J’avais cinq ans environ. Mon père se trouvait un jour dans un cellier où l’on avait fait la lessive et où se brûlait encore un bon feu de bois de chêne. Il était seul et chantait auprès de ce feu, en s’accompagnant de sa viole. Le froid était intense, et voilà que mon père, en regardant les flammes, vit par hasard au milieu des plus ardentes un petit animal semblable à un lézard, qui semblait se plaire étrangement au plus intense de cette fournaise. Il reconnut de suite ce que c’était et nous appela, ma sœur et moi, puis, tout en nous montrant l’animal, il m’administra une maîtresse gifle qui me fit pleurer à torrent. Il m’apaisa benoîtement et me dit : « Mon cher petit enfant, la gifle que tu as reçue n’est point pour te punir d’avoir mal fait, mais uniquement pour que tu te souviennes que ce lézard, que tu vois au milieu des flammes, est une salamandre, animal si rare qu’il n’est pas sûr qu’autre personne en ait jamais vu. » Il me baisa ensuite et me donna quelques piécettes.
Vie de Benvenuto Cellini écrite par lui-même (tr. Maurice Beaufreton), Julliard, 1965, t. 1, coll. Littérature n°22, p. 51.
Cette histoire de gifle inopinée m'en rappelle une autre, racontée me semble-t-il par un cinéaste (Buñuel ?) : enfant, lorsque lui ou son frère commettait une bêtise, c'était l'autre qui prenait une rouste — « pour apprendre ce qu'est l'injustice », disait le père.
Cette histoire de gifle inopinée m'en rappelle une autre, racontée me semble-t-il par un cinéaste (Buñuel ?) : enfant, lorsque lui ou son frère commettait une bêtise, c'était l'autre qui prenait une rouste — « pour apprendre ce qu'est l'injustice », disait le père.
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RépondreSupprimerRenseignements pris, c'est dans un film de Truffaut que l'on entend cela, mais lui-même aurait lu cette histoire dans le Journal de Cocteau.
RépondreSupprimerVoyons, l'injustice ne s'apprend pas, elle se transmet.
RépondreSupprimerde retour , pas de Marciac, c'est pas le moment.
RépondreSupprimerOui, elle se transmet
où êtes-vous ?
RépondreSupprimerL'injustice se transmet, parfois elle prend des gnons en retour, et il arrive que les êtres voyagent, loin du numérique. J'étais parti quelques jours, déplacer cinq tonnes de pierres taillées — entre autres.
RépondreSupprimercosi ?
RépondreSupprimerou ?
RépondreSupprimerMais non, thé, je n'ai rien d'un archéologue ni d'un joaillier : il s'agissait juste de déplacer les ruines d'une bâtisse écroulée.
RépondreSupprimerMoins poétique
RépondreSupprimerLes ruines sont naturellement poétiques.
RépondreSupprimerVous paraphrasez Mallarmé
RépondreSupprimerQuel texte ? En tout cas, ce n'était pas du béton, armé ou non : plutôt un petit val qui mousse de rayons.
RépondreSupprimerNon, Georges. C'était : elle est poétique, la garce (la lune). Pas de "", car me rappelle plus les mots exacts, mais, c'est le sens. Ce doit être dans une lettre à Valéry
RépondreSupprimerMallarmé, j'ai même lu ce qu'il écrivait pour Le Petit Echo De La Mode ou équivalent
RépondreSupprimerLes ruines, Rimbaud, c'est pas trop ça. Avec ou sans trous rouges
Je sais bien que Rimbaud n'a rien de romantique. Mais pour l'ambiance précise, ces mots-là sont idoines.
RépondreSupprimerQuant à Mallarmé, je le suis, hélas.
Les armes se fourbissent, au joli mois de mai
RépondreSupprimerJoli. Et très leirisien, de surcroît. Mais déjà tant de kilomètres de lectures en retard, et puis ma bibliothèque de poésie est au fond d'un entrepôt en banlieue… Mais surtout, chaque fois que je tente de le lire, il demeure distant, je le trouve froid, hiératique, glaçant de perfection. Ce qui m'est le plus proche, jusqu'à présent, c'est encore Les plaisirs de la Poste… Il faudrait que je retrouve Tombeau pour Anatole, dont on m'a dit le plus grand bien.
RépondreSupprimerLe mai le joli mai a paré les ruines
RépondreSupprimerÀ Pauline R., en revanche, je suis toujours immédiatement réceptif, comme on dit en neurologie.
RépondreSupprimeralors, cadeau
RépondreSupprimerMerci. Mais la musique aigrelette est assez crispante.
RépondreSupprimerOui, j'ai trouvé aussi. Pour les autres textes, c'est pareil. Dommage...
RépondreSupprimerEt la version du Pont Mirabeau récitée par Apollinaire lui-même, vous connaissez ? Elle est étonnante.
RépondreSupprimerPardon : c'est ici.
RépondreSupprimerOui. Je réponds à : "vous connaissez ? "
RépondreSupprimerIl avait déjà dû être trépané.
J'aurais pas dit étonnante
Trop imprécis ? Je voulais dire qu'il donne l'impression de terriblement s'emmerder. Trépané, certes non : l'enregistrement date de 1913.
RépondreSupprimerDes interprétations qui me ravissent, aucune. Les ai toutes écoutées. Ni Reggiani, ni Ferré, ni aucun autre, ni aucune, Cora Vocaire.
RépondreSupprimerIl y a un site où les auteurs lisent leurs oeuvres, et c'est aussi surprenant
De s'emmerder, non. Il déclame. Comme c'était au théâtre, en ce temps-là
C'est toujours mièvre, mauve. Ils n'arrivent pas à trouver la demi-teinte.