1976
Il y a un an.
Il y a un siècle.
Il y a une éternité.
La Bretagne en pleine première canicule (de l'italien canicula, « petite chienne », autre nom de l'étoile Sirius, qui se lève et se couche avec le Soleil du 22 juillet au 22 août — merci Paul Robert !), deux ans avant l'Amoco Cadiz et ses 227 00 tonnes de mazout sur le sable et les oiseaux, dix ans avant Tchernobyl.
De la préhistoire par rapport à Fukushima mais moi je tombais amoureux pour la énième fois et elle s'appelait Marie-Hélène Saudubray et il n'y avait plus d'eau nulle part (j'étais en eau en permanence), on ne tirait plus la chasse des chiottes, tout commençait à schlinguer grave, un camion-réservoir passait deux fois par jour, on faisait la queue pour remplir nos seaux.
L'amour embrasant, quoi, les premiers émois.
« Tu ressemblais à une aquarelle de Marie Laurencin »
(Peut-on imaginer paroles plus débiles, quand on a lu Apollinaire et Cravan, qui demandait qu'on lui mette « une grosse paléontologie au Théâtre des Variétés » ?)
Profumo di donna
(Le film de Dino Risi était sorti un an avant qu'on entende sur les ondes Ça va pas changer le monde, à une époque où l'on voulait encore changer le monde.)
Mais rien ne s'est passé, sauf Joe Dassin en boucle dans le poste.
Et moi j'étais beau.
Un peu de tendresse au milieu du chaos.
Il y a une éternité, un siècle, un an.
Et moi j'étais beau.
Un peu de tendresse au milieu du chaos.
Il y a une éternité, un siècle, un an.
Est-ce que j'existe encore pour toi ?
Non ce n'était pas débile, ce sont les propos de Cravan qui le sont, je n'ai pas peur le dire et je l'attends sur un tatami, je lui enverrai une de mes élèves pour lui broyer ses cervicales de phallocrate. Cela dit je ne connais rien à la peinture de Marie Laurencin.
RépondreSupprimerCravan pratiquait la boxe, mon cher, et non l'aïkido.
RépondreSupprimerEt ce n'est pas parce qu'on est femme et/ou artiste qu'on n'est pas critiquable.
Mais surtout, quels propos au juste ?
Ceux du n°3 de Maintenant ou bien la précision dans le rectificatif du n°4, suite à la provocation en duel d'Apollinaire ?
Je n'ignorais pas que Cravan pratiquait la boxe George, qui l'ignore d'ailleurs ? Ici ? Vous êtes sérieux ?
RépondreSupprimerOn a le droit de critiquer tout le monde, même les icônes. Comme Cravan, par exemple.
Je parlais des propos de violeur.
Mon message qui tentait pathétiquement d'être humoristiques, un peu à la manière de Cravan d'ailleurs, sans son talent évidemment, souhaitaient avant tout exprimer que je ne trouve pas que des mots d'amour d'adolescence, même naïfs, soient "débiles". Je vieillis peut-être, mais je les trouve plus intelligents, frais et réjouissants que ceux prévoyant, menaçant ou fanfaronnant d'aller mettre une grosse bite au cul d'une femme ayant eu l'outrecuidance de venir concurrencer les mâles dans leurs prérogatives artistiques.
Ah là là, Wrob, comme tu es susceptible !
RépondreSupprimerNous sommes d'accord à peu près sur tout, sauf que tu ne m'as pas répondu, pour la référence au n°3 ou au n°4.
Jamais Cravan n'a critiqué Artemisia Gentileschi, que je sache.
Regarde les mièvreries qu'a peintes Marie Laurencin, bien en-dessous de la mésestimée (à cause de cet enfoiré de Gotlib, mon héros) Marceline Desbordes-Valmore : tu comprendras que Cravan exprime ici de façon certes violente (mais l'époque était raide, ne l'oublions pas) sa rancune envers son pote Apollinaire de s'être épris de pareille insignifiante.
C'est de la provoc' adressée à Guillaume, Cravan n'en avait rien à foutre de la belle Marie en qui il voyait se perdre son ami, qui ne méritait dès lors (pas Laure) plus que mépris attristé.
Et tiens, je parlais de toi pas plus tard que la semaine dernière à l'un de mes meilleurs amis (au fil des ans, il arrivent qu'ils changent), le merveilleux compositeur Henri Ancilotti (gros tague sur le présent blogue) qui préside asteure l'association d'aïkido de Limoges.
Je lui ai montré les vidéos d'exercice où tu tombes sans cesse en masochiste au tatami, il a apprécié en connaisseur.
Demain soir, présentation à 19 h à Quilombo d'une somme sur Eugène Pottier illustrée par Baudoin, suivie d'un concert de Si bémol et quatorze demis.
Ça te dirait ?
"au fil des ans, il arrivE", évidemment.
RépondreSupprimerÇa arrive.
C'est vrai que j'ai dégainé le sabre un peu précipitamment, cher George, peut-être mon abus actuel de films de samouraïs prêts à s'ouvrir le ventre à tout bout de champ au moindre soupçon de déshonneur... Je te fais amende honorable.
RépondreSupprimerMais mon intention première était gentille, quoique sincère. Cette "tendresse au milieu du chaos" et la comparaison dont tu usas pour l'exprimer, me touchèrent et me renvoyèrent en arrière, me faisant regretter que mon adolescence n'ait pas été si fleur bleue, mais paralysée par la peur des filles, peur noyée dans le porno et la biture, hélas trop tôt découverts !
Tu passeras le bonjour à mon collègue aïkidoka. Fait-t-il parti du groupe Stupeflip ? Où puis-je écouter ses compositions ?
Évidemment ton offre me met sacrément l'eau à la bouche ! Mais vendredi je me lève à 6 heures... Peuvent pas foutre la Révolution un vendredi ou un samedi soir, non ?!!
Toutes mes protestations d'amitié.