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samedi 30 octobre 2010

C'est la rue qui fait la loi !

Nous pourrions essayer de superposer de multiples cartes du territoire pour figurer la profusion des strates de l’activité en cours. La conjoncture chantonne en sourdine une fameuse ritournelle, bribes d’hétérogène, consistance nouvelle. Pour qui veut bien l’entendre, cela se voit ici : voilà bien ce qu’il fallait pour faire la guerre au palais, sache que ta meilleure amie, prolétaire, c’est la chimie.



Des cartes, il en faudrait 10, 50, 1000, des facs aux défilés, des piquets aux blocages, des dîners de famille aux bars, des conversations à distance ou des échanges de mèles comme des rencontres imprévues, des sourires, des connivences, des rages décisionnaires et des associations libres, des cartes où puissent se lire ce qui trame aujourd’hui. Cela nous vengerait du silence public sur ce qui a lieu et nous meut. Cela nous soignerait préventivement de la tristesse et des mensonges intéressés sur le "retour à la normale". Cela confirmerait l’émergence de temporalités décidément rétives à la capture capitaliste de la vie que représente à son tour la "réforme" des retraites, qui — une fois encore — veut arrimer nos biographies à une mesure qui fait du temps d’emploi, et donc de l’exploitation, le sésame de l’existence même.

La retraite figurait l’horizon d’un temps libre. Un mur remplace ce dernier. Avec son précipice amorti, le minimum vieillesse… à 65 ans. Le temps libre, lorsqu’il n’est pas celui des nantis, doit devenir infernal.

Le chômage n’est pas l’envers — heureux ou indigne — du travail, mais l’un de ses moments. C’est ce contrôle du temps de vie que la grève des chômeurs entend combattre, en fabriquant des jonctions pratiques. La grève, tournante, rampante, par blocage, est une libération, une libération de l’activité, enfin orientée vers des fins qui lui soient propres. Un refus de ce monde.

À ce bonheur, chacun peut et doit prendre part pratiquement. On connaît le dicton : « Tu cherches, tu trouves ». Allons chacun à la rencontre de ce qui est là, maintenant, dans le lynannaj qui se construit.

« C’est l’amour qui apprend à l’homme à croire vraiment au monde des objets extérieurs à lui » (K. Marx, La sainte famille). Que la fatigue d’être soi, un dividu concurrentiel et misérable arc-bouté sur tel ou tel fragment d’identité, s’évanouisse à nouveau dans la puissance du nous !
 
Nous ne devons, rien bloquons tout !
cip-idf, le 25 octobre 2010  

mercredi 27 octobre 2010

Toujours, partout !


Un coup de ton doigt sur le tambour décharge tous les sons et commence la nouvelle harmonie.

Un pas de toi, c'est la levée des nouveaux hommes et leur en-marche.

Ta tête se détourne : le nouvel amour ! Ta tête se retourne, — le nouvel amour !

« Change nos lots, crible les fléaux, à commencer par le temps », te chantent ces enfants. « Élève n'importe où la substance de nos fortunes et de nos vœux » on t'en prie.

Arrivée de toujours, qui t'en iras partout.


Rimbaud, « À une raison », Les Illuminations

vendredi 22 octobre 2010

Dick ? D'acc' !


Puisqu'il ne se passe actuellement rien en France et que de surcroît la cour d'appel de Paris vient d'annuler, pour vice de procédure, toute l'enquête antiterroriste qui vise le "groupe de Tarnac", profitons-en pour écouter la concert que donna à Manosque Dick Annegarn le 24 septembre 2009 et qui fut retransmis le 7 novembre suivant dans l'émission Perspectives contemporaines :



Et puisqu'il est question de Dick et de musique, embrayons sur l'influence de celle-ci sur l'écriture de Philip K. Dick, grâce à un Surpris par la nuit du 9 avril 2004, « Coulez mes larmes, dit le musicien» — puis sur le Une vie, une œuvre du 3 octobre 1991, consacré à cet écrivain :






Merci, la liste ANPR !

mercredi 20 octobre 2010

Re-traite dès la naissance…
jusqu'à mort aux vaches !


Perfides, vous criez qu’il faut éviter la guerre civile, qu’il ne faut point jeter parmi le peuple les brandons de la discorde. Et quelle guerre civile est plus révoltante que celle qui fait voir tous les assassins d’une part et toutes les victimes sans défense de l’autre !
Pouvez-vous faire un crime à celui qui veut armer les victimes contre les assassins ?
Que le combat s’engage sur le fameux chapitre de l’égalité et de la propriété !
Que le peuple renverse toutes les anciennes institutions barbares ! Que la guerre atroce du riche contre le pauvre cesse d’avoir ce caractère de toute audace d’un côté et de toute lâcheté de l’autre. Oui, je le répète, tous les maux sont à leur comble, ils ne peuvent plus empirer. Ils ne peuvent se réparer que par un bouleversement total.
Voyons le but de la société,voyons le bonheur commun, et venons après mille ans changer ces lois grossières.
Gracchus Babeuf 

Je le dis dans la sincérité de mon cœur : puisque notre seul espoir est dans la guerre civile, je fais des vœux pour qu'elle éclate au plus tôt.
Marat


(cliquer sur Fullscreen pour lire le texte)

mardi 19 octobre 2010

C'est arrivé demain

L'Atelier de création radiophonique du 21 mars dernier, récupéré grâce à l'amabilité de Stéphane Descornes, co-fondateur de la liste ANPR. Un exercice radiophonique un peu potache mais assez proche du Chaos de Noël que j'avais mis à disposition ici-même voici dix-huit mois.

samedi 16 octobre 2010

De la Stasi à Anastasie

Le blogue de Christophe Borhen, Les lettres libres, a été supprimé sans sommation par le ouèbemasteur de Zeblog, à la demande d'un élu alsacien particulièrement chatouilleux sur le chapitre de la susceptibilité.

mercredi 13 octobre 2010

Mordicus, au poste !
Deuxième émission

Mercredi 13 mars 1991 : l'émission est réalisée presque entièrement en direct, ponctuée de lectures choisies du courrier reçu après la parution du n°1 et à quoi répondent les participants présents dans le studio.
La guerre du Golfe s'achève, mais on ne le sait pas encore. Jean-Louis Costes, très peu connu à l'époque, avait envoyé au journal sa dernière cassette, assez salée, dont des extraits furent alors diffusés. On parle aussi de féminisme, d'antisémitisme (ce qui donne lieu à une très malencontreuse évocation d'un « complot juif » de la part d'un camarade dont le fils, bien des années plus tard, deviendra rabbin), de la situation des paysans et du Japon…

mardi 12 octobre 2010

DYNAMITE !


C'était un gorille typique, la cinquantaine. Avec au compteur plus de 30 ans, déjà, de militantisme syndical. Un ami des frères McNamara, mouillé à ce titre dans l'explosion du Los Angeles Times de 1910 (et franchement fier de l'avoir été !). En ce temps-là, Tveitmoe, de San Francisco, l'avait désigné comme un de ses lieutenants. Il était donc présent dans la chambre de l'hôtel Victoria à New York, ce 2 décembre 1911, au moment de l'interview de Gompers par le New York Times.
Il vouait un grand mépris aux prolos de base — « ces gros cons », ainsi qu'il les nommait avec tendresse — et n'avait de respect que pour les combattants.
Il me présenta à son homme de main, un ancien boxeur poids lourd, membre d'aucun syndicat mais qui gagnait confortablement sa vie au service des travailleurs organisés.
C'est-à-dire qu'il touchait 50 dollars pour mettre son poing dans la face d'un briseur de grève, ou du contremaître qu'on lui désignait.
Quand je lui demandai de m'en dire un peu plus, au sujet de ce travail, il se borna à cette réponse :
« Oh ! Ma foi, comme boulot, c'est pas le Pérou ! Je prends mes 50 dollars et je vais chercher le mec qui les intéresse. Je vais au-devant de lui et je lui dis comme ça : Mon poteau, rien de personnel ! et puis je lui mets une grosse droite dans sa bouche, voilà. C'est pas grand-chose… »
Il semble, généralement, qu'un coup suffisait.
Le réceptionnaire avait son compte pour un moment.
À son réveil, souvent dans un lit d'hôpital, il prenait d'ordinaire la sage résolution de ne plus tenter de déplaire à aucun syndicat.

En octobre 1979, dans Charlie mensuel n°  129, Jean-Patrick Manchette écrivait ceci :

Le polar est l'histoire de la criminalité et du gangstérisme, c'est-à-dire l’histoire de la violence obligée des pauvres après la victoire du Capital. Vous croyez que j'exagère ? Lisez donc Dynamite, the story of class violence in America de Louis Adamic (Viking press, 1936 — il faudrait vraiment que quelqu'un traduise ce texte passionnant). On y voit lumineusement comment le syndicalisme américain s'est transformé en syndicalisme criminel quand la possibilité de la révolution a disparu et quand, par conséquent, la question n'a plus été que celle des fameuses « parts du gâteau ». On y voit comment des militants ouvriers radicaux ont pu devenir racketters et bootleggers puisqu'il n'y avait plus d'autre moyen de jouir.

Un peu plus de trente ans après que Manchette eut énoncé ce vœu, voici qu'il se réalise enfin, près de quatre-vingts ans après l'édition originale de l'ouvrage : les éditions Sao Maï publient ce mois-ci  DYNAMITE ! un siècle de violence de classe en Amérique, par Louis Adamic (480 pages,  15 €).

Présentation de l'éditeur :

Louis Adamic, immigré yougoslave ayant pris part, au début du vingtième siècle, à tous les combats de classe du prolétariat nord-américain, raconte de l'intérieur les stratégies de violence du patronat, et de riposte des ouvriers, syndiqués ou non, qui lui firent face à différentes époques. Des Molly Maguires irlandais à la fondation de l'IWW, du martyre des anarchistes de Chicago au règne des gangsters de l'AFL, Dynamite ! raconte comment, à la répression capitaliste impitoyable de toutes les tentatives d'améliorer — un tant soit peu — une condition de misère, le prolétariat finit par opposer une brutalité conséquente, à la fois spontanée et consciente, cristallisant parfois en terrorisme, et aboutissant notamment à la naissance du crime organisé (le « syndicat du crime ») aux États-Unis.
Sorti aux USA pour la première fois en 1931, jamais publié intégralement en France, ce classique des classiques de l'Histoire sociale américaine, encensé en son temps par Manchette — après bien d'autres — fait ici l'objet d'une traduction inédite, agrémentée d'un abondant corpus de notes et d'indications biographiques et chronologiques de première utilité.

vendredi 8 octobre 2010

Mordicus, au poste !
Cinquième émission : Crime et Volupté

Celle-ci fut la dernière. Sans doute la plus construite (en termes de radio), mais pas la plus joyeuse, et pour cause : l'ami Joël, pilier de la revue — et notamment de sa fabrication matérielle, mais pas seulement — s'était fait encabaner peu auparavant, d'où les messages amicaux qui lui sont adressés au cours de l'émission.

« Ils ont fini par nous convaincre »

« … ET LE GOUVERNEMENT A RÉITÉRÉ SON APPEL AU CALME.
IL N'Y A PAS DE RAISON DE S'INQUIÉTER ÉTANT DONNÉ QUE, COMME L'A CONFIRMÉ NOTRE PRÉSIDENT, "NOUS VIVONS DANS LE MEILLEUR DES MONDES POSSIBLES"… ET MAINTENANT, LE FOOTBALL ! … UNE VÉRITABLE CATASTROPHE, LE MÉNISQUE DE ROMUALDHINO, C'EST VRAI, VICTOR ? — OUI, SERGE… IL SEMBLE QU'IL NE POURRA PAS JOUER LA FINALE… »

Le génial dessinateur espagnol Miguel Brieva a publié récemment un recueil de dessins choisis parmi ceux qui peuplaient les pages de la revue madrilène Dinero (L'argent), dont il fut l'unique auteur de 2001 à 2005. Une traduction française de ce recueil sort ce mois-ci, grâce aux bons soins de L'insomniaque éditeur.

mercredi 6 octobre 2010

Vous avez dit Orwell ?

merci à Yves Pagès (4 octobre 2010) pour l'illustration)

Une séquence des Passagers de la nuit du 23 juin dernier, rediffusée hier soir.



Et pour se rassurer, un court-métrage d'anticipation (rien à voir avec les manifs anti-CIP) d'Arnaud Perraudin (on peut aussi lire La route, de Cormac Mc Carthy — assurément un des plus sombres livres qui soit, mais si beau…) :

mardi 5 octobre 2010

Mordicus, au poste !
(quatrième émission, avec D.J.)


Durant le premier semestre de l'année 1991, la revue Mordicus se prolongea d'une irrégulière extension radiophonique (dans le cadre de l'émission Trafic, sur Radio Libertaire), grâce à l'énergie de l'infatigable, méphistophélique et regretté Daniel Joubert (dont on entend ici la voix mutine et chaude, parfois caverneuse).
La première émission ayant été un direct très confus, les suivantes furent un peu mieux préparées, notamment par de mémorables sessions d'enregistrement. Il y eut en tout et pour tout cinq émissions, avant que nos forces ne s'éclaircissent et que l'essoufflement ne gagne (il fallait en même temps œuvrer à la réalisation de la revue elle-même, organiser sa publicité grâce aux phylactères à becquets orientables collés dans le métro, etc., etc.)
Voici la quatrième émission, diffusée le 8 mai 1991. C'est une compilation des trois précédentes, avec quelques passages inédits. Une bouffée d'air de l'époque — pas toujours du meilleur goût…

vendredi 1 octobre 2010

Robin des voix


Armand Robin : pas des bois ni des champs, celui-là, mais de la ville et d'abord des langues. Un site assez foutraque et tape-à-l'œil est consacré à ce poète anarchiste et polyglotte qui a fini massacré par des flics en 1961.
Voici un Atelier de création radiophonique de 1985, Armand Robin : le monde d'une voix, dont la première partie n'est autre que la bande-son du film de Jean-François Jung qui porte ce titre, et la deuxième consiste en une discussion avec, entre autres, ce même réalisateur.


J'ai dégotté cette émission, ainsi que la folle et magnifique lettre qui suit, sur l'excellent site Les avant-dernières choses, qui propose aussi sur cette page-là de télécharger une autre série de France Culture, d'octobre 1989, Les chemins de la connaissance, intitulée « Armand Robin, anarchiste de la grâce ».

Lettre à la Gestapo


Preuves un peu trop lourdes de la dégénérescence humaine

Il m’est parvenu que de singuliers citoyens français m’ont dénoncé à vous comme n’étant pas du tout au nombre de vos approbateurs.

Je ne puis, messieurs, que confirmer ces propos et ces tristes écrits. Il est très exact que je vous désapprouve d’une désapprobation pour laquelle il n’est point de nom dans aucune des langues que je connaisse (ni même sans doute dans la langue hébraïque que vous me donnez envie d’étudier). Vous êtes des tueurs, messieurs ; et j’ajouterai même (c’est un point de vue auquel je tiens beaucoup) que vous êtes des tueurs ridicules. Vous n’êtes pas sans ignorer que je me suis spécialisé dans l’écoute des radios étrangères ; j’apprends ainsi de précieux détails sur vos agissements ; mais, le propre des criminels étant surtout d’être ignorants, me faudra-t-il perdre du temps à vous signaler les chambres à gaz motorisées que vous faites circuler dans les villes russes ? Ou les camps où, avec un art achevé, vous faites mourir des millions d’innocents en Pologne ?

Si je vous écris directement, messieurs, c’est pour remédier au manque de talent de mes dénonciateurs ; cette variété de l’espèce humaine, particulièrement fréquente sous les régimes vertueux, manque de subtilité et de perfection ; je suis persuadé qu’elle ne m’a pas dénoncé à vous avec le savoir-faire qui s’impose dans cette profession. Vous avouerai-je qu’il y a dans ce manque d’achèvement quelque chose qui me choque et que je tiens à corriger ? Je voudrais, par simple goût du fini, suppléer aux déficiences de ceux qui veulent ma mort.

Je suis las des menaces vagues, des dangers imprécis, des avertissements renouvelés, des inquiétudes non portées à l’extrême. Vous créez, messieurs, un monde tel qu’on ne sait plus s’il ne vaut pas mieux être immédiatement arrêté plutôt que de s’entendre dire chaque matin : « Prends garde à tes regards, prends garde à tes pas, prends garde à tes doigts, à tes épaules, à tes orteils, car tout en toi est fort dangereux ! » On veut, messieurs, m’empêcher de faire le moindre pas, car, me dit-on, votre courroux s’étend au-dessus de moi ; eh bien ! messieurs, non seulement j’ai décidé de continuer à faire des pas, mais encore j’ai décidé de courir.

La Renommée, cette déesse présentement bien florissante, répand par toute la ville que je suis un fou. Sans doute est-ce cela qui vous retient ; je voudrais détruire en vous ce scrupule qui m’est profitable ; je puis vous assurer : je suis le contraire d’un fou et j’ai une conscience fort exacte de tout ce que je fais. Ce n’est pas être fou que de dire en toute circonstance la vérité ; la vérité est toujours bonne à dire, et singulièrement lorsqu’elle est sûre d’être châtiée. La somme de délectation que j’éprouve à vous dire directement : « TUEURS, VOUS ÊTES DES TUEURS » dépasse les délectations que vous aurez à me tuer.

Je voudrais être menacé avec précision. Et d’autre part ce serait mal respecter l’ordre de l’assassinat, qui devient l’ordre coutumier de ces temps, que de contraindre les candidats à mon assassinat à fouiller toute la ville pour me trouver ; mon adresse actuelle, messieurs, est ignorée de presque tous ; la voici. Venez ! Je ne m’en irai pas ! Je laisserai même la porte ouverte. Vous m’y trouverez sans fatigue en ces heures très matinales où, jeannots lapins d’un nouveau genre, vous vous plaisez à commencer vos inédits ébats.

Messieurs, vous aurez été sans doute quelque peu surpris qu’en tête de cette lettre, je vous aie nommés : « Preuves un peu trop lourdes de la dégénérescence humaine » ; il est peu probable que les singuliers citoyens français qui vous fréquentent soient à même de vous expliquer le sens de cette appellation ; je suis enclin à croire qu’ils ne doivent guère comprendre le français ; je dois donc perdre encore un peu de temps à vous préciser que cette appellation m’a été suggérée par la pesanteur bien connue de vos pas et le bruit également très connu de vos bottes.

Vous avez de singuliers arguments, messieurs, pour propager l’idée que votre race est l’excellente : ce sont des arguments de cuir. Vous ajouterai-je, messieurs, pour me tourner enfin vers cette Allemagne que vous prétendez représenter, que je ressens tous les jours une très grande pitié pour mon frère, le travailleur allemand en uniforme. Vous avez assassiné, messieurs, mon frère, le travailleur allemand ; je ne refuse pas, ainsi que vous le voyez, d’être assassiné à côté de lui.

Armand Robin, le 5 octobre 1943