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jeudi 19 août 2010

Apanage ? L'enfumage n'a pas d'âge…

La grosse femme en uniforme, au contrôle de sécurité, regretta immédiatement d'avoir demandé à Dortmunder d'enlever ses chaussures ; il le devinait. Mais elle était trop professionnelle, ou peut-être trop groggy, pour le laisser paraître. Auréolé de cette petite victoire sur la police des airs, il rejoignit Medrick à une table trop petite dans une cafétéria franchisée surpeuplée pour boire un café infect. Là, Medrick déclara :
— Pour moi, tout vient des signaux de fumée.
— Hmmm, fit Dortmunder.
— C'est pour ça qu'on en est là.
— Hmmm, fit Dortmunder.
À cette heure-ci [07 h 15, NdGWFW], il était prêt à tout entendre sans réagir.
Mais Medrick avait une démonstration à faire et il était décidé à aller jusqu'au bout.
— Ce qui nous a tués, ce sont les technologies de la communication. Maintenant, on a Internet. Avant ça, on avait la télé, la radio, les journaux, le téléphone, le sémaphore, les télégrammes, les lettres, mais tous ces trucs-là, ça remonte aux signaux de fumée, tous les problèmes viennent de là.
— Évidemment.
Medrick secoua la tête.
— Hélas, dit-il, je crois que la société n'est pas prête à revenir aussi loin en arrière.
— Sans doute, dit Dortmunder en bâillant.
Peut-être qu'il pourrait boire le café, finalement.
— Pourtant, c'est ce qu'il faudrait, insista Medrick, pour réinstaurer un peu d'honnêteté dans ce monde.
Dortmunder posa sa tasse.
— C'est ça qu'on cherche ?
— Oui, à cet instant précis. Avec les signaux de fumée, c'était la première fois dans toute l'histoire de l'humanité que vous pouviez dire quelque chose à quelqu'un sans qu'il vous voie quand vous vous adressiez à lui. Vous me suivez ?
— Non.
— Avant les signaux de fumée, si je voulais vous dire un truc, il fallait que j'aille jusqu'à vous et que je vous parle en face. Comme je suis en train de le faire maintenant. Vous pouvez voir mon visage, entendre la manière dont je parle, déchiffrer mon langage corporel et vous demander : ce type essaye-t-il de ma baratiner ? Vous pigez ?
— Le contact visuel.
— Exactement. Certes, les gens se mentaient quand même, sans conséquences, mais c'était moins facile. À partir du moment où les signaux de fumée sont arrivés, vous ne pouviez plus voir le type qui vous racontait une histoire ; si ça se trouve, il pouffait dans sa main sans que vous le sachiez.
— Oui, c'est sûr.
— Et à chaque étape, ajouta Medrick, à chaque nouveau moyen de communication, c'est toujours plus de cachotteries. Depuis des milliers d'années, on construit un paradis pour les menteurs. C'est pour ça que les vidéophones n'ont pas connu le succès espéré : personne ne veut revenir au face-à-face.
— Oui, sans doute.
— Ça veut dire qu'ils ne renonceront jamais à tout le reste, conclut Medrick. Pour revenir aux signaux de fumée.
— Je crois qu'on ne s'en sert plus tellement, souligna Dortmunder.
— De toute façon, ce serait pour mentir.


Donald Westake, Surveille tes arrières ! (Watch Your Back !, 2005),
Rivages/Thriller, 2010, pp. 125-126. Traduit par Jean Esch.

7 commentaires:

  1. l'Anonyme ironique de ce blogue20 août 2010 à 00:39

    Votre tague "cracher dans la soupe", ainsi que la tempête qui s'est récemment émue sur un blogue voisin où je m'abstiens de tout commentaire, m'a soufflé ce proverbe qui ne semble pas encore exister: à force de cracher dans la soupe, on finit par souper dans le crachat.

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  2. Si c'est un message qui s'adresse à moi, j't' attends une main attachée dans le dos, pied tendre.

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  3. Ouais, blague à part et, promis George, j'arrête après, je ne trouve pas très courageux de déverser du fiel ailleurs que l'endroit concerné.
    Si cela me concerne bien et s'il s'agit de l'ami auquel je pense, il ferait mieux de me faire signe plus souvent au lieu se conduire comme une p'tite bite.

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  4. Chacun a ses raisons, qu'il n'est pas toujours intéressant d'expliciter, Tenancier, et je suis content d'être désormais certain que l'Anonyme de ce blogue n'est pas celui qui a posté un commentaire sur votre billet semeur de vent le 18 août à 13 h 42.
    Et je ne crois pas non plus que ce soit à vous en particulier que s'adresse ce message.
    Mais une chose est sûre : il ne s'agit pas non plus de l'ami auquel vous pensez (ce qui m'étonne de votre part, d'ailleurs).

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  5. Ne vous étonnez pas, George, les silences me blessent plus que les invectives lorsqu'ils s'agit des êtres que j'aime. Les autres ?
    Je les emmerde.

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  6. "Ah ! Tout est douteux !"

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