Apollinaire
En a aussi des sévères
Et des pas mûres dans ses vers
Dans ses vers
Onze mille vers
Je me sens à bout de nerfs
Agitée comme un shaker
Dans mon rocking-chair.
Serge Gainsbourg, Rocking-chair, 1974 (deuxième couplet)
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Savez-vous, cher George, que Gainsbourg n'a pas écrit Rocking-chair pour Birkin (qui l'a enregistrée en 1978), comme on le croit souvent, mais pour les débuts d'Isabelle Adjani dans la chanson, lors d'une émission de Sacha Distel, en 1974? C'est ici.
RépondreSupprimerA la mort de Gainsbourg, je me souviens qu'Adjani avait raconté que son premier contact avec lui (alors qu'il était déjà convenu qu'il allait écrire une chanson pour elle) fut un coup de téléphone où il commença par lui poser cette question: "Auriez-vous quelque chose contre "basculée les jambes en l'air"? Il faisait référence, of course, au texte du 3e couplet; et il avait raison de tâter prudemment le terrain, puisque de fait les paroles de la version Adjani sont édulcorées sur ce point…
Ravi de vous retrouver, cher Anonyme : vous me manquiez pas mal, figurez-vous.
RépondreSupprimerOui, je le savais, mais depuis fort peu. Quelques jours, à vrai dire, en cherchant sur la Toile une version de cette chanson.
Les minauderies d'Adjani sont insupportables : on a l'impression d'assister à une séance de castinnegue, et son interprétation est si peu adéquate que le texte pourrait tout aussi bien vanter une quelconque marque de purée en poudre.
Non moins pénibles sont le clip de Lio et Birkin (particulièrement ridicule) et la version de Zazie et Souchon.
Une version plus complète de l'émission de Distel est visible ici, avec une introduction façon La drague, de Guy Bedos et Sophie Daumier (qui doit dater de la même époque).
En revanche, j'ignorais cette jolie anecdote, tout à fait dans le genre de Gainsbourg, en effet. Merci.
Je ne connaissais pas les versions auxquelles vous renvoyez: en effet Souchon est bien décevant, et Lio et Zazie consternantes à vouloir imiter Birkin. Quant à la version d'Adjani, je reconnais la justesse de toutes vos critiques (à sa décharge, il faut noter tout de même qu'Adjani chante en plèbaque, exercice manifestement nouveau pour elle, ce qui l'incite à en faire des tonnes): qu'importe, je l'aime bien quand même. Ça ne se commande pas!
RépondreSupprimerOui, assez d'accord avec l'anonyme. Si on prend comme test le moment où il faut dire Humbert Humn
RépondreSupprimerbert, Adjani gagne haut la main par son ingénuité perverse.
Et d'ailleurs laisse également les autres loin derrière elle quand il s'agit de matérialiser par une respiration légèrement exténuée l'enjambement et le rejet.
RépondreSupprimerJe suis flatté de voir ma dilection coupable pour cette version confirmée par le jugement du Consul (et étayée par un argument fort). J'ajouterai ceci: il me semble qu'en chanson et au cinéma, la minauderie n'est pas nécessairement déplaisante. Ce qui nous touche dans la voix de certaines chanteuses ou actrices, de certains chanteurs ou acteurs, au fond, n'est-ce pas souvent leurs maniérismes? Mais il est vrai que c'est affaire de goûts; et qu'il n'y a pas loin entre le point où ces maniérismes sont agréables, et celui où ils font d'une ou d'un interprète une insupportable caricature de ce qu'elle ou il a été.
RépondreSupprimerA propos de minauderies, j'ai récemment écouté avec plaisir certaines des reprises qu'Helena Noguerra, la sœur de Lio, a donné des chansons de Rezvani. Celle-ci , par exemple, que je trouve supérieure à la version de Jeanne Moreau. Et ce plaisant duo minimaliste avec Philippe Katerine…
Les versions Lio/Birkin et Zazie/Souchon de Rocking-chair me donnent à penser qu'il y aurait matière à la création d'un trophée comme le chobizenesse les aime tant: celui de la reprise la plus calamiteuse.
RépondreSupprimerDans la catégorie "reprise la plus calamiteuse en duo", je verrais bien le trophée décerné à une reprise de Mistral gagnant de Renaud. Certes pas celle donnée par Maxime Le Forestier et Vanessa Paradis lors de je ne sais quel concert caritatif, que je trouve belle et émouvante; mais celle-ci, proposée quelques années plus tard par deux présomptueux qui ont cru pouvoir les imiter. Il paraît qu'une moitié de ce duo a eu, depuis, la sage idée de se reconvertir dans un autre secteur du spectacle: Salut l'artiste! Et tant pis si je me trompe…
Toutes mes excuses : ce n'est qu'en étant averti de votre dernier commentaire que je découvre le précédent (à force de jongler avec les comptes Gougueule, j'ai dû m'emmêler les pinceaux).
RépondreSupprimerLaissez-moi juste aller voir tout cela.
À propos d'emmêlement de pinceaux suite à une jonglerie entre différents comptes: incroyable!!! En dérivant sur un blogue où celui-ci m'a conduit un jour, je vous découvre un autre avatar; lequel permet d'accéder à une photo qui laisse croire que vous seriez (quant à vous) une personne dotée d'une existence réelle!
RépondreSupprimer"… des amis sur qui on peut compter": c'est bien mon avis aussi.
Merci de votre discrétion, perspicace Anonyme.
RépondreSupprimerPour en revenir à Adjani, d’accord pour le « Hummm-bert Humbert », mais c’est le seul moment où son interprétation sonne juste : écoutez comment elle prononce chair (après « Baudelaire… ») et « nerfs »; je trouve que c’est n’importe quoi.
Merci pour Helena Noguerra : j’ignorais que Lio avait une une sœur chanteuse. Même si je préfère pour ma part l’interprétaion de Jeanne Moreau, sa version du Tourbillon est effectivement très agréable, presque a capella, mais je ne dirais pas qu’elle minaude : tout au plus chante-t-elle de manière un poil trop appliquée. (Avez-vous remarqué les modifications du texte, Shangaï et Java ?) Quant au duo avec Katerine, il me semble que c’est le genre même de cette chanson qui impose le cabotinage.
C’est à creuser, cette idée du trophée de la reprise la plus calamiteuse… mais je ne perdrai certes pas mon temps à m’y atteler ! Pauvre Jean-Louis Aubert, comment a-t-il pu tomber si bas ? Lui qui avec Bertignac avait créé des choses aussi sursautantes que celle-ci…
Quant aux secteurs du spectacle, vous avez raison : « Il faut choisir, mentir… ou mourir ».
Je m'aperçois que j'ai fait une erreur sur les liens vers les reprises de Rezvani par Helena Noguerra: je ne voulais pas renvoyer au Tourbillon (où je préfère moi aussi Jeanne Moreau) mais à Moi je préfère, dont cette version alanguie et sensuelle sert à mon avis mieux le texte. La peau Léon n'est pas mal non plus sur cet album…
RépondreSupprimerPour en revenir à Rocking-chair par Adjani: je suis presque sûr que tous ses effets d'intonation et de scansion lui ont été dictés, un par un, par Gainsbourg lors des séances d'enregistrement. Y compris cette chute abrupte de la voix après "chair", qui fragmente le groupe syntaxique "chair de poulette" pour faire entendre "Baudelaire me donne ce soir la chair" -- et aussi pour faire ressortir plus loin, par contraste, la note tenue et le savoureux enjambement qui sont à l'origine de toute cette discussion. Au fond, c'est un petit jeu prosodique assez semblable à celui que nous relevâmes jadis dans les trois premiers vers du Pont Mirabeau…
On trouve un effet analogue chez Rezvani dans La Mémoire qui flanche:
Tout entre nous a commencé
Par un très long baiser
Sur la veine bleutée du poignet
Le dernier vers est un octosyllabe que le rythme musical impose de couper en deux groupes de quatre syllabes (quand la syntaxe voudrait 5/3); ainsi l'on entend d'abord "un long baiser sur la veine bleue"… Je renvoie les ingénu(e)s qui nous lisent à cette page, section "expressions imagées voire vulgaires", pour découvrir le sens profond de cette formule. Et de beaucoup d'autres, comme par exemple "faire pleurer Georges", que je ne connaissais pas (il y a un S, heureusement).
Et bien cet octosyllabe est proprement honteux, nous dit M. Littré, qui était interne des Hôpitaux !
RépondreSupprimer(Terme d'anatomie. Artères honteuses, veines honteuses, nerfs honteux, artères, veines, nerfs qui appartiennent aux parties de la génération.)
Ainsi donc sommes-nous toutes et tous les fruits de la honte… Merci, Filegoude, j'avais complètement oublié cette expression.
RépondreSupprimerQuant à la veine bleue, je l'ignorais ingénument. Pas sûr que Rezvani ait écrit cela en connaissance de cause, d'ailleurs : ce n'est guère son genre. Cependant, la coïncidence est troublante, et l'image d'un long baiser sur la veine du poignet (pas la veuve, cependant) guère fréquente…
Décidément, Anonyme, vos remarques sont plus qu'éclairantes : précieuses, indispensables, génératrices !
(Je ne comprends pas la raison de "Paul Houde", soit dit en passant).
guère le genre de Rezvani?! Mais enfin, et les délicieux sous-entendus grivois de Moi je préfère? Et, pour ces équivoques créées par la scansion, Où vas-tu Mathilda:
RépondreSupprimerJe cherche un beau mâle
Un beau mâle un beau malabar…
Et Je trébuchais toujours sur l'do, dans Tout morose…
RépondreSupprimerJe rends les armes.
Et tout simplement "pendant qu'il me, pendant que je, pendant qu'on faisait la fête" un peu plus loin dans La mémoire qui flanche!
RépondreSupprimerDe grâce… je suis liquéfié !
RépondreSupprimerEnfin un peu d'humour. On désespérait d'apprécier se déliter vos réponses acerbes , vos commentaires déprimants et vos propos pisse -vinaigre!
RépondreSupprimerMais nul n'est obligé de fréquenter ce blogue, courageux Anonyme, et je m'en voudrais d'acculer quiconque au suicide à force de me lire !
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