Ce furieux doux génie de Guetch s'est récemment mis à fourbir des limericks (à foison, comme il se doit, selon sa façon très hugolienne), forme poétique d'origine anglo-saxonne qui se prête peu à notre langue — certains s'y sont déjà essayé, cependant.
Il vient d'en concocter un en l'honneur (?) de votre serviteur, le sieur Weaver :
C’est un grand lecteur de Willem,
Le gars nommé Georg-Wilhelm-
Ferdydurk’ Weaver ;
Ouriginal, très peu souiveur ;
Lexomaniaqu’ : les mots il aime !
Ç’culot d’prendr’ les prénoms d’Hegel
(Philosoph’ qu’pourtant t’il dégueul’) !
Et l’nom d’Spinoza
(Pour peu qu’l’on supposa
Qu’c’est ç’qu’veut dir’ « Weaver ») : ç’a d’la gueul’ !
Son pot’ ç’tait G-Deubeuliou Fbush.
« Z’ont les mêm’s z’initial’s ! ça m’bouch’
Un coin ! Coin-coin-coin ! »
S’écri’ l’Canard du coin
Enchaîné, d’au métro, un’ bouch’,
Pour protester contre les pets
(« Prépar’ la guerr’ s’tu veux la paix » !
(S’t’veux la paix, bel homm’,
Sors ton parabellum !))
Qui rend’nt l’air d’plus en plus épais.
Le Canard lui, s’appell’ Charlie
(Comm’ l’Hebdo qu’on suppos’ qu’Charb lit !
— Mais pas les laquais.)
Ce Canard est laqué
Par l’mair’ d’Canton. « Qui ça ? » — Ach ! Li !
Ç’ui qu’arrive à épier Yachine
Aux vestiair’s, grâce à un’ machine
(ç’t’un vrai feuilleton !),
Qu’est fait’ d’un œilleton
Pour fliquer l’gardien. C’est lâche, in-
Iqu’ d’espionner ainsi son goal,
Pour l’voir aux chiott’s, quand l’a la gaule,
Lev, et qu’y s'tripote
En pensant à son pote
Qui s’prend pour l’Général de Gaulle,
Sauveur d’l’équip’ de Limerick,
Et rentr’ plus dans son slim, l’Eric,
L’ « Sir » Cantona. » « Ah !
Ce s’rait-y qu'on a a-
Nobli l’Eric, déjà plein d’fric ?! »
Anobli l’Canto ?! C’est récent ?
En tout cas c’est intéressant !
Anoblir un foot-
Balleur ! Ouah ! P’tain ! Foutr’ !
En mêm’ temps ç’plutôt indécent.
Déjà anoblir les Beatolz
Et les balader dans un’ Rollz..
Pourquoi pas Ze Who ?
Et pas Papandréou ?
Jean-Pierr’ Pernaud ? Ou Gérard Holtz ?
Mais anoblir un footballeur ?
Il n’y a pas d’plus grand trou d’balle ! Heur-
Eus’ment qu’y vaut mieux
Voir ça qu’avoir pas d’yeux !
« Transvaluation d’tout’s les valeurs »,
Eût dit (en All’mand) l’gars Friedrich.
« Friedrich ? » « Connaissez pas Fred Nie’ch’ ?
C’est Pair d’Angleterre !
Et ça s’cach’ pas sous terre
D’avoir un Q.I. si peu rich’ ? »
……………………………………………
Comme dans l’feuill’ton d’Delfeil de Ton
R’v’nons à Li et son œilleton :
En Français « Judas »,
Du nom d’çui qu’encuda
Le Jésus-Christ, à ç’que dit-on.
C’est dire un peu comm’ c’est perfide
D’r’garder par un trou l’mec qui s’vide
Les burn’s, dans les gogues
D’vestiair’ (synagogue,
Bordel, ç’qu’on veut…) Comm’ dit Ovide :
« Non ! L’art d’aimer, non, c’est pas ça ! »
Aussi… ben… donc… ce qui s’passa,
C’est qu’l’grand Lev Yachine
En eut plus qu’marr’ d’la Chine
Et au Dynamo d’Kiev s’r’cassa…
« Judas », en Anglais, ç' « Peeping-Tom » :
C’était un sal’ p’tit voyeur ç’t’homme ;
Lady Godiva
Nue, à ch’val se trouva ;
Tous les gens s’calfeutrèr’nt at home ;
Tous, sauf ce Tom, qui la mata ;
Harry, l’mari d’rage éclata,
Croyant qu’la Lady
Eût un mec et n’l'ait dit ;
La voil’ d’sa raison démata ;
L’obligea à ch’vaucher à poil
Pour punir cette adultèr’, pouah ! L’
Horreur pour ç’t’gonzesse !
Mais ç’pas l’genr’ d’leur Princesse :
Port’s, f’nêtr’s, les gens fermèr’nt tou’ à l’
Heure où ell’ traversa la ville
Nue, à ch’val, tous, sauf Tom, le vil,
Qui mata tout : chatte,
Clito, touff’, moul’, chagatte ;
Du moins c’est ç’qu’racont’ Shakespear’ Will.
V’là pourquoi l’on nomm’ « Tom-l’-mateur »,
L’judas, normal ou à moteur,
Où ç’qu’on fait l’planton,
Et qu’au F.C. Canton,
Li, mit pour l’Kiev Dynamiteur.
……………………………………………………
Bon tout ça pour dir’ qu’Weaver
(A pas confondre avec « Beaver »
— Ça ç’tait le surnom
D’Simon’ d’Beauvoir, sûr, non ?)
De ce p’tit groupe est le driver :
C’est l’Lev Yachin’ d’ce Guignol’s Band ;
L’ « Araigné’ Noir’ » d’cett’ petit’ bande.
Araigné’car Nietzsche,
Ouais, le célèbr’ Friedrietzsche,
L’gars qui pour Lou Salomé bande,
A r’marqué que l’ « araigné’ » (« Spin »
En Deutsch) se retrouv’ dans « Spin-
Oza » (le farouch’
Juif portugais Baruch,
Qui jamais ne se servit d’s’pine ;
Un peu comm’ Kant Emmanuel :
Deux intellos peu manuels,
Ces Spino et Kant,
Les fameux Célacanthes
Qu’ont jamais vu Emmanuelle…)
Nietzsch’, qu’est un gars plutôt lucide,
Veut dir’ qu’le Spin’ est translucide ;
Qu’c’est des cucut’ries
L’more geometri-
Co ; qu’l’mec y triqu’ flacide.
Et G - Double V – F est noir
Car le Weaver est un anouar,
C’t’un anou-archiste :
(L’genr’ contr’ le gaz de schiste !..)
Y’a un grand « A » sur son peignoir..
Or l’araignée, aussi, ell’ tisse,
Sa substanc’ translucid’, qu’ell’ pisse ;
Or s’trouv’ qu’en Angliche
(Where « My taylor is rich »),
Ça s’dit « Weaver » le mec qui tisse :
Donc, moi, j’dis qu’un mec qui s’appelle
‘Vec des initial’s z’à la pelle,
Des G, Double V,
Des F, tout comm’ les vé-
Nérabl’s prénoms d’Hegel s’épèlent ;
Et si «Weaver», en plus, ç’gars-là,
S’fait nommer quand s’pointe aux galas,
C’est que ce gars ose
S’faire être’ « Hegel-Spinoze » !
(Remarqu’ qu’c’est mieux qu’ « Jacqu’s Séguéla » !)
Ah ! mais pardon, pour la bonne compréhension de l'irruption dans ce texte d'Éric Cantona, de Li (maire — hic !) et de Lev Yachine, il faut prendre connaissance d'un limerick antérieur du même auteur :
Li, queutard et mair’ de Canton,
Queuta tout’s les mèr’s du canton.
(Certain’s d’plus loin viennent :
La femm’ d’Brückner à Vienne
Dit : « Li ç’pas la mêm’ merd’ qu’Anton ! »)
Li arrive à pied par la Chine
Pour recruter l’grand Lev Yachine
Au F.C. Canton
Pour l’tournoi du canton
Qu’attir’ plein d’mond : Machin, Machine…
L’équip’ du Sporting d’Limerick
Compt’ dans ses rangs l’sublime Eric
Canto – « Oh ! » – na – « Ah ! »
Au casqu’ l’écoute A-Ah
Pour s’concentrer. Quel frim’ l’Eric !
Dans les tribun’s, Tom et Jerry, qu-
I sont v’nus exprès d’Amériqu’,
Arrivés tantôt,
Voir si c’est vrai qu’ Canto,
D’ ses pieds, fait des trucs féeriqu’s.
Canton, Barcelone élimine.
Mais ça n’empêch’ pas que Li s’mine…
En demi-final’
Lim’rick sort Arsenal
Grâce à Canto : Li fait gris’ mine ;
Tout tremblant dans son froc Li chie
Et s’remonte à l’alcool d’litchie.
Pourquoi l’a les boules ?
Canton bat Liverpool !
« Oh hypostase ! Entéléchie ! »
Canton-Lim’rick : Canto s’échine,
Mais rien à fair’ contr’ Lev Yachine,
Dit « L’araigné’ noir’ »…
Mi-temps ! A l’urinoir,
Pour pisser Canto lèv’ l’échine,
Secoue sa queu’, r’vient sur l’terrain.
Yachin’ lui dit : « Gaffe à tes reins ! »
Mais Canto s’efface.
L’autr’ l’couch’ dans la surface.
Y’a pénalty ! La loi d’airain !
Et l’arbitre expuls’ Lev Yachine.
Li, remplaçant, enlèv’ le jean ;
Il tremble, est sans voix :
Pour s’r’monter il s’envoie
Un grand verre, qu’il soulèv’, plein d’gin.
Pendant ç’temps Canto pos’ l’ballon..
Li s’approche et s’dit : « Bah ! Allons ».
Canto tire à droite.
Mais Li a les mains moites
Et pas autant qu’Lev n’a l’ bras long…
En plus, ce con, qu’a la pétoche,
Pour couronner l’tout, plonge à gauche…
On soulèv’ Canto
Qui chant’ le bel canto
R’çoit la coupe et la met à gauche
Car une envi’ le turlupine :
La coup’ d’un’ main, de l’autr’ la pine,
Il y coule un bronze !
Ce Cantona quel gonze !
Il arrive à chier par la pine !
certaines rimes ne riment à rien
RépondreSupprimerOr, la rime sert
RépondreSupprimerLesquelles, par exemple ?
RépondreSupprimerIl faut qu' les rimes lient qu' ceux
qui peuvent s'assembler à l'oreille, telle est la règle.
Concernant celle qui régit les limericks, voici comment l'a rédigée — sous la même forme contrainte — l'ami Guetch :
Sauriez-vous écrire un lim’rick ?
Si non, imitez Frédérick :
C’est un p’tit poème
Qui n’a qu’deux rim’s en « ème »,
Cerné’s de trois rim’s, ell’s en « rick »
À vous ! Un lim’rick écrivez !
Alors ? Vous n’pouvez y’arriver ?
Un’ p’tit’ poési’ !
C’est facile, allez-y !
Mais pour ça il faut s’ motiver !
Avez-vous vu qu’un limerick
N’a pas forcément d’rime en « rick » ?
Non plus qu’d’rim en « ème » ?
Ça vous pose un problème ?
Eh bien, r’d’mandez à Frédérick !
Pour ne pas partir de travers :
Y s’trouv’ qu’un lim’rick a cinq vers.
Deux rim’s, B et A
D’form' AA BBA.
Voilà le systèm’ découvert.
Le rythm’ n’est pas du métronom’ :
Da DOM da da DOM da da DOM
Sur les vers 1, 2
Et 5. C’est pas hideux.
T’entends la caiss’ claire et le tom.
Da DOM da da DOM sur le 3
C’est beau, c’est bancal, ça fait froid
Dans l’dos et sur l’4
Pas pareil, il faut battre
Da da DOM da da DOM, l’jazz est roi !