Avertissement légal

Tous les textes apparaissant sur ce site sont automatiquement générés par notre nouveau logiciel Hétéronomix™ qui vous libère enfin de la pesante nécessité de réfléchir.
Ne perdez plus votre précieux temps de consommateurice à répondre à vos correspondants, les plus exigeants fussent-ils quant à la teneur conceptuelle ou la qualité des propos échangés : Hétéronomix™ se charge de tout ! Syntaxe et orthographe garanties parfaites et évolutives au fil des décrets.
Approuvé par la norme AFNOR ISO 9001.

mardi 28 décembre 2010

S'enrichir en administrant la surveillance mutuelle généralisée de ses concitoyens ?
Facile !


On a reçu ceci tout à l'heure (fautes et coquilles sont bien entendu du robot-expéditeur) :

Bonjour,
 
J'ai trouvé votre blog L'Ex, homme-âne-yack sur Blogger et j'aurais une proposition intéressante à vous faire.
Je travaille pour la fondation City Media (citymediafoundation.org) et nous contactons actuellement les meilleurs bloggeurs au quatre coins du monde pour leur permettre de devenir l'administrateur du site vidéo de leur ville; c'est pour cela que je vous contacte.
 
Nous avons créé le réseau [City].vi, rendant les vidéos des villes du monde facilement accessible grâce à ce modèle d'adresse: “nom de la ville” suivit de “.vi”
Par exemple: paris.vi, madrid.vi, chicago.vi, losangeles.vi, etc.
Ce modèle d'adresse marche pour les 68000 villes les plus importantes du monde. Pensez à une ville et essayez...
 
L'objectif du réseau [City].vi est de devenir la première ressource de vidéos d'information locale. Notre stratégie: travailler dans le monde entier avec les meilleurs administrateurs de site.
 
Nous souhaitons vous proposer de devenir l'administrateur de paris.vi et offrir aux internautes une selection des meilleures vidéos sur Paris.
En étant l'administrateur du site vidéo de votre ville, vous percevez l'intégralité des revenues provenant des publicités, des référencements professionnels et autres...
En clair, administrer paris.vi revient à faire connaître le site à vos concitoyens pour qu'ils postent et regardent les vidéos.
 
Venez sur le site, vous touverez le détail de notre proposition, les avantages à travailler avec nous et à prendre le contrôle du site vidéo de votre ville.
Video: http://www.youtube.com/watch?v=Kl500NppDCY
Facebook: http://www.facebook.com/city.vi
Twitter: http://www.twitter.com/city_vi
 
Merci de votre attention.
 
Vicki Karlin
City.vi Manager
City.vi, a tool by CityMedia Fdt
citymediafoundation.org

jeudi 23 décembre 2010

Toi aussi !


TOI AUSSI, PARTICIPE À LA GRANDE AVENTURE POST-MODERNE DU PURITANISME BIO !

DESSÈCHE-TOI, DESSÈCHE-NOUS, MOUILLE-TOI À FOND POUR QUE PERSONNE NE MOUILLE !

DES IMAGES AUSSI IMMONDES QUE CELLES-CI DOIVENT DISPARAÎTRE À TOUT JAMAIS DE L'IMAGINAIRE DE L'HUMANITÉ :


REJOINS LA COHORTE DES DÉLATEURS ANONYMES QUI VEULENT, VEULES,  ÉRADIQUER DES TEMPLES DU STUPRE TELS QUE FRENCH BOOK COVERS !

ET N'OUBLIE PAS DE RÉCITER CENT FOIS PAR JOUR LA SAINTE LITANIE DE GOUGUEULE :

Si vous découvrez un blog qui, selon vous, ne respecte pas notre règlement en matière de contenu, veuillez nous le signaler à l'aide du lien "Signaler le blog" situé en haut de chaque blog. (Remarque : Si le propriétaire du blog a masqué ce lien, vous pouvez toujours nous signaler le blog à l'aide de ce formulaire).
Notre équipe passe ses rapports en revue afin de s'assurer de la non-violation du règlement. Si le blog n'enfreint pas nos règles, nous ne prendrons aucune mesure contre le blog ni son propriétaire. Si nous découvrons que le blog ne respecte pas notre règlement relatif au contenu, nous suivrons l'une ou plusieurs des procédures ci-après selon la gravité de la violation :
  • Placer le blog derrière un interstitiel "contenu réservé aux adultes"
  • Placer le blog derrière un interstitiel où seul l'auteur du blog peut accéder à son contenu
  • Supprimer le blog
  • Désactiver l'accès de l'auteur à son compte Blogger
  • Désactiver l'accès de l'auteur à son compte Google
  • Dénoncer l'utilisateur aux autorités 
     

samedi 18 décembre 2010

Reformatage


« C'est en Espagne que ma génération a appris que l'on peut avoir raison et être vaincu, que la force peut détruire l'âme et que, parfois, le courage n'obtient pas de récompense. C'est, sans aucun doute, ce qui explique pourquoi tant d'hommes à travers le monde considèrent le drame espagnol comme étant une tragédie personnelle, la dernière grande cause. »


Lorsque l'on entreprend de rechercher sur le Ouèbe les références de cette citation, on tombe sur quantité de sites qui nous apprennent qu'elle est de Camus, mais sans jamais fournir de références bibliographiques précises, et sans accord non plus sur la date : par exemple ici, , , , , , , etc. (Gougueule annonce quelque 400 réponses). Sur cette page, un inconnu demandait en 2006 à un bibliothécaire de Lyon la provenance de cette citation, sans obtenir de réponse satisfaisante — à part un lien (mort) menant à un site qui la date du 1er avril 1939.
On retrouve ce passage dans certains livres consacrés à la guerre civile espagnole, tels celui-ci ou celui-là (qui n'hésite pas à préciser : « À son époque, Albert Camus avait écrit… »)

Il se trouve que j'ai eu récemment besoin de retrouver la référence exacte de ce passage. Rien sur Gougueule Bouxes. Ayant découvert sur le site de l'Université de Floride l'adresse mèle de l'un des responsables de la nouvelle édition des œuvres de Camus en Pléiade, Raymond Gay-Crosier, je lui ai adressé le message suivant :

Cher Monsieur,

Je me permets de solliciter votre érudition en matière d'études camusiennes car cela fait quelque temps que je recherche en vain l'origine exacte de la citation suivante :

« C'est en Espagne que ma génération a appris que l'on peut avoir raison et être vaincu, que la force peut détruire l'âme et que, parfois, le courage n'obtient pas de récompense. C'est, sans aucun doute, ce qui explique pourquoi tant d'hommes à travers le monde considèrent le drame espagnol comme étant une tragédie personnelle, la dernière grande cause. »

Je croyais que ce passage provenait des Chroniques algériennes 1939-1958 mais cela ne semble pas être le cas, et mes recherches sur la Toile ne donnent rien pour l'instant. Certains datent le texte d'où il est extrait du 1er avril 1939, d'autres de 1944, sans justification quelconque…

Si les références de cette citation vous sont familières, auriez-vous l'extrême obligeance de me les communiquer brièvement par retour de courriel ? Je vous en serais très reconnaissant.

Cordialement, etc.

Quelques heures plus tard, je recevais cette réponse :

Cher Monsieur,

En lisant la citation ci-dessous, je me suis dit qu’il devait être assez facile de trouver ce passage dans l’un des nombreux articles que Camus a consacrés à l’Espagne. Je les ai donc rapidement parcourus dans les quatre tomes de la nouvelle Pléiade jusqu’à “Ce que je dois à l’Espagne” (1958, t. IV, p. 591) sans rien y trouver. Puis j’ai fait de même en consultant les interviews et conférences, publiées de son vivant ou dans les écrits posthumes, susceptibles de se référer à l’Espagne : même résultat négatif. Faute de temps, je ne puis appliquer cette méthode aux trop nombreux éditoriaux de Combat. La prédilection que Camus avait pour l’Espagne, qui explique la familiarité que nous ressentons en lisant le passage que vous citez, rend les sources possibles si nombreuses qu’il m’est impossible de poursuivre toutes les pistes. Cependant, je puis vous assurer que ce passage ne se trouve ni dans les Carnets, ni dans les Actuelles  puisque j’en ai scanné l’ensemble des deux séries de textes sans succès. Comme je ne possède pas de saisie des articles parus dans Combat, je dois laisser à vos soins cette lecture diagonale qui livrera peut-être la source du passage en question. Il a en tout cas  l’air tout à fait authentique.  J’ai aussi revisité sans succès les interviews les plus connues. Mais il faudrait les revoir toutes, car il se peut que Camus fasse cette allusion générationnelle dans l’une d’entre elles même si elle ne porte pas essentiellement sur des questions politiques ou sur l’Espagne. Si je ne vous livre donc pas la réponse voulue, j’élimine au moins bon nombre de sources où vous n’avez plus à chercher.

Cordialement,

Raymond Gay-Crosier

J'étais assez confus de cette extrême obligeance, d'avoir ainsi donné du fil à retordre à cet éminent spécialiste, mais surtout très perplexe : comment se faisait-il que lui-même ne connaisse pas la source de cette citation qui fourmille sur le Net ?

Bizarre.

Du coup, j'ai relancé une recherche sur Gougueule Bouxes, mais seulement sur le segment « avoir raison et être vaincu ». Et là je suis tombé sur cette page, qui montre un extrait de l'incipit de la préface de Camus au recueil collectif L'Espagne libre (Calmann-Lévy, 1946, repris dans dans Actuelles I, Gallimard, Bibl. de la Pléiade, O. C. II : 1944-1948, 2006, p. 665) :
« Voici neuf ans que les hommes de ma génération ont l'Espagne sur le cœur. Neuf ans qu'ils la portent avec eux comme une mauvaise blessure. C'est par elle qu'ils ont connu pour la première fois le goût de la défaite, qu'ils ont découvert, avec une surprise dont ils sont à peine revenus, qu'on pouvait avoir raison et être vaincu, que la force pouvait se soumettre l'esprit et qu'il était des cas où le courage n'avait pas sa récompense.
C'est cela sans doute qui explique que tant d'hommes dans le monde aient ressenti le drame espagnol comme une tragédie personnelle. »
En comparant les deux versions, le doute n'était plus possible : celle-ci est d'un style nettement plus soutenu que celle qui grouille sur le Net. Mais pourquoi cette dernière ajoute-t-elle à la fin « la dernière grande cause » ?

Je suis retourné lire plus attentivement les différentes pages que j'ai indiquées en lien au début de ce billet, et notamment celle-ci, traduction française d'un compte rendu anglais de l'exposition The Spanish Civil War — Dreams + Nightmares, qui s'était tenue à Londres (Imperial War Museum) du 18 octobre 2001 au 21 (ou 28 ?) avril 2002, sous la houlette de l'historien Paul Preston. Celui-ci, dans le catalogue, cite le passage de Camus en exergue de son texte présentant les différentes pièces exposées au musée :
« It was in Spain that men learned that one can be right and still be beaten, that force can vanquish spirit, that there are times when courage is not its own reward. It is this, without doubt, which explains why so many men throughout the world regard the Spanish drama as a personal tragedy. »

Apparemment il ne s'est pas foulé, le traducteur français (québécois, en réalité, pour le n°1 de la revue Arsenal) du compte rendu de cette exposition par un certain S. K. dans le numéro de 2002 de la revue marxo-lénino-maoïste A World to Win : plutôt que d'aller rechercher le texte original de Camus (dont Preston ne fournit pas les références dans le catalogue en question), il semble avoir tout bonnement retraduit de l'anglais. Et juste après la retraduction, on lit cette phrase :
« Preston en rajoute et nous dit que la guerre civile espagnole fut, en dernière analyse, ce qu'il appelle "la dernière grande cause" ».

Cette « dernière grande cause » est donc du Preston, non du Camus, mais désormais c'est cette version trafiquée et implantée qui fait autorité, puisque majoritaire sur la Toile.
Et en réalité, la retraduction de ce passage n'est même pas le fait des Québécois d'Arsenal. Car elle figure déjà dans le premier livre que j'ai mentionné ci-dessus, La guerre civile espagnole : des photographes pour l'histoire (Marval, 2001), p. 154. C'est le catalogue d'une exposition qui s'est tenue à Paris (Hôtel Sully) du 22 juin au 23 septembre 2001 puis à Barcelone (Museu Nacional d'Art de Catalunya) du 10 octobre 2001 au 13 janvier 2002 :
Or son achevé d'imprimer date de mai 2001, plusieurs mois avant la parution du catalogue publié par l'Imperial War Museum. Cela laisse penser que cette retraduction anonyme circulait déjà sur le Net à l'époque, qu'elle a été reprise par les responsables de ce catalogue-là, puis par les Québécois d'Arsenal, d'autres ont ensuite intégré le commentaire de Paul Preston à la fin du passage retoqué, etc., etc.

J'ai fait part de ces conclusions à Raymond Gay-Crosier, qui m'a répondu ceci :

Cher Monsieur,

Merci des précisions que vous m’avez fournies. En fait, cette préface était le tout premier texte auquel je me suis référé et, en effet, le ton étant le même, les différences étaient trop grandes pour que je le choisisse comme base de votre citation erronée. Mais cela m’a valu une relecture rapide des textes se rapportant à l’Espagne. Je pense que vous avez raison et que la citation en question circule depuis trop de temps sur l’internet  pour être corrigée.

Bien à vous,

RGC

Ceci est-il du pain, du vin, une tomate, un œuf, une maison, une ville ? Certainement pas, puisqu’un enchaînement de transformations internes, à court terme économiquement utile à ceux qui détiennent les moyens de production, en a gardé le nom et une bonne part de l’apparence, mais en en retirant le goût et le contenu. On assure pourtant que les divers biens consommables répondent indiscutablement à ces appellations traditionnelles, et on en donne pour preuve le fait qu’il n’existe plus rien d’autre, et qu’il n’y a donc plus de comparaison possible. Comme on a fait en sorte que très peu de gens sachent où trouver les authentiques là où ils existent encore, le faux peut relever légalement le nom du vrai qui s’est éteint. Et le même principe qui régit la nourriture ou l’habitat du peuple s’étend partout, jusqu’aux livres ou aux dernières apparences de débat démocratique que l’on veut bien lui montrer.

Guy Debord, Préface à la quatrième édition italienne
de « La Société du Spectacle »,
janvier 1979

vendredi 10 décembre 2010

Y'a pas que Gombrowicz dans la vie :
y'a aussi Spinoza !


C'est grâce à l'indispensable et raffiné site Ultima, pétri de citations choisies avec discernement par le tenancier du blogue Les avant-dernières choses, que j'ai découvert (sur cette page) l'existence du dernier livre de Frédéric Lordon, Capitalisme, désir et servitude - Marx et Spinoza, qui s'efforce de contribuer à édifier une économie politique spinoziste.
Frédéric Lordon était l'invité de Sylvain Bourmeau pour l'émission La suite dans les idées du 2 octobre dernier :



Il a également donné sur le même thème, le 13 novembre, une très intéressante conférence-discussion que l'on peut écouter sur cette page. On y entend par exemple ceci : Le néo-libéralisme, comme régime particulier, a pour vocation de coloniser intégralement l'intériorité des travailleurs, c'est-à-dire de refaçonner intégralement leurs désirs et leurs affects.

Et ce matin sur France Culture, dans Les nouveaux chemins de la connaissance, Denis Moreau et Philippe Danino dissertaient sur le point central de désaccord entre Descartes et Spinoza : la question de l'union ou de l'identité du mental et du corporel — bref, le dualisme ou son refus :

jeudi 9 décembre 2010

La clé de trente portes

Quelques heures en compagnie de Witold Gombrowicz, pour la forme (et pour l'immaturité)



Pour commencer, voici une émission sur laquelle je dispose de fort peu d'informations, vu que tout ce qui nous est dit en préambule, c'est que sa première diffusion remonte à 1979 (sans doute pour célébrer le dixième anniversaire de la disparition de l'écrivain, survenue le 24 juillet 1969). J'ignore dans quel cadre elle s'inscrivait, et je ne connais même pas sa durée exacte puisqu'elle semble se poursuivre après les deux heures que j'avais enregistrées lors de la rediffusion nocturne du dimanche 15 février 1987.



Une autre émission à propos de laquelle je ne sais rien d'autre que ceci : j'avais enregistré sa rediffusion dans la nuit du 20 au 21 août 1990, de 04h15 à 05h45.
Il s'agit d'un Nuits magnétiques de mai 1984, consacré à l'écrivain à l'occasion de l'imminente production de Mariage sur la scène de Chaillot — foudroyante mise scène parfaite par la musique de Daniel Martin, la grâce même, inoubliable.



En juin 1967, Gilbert-Maurice Duprez rend visite, à Vence, à Gombrowicz, qui vient de recevoir le prix Formentor. Leur entretien n'a pas été diffusé sur le coup, mais seulement le 14 janvier 1970, après la mort de l'écrivain, et entrelardé de lectures de passages de l'œuvre — alors très confidentielle.



Un Mardis du théâtre du 7 novembre 1989,  « Gombrowicz, vingt ans après », produit par Lucien Attoun.
Il y a un souffle important parce que j'avais enregistré l'émission sur un radio-cassette de fortune, désolé. Enfin, au moins cette fois l'émission est complète :



L'adaptation radiophonique de Ferdydurke par Pierre Marcelle, diffusée du 10 au 21 janvier 2005 (il manque juste un tout petit bout à la fin du huitième épisode) :



Le cinéaste Jerzy Skolimowski a réalisé en 1991 une très correcte adaptation cinématographique de ce même récit — exercice pourtant acrobatique et périlleux au possible —, avec entre autres Judrette Godiche. Mais, catastrophe ! les producteurs anglais jugeant (avec raison, quoique à leur insu) fort peu compréhensible le titre original, Ferdydurke, en imposèrent un équivalent phonétique (en angliche) pourtant guère plus évocateur : Thirty Door Key !
Si le distributeur français n'avait pas eu l'intelligence minimale de rétablir le titre d'origine, ça aurait donné par chez nous un truc du genre La clé de trente portes (ou peut-être Faire dix dures queues, destiné au circuit X) qui n'aurait sans doute pas attiré même le plus forcené des amateurs de Witold…
Voici la scène du duel des gueules, entre Fizz et Mientus :


Terminons par cette lecture (à la Comédie Française, s'il vous plaît !) d'extraits du Journal par Andrzej Seweryn, diffusée sur France Culture le 16 mars 1997 :



Pour cette dernière émission dont j'ignorais tout jusqu'à voici peu, et pour la récupération du feuilleton Ferdydurke (en attendant de retrouver Cosmos, La pornographie et quelques adaptations de nouvelles de Bakakaï), j'exprime toute ma gratitude à la liste ANPR, évidemment : merci, Stéphane-René et Stéphane !

jeudi 2 décembre 2010

L'abjection de l'époque


Vous ressentez en permanence comme un vague malaise ? 
Vous êtes souvent triste, abattu, hébété, sans trop bien comprendre pourquoi ?
Vous pensez peut-être même que votre vie est complètement pourrie, ratée, que l'avenir est mort ?
Et vous croyez que pour changer cela il faudrait tomber amoureux, vivre des aventures palpitantes, voire rien de moins que  transformer de fond en comble l'organisation socio-économique qui nous oppresse ?

Vous vous trompez. 
Il suffit de changer de liquide vaisselle.


C'est du moins ce que nous serine cette campagne publicitaire bucolique qui s'étale depuis quelques jours sur les murs du métro parisien.

Autre immondice qui flétrit ces jours-ci notre regard : la campagne de l'INPES, « Bouger 30 minutes par jour », heureusement quasi-incompréhensible au premier coup d'œil, déclinée en six visuels différents.


Comme si tout était accessible et à portée de quelques minutes de marche, dans nos riantes villes et banlieues modernes… Comme si l'augmentation vertigineuse du coût des loyers depuis quelques décennies ne nous contraignait pas, le plus souvent, à nous exiler de plus en plus loin de notre lieu de boulot ou d'études… Surtout que dans le métro, ces énormes placards narguent les malheureux qui se cognent chaque jour des heures de transport en commun pour gratter un salaire de misère !

Mais il suffit d'un bon marqueur et d'un peu d'imagination pour rectifier un tantinet, grâce à quelques ajouts.
Car dans la survie réelle, le quotidien ressemble plutôt à ceci :


Grand merci à M'sieu Pop, qui s'est échiné à me dégotter
les affiches de cette campagne gouvernementale !