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Peu après Shakespeare, bien avant Buñuel, Spinoza énonçait ceci dans l'Éthique (trad. Bernard Pautrat) :
Troisième partie, Proposition XXXV
Si quelqu'un imagine que la chose aimée joint à elle-même un autre, du même lien d'Amitié ou bien d'un plus étroit que celui qui faisait qu'il était seul à la posséder, il sera affecté de Haine à l'égard de la chose aimée, et il enviera cet autre.
Démonstration
Plus quelqu'un imagine qu'est grand l'amour dont la chose aimée est affectée à son égard, plus il se glorifiera (par la Prop. précéd.), c'est-à-dire (par le Scol. Prop. 30 de cette p.) sera joyeux ; et par suite (par la Prop. 28 de cette p.) il s'efforcera, autant qu'il peut, d'imaginer la chose aimée liée à lui le plus étroitement possible, effort ou appétit qui est encore alimenté s'il imagine qu'un autre désire pour soi la même chose (par la Prop. 31 de cette p.). Or, cet effort ou appétit, on le suppose contrarié par l'image de la chose aimée elle-même qu'accompagne l'image de celui que la chose aimée joint à elle ; donc (par le Scol. Prop. 11 de cette p.) par là même il sera affecté de Tristesse, accompagnée de l'idée de la chose aimée comme cause, et en même temps de l'image de l'autre, c'est-à-dire (par le Scol. Prop. 13 de cette p.), il sera affecté de haine envers la chose aimée, et en même temps envers cet autre (par le Coroll. Prop. 15 de cette p.), et, comme cet autre prend plaisir à la chose aimée (par la Prop. 23 de cette p.), il l'enviera. C.Q.F.D.
Scolie
Cette Haine envers la chose aimée jointe à l'Envie s'appelle Jalousie, laquelle n'est partant rien d'autre qu'un flottement de l'âme né à la fois de l'Amour et de la Haine, qu'accompagne l'idée d'un autre, qu'on envie. En outre, cette Haine à l'égard de la chose aimée sera plus grande à proportion de la Joie dont le Jaloux était d'ordinaire affecté par suite de l'Amour réciproque de la chose aimée, et aussi à proportion aussi de l'affect dont il était affecté à l'égard de celui dont il imagine que la chose aimée le joint à elle. Car, s'il le haïssait, par la même (par la Prop. 24 de cette p.), il aura la chose aimée en haine, parce qu'il l'imagine qu'elle affecte de Joie ce qu'il a lui-même en haine ; et également (par le Coroll. Prop. 15 de cette p.) du fait qu'il est forcé de joindre l'image de la chose aimée à l'image de celui qu'il hait, laquelle raison, en général, a lieu dans l'Amour pour la femme ; qui, en effet, imagine une femme qu'il aime se prostituant à un autre, non seulement sera triste de ce que son propre appétit se trouve contrarié ; mais aussi, parce qu'il est contraint de joindre l'image de la chose aimée aux parties honteuses et aux excrétions de l'autre, il l'a en aversion ; à quoi s'ajoute, enfin, que le Jaloux n'est pas accueilli du même visage que la chose aimée lui offrait d'ordinaire, ce qui attriste aussi l'amant, comme je vais le montrer.
Cinquième Partie, Scolie de la proposition XX
[…] La puissance de l'Esprit se définit par la seule connaissance, et son impuissance ou passion, par la seule privation de connaissance, c'est-à-dire qu'elle s'estime à cela qui fait qu'on dit les idées inadéquates ; d'où il suit que pâtit le plus l'Esprit dont les idées inadéquates constituent la plus grande part, en sorte qu'on le reconnaît plus par ce qu'il pâtit que par ce qu'il agit ; et, au contraire, qu'agit le plus celui dont des idées adéquates constituent la plus grande part, en sorte que, tout en ayant en lui autant d'idées inadéquates que l'autre, on le reconnaît pourtant plus à celles-là, qu'on attribue à la vertu humaine, qu'à celles-ci, qui plaident en faveur de l'impuissance humaine. Ensuite, il faut remarquer que les chagrins de l'âme, et ses infortunes, tirent principalement leur origine de trop Amour pour une chose soumise à beaucoup de variations, et dont nous ne pouvons jamais être maîtres. Car ce n'est jamais que d'une chose qu'on aime qu'on s'inquiète ou s'angoisse, et offenses, soupçons, inimitiés, etc., ne naissent que de l'Amour pour les choses dont nul ne peut être véritablement maître. D'où nous concevons donc aisément ce que la connaissance claire et distincte, et principalement ce troisième genre de connaissance (voir à son sujet le Scol. Prop. 47, p. 2) dont le fondement est la connaissance même de Dieu, peut sur les affects, à savoir, que, en tant que ce sont des passions, s'il ne les supprime pas absolument (voir la Prop. 3 avec le Scol. Prop. 4 de cette p.), il fait du moins qu'ils constituent la moindre part de l'Esprit (voir la Prop. 14 de cette p.). Ensuite, il engendre l'Amour envers une chose immuable et éternelle (voir la Prop. 15 de cette p.), et dont nous sommes véritablement maîtres (voir la Prop. 45 p. 2), Amour qui donc ne peut être souillé d'aucun des vices qui se trouvent dans l'Amour ordinaire, mais qui peut être de plus en plus grand (par la Prop. 15 de cette p.), et occuper la plus grande part de l'Esprit (par la Prop. 16 de cette p.), et l'affecter largement.
Un rien rend andalou
RépondreSupprimerAvais pas ouvert tous vos liens avant de répondre. évidement , chien andalou, où avais-je la tête que
RépondreSupprimervous
n'y aviez pensé
Mais
je sais pas
s'ils sont
à l'amble
Spinoza
et Dali
évident
RépondreSupprimerévidemment