refusant de se réaliser? Je n'ai pas le livre sous la main (paru chez Circé il y a une dizaine d'années), mais dans mon souvenir il y est aussi beaucoup question de Leibniz.
RépondreSupprimerNon, je ne connais pas ce texte, susceptible de m'intéresser à plusieurs titres : merci, je vais aller voir cela. D'après ce que vous en dites, il s'agirait de la puissance au sens aristotélicien, par opposition à l'acte. Si c'est le cas, on est aux antipodes de Spinoza, pour qui tout ce qui est concevable (tout ce qui peut être conçu par un entendement/intellect infini) est réel, en acte.
RépondreSupprimer