Avertissement légal

Tous les textes apparaissant sur ce site sont automatiquement générés par notre nouveau logiciel Hétéronomix™ qui vous libère enfin de la pesante nécessité de réfléchir.
Ne perdez plus votre précieux temps de consommateurice à répondre à vos correspondants, les plus exigeants fussent-ils quant à la teneur conceptuelle ou la qualité des propos échangés : Hétéronomix™ se charge de tout ! Syntaxe et orthographe garanties parfaites et évolutives au fil des décrets.
Approuvé par la norme AFNOR ISO 9001.

mercredi 6 janvier 2010

Kant (on n'a que l'âme, ou rien)


Bien que la morale kantienne ne soit qu'une chimère manchote, comme l'avait déjà remarqué Péguy*, il n'est cependant pas tout à fait vain de se rappeler de temps en temps les trois formulations de l'impératif catégorique dans les Fondements de la métaphysique des mœurs :

— « Agis uniquement d’après la maxime qui fait que tu puisses vouloir en même temps qu’elle devienne une loi universelle. » (Variante : « Agis comme si la maxime de ton action devait être érigée par ta volonté en loi universelle de la nature »).

« Agis de telle sorte que tu traites l’humanité aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre toujours en même temps comme une fin, et jamais simplement comme un moyen »

— [Agis de telle sorte] « que la volonté puisse se considérer elle-même comme légiférant universellement en même temps par sa maxime. » (Variante : [Agis comme si tu étais] « toujours par tes maximes un membre législateur dans le règne des fins »).

Et Kant de préciser un peu plus loin : « Les trois manières que nous avons indiquées de représenter le principe de la moralité ne sont au fond qu’autant de formules d’une seule et même loi, formules dont chacune contient en elle, par elle-même, les deux autres. Il y a cependant entre elles une différence, qui, à vrai dire, est plutôt subjectivement qu’objectivement pratique, et dont le but est de rapprocher (selon une certaine analogie) une idée de la raison de l’intuition et par là du sentiment. »

* Maintenant, on ne peut résister au plaisir de citer intégralement le beau texte lucide de ce catho de Péguy qui suit sa formule notoire :

Le kantisme a les mains pures, mais il n'a pas de mains. Et nous nos mains calleuses, nos mains noueuses, nos mains pécheresses nous avons quelquefois les mains pleines. —
Agis, dit Fouillée, comme si tu étais législateur en même temps que sujet dans la république des volontés libres et raisonnables. C'était une fois un fonctionnaire qui a eu du génie, du plus grand. Mais il était fonctionnaire, une fois fonctionnaire ; il était célibataire, deux fois fonctionnaire ; il était professeur, trois fois fonctionnaire ; il était professeur de philosophie, quatre fois fonctionnaire ; il était fonctionnaire prussien, cinq et septante fois fonctionnaire. Il n'a pu avoir qu'un (très grand) génie de fonctionnaire. (Et de célibataire). Hélas législateur en même temps que sujet. Hélas la république des volontés libres et raisonnables. — Agis de telle sorte, continue Fouillée, agis de telle sorte que la raison de ton action puisse être érigée en une loi universelle. Agis de telle sorte que l'action de Fouillée puisse être érigée en une loi universelle. Et même l'action de Kant. Alors, pour commencer, il n'y aurait plus d'enfants. Ça ferait un beau commencement. Tout devient si simple, dès qu'il n'y a plus d'enfants. Sich zur allgemeinen Gesetzgebung schicken. Hélas combien de nos actions pourront être érigées en une loi universelle. Et combien de raison de nos actions. Zur allgemeinen Gesetzgebung. Et cela ne nous est-il pas tellement égal. Cela ne nous est-il pas tellement étranger. N'avons-nous point d'autres inquiétudes, d'infiniment autres profondeurs. D'infiniment autres soucis. D'infiniment autres détresses. Combien de nos actions ne pourraient point être érigées, geschickt, en loi universelle, pour qui cet envoi ne présente même aucun sens ; et ce sont celles à qui nous tenons le plus, les seules à qui nous tenions sans doute ; actions de tremblement, actions de fièvre et de frémissement, nullement kantiennes, actions d'une mortelle inquiétude ; nos seules bonnes actions peut-être ; nullement planes, nullement quiètes, nullement calmes, nullement horizontales ; nullement législatives ; nullement tranquilles, sûres de soi ; nullement dans la sécurité ; nullement sans remords, nullement sans regrets ; des actions sans cesse combattues, sans cesse intérieurement rongées, nos seules bonnes actions, les moins mauvaises enfin, les seules qui compteront peut-être pour notre salut. Nos pauvres bonnes actions. Les seules, et ce sera si petit, que nous pourrons présenter dans le creux de la main. Also kann ein vernünftiges Wesen sich seine subjectiv-praktischen Principien, d. i. Maximen, entweder gar nicht zugleich als allgemeine Gesetze denken, oder es muss annehmen, dass die blosse Form derselben, nach der jene sich zur allgemeinen Gesetzgebung schicken, sie für sich allein zum praktischen Gesetze mache. Elle est loin, l’allgemeine Gesetzgzbung.

Charles Péguy, Victor-Marie, comte Hugo [1910], § 84, in Œuvres en prose 1909-1914, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 1961, pp. 827-828.

6 commentaires:

  1. Et penser que tout cela l'aura emporté dans la tombe.

    ArD

    RépondreSupprimer
  2. « … tout cela, il l'aura », voulez-vous dire. Oui, sous le ciel étoilé, même par temps nuageux.

    RépondreSupprimer
  3. Kant on n'a que l'amour, etc, etc,...le monde entier
    C'était juste pour faire un lien avec l'image du 11

    RépondreSupprimer
  4. "du 11", je ne comprends pas, mais je vois bien le rapport avec la photo des mains.
    Merci, thé : je n'avais plus en tête la fin de la chanson ! Coïncidence ou travail de l'inconscient, je ne saurais le dire.

    RépondreSupprimer
  5. l'Anonyme compatissant de ce blogue23 janvier 2010 à 15:12

    Bigre, le phlegmon s'est résorbé, mais ça laisse quand même des séquelles.

    RépondreSupprimer