La marchandisation intégrale de l'existence, jusqu'à l'intimité même de l'enfant, était déjà achevée voici une cinquantaine d'années, et tel fut le malheureux ressort de cette génération qui levait sans plus se soulever.
Marie Laforêt, Cadeau (1976)
D'où l'aberration d'une certaine défense abstraite (voire a priori) de l'enfance et de "l'esprit d'enfance" dans certains milieux, libéraux économiques autant que radicaux anarchistes. Le dernier bouquin de Susan Neiman ("Grandir") est, à ce titre, pertinent malgré ses nombreux défauts et faiblesses.
RépondreSupprimerPS : c'est "qui SE levait" dans votre billet, non ?
RépondreSupprimerBen non, Blue Monk : c'est comme quand on dit que le blé lève, pour le meilleur ou pour le pire.
RépondreSupprimerMerci pour la Neiman, je vais voir ça et me barrer avec la caisse après l'avoir fracturée et zigouillé les fils de contact.
J'espère juste qu'il y a du jus dans le réservoir…
Oh, si c'est une histoire de blé, on s'incline, plutôt que lever.
SupprimerL'un ou l'autre, selon le degré de maturité de la céréale et la force du vent : "le blé lève", c'est germinal, quand les pousses sortent de la glèbe.
SupprimerEt non les gousses de la plèbe, évidemment...
SupprimerBon, farfouille effectuée, m'est avis que cette Neiman — toute pertinente qu'elle soit —devrait se pencher un tantinet sur Gombrowicz (dont le site est en rade, grmmbll !)
RépondreSupprimerLe jeunisme infantiliste, quelle plaie ! (le capitalisme adore, soit dit en passant).
SupprimerVoilà ce que Ciroan écrit de Nieztsche :
" Un faux iconoclaste, avec des côtés d'adolescent (...) quelqu'un qui n'avait pas eu le temps vieillir, de connaître le détachement, le long dégoût serein. Bien plus proche m'est un Marc Aurèle. Aucune hésitation de ma part entre le lyrisme de la frénésie et le prose de l'acceptation : je trouve plus de réconfort, et même plus d'espoir, auprès d'un empereur fatigué qu'auprès d'un prophète fulgurant." (in de l'inconvénient d'être né).
Aristote disait déjà que les enfants, n'étant pas finis, ne pouvaient prétendre au bonheur. Cette pensée vaut bien tous les Gombrochoses du monde...
Cioran, pardon.
SupprimerAh, mais cher Moine, Gombrowicz n'est ni jeuniste ni infantiliste : il critique dès les années 30 tant la mise au pinacle de la jeunesse que le rôle d'adulte responsable à quoi nous assigne ce monde de merde.
SupprimerBien avant Reich, Marcuse et Vaneigem, même si chez lui la notion de rôle est désignée par la "forme" ou la "gueule".
Vous devriez lire Ferdydurke ou Cosmos, croyez-m'en !
Et n'oublions jamais que c'est cette crevure de Chirac qui en 2000 a mimé Rimbaud contre De Gaulle pour inscrire dans la Constitution :
RépondreSupprimer« On n'est pas sérieux quand on a dit sept ans »