Comme chacun sait, Ludwig Wittgenstein a ciselé ainsi la septième et ultime proposition de son Tractatus logico-philosophicus :
Wovon man nicht sprechen kann, darüber muss man schweigen.
Soit en bon französisch :
« Ce dont on ne peut parler, il faut le taire. »
Nous en concluons immédiatement, selon les principes aristotéliciens de la syllogistique mais c'est même ce que commande la plus élémentaire logique — philosophique ou pas :
« Ce dont on peut parler, il le faut pas taire. »
Or, et là c'est moi qui me permets d'inférer directement l'éminemment logique implication affective :
« Comment ne pas dire ce que l'on n'ose taire ? »
Mmmh…
Hum, hum.
« Pas taire »
« N'ose taire »…
Hem, comment dire ?
Ça sent un peu la patenôtre, non ?
Et il y en a qui ont aujourd'hui encore le front de prétendre que Wittgenstein (tout ensemble cause et remède du malheur majeur du XXe siècle, comme l'a démontré avec force un méticuleux Australien rigolo) n'était pas un crypto-catho machiavélique ?
Et PD*, sans doute, de surcroît (à vérifier, là j'ai pas le temps).
* : Philosophical Doctor
Du jeu de mollet à cette foutue machine, parfois remplie de quelques ressources... Où l'on apprend que Paul Ose-taire ratura une citation de Wittgenstein [Zettel, p. 42] : "And it also means something to speak of "living in the pages of a book"". (Trad. spontex : "Et parler de "vivre dans les pages d'un livre", cela aussi signifie quelque chose.")
RépondreSupprimerFigure-toi, mon cher, que j'ai souvent relu Cité de verre, et longuement médité dessus.
RépondreSupprimerAu point de notamment retracer au crayon sur un plan de New-York les déambulations de l'autre dingo — dont on ne saura jamais si c'est lui que Quinn devait suivre vu que deux sosies ont débarqué à la gare : faut faire des choix.
Retracer ce vagabondage biblique ne donne hélas rien, à cause des imprécisions dans Central Park : en fait, Auster (qui n'est pas si austère qu'on pourrait le croire de prime abord) devait à l'avance bien se marrer à songer que des couillons de lecteurs tels que moi allaient s'efforcer de vérifier toutes ces conneries sur la réinvention du langage par le ramassage de détritus et les lignes d'erre chères à Deligny (mais ça, ça m'étonnerait que Paul ait connu).
Néanmoins ça m'épate fichtrement, ces deux références à Baudelaire et à Wittgenstein !
D'une part, la citation notée de Baudelaire (j'ai pas vérifié l'exactitude mais je fais pas mal confiance à Paulo), "Il me semble que je serai [je pense que le futur est ici préférable au conditionnel] bien là où je ne suis pas" ne m'évoque nullement l'univers de ce premier récit de la Trilogie, à part le fait que Quinn ne cesse de chercher à se dissoudre, depuis la tragique et brutale disparition de son amour et de sa fille (?), de poète en auteur de polars, à se disséminer en pseudonymes, à finir par accepter d'endosser l'identité de ce fameux "Paul Auster" réputé détective, et par échouer dans ce rencoignement de rue.
En fait, ça me rappelle surtout une autre citation, d'un autre rigolo (Marx) : "Je me refuse naturellement à adhérer à un club qui m'accepterait comme membre" (enfin, de mémoire).
Mais d'autre part, bigre ! non seulement je ne parviens pas à lire la citation biffée de L. W. ("And it also [???] something to speak of [???] in the pages of a book"), mais je demande où foutredieu Auster l'a dégottée à l'époque, et pourquoi cette manière de titre, New York Confidential alors qu'Ellroy n'avait pas encore écrit la première ligne de son L. A. Confidential !
"… que je serai toujours bien …" : j'oublie toujours toujours !
RépondreSupprimerPas pu déchiffrer tous les mots à l'oeil sur le manus non plus. J'ai triché. Si la machine est bien faite, en cliquant sur "Zettel", tu devrais lire "means" pour le premier [???] et ""living" pour le second. C'est page 42, pas répertoriée dans l'espace immédiatement lisible, mais accessible par la requête "something to speak of" en bas à gauche.
RépondreSupprimerPas sûr qu'il n'ait pas ouïe dire de Deligny, Parisien au début des années 70, l'Auster. Mais même sans ça, l'aimait bien perdre son lecteur dans des labyrinthes (souvenir du mur de La Musique du hasard, quant à moi). Pas sûr non plus que les citations, la choisie comme l'abandonnée, furent cogitées à l'occasion du premier volume du triptyque.
PS. Moi c'est les "pas" que j'oublie tout le temps, pas loin des "ne".